17 déc. 2024 Editions Talents Hauts et Femmage à Claire Auzias Remue Méninges Féministe Radio Libertaire 89.4
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Interview d'Elise Courtois, éditrice aux Éditions Talents hauts
Histoire et objectifs des Éditions. Évolutions des publications pour la jeunesse – Salon du livre de Montreuil - Grands succès - Nouveautés. A venir : les 20 ans des Éditions en 2025 ! Sans oublier la bibliodiversité !
Femmage à Claire Auzias
Informations militantes et médiathèque de Remue-Méninges féministe (voir détails dans https://remuemeningesfeministe.blogspot.com/)
Musiques : "Frangines" Anne Sylvestre « Love song» Melody Gardot avec Ibrahim Maalouf, «Ivre de liberté» Claude MICHEL « Yari Ya Hammouba » Joan BAEZ,
«Aurora » Avishai COHEN, « Ginatos de la Cava » Diego EL CIGALA, «Dans nos chants» Edwige et Anne des Entresorceleuses
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Compléments des informations.
Les Roms en Israël, une gitane en Inde, Pourquoi les Roms ?, message de Jacques Debot par Jacqueline Reuss
Tsiganes en Terre d’Israël
Ce livre est la première publication en français sur les Doms, Tsiganes du Moyen-Orient.
Il propose, à tout curieux du monde contemporain, d’ouvrir une fenêtre sur une population largement ignorée. Les Doms sont présents sur ces terres depuis des siècles. L’accent est mis ici sur les Doms de Jérusalem. Cet ouvrage à plusieurs mains embrasse aussi bien l’histoire du siècle passé, que les conditions sociales sinon politiques qui leur sont faites aujourd’hui. Il pointe l’urgence d’une attention accrue à ces populations. Loin de toute ambition spécialisée, il ouvre un nouveau champ d’interrogations et de connaissances.
Les auteurs
Avec Tsiganes en Terre d’Israël, les éditions Indigène et Égrégores inaugurent une nouvelle collaboration. Le livre a été réalisé sous la direction de Claire Auzias, docteure en histoire et auteure de plusieurs ouvrages sur les Roms, dont Les poètes de grand chemin, voyage avec les Roms des Balkans, Michalon (1998) ; Samudaripen, le Génocide des tsiganes, L’Esprit frappeur (2e éd., 2002) ; Chœur de femmes tsiganes, Égrégores (2009) et Roms, Tsiganes, Voyageurs : L’éternité et après ?, Indigène (2010).
Avec les contributions des spécialistes israéliens Yacoov Yaniv et Noga Buber Ben-David. Yacoov Yaniv actuel directeur du Centre Ben-Zvi de Jérusalem, est le pionnier des études sur les Tsiganes en terre d’Israël. Son Mémoire soutenu en 1980, ici publié pour la première fois en France, a inspiré plusieurs travaux après lui. Noga Buber Ben-David est une jeune anthropologue de l’Université hébraïque de Jérusalem où elle a terminé sa recherche sur les Doms récemment.
Élisabeth Partouche (Paris), traductrice de l’hébreu et guide pour cette mission, a été la cheville ouvrière de cette exploration.
Deux cahiers photos mettent en images cette histoire grâce d’une part au fonds de l’Ecole biblique de Jérusalem et d’autre part, aux très belles photos contemporaines du photographe des Roms, Éric Roset.
En 2015, l’écrivain tsigane Jacques Debot écrit en mémoire de la guerre et de l’insurrection gitane… ni coupable, ni victime, pas innocent pour autant, auteur de Romstorie chronique manouche régulière, sous-titrée la vie des Roms et des gens du voyage… Vous pouvez retrouver Jacques Debot sur son blog médiapart
https://blogs.mediapart.fr/jacques-debot/blog
Informations militantes
Organiser des propositions politiques féministes dans les Amériques : la rencontre régionale de la Marche Mondiale des Femmes
La rencontre, qui s'est tenue en novembre, a donné lieu à des débats sur l'agenda du mouvement pour 2025
Réunies à Santiago du Chili du 21 le 24 novembre, les représentantes de 16 coordinations nationales de la Marche Mondiale des Femmes (MMF) ont participé à la rencontre régionale des Amériques « Nalu Faria ».
L’objectif de l’événement était de rencontrer les camarades en personne, de mettre à jour l’analyse de la situation dans la région et d’organiser le plan stratégique de la MMF dans la région, en tenant compte de l’approche de la 6e Action internationale du mouvement, qui prévoit un calendrier d’activités entre février et octobre 2025.
6ème action internationale
Considérant que les problèmes sociaux du Nord et du Sud sont profondément liés, la Marche Mondiale des Femmes organise une action internationale tous les cinq ans. L’objectif, outre la construction des processus de synthèse politique du mouvement, est de présenter au monde un agenda féministe pour une action permanente.
Sous le slogan « Nous marchons contre les guerres et le capitalisme, pour la souveraineté populaire et pour le bien vivre », la 6ème Action internationale de la MMF présentera un calendrier de luttes étalé sur l’année 2025. L’action débutera le 18 février, journée de la femme sahraouie, par une ouverture placée sous le signe de la solidarité et de la résistance anticoloniale. Puis, le 8 mars, Journée internationale de lutte des femmes, de grandes actions féministes se dérouleront dans les rues d’innombrables villes, ouvrant le calendrier féministe dans le monde entier.
Dans les Amériques, les représentantes de la MMF soulignent la nécessité de créer davantage d’espaces pour l’action, le dialogue et la formation féministes. À cette fin, la coordination régionale a déjà confié au Chili la tâche d’inclure une série d’activités propres dans le calendrier de la 6e Action internationale.
Ainsi, de mai à juillet, la MMF Amériques se mobilisera pour construire des espaces virtuels de formulation collective qui culmineront lors d’une prochaine rencontre régionale au Chiapas (Mexique), à l’occasion de la Journée des femmes noires, latino-américaines et caribéennes.
La rencontre vise à renforcer l’agenda féministe sur le continent, ainsi qu’à servir de préparation politique à l’activité de clôture de la 6e Action internationale, qui aura lieu en septembre 2025 au Népal. Pour clôturer l’année, l’action de solidarité féministe de 24 heures de la MMF aura lieu le 17 octobre, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté.
Solidarité avec la Palestine
Parallèlement à la rencontre régionale, la Marche Mondiale des Femmes au Chili a organisé un séminaire international pour discuter de l’état actuel du système néolibéral international et partager les perceptions de la MMF dans ses différents territoires d’action.
Le séminaire, qui s’est tenu à l’université Academia de Humanismo Cristiano, a comporté un moment d’échange culturel, avec une représentation de La Inquieta, un groupe de musiciennes qui subvertissent la tradition masculine de la culture chinchinoise.
Dans le programme du séminaire, la Marche Mondiale des Femmes a réservé un moment pour réaffirmer ses liens de solidarité internationale avec le peuple palestinien, qui subit depuis plus d’un an une nouvelle phase de l’offensive génocidaire sur ses territoires, en particulier à Gaza.
Pour Adriana Vieira, de la MMF Brésil, les rencontres régionales servent précisément à maintenir actifs les liens de solidarité internationale. « Si nous réalisons que le capitalisme est notre ennemi commun, qui nous affecte toutes, il est fondamental d’avoir un espace pour réfléchir aux stratégies de lutte des Amériques, non seulement pour se comprendre en tant que région, mais aussi pour se renforcer et construire des alternatives communes ».
https://capiremov.org/fr/experiences/organiser-des-propositions-politiques-feministes-dans-les-ameriques-la-rencontre-regionale-de-la-marche-mondiale-des-femmes/
Procès des violeurs de Mazan : la défense a-t-elle tous les droits ?
Sarah Boucault, journaliste indépendante
Depuis le 27 novembre, les plaidoiries des avocat·es de la défense se succèdent au procès dit des « viols de Mazan ». Pour défendre la cinquantaine d’hommes accusés de viols aggravés sur Gisèle Pelicot, certain·es n’hésitent pas à utiliser la provocation et l’agressivité. Dans cette deuxième newsletter de notre série consacrée à ce procès, nous nous demandons jusqu’où peuvent aller les avocat·es qui défendent les auteurs de violences sexuelles. Le droit à un procès équitable est-il conciliable avec le respect des parties civiles ?
Choqué·es.
« Le grand public et les avocat·es ont été choqué·es par ces propos, car ils sortent de la norme », admet Frédérique Morel, vice-bâtonnière à Nancy et membre de la commission règles et usages du Conseil national des barreaux. L’avocate vise directement les propos de Nadia El Bouroumi, l’une de ses consœurs qui défend deux accusés dans le procès des violeurs de Mazan et qui, le 19 septembre 2024, a posté une vidéo où elle danse sur le refrain du morceau du groupe Wham! Wake Me Up Before You Go-Go (Réveille-moi avant de partir). L’avocate s’est défendue en plaidant l’humour et en arguant « qu’il faudrait se lever tôt pour [la] museler », mais dans un procès où la victime de viols était sous soumission chimique, la provocation est à son paroxysme.
Alors que Dominique Pelicot et 50 autres hommes sont accusés de viols aggravés sur Gisèle Pelicot et comparaissent, depuis le 2 septembre 2024, devant la cour criminelle du Vaucluse, les provocations sont-elles déontologiquement acceptables ?
Nadia El Bouroumi n’est pas la seule à détonner dans ce procès hypermédiatisé. Isabelle Crépin-Dehaene, autre avocate de la défense, a suscité l’indignation au sujet de la cagnotte lancée par l’influenceuse Nabilla Vergara en soutien à Gisèle Pelicot en parlant sur son profil LinkedIn d’« un soutien qui tue ». Quand Gisèle Pelicot a demandé la clôture de la cagnotte, l’avocate s’est fendue d’un nouveau post à l’égard de la star : « Dommage, elle aurait pu vendre ses seins en plastique. »
« Sanctionner les dérives »
Face à ces stratégies de dénigrement, Frédérique Morel précise : « Je n’ai aucun avis sur leur manière de défendre leurs clients, elles sont totalement libres, mais effectivement la communication sur les réseaux doit être empreinte de modération et de délicatesse. »
Pour Claude Vincent, avocate au barreau de Nantes et coprésidente de la récente commission féministe du Syndicat des avocats de France (créée en 2023, elle compte 345 membres), la vidéo postée par Me El Bouroumi « est indigne. Elle ne s’inscrit pas dans l’exercice des droits de la défense et mériterait une sanction. De façon générale, les ordres devraient davantage intervenir et sanctionner les dérives sur les réseaux sociaux ».
Pour les professionnel·les du droit, il est essentiel de distinguer les propos tenus hors et dans la salle d’audience. « [À la barre du tribunal] nous avons une immunité totale de parole, dans le respect de l’article 41 de la loi de 1881 sur la liberté d’expression [qui interdit toutefois la diffamation, l’injure et l’outrage] », rappelle Frédérique Morel, qui ajoute que l’exercice de la profession doit se faire avec « dignité, conscience, indépendance, probité et humanité », selon l’article 3 du code de déontologie des avocat·es.
« Ce n’est pas rendre service à l’accusé que d’attaquer la victime. » Anne Bouillon, avocate
La médiatique avocate féministe Anne Bouillon, autrice d’Affaires de femmes. Une vie à plaider pour elles (L’Iconoclaste, 2024) insiste auprès de La Déferlante : « Chacun·e est libre des moyens de sa défense, c’est la pierre angulaire du procès équitable. ». Cependant, « terroriser la victime, c’est très contre-productif, poursuit-elle. ’efficacité d’un système de défense se mesure à l’aune du résultat obtenu, et ce n’est pas rendre service à l’accusé que d’attaquer la victime ».
« La défense est libre, mais on se limite plus ou moins au regard de notre propre morale et éthique », précise encore Me Claude Vincent, avocate d’une partie civile dans le procès de Gérard Depardieu. « Dans ce procès, je fais face à un confrère, Me Jérémie Assous, qui accable médiatiquement les parties civiles avec une ligne misogyne, à savoir : ces femmes portent de fausses accusations car elles sont vénales. La liberté d’expression nous autorise aussi à critiquer ces pratiques, et notre profession doit s’interroger collectivement. »
Le Canada offre un autre modèle de législation. Afin de contrer les défenses qui portent atteinte à la dignité des femmes, la loi interdit depuis 1992 aux avocat·es comme au ministère public de faire référence au passé sexuel des victimes d’agressions sexuelles. « Si la victime a consenti à des relations sexuelles avec son partenaire intime par le passé, il n’est pas pertinent de dire qu’elle est davantage susceptible de consentir aujourd’hui », explique Suzanne Zaccour, chercheuse et directrice des affaires juridiques de l’Association nationale femmes et droit qui lutte pour les droits des femmes au Canada. « Ce raisonnement, établi sur des stéréotypes, est d’autant plus problématique qu’on a plus de risques d’être agressé·e sexuellement par quelqu’un avec qui on a déjà eu des relations sexuelles que par un inconnu. »
Deux fois victimes
D’une manière générale, les avocat·es français·es regardent la législation canadienne avec frilosité et invoquent des cultures judiciaires différentes. « Nous n’avons pas besoin de légiférer là-dessus car, à mon sens, un juge ne va pas regarder une victime en fonction de son passé », affirme la vice-bâtonnière Frédérique Morel. « Je crois qu’une bonne justice ne se rend que lorsque tout a pu être dit, débattu et discuté, et que finalement le verdict rendu peut susciter l’adhésion et de la victime et du condamné », complète Anne Bouillon.
Me Claude Vincent s’interroge également sur la pertinence du texte canadien : « Notre serment prévoit déjà la dignité et la délicatesse, donc à mes yeux, une ligne de défense misogyne sort déjà du cadre. ». Elle insiste : « Les président·es font la police de l’audience et doivent intervenir quand les lignes sont franchies et qu’une victime se fait agresser à la barre. » L’avocate rappelle par ailleurs qu’il existe une « limite légale, et totalement méconnue » : la victimisation secondaire. Cette notion, apparue dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme il y a une dizaine d’années, introduit l’idée que « la victime n’est pas censée être une deuxième fois victime, cette fois de la procédure judiciaire ».
Dans leurs plaidoiries, les avocats de Gisèle Pelicot, Antoine Camus et Stéphane Babonneau, ont eux aussi dénoncé « une forme de maltraitance de prétoire ». Par exemple, lorsque Guillaume de Palma, l’avocat de six des accusés, a osé affirmer : « Il y a viol et viol. », Me Antoine Camus a fait valoir que « Certaines stratégies de défense n’ont plus leur place dans une enceinte judiciaire en France, au XXIe siècle. Si la défense est libre, elle dit aussi ce que nous sommes. »
Article diffusé par la newsletter La Déferlante du 6/12/2024
« En Chine, l’expression de colère en ligne sur les serviettes hygiéniques a pris un tour très politique »
Dans un pays où l’existence d’un mouvement féministe est perçue comme une menace par les autorités, la qualité défectueuse des protections menstruelles a scandalisé les femmes.
3/12/2024
« Est-ce grâce à ces quelques centimètres que vous pensez devenir riches ? », s’offusquait l’une des premières contributrices au mouvement, dans une vidéo publiée le 3 novembre. Comme plusieurs autres consommatrices, cette femme s’étonnait de la faible longueur des serviettes hygiéniques qu’elle venait d’acheter. Sur Xiaohongshu, (« petit livre rouge »), un des réseaux sociaux les plus populaires de Chine, et qui se caractérise par sa forte proportion de lectorat féminin, elle et un nombre croissant de femmes allaient mener l’enquête, mesurant toutes les serviettes hygiéniques de toutes les marques.
Conclusion : la plupart des serviettes sur le marché chinois sont plus petites que la taille promise sur l’emballage. L’investigation citoyenne devait aussi révéler que l’épaisseur des couches d’absorbant est inférieure aux critères annoncés, et que le pH de beaucoup de serviettes correspond à des niveaux acceptables pour du linge de maison, mais certainement pas pour de l’hygiène intime.
La colère des consommatrices a été renforcée par l’arrogance avec laquelle les fabricants ont, dans un premier temps, accueilli leurs requêtes. Un responsable de la communication du groupe ABC, l’un des leaders du marché, a d’abord expliqué à l’une d’elles qu’une marge d’erreur est normale : « Si ça ne vous convient pas, n’achetez pas. » Elles ont dénoncé une « shrinkflation » (du verbe anglais shrink, qui signifie « rétrécir ») particulièrement pernicieuse sur un produit de première nécessité, et ont demandé pourquoi elles n’étaient pas entendues.
La forme d’expression citoyenne que représente l’acte de consommation dans un pays où la parole publique est restreinte est connue de longue date. Les marques étrangères font régulièrement les frais de la ferveur nationaliste des clients chinois, ainsi de H&M et Nike, menacés en 2021 de boycott pour s’être engagés à ne plus utiliser de coton de la région du Xinjiang, où la minorité ouïgoure subit une politique de répression et d’internement massif. Et les scandales sanitaires sont réguliers dans le pays, depuis celui du lait contaminé à la mélamine en 2008 jusqu’à celui de l’huile alimentaire transportée dans des camions-citernes emportant du fioul sur le chemin du retour, apparu en juillet.
« Nous sommes trop désunies »
Mais l’expression de colère en ligne sur les serviettes hygiéniques a pris un tour très politique, dans un pays où l’émergence d’un mouvement féministe a été perçue comme une menace par les autorités. Pour la première fois depuis un quart de siècle, le comité central du Parti communiste chinois désigné en octobre 2022 ne compte aucune femme parmi ses 24 membres.
« La communauté des femmes est nombreuse, mais nous manquons de voix pour parler pour nous », écrivait une internaute le 22 novembre sur le réseau social Weibo, équivalent local de X. « Comme ce n’est pas un homme qui perd du sang, tout le monde s’en fout », lui répondait une Pékinoise. « La raison pour laquelle ils ignorent nos besoins et abaissent la qualité qui nous est due est que nous sommes trop désunies », faisait valoir une autre. « Depuis toujours, on demande aux femmes de contribuer dans l’abnégation et de faire face. Mais si nous, femmes, restons silencieuses, nos droits et intérêts ne peuvent que se réduire eux aussi », écrivait une Cantonaise.
Face aux risques de boycott, au fil de discussions de femmes toujours plus nombreuses partageant des conseils sur comment fabriquer leurs propres serviettes, le patron du même groupe ABC, Deng Jingheng, a dû apparaître repentant, le dos courbé, promettant comme tous ses concurrents que plus jamais ses produits ne seraient en deçà des exigences. Une à une, chaque marque a fait de même. L’agence chargée de la régulation du marché, qui est aussi dans le viseur, a fait savoir qu’une révision des standards était à l’étude.
L’affaire amène au moins le sujet des règles dans le débat public. Dans un article, le journal en ligne « The Paper » pointe la « culture de la honte menstruelle ». « Aux yeux de beaucoup, les serviettes hygiéniques ne sont pas un sujet qu’il convient d’évoquer ouvertement. C’est dans les zones qui échappent à la lumière que germe le chaos », se permet de faire remarquer ce site d’information, l’un des meilleurs de Chine.
Harold Thibault (Pékin, correspondant)
Certaines appellent cela une victoire, pas nous !
BELGIQUE — Depuis le 1er décembre, les travailleur·euses du sexe en Belgique peuvent signer des contrats de travail leur permettant d'accéder à l'assurance maladie, à la retraite et aux congés payés, de maternité ou de maladie. Il s'agit de la première loi de ce type au monde, qui accorde aux travailleur·euses du sexe les mêmes droits et avantages sociaux qu'aux autres travailleur·euses. Elle a été adoptée par le Parlement belge en mai avec 93 voix pour, 33 abstentions et aucune voix contre. Le texte leur permet de refuser certains actes sexuels ou client·es sans risque de licenciement. Il leur assure aussi le droit de ne pas être employé·es par des personnes avec des mentions de délits graves dans leur casier judiciaire. En 2022, la Belgique est devenue le premier pays d’Europe à décriminaliser le travail du sexe, et le deuxième au monde après la Nouvelle-Zélande.
MEXIQUE — Le 20 novembre, l'État de Zacatecas a décriminalisé l'avortement, devenant ainsi le 17e État mexicain à le faire. À la suite d'un vote du Congrès, l'avortement est désormais défini dans le code pénal de l'État comme une “interruption de grossesse après les 12 premières semaines de gestation”. Les personnes qui avortent après cette période s'exposent à une peine de trois à six mois de prison ou à 100 à 300 jours de travaux d’intérêt général, sauf en cas de viol, de risque pour la vie de la patiente ou d'anomalie du fœtus. La même semaine, le Congrès du Chiapas a voté la réforme de l'article 4 de sa constitution, qui protégeait auparavant le droit à la vie “dès le moment de la conception”, et a ensuite adopté un projet de loi décriminalisant l'avortement. Le 25 novembre, le Congrès de l’État de Mexico a également décriminalisé l'avortement, peu importe la raison, au cours des 12 premières semaines de grossesse. L'avortement est désormais dépénalisé dans 19 des 32 États du Mexique, dont la majorité ont modifié leur législation après que la Cour suprême du pays ait jugé inconstitutionnelle l'interdiction de la procédure en 2021.
ARGENTINE — L'Argentine a été le seul pays à voter contre une résolution sur la prévention et l'éradication de la violence en ligne contre les femmes et les filles lors de l'Assemblée générale des Nations unies qui s'est tenue à New York la semaine dernière. Alors que 170 pays ont voté en faveur de la résolution, 13 autres se sont abstenus, dont l'Iran, la Russie, le Nicaragua et la Corée du Nord. La déclaration intitulée “Intensification de l’action menée pour prévenir et éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles: l’environnement numérique” exprime “sa profonde préoccupation face au nombre croissant de groupes, notamment les célibataires involontaires (incels), qui se livrent à des atteintes dans l’environnement numérique, y compris des actes de harcèlement sexuel contre des femmes et des filles”. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement du libertarien d'extrême droite Javier Milei a fermé le Ministère de la femme, du genre et de la diversité, limité l'achat de matériels essentiels pour l'accès à l'avortement et interdit l'utilisation de l’écriture inclusive dans les documents officiels. Il a également été critiqué pour le harcèlement en ligne constant dont sont victimes les journalistes et les militant·es, en particulier les femmes.
LIBYE — Le ministre de l'intérieur du gouvernement libyen d'Union nationale, Emad Trabelsi, a proposé d'introduire de vastes restrictions aux droits des femmes et des filles, ce qui a suscité l'inquiétude de la communauté internationale. M. Trabelsi a déclaré qu'il déploierait une “police des mœurs” pour surveiller les interactions sociales entre les femmes et les hommes, et a menacé “d'emprisonner” les couples sans lien de parenté qui se rencontrent en public, affirmant que la Libye n'avait “pas de place pour la liberté personnelle”. Le ministre a déclaré que les femmes et les filles devraient porter un hijab et que les femmes qui voyagent à l'étranger devraient obtenir l'autorisation écrite d'un tuteur masculin comme le père, le mari ou le frère. Les mesures proposées par le ministre rappellent les restrictions imposées aux filles et aux femmes en Iran et en Afghanistan, qui, selon les activistes, appliquent un système “d'apartheid des sexes”. “Les restrictions concernant l'habillement, les interactions sociales et les déplacements constitueraient une violation flagrante des droits des femmes et des filles libyennes, mais le premier ministre et d'autres représentants du gouvernement sont restés manifestement silencieux sur ces propositions”, a déclaré Human Rights Watch dans un communiqué.
Source newsletter impact@lesglorieuses.fr
TÉMOIGNAGES. « Pas le happy end qu’on imaginait » : elles ont mis fin à leur PMA sans avoir d’enfant
Enchaîner les protocoles de procréation médicalement assistée (PMA), faire des pauses et parfois, tout arrêter. Entre colère, tristesse et soulagement, stopper son parcours sans avoir mené de grossesse à terme est une épreuve dans l’épreuve pour les couples infertiles qui ont choisi de s’en remettre à la médecine. Trois femmes ont accepté de revenir sur leurs années de tentatives vaines et le deuil d’une vie sans enfant après la PMA.
Ça fait drôle de se dire qu’on n’aura plus d’aller-retour de chez nous au centre de PMA à 1 h 30 de route, plus d’injection, plus d’échographie, plus de prise de sang… Notre vie a tellement été rythmée par les protocoles de PMA. Mais aucun regret ! » Après six ans en PMA et un ultime test de grossesse par prise de sang négatif, Gwénaëlle (qui n’a pas souhaité donner son nom) s’attendait à clore ce chapitre de sa vie en larmes. Mais à sa grande surprise, elle s’est sentie « soulagée, libérée même ».
À 37 ans, deux ans après l’arrêt de son parcours en PMA, elle a accepté de raconter son choix et la suite, souvent moins médiatisée. Pourtant, quatre Fécondations in vitro (FIV) sur cinq se soldent par un échec en France, rappelle régulièrement le collectif Bamp !, association nationale de patients et ex-patients de l’Assistance médicale à la procréation. Et plus les échecs de FIV s’accumulent, plus les arrêts sont fréquents, indique l’Institut national d’études démographiques (Ined) : « La FIV reste un parcours difficile qu’un couple sur quatre ne poursuit pas après l’échec de la première FIV. »
« Soit on a un enfant avec la PMA, soit on n’en a pas »
Avec son mari, Gwénaëlle a « enchaîné cinq FIV » en six ans. Avec une pause au moment du Covid. « Les traitements hormonaux, la charge mentale, le travail en parallèle…, liste cette aide-soignante à domicile. J’étais épuisée. Quand le CHU m’a appelée pour me dire qu’en France, on ne pouvait plus rien faire pour moi, je me suis limite dit : ’’ah enfin, c’est fini’’. Je n’avais ni l’envie ni les moyens de faire une FIV avec don d’ovocytes en Espagne. » Quant à l’adoption, encore souvent présentée comme une réponse toute trouvée à l’infertilité, le couple l’a vite écartée : « Je voulais vivre ma grossesse. Donc c’était soit on a un enfant avec la PMA, soit on n’en a pas. »
écision de stopper son traitement s’est aussi imposée à Véronique Siharath et son mari il y a bientôt dix ans, après trois ans de parcours et un voyage à Barcelone. « Quand on a reçu les résultats, négatifs, ça a été un tel choc que je me suis laissée tomber. Et il m’est apparu que je ne pouvais plus continuer à vivre comme ça. Cette quête de bébé n’était plus que souffrance. Et pour ne plus souffrir, il fallait renoncer. » En quelques heures, la décision du couple est prise
Dans la médiathèque de Remue Méninges féministe, on trouve :
Peut-on encore être galant ? Jennifer Tamas - Seuil
Le silence est intimement différent de l’absence de bruit mais les deux ont à voir avec le patriarcat. Jennifer Tamas est chercheuse, elle enseigne la littérature française de l’Ancien Régime aux États-Unis à Rutgers University. Dans « Peut-on encore être galant ? », elle parle d’un héritage manqué : celui de la galanterie. Aujourd’hui synonyme de « liberté d’importuner », la galanterie était avant tout une révolution en acte : les femmes sont passées d’objet dont le consentement n’était pas un sujet à des êtres parlants, des êtres dont la conversation a révolutionné les rapports entre les sexes. L’ouvrage est une plongée dans l’histoire de la conversation entre les sexes, il ne coûte que 4,90 euros, et fera un cadeau parfait pour chaque membre de votre famille qui vous a un jour pris entre quatre yeux pour vous dire que, à cause des féministes, on ne peut plus draguer.
Extrait de l'interview
RA : Vous concluez en disant : « Pour qu’une nouvelle civilité voie le jour et que cessent les faux débats, régime d’égards, plaisir conversationnel et avis éclairés doivent être repensés. Véritables antidotes à la haine des réseaux sociaux, à la désinformation comme au manque de nuances, ils pourraient nourrir une curiosité de l’autre et retisser les liens humains dans leur complexité. » Ce n’est donc pas que l’amour et les rapports entre les sexes qui peuvent bénéficier de la galanterie mais toute la société.
JT : La galanterie est présentée comme mode de vie, et non plus comme discours amoureux. La galanterie est une façon de concevoir les échanges conversationnels. C'est-à-dire que même si aujourd'hui, en France, dans une démocratie, on a l'impression qu'on est tous des égaux, la réalité fait que ce n’est pas le cas.
À ce sujet,
Catherine McKinnon dit qu'il ne peut y avoir de consentement entre deux
individus parce qu'en réalité, il y aura forcément un des deux individus qui, à
cause de son genre, à cause de sa classe, à cause de son sexe, etc., aura plus
de privilèges ou plus d'autorité ou plus de pouvoir symbolique ou d'emprise sur
l'autre. Pour Catherine McKinnon, le consentement est une illusion.
Ce que permet l'échange galant tel qu'il était pratiqué
au xviie siècle est d'imaginer de l'égalité là où il n'y a pas
d’égalité. À partir du moment où nous ne sommes pas égaux, on peut toutefois,
par un dialogue qui s'intéresse à la réciprocité, qui s'intéresse à l'autre,
qui favorise l'écoute, qui favorise un régime d'égard, qui favorise des temps
de paroles réciproques et égaux, on peut imaginer une façon de rendre fictive
cette égalité.
Interview par Rebecca Amsellem dans la newsletter des Glorieuses du 11/12/2024
Make Me A Man
Documentaire réalisé par Jerry Hyde, Mai Hua • Écrit par Jerry Hyde, Mai Hua - France • 2021 • 70 minutes • Couleur
"Porter un masque est la première leçon de masculinité patriarcale qu’un garçon apprenne" disait Bell Hooks. Voici ce qu’il y a derrière le masque. Depuis 25 ans, le thérapeute londonien Jerry Hyde propose des groupes de parole pour les hommes désireux d’explorer le plus grand interdit de la culture viriliste : leur vulnérabilité. Dans une ère post #metoo, il décide avec sa compagne, la réalisatrice Mai Hua, de réaliser un essai documentaire pour contribuer à changer la culture masculine. [...]
Spectacles, expositions, films...
Aimez-vous Brahms...
De Françoise Sagan
• Adaptation : Nicole Gros
• Mise en scène : Nicole Gros
• Avec : Muriel Adam, Guillaume Millet, Rosa Ruiz, Pascal Perraudin
Au théâtra du Nord Ouest, du 1 décembre 2024 au 31 décembre 2024 – prolongation en janvier 2025
Vvingt ans après sa disparition en 2004, nous lisons et nous jouons Sagan avec le bonheur que procure la voix d’un grand écrivain et dramaturge.
Aimez-vous Brahms ? réunit Paula, César et Simon, un trio original et attachant, car chacun a ses raisons, la seule « morale » de l’histoire c’est de se reconnaître en tous avec bienveillance !
Sagan nous entraîne dans la valse des amours éphémères… Valse entraînante, étourdissante car le cœur et les sens dirigent la danse. Françoise Sagan a le don, l’acuité malicieuse, de déclencher des « zooms » sur l’émoi amoureux et son inévitable usure… Mais le propre de son écriture c’est l’humour, toujours présent, l’antidote nécessaire pour que comme dans la vie, le rire et le sourire fassent de l’aventure amoureuse une comédie grave et légère à la fois, ne laissant qu’une cicatrice, mais une cicatrice bienfaitrice !
La double morale imposée aux hommes (la valorisation des conquêtes) et aux femmes (l'interdit)est finement dénoncée.
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