20 JUIN 23 suite interview d’Odile MERKLING Remue-Méninges Féministe RADIO LIBERTAIRE 89.4 FM

 

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Odile Merkling expose les points en débat qui ont été abordés à l'occasion des échanges autour de son livre « Femmes, chômage et autonomie. Des droits sociaux pour abolir la précarité et le patriarcat », paru aux Editions Syllepse.

https://www.syllepse.net/femmes-chomage-et-autonomie-_r_22_i_1027.html

Informations militantes (voir ci dessous)

Musiques : « Frangines » Anne Sylvestre, « Balade aux usines du Nord » Serge Utgé Royo, « Missverstanden » (le mal compris) de Bertolt Brecht), Marie Soubestre ,« E partito una nave da Roma » chant traditionnel enregistré par Giovanna Marini dans les années 70, groupe d’émigrants.tes des Abruzzes à Boston (USA), « Wild is the wind » Nina Simone, « Baby can I hold you tonight » Pavarotti/Tracy Chapmann, « Les gens de la moyenne » Colette Magny, « Dans nos chants » Edwige et Anne des entresorceleuses .

 

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COMPLEMENTS D’INFORMATIONS

 « Femmes, chômage et autonomie. Des droits sociaux pour abolir la précarité et le patriarcat » : Les éléments du débat

 

1)    INEGALITES DE SALAIRES ET retraites des femmes

La déségrégation des emplois et la revalorisation des métiers féminisés ne peuvent pas être envisagées sans un vrai système d’indemnisation du chômage. On a une véritable violence économique contre les femmes et pas de simples « inégalités », un processus continuel de dépossession.

Très faibles retraites pour beaucoup de femmes. Question des nombreux trimestres « validés mais non cotisés » pour les demandeurs-euses d’emploi.

2)    Questions sur la sécurité sociale

Les femmes sont aujourd’hui les grandes perdantes de toutes les réformes de la protection sociale. La disparition de la PS revient à supprimer les marges de liberté dont les femmes ont bénéficié depuis les années 1970.

Intérêt des comparaisons internationales en matière de protection sociale et de services publics. Dans les pays développés (OCDE), selon les pays, on n’a pas du tout les mêmes traditions en matière de protection sociale et de services publics. Entre pays du Nord et du Sud, on a de très grandes inégalités en termes de taux de salariés dans la population active, une très grande place des activités informelles dans les pays du Sud. . 

Aujourd’hui, on a une notion de ressources en main d’œuvre illimitées pour le capitalisme mondialisé. Les espaces nationaux demeurent en tant qu’espaces de gestion de la reproduction de la force de travail. Les normes de reproduction sont très différentes selon les pays et les régions.

En France, la sécurité sociale créée en 1945 n’a pas été réellement universelle comme cela avait été prévu par le Conseil national de la résistance. Les idéaux du CNR ont-ils été trahis ?

La cotisation assise sur le travail a été le fruit d’un compromis entre des classes sociales, le patronat et les organisations de la classe ouvrière. Elle correspond à l’idée d’un paiement intégral de la valeur de la force de travail, avec le salaire direct et le salaire indirect

La SS a largement intégré des mécanismes de solidarité. Mais pour les retraites et l’assurance chômage, les prestations ont toujours été très liées à des cotisations (contributivité). Depuis 1980, il y a une dualisation de la protection sociale et un large développement de l‘aide sociale.

Le mode de financement actuel de la SS et de l’AC suppose le vote du budget à l’assemblée nationale (PLFSS). Nouvelle gouvernance de l’AC depuis 2019 par l’Etat.

3)    avenir du travail et Question du déterminisme technologique

Mythe de « l’usine sans ouvrier ». Limites de la robotisation Effets de la mondialisation, des délocalisations  et de la sous-traitance. 

Etudes réalisées par des institutions sur les effets des nouvelles technologies sur l’emploi

La question de l’intelligence artificielle et les biais genrés

Bipolarisation des qualifications. La dévalorisation des emplois de services à la population, d’hygiène et de care. La nécessité de vrais statuts dans ce domaine.

Il n’existe pas de fatalité.

4)    questions autour de la définition de la valeur

Le travail humain reste-t-il au fondement de la valeur ?

Selon plusieurs auteurs, le rôle du machinisme serait de plus en plus grand par rapport à celui de la force de travail, également celui de l’économie de la connaissance.

Question de la valeur créée par le travail domestique. Enjeu de décloisonner les secteurs de la production et de la reproduction, ainsi que les savoirs dans les différents domaines. .

La création de valeur doit être considérée dans sa globalité. Elle est le produit des différents secteurs, marchands ou non.

5) Les débats chez les féministes

La question de l’autonomie.

La question de l’émancipation par le travail salarié ?

Les positions par rapport aux théories féministes de la reproduction

Sur le plan des luttes et mouvements internationaux, la question du revenu ou d’un salaire social fait sens et a été posée à diverses reprises. Le courant international des féministes de la reproduction, d’inspiration marxiste, (dont S. Federici) a envisagé la rémunération du travail domestique des femmes, selon différentes modalités possibles.

-Selon quelles modalités et pour quels types de tâches ?

-Qui dit quoi chez les féministes ?

En France, les préoccupations et les approches en termes de protection sociale et de services publics ont prédominé dans le mouvement des femmes. (A. Michel et C. Delphy)

Il est indispensable de poser des limites à la marchandisation du travail reproductif et des activités de la sphère privée.

Il est possible de trouver des formes de reconnaissance et de valorisation du travail reproductif, sans pour autant que les femmes risquent d’y rester enfermées, et en permettant un meilleur partage du travail entre les femmes et les hommes. Ne pas reconduire la répartition des rôles genrée très statique qu’on a connue jusqu’à présent. .

Problématique de l’intersectionnalité

Au sujet de l’imbrication des rapports de race, de classe, de sexe. il y a plusieurs aspects à souligner dans la thématique de l’assurance-chômage. On a une démultiplication des effets de la discrimination, qui est liée au croisement de plusieurs variables : sexe, race, orientation sexuelle.

6)    Baisse du temps de travail, partage du travail et revenu garanti

Différentes propositions en matière de protection sociale et d’assurance chômage. La question d’un statut de vie sociale et professionnelle.

L’importance de la question du temps de travail, car le TT reste un des principaux critères de définition de l’emploi. . .

Les différentes propositions concernant le revenu, sont plus ou moins compatibles avec un système de sécurité sociale universelle.  

7)    l’attitude de la Gauche par rApport à la « valeur travail » 

Une partie de la gauche reprend en charge la stigmatisation des chômeurs et précaires. L’attitude de la gauche « travailliste », qui refuse de poser la question des droits fondamentaux et d’indemnisation du chômage garantissant un revenu décent, vise à éluder la question des inégalités internes au salariat. Elle ne permet pas de lutter contre la stigmatisation des précaires et elle joue en dernier ressort, en faveur de la remontée du courant des féministes essentialistes.

 

8)    Conclusions, perspectives

Depuis 4 ans, les réformes des retraites ont mobilisé très largement, mais cela n’a pas été autant le cas des réformes de l’assurance chômage. Il faut faire cesser le cercle vicieux de dévalorisation du travail. 

Les approches sociales-démocrates (G. Esping Andersen) ont permis d’avancer sur la question des politiques d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, mais elles ont des limites, et ont éludé la question du revenu garanti.

Les théories du féminisme de la reproduction sociale se développent à nouveau au niveau international et peuvent avoir des effets essentialistes.

Les luttes des précaires durant ces dernières années ont permis d’obtenir plusieurs acquis importants (régime des intermittents, indemnisation des congés de maternité, individualisation de l’AAH…)  et ont fait avancer un projet de société alternatif.

Un statut de vie sociale et professionnelle est nécessaire pour permettre aux individus de maîtriser leur parcours, de passer plus facilement d’une situation sociale à une autre… La question d’un revenu décent en toute circonstance doit être posée en tant que telle, si l’on ne souhaite pas retomber dans le piège du « workfare ». La réforme actuelle du RSA consiste à faire travailler les chômeurs presque gratuitement.

L’individualisation des droits est une question essentielle pour les femmes.

Pas de rémunération du travail domestique mais une valorisation de celui-ci.

Réflexions sur l’histoire du féminisme

Importance des écrits qui sont restés.

 

Actualités sur l’assurance chômage, Pôle emploi, les mobilisations en cours 

 

Le 27 Juin, la CGT et son Comité National des Travailleurs Privés d'Emploi et Précaires appelle à la mobilisation générale des travailleurs contre les réformes assassines de l'Assurance-Chômage et pour la revalorisation immédiate des allocations chômage de 10€ par jour et par chômeur !

 

Alors que 40% des allocations sont inférieures à l'allocation dite minimum (30€ par jour), nous demandons qu'elle devienne une allocation plancher pour que le montant journalier minimal soit réellement de 41€ par jour ! 

 

Le 27 Juin, ce sera l'occasion de crier notre colère et de montre au gouvernement que nous continuons la lutte pour un monde meilleur !

 

Alors soyons nombreux et nombreuses, déterminé.e.s et unis jusqu'à la victoire !

 

Manifestation à 10h30 au départ du Ministère à Bercy en direction de l'UNEDIC

Barbecue revendicatif à partir de 12h devant l'UNEDIC, 2 rue Traversière

Conférence de presse unitaire à partir de 13h avec la participation de Sophie Binet, Secrétaire Générale de la CGT !

 

Informations militantes

 

Face aux anti-#avortement qui rêvent de nous priver de décider nous-mêmes de nos grossesses et le disent sur des Velib, notre Collectif appelle à un rassemblement jeudi 22 juin à 18h30 place de la République à Paris.

https://twitter.com/CollAvortement/status/1670365814837346304/photo/1

 

Victoire pour les salariées grévistes de Vertbaudet

8 JUIN. 2023

Les 72 femmes grévistes de l'enseigne de puériculture ont signé un accord de fin de grève avec la direction, ce vendredi 2 juin. Elles ont obtenu une augmentation des salaires ainsi que l'intégration de 30 salariés intérimaires en CDI. Deux revendications que la direction n'avait cessé de rejeter. (Article de la Nouvelle Vie Ouvrière)

"Il y a encore deux semaines on n'avait rien : aucune négociation d'annoncée et une répression toujours plus violente envers les grévistes. Mais nous avons mené le combat jusqu'au bout",  rappelle Amar Lagha, secrétaire général de la fédération CGT commerce et services.

Engagée le 20 mars dernier, la lutte des salariées grévistes de Vertbaudet arrive à son épilogue et c'est une victoire.

Une mobilisation rudement menée qui a conduit la direction à ouvrir les négociations annuelles obligatoires (NAO) de manière anticipée le 26 mai.

Habituellement d'une durée minimum d'un mois, les NAO entre la direction et les salariées grévistes se sont réglées en une semaine. Le ton est donné et dans la soirée du vendredi 2 juin, les ouvrières de Vertbaudet décrochent une augmentation des salaires, l'embauche de 30 intérimaires en CDI et aucune sanction disciplinaire à leur encontre.

Une hausse des salaires en fonction de l'ancienneté

« Cette grève longue et difficile nous a permis d'arracher aux actionnaires une augmentation générale des salaires. Pour les ouvriers/employés du groupe c'est une augmentation allant de 90 à 140 euros net mensuels en fonction de l'ancienneté. Un ensemble de disposition allant de la reclassification aux primes et aux avantages, en passant par une clause de revoyure en cas d'inflation supérieure à 2 %», précise dans son communiqué de presse la CGT Vertbaudet.

Des augmentations non négligeables pour ces femmes qui ne percevaient que le SMIC dans un contexte d'inflation générale.

L'accord signé avec la direction prévoit une réorganisation de la grille salariale. Cela permettra une revalorisation à hauteur d'au moins 1.860 euros brut par mois sur 13 mois (soit +7%) pour tous les employés ayant 12 ans d'ancienneté et une revalorisation du salaire minimum à hauteur de 1.810 euros brut par mois sur 13 mois (soit +4%) pour tous les salariés dès le 1er juillet 2023.

Un retour à la normale

Personne ne s'attendait à une mobilisation aussi longue et à un tel mépris de la part de la direction et à une répression policière envers les grévistes.

Le parquet a notamment ouvert une enquête sur des violences à l'encontre d'un délégué CGT, qui avait été frappé, humilié et volé par des personnes se présentant comme des « policiers en civil ».

Aujourd'hui, c'est la voie de l'apaisement qui est à l'ordre du jour. Une journée de conciliation, en présence des 255 autres salariés non-grévistes du site de Marquez-les-Lille, était organisé lundi 3 juin, avant la reprise du travail le lendemain.

« C'est une belle victoire. Les deux points fondamentaux ont été validés : l'augmentation des salaires et l'embauche d'intérimaires. C'est un message envoyé à l'ensemble des travailleuses et travailleurs en France. Quand la CGT elle veut elle peut », se réjouit Amar Lagha.

https://www.cgt.fr/actualites/france/commerce/salaires/victoire-pour-les-salariees-grevistes-de-vertbaudet

 

Des nouvelles de Serge, par Serge – 18 juin 2023

https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3831 

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tirée en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les Etats font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des États !

Vive la Révolution !

A vite dans les luttes.

Le S

 

 

Radio Addoc #37 avec Emérance Dubas et Catalina Villar
Dimanche 2 juillet 2023 de 15h30 à 17h sur Radio libertaire, 89.4 MHz FM en Île-de-France… et partout ailleurs sur radio-libertaire.net

Pour notre émission du dimanche 2 juillet, Femme, tu ne seras pas libre, nous accueillerons deux réalisatrices, Emérance Dubas pour son film Mauvaises filles et Catalina Villar pour son film Ana Rosa. Toutes deux traitent dans ces oeuvres fortes et émouvantes de l’enfermement de filles et de femmes, au siècle dernier. Leur comportement était considéré comme “anormal” ou “asocial” et les institutions tentaient de les faire rentrer dans le rang, par la mise à l’écart, la violence, voire des mutilations comme la lobotomie.

 

Je vous transmets cette information d’une action lancée par l’une de nos membres, l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, qui fait un travail formidable.

Je vous invite à signer la pétition demandant aux autorités 15 mesures urgentes pour aider les victimes de violences intra-familiales et sexuelles. Voir les liens ci-dessous vers la pétition et vers la liste des mesures.

Nouvelle campagne stop au déni sur la protection et le soin pour les victimes de violences intra-familiales et sexuelles avec 15 mesures urgentes à mettre en place : STOP à la mise en danger des victimes de violences intra-familiales et sexuelles. Pour une culture de la protection et du soin, pour une reconnaissance du psychotrauma et pour une lutte contre le déni et l’impunité de ces violences.

Je te mets le lien vers la pétition qui a déjà 3200 signataires https://www.mesopinions.com/petition/politique/stop-mise-danger-victimes-violences-intra/208995

 

La pétition

IL EST TEMPS D'AGIR POUR EXIGER

      une culture de la Protection et du Soin

      une reconnaissance du psychotrauma

      et la fin du déni et de l'Impunité pour toutes ces violences

 

Les violences sexistes et sexuelles sont un problème de sécurité et de santé publique majeur, l’absence de protection, de soins et l’impunité représentent pour les victimes de graves mises en danger et pertes de chance pour leur santé, elles sont une atteinte intolérable à leurs droits.

 

Pour une culture de la protection et du soin

 

    15 mesures à mettre en place en urgence : http://stopauxviolences.blogspot.com/2023/03/nouvelle-campagne-2023-stopaudeni-sur.html

Et pour lutter contre l’impunité : 

 

    9 mesures à mettre en place en urgence, cf notre manifeste contre l’impunité et sa pétition STOP À L’IMPUNITÉ DES CRIMES SEXUELS : https://www.mesopinions.com/petition/justice/stop-impunite-crimes-sexuels/35266

 

Les femmes et les enfants subissent massivement ces graves violations des droits humains que sont ces crimes et délits sexistes et sexuels : 1 femme est tuée par son (ex)conjoint tous les 2 jours et demi ; 1 enfant est tué par un de ses parents tous les 5 jours, 1 femme sur 3 subit des violences conjugales et/ou sexuelles dans sa vie (chaque année 220 000 sont victimes de violences conjugales  et 94 000 de viols), 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 13 des violences sexuelles (chaque année plus plus de 160 000 enfants en sont victimes dont plus de 80% sont des filles).

Dans 9 cas sur 10 les auteurs des violences sexuelles sont des hommes et des proches en très grande majorité (famille, conjoints, institutions,…). Les femmes et les enfants les plus vulnérables sont bien plus à risque d’en subir ; les femmes en situation de handicap en subissent 2 fois plus, les enfants en situation de handicap trois fois plus, et jusqu’à cinq à 6 fois plus quand le handicap est mental, psychique ou neuro-développemental : 9 femmes autistes sur 10 ont des violences sexuelles en majorité dès leur enfance (OMS, 2017, Dammeyer, 2018, Drees, 2020, Cazalis,2022).

La très grande majorité des victimes de ces violences ne sont pas reconnues ni secourues, elles sont condamnées à survivre seules aux violences et à leurs conséquences psychotraumatiques sans protection, sans justice, sans aide ni soins ni réparations. Seules 10% des victimes de viols ont eu des soins d’urgence et seules 8,5% des victimes de violences sexuelles dans l’enfance ont bénéficié de soins spécialisés en psychotrauma. Les victimes mettent de 10 à 13 ans pour trouver un professionnels

L’absence de repérage, de protection, de reconnaissance du psychotraumatisme et de soins spécifiques, la faillite du traitement des plaintes et des signalements (plus de 74% de classements sans suite pour les plaintes pour viols) et l’impunité quasi totale dont bénéficient les agresseurs représentent de graves mises en danger et pertes de chance pour les victimes. C’est intolérable.

Sans protection, ni soin ces violences sont d’autant plus répétées et traumatisantes. La vie et la santé mentale et physique des victimes sont durablement mises en danger avec de lourdes répercussions sur leur vie personnelle, amoureuse et sexuelle, leur scolarité et leur vie professionnelle. Cela aggrave les situations d'inégalités, de discriminations et de handicap, augmentent les risques de précarité, de vulnérabilité et de subir de nouvelles violences (continuum de violences).

Les très lourdes conséquences psychotraumatiques sur la santé des victimes à long terme sont d’autant plus sévères que les victimes sont des enfants et des personnes vulnérables. Elles sont dues à des mécanismes de sauvegarde mis en place par le cerveau lors des violences qui entraînent une dissociation traumatique qui anesthésie les émotions tant que la victime est confrontée à des situations de violences ou de stress, une mémoire traumatique qui fait revivre à l’identique les violences dès qu’un lien les rappelle, comme une torture sans fin et des stratégies de survie pour y survivre : conduites d’hypervigilance, d’évitements et de contrôle pour y échapper, et conduite à risques dissociantes pour l’anesthésier. 

Sans protection ni soins spécifiques précoces des troubles psychotraumatiques pour traiter leur mémoire traumatique, les victimes ont un risque de mort précoce par homicides, suicides, accidents, maladie liées au stress de subir de nouvelles violences, 1 sur 2 fait des tentatives de suicides et des dépressions à répétition, de troubles anxieux majeurs, de troubles du sommeil et de l’alimentation, de conduites addictives et de conduites à risque, de douleurs chroniques, de troubles cardio-vasculaires, gynéco-obstétriques, endocriniens, gastro-digestifs, locomoteurs, immunitaires, neurologiques, etc.

Or les études internationales ont démontré que des soins spécifiques du psychotrauma, accompagnés d’une protection, sont très efficaces ils permettent d’éviter la presque totalité de ces conséquences. Pourtant les professionnels de la santé ne sont toujours pas formés systématiquement et l’offre de soin spécifiques des traumas est très insuffisantes. Cette absence de reconnaissance et de prise en charge des traumas nuit gravement aux victimes, les symptômes psychotraumatiques font l’objet de diagnostics erronés et des soins inadaptés, quand ils ne sont pas retournés contre les victimes pour décrédibiliser leurs plaintes et alimenter les stéréotypes sexistes.

Aucune victime de violences sexistes et sexuelles ne doit être laissée sans secours, protection, aides, soins ni réparations. Dès les premières violences tous les agresseurs doivent être poursuivis, punis et être empêchés de réitérer des violences. Ce sont des obligations internationales auxquelles l’Etat français ne peut se soustraire.

Le premier facteur de risque de commettre des violences est d’en avoir déjà subi dans l’enfance, ce risque est en grande partie lié à des conduites dissociantes violentes qui sont des conséquences psychotraumatiques, il pourrait être évité si tous les enfants victimes de violences étaient protégés et soignés.

 

Campagne Stop au Déni de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie https://www.memoiretraumatique.org

 Muriel SALMONA sera notre invitée le mardi 25 juillet 2013

Je te mets également le lien vers le manifeste et ses 15 mesures :

http://stopauxviolences.blogspot.com/2023/03/nouvelle-campagne-2023-stopaudeni-sur.html

 

Pétition  à partager et à signer ICI pour exiger 

15 mesures urgentes pour une une #CultureDeLaProtection et une #CultureDuSoin

STOP À LA MISE EN DANGER DES VICTIMES DE VIOLENCES INTRA-FAMILIALES ET SEXUELLES : POUR LEUR PROTECTION ET LEUR ACCÈS À DES SOINS SPÉCIALISÉS !

18000 signatures au 19/06/2023

1- en formant TOUS les professionnels de la santé dès leurs études et en formation continue  à la psychotraumatologie et la victimologie ainsi qu’à l’accueil, la protection et la prise en charge d’une victime quel que soit son âge, son lieu de vie (famille, foyers, institutions, lieux de détention), ses handicaps, son état de santé, sa vulnérabilité ; la psychotraumatologie et la victimologie, doivent être des matières obligatoires et devenir une spécialisation à part entière en médecine ;

2- en développant une information de qualité (campagnes, sites, brochures…) destinée aux enfants, aux parents et au grand public sur les violences, leur prévention et leur dépistage, les conséquences médicales des violences sur la santé mentale et physique, les symptômes psychotraumatiques et leurs mécanismes et les soins spécialisés, les conduites à tenir en urgence, les mesures de protection, les ressources et les soins spécialisés disponibles ;

3- en mettant en place un dépistage universel et systématique lors des consultations et des actes de prévention de tous leurs patients, et dans le cadre de la médecine scolaire, préventive et du travail, dépistage adapté à tous les enfants et les adultes en prenant en compte leurs handicaps et leurs difficultés de communication ainsi qu’une évaluation systématique du danger et du trauma (échelles) et du besoin de protection et soins des victimes de violences ;

4- en mettant en place une obligation de signalement des violences faites aux enfants et aux personnes vulnérables pour tous les professionnels sans exception y compris les médecins et en protégeant de façon effective de toute poursuite ordinale tous les professionnels de la santé qui signalent des violences sur mineurs ou sur personnes vulnérables et qui établissent des certificats pour leurs patients victimes de violences dans le cadre de procédures judiciaires pénales ou civiles (seul.e.s les procureur.e.s devraient pouvoir poursuivre les médecins en cas de soupçons de certificats mensongers, il n’est pas admissible que les professionnels soient poursuivis en juridiction ordinale sur des questions de forme du certificat) ;

5- en mettant en place une ligne téléphonique et une plateforme internet d’expertise pour les professionnels de santé pour les aider, les conseiller dans les situations complexes (dans notre enquête plus de 95% des médecins ayant suivi une formation sur les violences sexistes et sexuelles et leurs conséquences psychotraumatiques en 2009 ont plébiscité cette ligne ) ;

6- en créant des référents médecins, sage-femmes, infirmiers, psychologues formés spécifiquement dans toutes les structures hospitalières, les centres de santé, les institutions (dont l’institution scolaire) : il est essentiel de former tous les médecins, infirmier.e.s et psychologues scolaires et de s'assurer qu’ils soient en nombre suffisant et qu’ils bénéficient également de moyens suffisants pour faire leur travail de prévention et de dépistage  ;

7- en créant des centres de crises et de prise en charge des violences sexuelles accessibles 24h/24 et 7jours/7 dans les services d’urgence des hôpitaux pour adultes et pour enfants et les Unités Médico-Judiciaires où les victimes pourront bénéficier de soins et d'un recueil de preuves médico-légales, et où elles pourront porter plainte si elles le souhaitent, sur le modèle des 4 centres CPVS (et bientôt 6) existants en Belgique depuis 2017 ;

8- en créant adossés ou en lien avec ces centres de crise, des centres pluridisciplinaires de prises en charge des victimes de violences sexuelles (holistique : avec une prise en charge médicale, psychologique, sociale et juridique) pour toutes les victimes quel que soit leur âge, leur handicap, leur lieu de vie et le type de trauma, des soins spécialisés accessibles dans tout le territoire français et d’outre-mer, dans chaque territoire de santé mentale, sans frais avec des professionnels formés, qui travailleront en réseau et participeront à des actions de recherches (la convention d’Istanbul en exige 1 centre de prise en charge de victimes de violences sexuelles par bassin de 200 000 habitants ce qui, en France et en outremer ferait plus de 330 centres, on en est très loin) ;

9- en remboursant les prises en charge spécialisées par des psychologues cliniciens formés pour les victimes de violences sexuelles (avec des actes correctement rétribués) ;

10- en développant, en améliorant et en sécurisant l’offre de soin : par des médecins (pédo-psychiatres et psychiatres) et des psychologues spécialisés, formés et en nombre suffisants, avec une prise en charge de la Sécurité Sociale à 100% (prévue par le code de sécurité sociale pour les victimes mineures mais dont les victimes bénéficient rarement, qu’il faudrait élargir aux victimes majeures et inscrire le psychotraumatismes dans le cadre des ALD) avec des actes valorisés en fonction de prises en charge complexes et nécessitant un travail en réseau, les médecins conseils de CNAM, de la MDPH et les médecins du travail doivent être formés spécifiquement aux conséquences des violences sexuelles sur la santé et aux psychotraumatismes pour sécuriser les demandes d’arrêt de travail, les congés longue maladie et longue durée, les demandes d’invalidité et d’allocation adulte handicapé ; (ALD, prévue par le code de santé publique pour les victimes mineures mais qu’il faudrait élargie aux victimes majeures), d’allocations adultes handicapés (MDPH), de congés longues maladies et longues durée ;

11- en faisant parallèlement un plan Marshall pour la pédo-psychiatrie, la psychiatrie et la médecine préventive particulièrement la médecine scolaire  : augmenter le nombre de pédo-psychiatres, de psychiatres, développer le nombre de structures de soins pluridisciplinaires de proximité ;

12- en s’assurant du respect impératif des droits, de la volonté et du consentement des personnes victimes de violences sexistes et sexuelles tout au long de leurs parcours de soin, les patient.e.s doivent être protégées impérativement de comportements sexistes ou discriminatoires et de violences sexuelles de la part des professionnels du soin, les patient.e.s doivent être informé.e.s de leurs droits et des ressources à leurs disposition pour dénoncer des atteintes à leurs droits et des violences subies dans le cadre du soin, une culture de la bientraitance doit être mise en place  et hôpitaux psychiatriques, les institutions et tous les centres de privations de liberté ne doivent plus être des zones de non-droits (arrêt des contention, des mises en chambre d’isolement, protection des patients contre toutes les formes de violences, particulièrement sexuelles) ;

 

13- en formant spécifiquement et façon obligatoire les médecins experts auprès des tribunaux aux conséquences des violences sexuelles sur la santé et aux psychotraumatismes afin d’améliorer la qualité des expertises lors de procédures judiciaires pénales et civile (CIIVISE) il est scandaleux que les psychotraumatismes et la gravité des conséquences à long terme sur la santé et la vie des victimes soient si peu prises en compte et donne lieu à des expertises qui ne s'y réfèrent pas et à des réparations qui ne couvrent pas l’ensemble des  préjudices ;

14- en favorisant et en soutenant financièrement la création de lieux auto-gérés de rencontres, d’informations et d’échanges (groupes de paroles), d’activités de loisir et ou professionnelles (libres, sécurisées et à temps partiel) et de repos dédiés aux victimes de violences sexuelles avec l’aide de professionnel.le.s, ces lieux pouvant être adossés aux centres de soins ;

15- en développant la prise en charge spécialisée des agresseurs le plus tôt possible dès les premières conduites violentes et en traitant leurs traumatismes : de 25 à 30% des violences sexuelles sont commises par des mineurs, la plupart des agresseurs ont déjà subi des violences le plus souvent dans l’enfance : on sait (grande enquête de l’ONU de Fulu, 2017) que pour les hommes avoir subi dans l’enfance des violences physiques et sexuelles multiples par 14 le risque de commettre des violences sexistes et sexuelles à l’âge adulte (les femmes qui ont subi des violences physiques et sexuelles dans l’enfance ont 1 fois plus de risque de subir des violences conjugales et sexuelles à l’âge adulte). En l’absence de protection et de soins, les conduites risque dissociantes dont font partie les violences envers soi ou autrui sont une des stratégies de survie mises en place pour anesthésier sa mémoire traumatique (symptôme psychotraumatique qui fait revivre à l’identique les violences subies dans l’enfance puis celles commises par la suite : exercer des violences entraîne des conséquences psychotraumatiques chez l’agresseur qui vont renforcer les conduites dissociantes et alimenter les passages à l’acte). Si on est jamais responsable des violences que l’on a subi, ni de leurs conséquences psychotraumatiques, on est responsable du choix des stratégies de survie qu’on met en place quand elles portent atteinte à l’intégrité d’autrui. Protéger et soigner les traumas de tous les enfants victimes de violences permet d’enrayer le cycle des violences.

http://stopauxviolences.blogspot.com/2023/03/nouvelle-campagne-2023-stopaudeni-sur.html

 

Fête de l'été à Publico

À l’approche des vacances d’Été, Publico-Librairie du Monde Libertaire clôt symboliquement sa saison d’animations par un moment festif représentatif de son action au cours de l’année.

Rendez-vous samedi 24 et dimanche 25 juin de 11h à 19h !

Il y aura ainsi sur ces deux jours, de 10h à 19h pour la quatrième fois, une Grande Braderie de livres et de disques, symbole de notre volonté de diffuser les idées anarchistes et la culture au sens large, musique compris, au plus grand monde. Une partie de la salle située à l’arrière de la la librairie y est d’ailleurs consacrée toute l’année.

http://www.librairie-publico.info/?p=8378

 

Ventres à louer. Une critique féministe de la GPA. Coordonné par Ana-Luana Stoicea-Deram et Marie-Josèphe Devillers

Alors que les violences faites aux femmes sont enfin reconnues comme un fléau mondial à combattre, les influents et riches promoteurs du marché de la reproduction humaine oeuvrent sans relâche à valoriser et à faire légaliser la vente d’enfants par des mères porteuses. Pourtant, la GPA (gestation pour autrui), produit de la technicisation et de l’artificialisation des rapports humains affublé d’un ersatz de terminologie féministe, implique un triple sacrifice : celui que la mère fait d’elle-même, celui de l’enfant et celui de l’égale dignité des êtres humains.

Si l’idéologie ultralibérale considère la vente de leurs capacités de reproduction comme un droit des femmes, ce livre montre qu’il s’agit plutôt d’une déshumanisation relevant du néopatriarcat. Celui-ci donne aux femmes le choix de subir des violences médicales, psychologiques et économiques, et transforme l’enfant en objet de fabrication et de transaction marchande, lui niant ainsi le statut de sujet.

Cette conviction anime l’ensemble des contributrices et contributeurs : universitaires, journalistes, pionnières et militantes de la lutte pour les droits des femmes, des lesbiennes et des homosexuels. La diversité des approches – théorique, historique, politique, scientifique et linguistique – et la variété des origines géographiques – nécessaire car il s’agit d’un commerce mondial – permettent une appréhension critique globale et approfondie de la GPA, faisant de ce livre une référence pour comprendre l’industrialisation de la fertilité humaine et le danger des forces du marché.


 

Initiative à Bruxelles en faveur des femmes iraniennes-Collectif Laïcité Yallah et en hommage à leur résistance à travers le Collectif Laïcité Yallah dont je suis la porte-parole.

 

Ce projet est très simple : création et installation d’une statue dans la commune de Woluwe-Saint-Pierre (l’une des 19 communes de Bruxelles) l’automne prochain. C’est une très belle statue, juste en face de l’Hôtel de ville de WSP dans un endroit avec des arbres. C’est bien situé. Ideal pour les sorties scolaires et pour faire de la pédagogie, par la suite.

On souhaiterait que la cérémonie s’organise dans la semaine du 16 septembre. Nous n’avons pas encore décidé de la date. J’ai rdv avec le maire dans les prochains jours. Je vais suggérer le 15 septembre de façon à pouvoir nous libérer le 16 septembre pour participer à d’autres événements.

Alors voilà, pour celles qui se demandent comment soutenir le projet. Vous pouvez envoyer un petit montant pour le financer. On doit recueillir 12 000 euros. On rame un peu.  Les références bancaires se trouvent dans les deux fichiers ci-joints.

Les noms des associations (ou des personnes) donatrices seront communiquées à moins d’une indication contraire de la part des concernés.

Djemila Benhabib - Chargée de Missions

Centre d'Action Laïque asbl
Campus de la Plaine ULB,  CP236, Accès 2
Boulevard de la Plaine - 1050 Bruxelles

Tél. : +32.2.627.68.25 – Gsm: +32.470.05.70.93 

Mail: djemila.benhabib@laicite.net

Dans la foulée de cette cérémonie, j’envisage d’organiser une rencontre des associations féministes qui nous ont soutenus pour la réalisation de ce projet. Ça pourrait être dans l’après midi ou le lendemain. A discuter.

 

Pénurie de médicaments nécessaires aux IVG : pour une politique de relocalisation en urgence

TRIBUNE

Collectif « Avortement Europe : les femmes décident »

Pour prévenir toute pénurie de mifépristone et de misoprostol, molécules utilisées pour les IGV médicamenteuses, le collectif « Avortement Europe : les femmes décident » demande, dans une tribune à « l’Obs », à ce que leur production, commercialisation et distribution soient effectives et garanties par l’Etat.

15 juin 2023

 

Le président Macron a fait l’annonce d’une relocalisation de la production d’une liste de médicaments dits essentiels sur le territoire français dans les semaines ou mois qui viennent. Le collectif « Avortement Europe : les femmes décident » sera extrêmement vigilant sur l’accès à l’ensemble des médicaments et en particulier aux molécules nécessaires aux IVG.

Fragilité de la chaîne de production et fluctuation d’approvisionnement au gré des conservatismes politiques ou des situations géopolitiques expliquent cette situation de pénurie spécifique. Revenons sur l’histoire.

Les actions contre des médicaments abortifs ne sont pas nouvelles.

Déjà en 1988, bien après le rachat du laboratoire français Roussel-Uclaf par le groupe allemand Hoechst, la RU-486 ou mifépristone, découverte à la suite des travaux du professeur Etienne-Emile Baulieu, a failli disparaître de la pharmacopée.

En effet, le groupe allemand ciblé par les mouvements anti-IVG avait décidé de stopper la production de la mifépristone. En France, les mobilisations féministes et l’intervention rapide du gouvernement avec la prise de position du ministre de la santé Claude Evin avaient conduit au maintien de la production et de la commercialisation du RU-486.

En 1997, le laboratoire Hoechst s’est débarrassé de cette molécule « polémique » en la cédant au docteur Edouard Sakiz, codécouvreur et ancien président de Roussel-Uclaf : c’était l’ouverture du laboratoire Exelgyn France.

Aujourd’hui, la mifépristone est une production et commercialisation française, autorisée dans plus de 57 pays (certains comme la Chine la fabriquent).

L’histoire peut se répéter comme nous le montre la volonté d’un juge texan aux Etats-Unis en avril 2023 d’interdire aux laboratoires la production de la mifépristone, permettant l’avortement.

Cela met en exergue la fragilité des droits des femmes et de leur accès aux soins.

Autre exemple. Le misoprostol a été commercialisé en France depuis 1987 par Pfizer sous le nom Cytotec dans la protection gastrique. Rapidement utilisé pour la réalisation d’IVG médicamenteuses et dans d’autres indications gynécologiques, au Brésil puis dans le monde, ce médicament a été retiré du marché français en 2018, Pfizer n’ayant jamais souhaité étendre l’indication à une utilisation gynécologique et donc cautionner l’avortement. La mise sur le marché du misoprostol dans les indications gynécologiques a été donnée à Nordic Pharma (Gymiso) et Exelgyn (MisoOne).

Pénurie de médicaments : « Il m’est arrivé de sélectionner les patients pour délivrer la seule boîte qui me restait »

Mais la production et la commercialisation du misoprostol sont sous le contrôle d’un seul laboratoire, Nordic Pharma, initialement suédois et devenu international, ce qui rend l’accès à ce médicament fragile. Nous avons vécu pendant plusieurs semaines au printemps une pénurie d’approvisionnement en médecine de ville de cette molécule. L’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a annoncé la fin de cette pénurie mais quels moyens pour prévenir la prochaine ?

Nous nous questionnons sur la poursuite de l’histoire de ces deux médicaments essentiels, car, en France, en 2021, il y a eu 223 000 IVG dont 72 % médicamenteuses. Une femme sur trois a recours à l’IVG durant sa vie.

Alors que le misoprostol a été mis sur le marché en France en 1987 et la mifépristone en 1988, trente-cinq ans plus tard, aucun générique n’a encore vu le jour, du fait des changements d’indication et de formulation. Ceci n’est pas la règle pour la majorité des médicaments. Pourquoi, alors que de très nombreux médicaments brevetés issus de la recherche sont, au cours des années, entrés dans le domaine public, les deux molécules concernées, mifépristone et misoprostol, ne bénéficient-elles pas de cette possibilité ? Pourquoi ne sont-elles pas déclarées patrimoine commun de l’humanité ?

Comment expliquer la pénurie de pilules abortives en France ?

L’acharnement des antiavortements contre les droits des femmes peut empêcher l’accès aux soins, en faisant pression sur les laboratoires producteurs ou commercialisant ces molécules, si d’autres laboratoires ne peuvent pas y remédier. Les droits des femmes ne peuvent pas fluctuer au gré des conservatismes politiques et le droit à l’avortement reste une lutte éminemment politique de par le monde pour les droits humains.

Nous demandons donc que la France et l’Europe aient le courage de développer une politique publique de production des médicaments essentiels, de premier recours, pour éviter toute pénurie et rupture d’accès aux soins. Cela passe par la création d’établissements pharmaceutiques nationaux et européens avec financement public qui produiront, diffuseront les médicaments et géreront la constitution des stocks ainsi que leur maintien. L’ANSM n’a pas jusqu’à présent ce rôle.

En ce qui concerne mifépristone et misoprostol, nous demandons que la production de ces médicaments soit relocalisée en urgence, que la liste des 25 premiers médicaments promis par le président soit étendue avec des engagements fermes sur cette priorité. Le respect des droits des femmes et du droit à l’avortement exige que ces médicaments soient reconnus comme essentiels, de premier recours en accord avec la liste déjà existante des médicaments de l’OMS et que leur production, commercialisation et distribution soient effectives et garanties par l’Etat.

Le collectif « Avortement Europe : les femmes décident »

Premiers signataires :

    Zahra Agsous, Maison des Femmes de Paris ; Marie-Astrid Bernon, Association nationale des Sages-Femmes orthogénistes ; Sophie Binet, CGT ; Chantal Birman, Association nationale des Centres d’IVG et de Contraception ; Soad Baba-Aissa, Femmes solidaires ; Sonia Casagrande, collectif féministe Les Dyonisiennes ; Amandine Cormier, Fédération syndicale unitaire ; Penny Duggan, Nouveau Parti anticapitaliste ; Françoise Dumont, Ligue des Droits de l’Homme ; Sarah Durocher, Planning familial ; Julie Ferrua, Union syndicale Solidaires ; Danielle Gaudry, Planning familial 94 ; Michèle Leflon, Coordination nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité ; Dominique Marchal, Confédération française démocratique du Travail ; Nelly Martin, Marche mondiale des Femmes ; Françoise Nay, Notre Santé en Danger ; Clémentine Pénicaud, Osez le Féminisme ; Josée Pépin, Collectif CIVG Tenon ; Suzy Rojtman, Collectif national pour les Droits des Femmes ; Nora Tenenbaum, Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et la Contraception.

Par Collectif « Avortement Europe : les femmes décident »

 

 

C'est passé mais on vous le dit quand même !

 

Lip vivra ! 50 ans après, ce que nous dit la lutte des Lip

Dans les locaux de l’Union syndicale Solidaires, 31 rue de la Grange-aux-Belles, Paris 10 (M° Colonel Fabien)

Samedi 17 juin Dimanche 18 juin

informations : blogs.mediapart.fr/lip-50-ans

 

Une nouvelle action contre les prétendus « salons de massages »

https://www.50-50magazine.fr/2023/06/12/une-nouvelle-action-contre-les-pretendus-salons-de-massages/

 

L’action « massages dans la rue » aura lieu le samedi 17 juin à 15h, à Paris,  place Lévis dans le 17earrondissement (métro Villiers ou Pont-Cardinet). C’est un nouvel épisode de l’action entreprise par Zéromacho contre les prétendus « salons de massages » qui sont en réalité des lieux de prostitution.

En coopération avec la Fédération des massages bien-être, et avec la participation de sept masseuses et masseurs bien-être, nous organisons une séance de massages dans la rue pour attirer l’attention des passants et leur proposer de signer la pétition demandant l’application de la loi Olivier-Coutelle de 2016. 

En présence du maire du 17e arrondissement, Geoffroy Boulard, et de la députée de la circonscription, Caroline Yadan, nous ferons une opération d’information et de sensibilisation : avec 50 « salons de massages » sur 342 dans tout Paris, le 17e est celui qui en compte le plus.

Le 17 juin étant la veille de la fête des pères, notre slogan est tout trouvé : « Pour la fête des pères, offrez un vrai massage ! »

Pouvez-vous vous joindre à nous ? Il s’agit d’aider les masseuses et masseurs à s’installer ; ensuite, il faudra veiller au confort de chacun·e, distribuer des tracts et discuter avec les passant·es.

Merci de répondre si vous pensez venir !

Si vous êtes loin de la région parisienne, ou si vous ne pouvez pas venir, nous comptons sur vous pour faire signer la pétition autour de vous.

https://zeromacho.fr/wp-content/uploads/2023/02/petition_massages-.pdf

Expositions, spectacles, etc...

 

Voici une proposition d’un film à voir entre féministes : Orlando, de Sally Potter 

Rendez-vous au Cinéma des Cinéastes, 7 avenue de Clichy, 75017 Paris, métro Place Clichy

jeudi 22 juin, à la séance de 19h30, la seule prévue pour ce film de 1992, adaptation libre du roman Orlando de Virginia Woolf (1928).

https://cinema-des-cineastes.fr/movies/show/1081

Retrouvons-nous dans la salle ou après la séance, au Bistrot des Cinéastes, au premier étage du cinéma, pour discuter.

Merci de répondre si vous pensez venir !  encorefeministes@gmail.com

 

Festival Voix sur berges du dimanche 25 juin 2023 de 14 à 20h ... si vous êtes à Paris et si l'envie vous vient de venir vous promener ce jour-là sur les bords du canal Saint-Martin (10ème arrondissement) pour y écouter des chants de toutes sortes!

 145 chorales, 4000 choristes, 20 sites chantants, 30.000 auditeurs !!!

Comme vous pouvez le lire sur le tract joint, la Chorale populaire de Paris s'y produira à 14h40 précises (jusqu'à 15h20!) à la passerelle des Récollets, 93 quai de Valmy...

 

Les engagements des femmes pendant la Commune de Paris de 1871

Le 25 juin, Anouk Colombani vous propose une balade urbaine dans le Xe arrondissement de Paris sur l’engagement des femmes lors de la Commune de Paris.

Qui étaient les communardes ? Louise Michel, Nathalie Lemel, Elisabeth Dmitrieff, Blanche Lefevre, Louise Noel, André Léo, Paule Mink. Ce sont plusieurs milliers de femmes qui prirent part à l’insurrection communarde de 1871.

C’est dans le Xe arrondissement, tout neuf de la loi d’agrandissement de Paris de 1860, que ces femmes engagèrent leur émancipation. C’est dans le Xe qu’elles s’organisèrent pour faire reconnaître leur travail. Dans le Xe, elles montèrent des barricades. Certaines furent arrêtées, d’autres tuées. Les survivantes ont lutté pour leur mémoire en écrivant ou en participant à la création des associations mémorielles (déjà !), en se soutenant les unes les autres.

De leurs engagements, Anouk Colombani a retrouvé des traces nombreuses sur des lieux emblématiques ou invisibles de l’arrondissement comme la mairie d'arrondissement, l'ex-prison Saint-Lazare, l'Eglise Saint Laurent... Des lieux qui parlent de la condition des femmes, des répressions qu’elles subissaient mais aussi de leurs luttes nombreuses.

 

Originaire de Pierrefitte-sur-Seine, Anouk Colombani s’intéresse à la mémoire populaire et pratique une histoire populaire. Elle est passionnée par la transformation des lieux de la banlieue nord, et la superposition visible ou invisible des périodes historiques, des vécus. Elle a co-fondé l’association Rue de la Commune.

S'inscrire sur le site explore paris prix 15 ou 8 € - durée : 2 heures environ

https://exploreparis.com/fr/3648-les-engagements-des-femmes-pendant-la-commune-de-paris-de-1871.html

 

La deuxième édition de la Fête de la chanson politique se tiendra le 1 & 2 septembre, notez le bien!

La programmation avance… on est tellement content.e.s de vous la présenter au fur et à mesure, ça va être inoubliable, immanquable…

Cette fête se veut être un espace de rencontre entre musique et politique, entre des publics et des idées mais également rencontre entre des styles musicaux et des langues diverses.

Par la chanson politique, nous sommes nombreux, nombreuses à avoir découvert l’histoire de luttes, de résistances, non enseignées à l’école. Par effet de standardisation de la chanson, on tend à lisser ou invisibiliser des textes engagés, et d’effacer ainsi le lien entre musique et politique.

Qu’elle soit le récit d’un combat ou porteuse d’une poésie plus complexe, elle est liée aux évènements, à une époque. Une photographie sonore de notre société. Elle permet une compréhension commune de ce qu’on vit, une résistance collective et/ou individuelle. Elle visibilise des situations d’oppression, d’injustice, met en lumière ce qu’on rêverait de nos rapports sociaux. Elle raconte l’histoire des peuples, reflète le vécu des classes populaires et laisse une trace dans notre histoire en y gravant les rêves, les espoirs et les idéaux. La chanson politique est ainsi particulièrement fondatrice de culture partagée et partageable.

Ce festival  n’est pas seulement le support à une programmation culturelle, mais il se veut porteur d’un propos : Il entend questionner le lien inestimable entre l’expérience politique et le fait de chanter et de faire de la musique. Ce lien que nous souhaitons faire perdurer dans notre esprit et ranimer dans nos pratiques.

La chanson politique n’en demeure pas moins complexe et diverse et nous souhaitons faire de la place à ses diverses formes sans jugement figé. Les chansons et leur artistes échappent heureusement et souvent à des catégorisations.

Qui sommes-nous pour juger ? Le texte seul ne permet pas de qualifier une chanson politique. L’histoire du corps et de l’engagement de l’artiste comptent également. « Cette fête » souhaite également dénoncer les difficultés de sa production et le discrédit souvent jeté sur son/sa chanteur.teuse. C’est un combat que de créer du lien et d’assurer aux artistes des bonnes conditions d’écoute et de valorisation de leur travail.

Nous souhaitons enfin simplement que le temps de cette fête soit un moment de chant collectif, festif et joyeux.

 

Sur le site de l’ancienne usine Rizlacroix au 4 Rue du Stade à Mazères sur Salat dans le beau territoire du Comminges.

Entrée et participation libre et nécessaire ! Parking et Camping

Chiens tenus en laisse

https://www.fetedelachansonpolitique.org/

 

 

Christiane Marty: « la question des retraites des femmes […] est aujourd’hui incontournable »

https://www.50-50magazine.fr/2023/06/15/christiane-marty-question-retraite-femmes-incontournable/

Avec son livre L’enjeu féministe des retraites, Christiane Marty revient sur la réforme des retraites votée cette année et sur les conséquences qu’elle a sur les femmes. Féministe et altermondialiste de la première heure, l’autrice est également membre de l’association Attac et de la Fondation Copernic. Elle revient sur les principaux enjeux de cette réforme tant contestée. 

La réforme Borne n’est pas la première à avoir engendré des polémiques. Dans l’introduction de votre livre, vous développez les conséquences des réformes précédentes. Comment ont-elles fragilisé les pensions des plus faibles et particulièrement celles des femmes ? 

De sa création après-guerre jusqu’aux années 1980, le système de retraites avait réussi à sortir les retraité·es de la pauvreté, et petit à petit à améliorer sensiblement leur situation. Mais à partir des années 1980, la mondialisation néolibérale a instauré la concurrence généralisée. L’objectif est alors d’encadrer les dépenses sociales, car dans la doctrine néolibérale elles sont accusées de peser sur le coût du travail, donc sur la compétitivité, et de freiner la croissance. Les réformes de retraites (il faudrait plutôt parler de contre-réformes) ont alors toutes suivi la même orientation : plafonner les dépenses de retraites. La méthode est toujours la même : on durcit les conditions pour obtenir une pension à taux plein, ce qui entraîne une diminution continue du niveau relatif des pensions. 

Cette baisse touche tout le monde, mais elle est plus grave pour les plus faibles pensions, qui sont toujours celles des femmes. Et ensuite, elle les pénalise plus particulièrement du fait des mesures comme l’allongement récurrent de la durée de cotisation : les femmes ont en moyenne des durées plus courtes que les hommes car elles interrompent souvent leur carrière pour les enfants. De même, lorsqu’on est passé en 1993 des 10 aux 25 meilleures années de salaire pour calculer la pension dans le régime général, ça a pénalisé plus fortement les personnes aux carrières plus courtes. 

Il faut citer aussi le système de décote qui constitue une double pénalisation des carrières incomplètes, donc des femmes (ce qui a même été officiellement reconnu). En effet, pour résumer, la pension est déjà calculée proportionnellement à la durée de carrière; et quand la carrière n’est pas complète, le taux de la pension subit une décote supplémentaire, injuste.

En quoi le système de retraite actuel est-il créé sur un modèle de famille patriarcale ? 

La Sécurité sociale a été créée sur le modèle de société de l’époque : l’homme a le rôle de soutien de famille, il travaille à temps plein, sans interruption de carrière, passant souvent sa carrière dans la même entreprise dans un contexte de plein emploi. Il cotise et bénéficie de droits propres à une couverture sociale. Sa femme gère le foyer et les enfants, et elle bénéficie, comme ses enfants, de droits dérivés de ceux du « chef de famille », au titre d’épouse. C’est une logique de dépendance. Le contexte a changé au fil des années, le chômage est apparu, le travail des femmes est aujourd’hui plus fréquent, mais souvent précaire, morcelé ; le modèle de couples a évolué. 

Le système de retraites a aussi évolué pour s’adapter : par exemple, des majorations de durée d’assurance pour les enfants ont été intégrées, et des minimas de pension qui de fait bénéficient majoritairement aux femmes. Mais la logique de dépendance reste encore au cœur du système de retraites.

Comment la progression vers l’égalité entre les femmes et les hommes permettrait d’améliorer le financement des retraites ? 

L’égalité entre les femmes et les hommes, c’est une exigence démocratique en soi qui n’a pas besoin d’autre justification. Mais, en plus, il se trouve qu’elle serait très bénéfique pour améliorer les finances des retraites ! Ainsi, supprimer les inégalités de salaires permettrait d’augmenter les recettes en cotisations des caisses de retraites. On peut faire une évaluation sommaire des gains potentiels : si l’égalité salariale avait été une réalité en 2021, le gain sur le volume de cotisations aurait été de plus de 12 % (c’est-à-dire autour de 34 milliards d’euros).

De même, l’effectif de population active est un paramètre de base pour l’équilibre financier, puisque ce sont les actifs et actives qui financent les pensions des retraité·es. Or le taux d’activité des femmes est toujours inférieur à celui des hommes. 

Si en 2021, leur taux d’activité avait été égal à celui des hommes, c’est 1,1 million de femmes en plus qui auraient été en activité, ce qui aurait rapporté, sur une hypothèse de salaire moyen, un supplément de recettes de cotisations vieillesse de l’ordre de 10 milliards. Ces évaluations sommaires nécessitent d’être affinées, mais les ordres de grandeur obtenus ne sont pas négligeables.

On a beaucoup entendu parler de la pénibilité du travail, mais celle des métiers perçus comme féminin a été occulté. Comment évolue l’analyse genrée de la notion de pénibilité ?

La pénibilité des métiers féminins est très souvent occultée du fait des biais sexistes. Dans les représentations traditionnelles, la pénibilité est le plus souvent associée aux efforts physiques intenses, expositions au bruit, aux intempéries, aux produits nocifs, qui concernent majoritairement les métiers des hommes. Pourtant, les conditions de travail de nombreuses femmes sont autant marquées par la pénibilité physique ou mentale : avec des postures contraignantes, des gestes répétitifs, des tâches morcelées, un fond sonore permanent d’un niveau trop élevé, etc. 

Il y a une exposition sexuée aux risques, qui est de mieux en mieux établie aujourd’hui. Les enquêtes Sumer (surveillance médicale des expositions des salarié·es) ont par exemple mis au jour la pénibilité et les pathologies qui touchent plus particulièrement les femmes, ce sont les troubles musculo-squelettiques et les risques psychosociaux au travail. Aujourd’hui, grâce à de nombreuses chercheuses et chercheurs, syndicalistes féministes, cette question évolue positivement. Mais c’est la prise en compte globale de la pénibilité qui reste un dossier difficile du fait des résistances énormes de la part du patronat.

Au cœur des manifestations et des contestations, des voix féministes se sont fait entendre. Quels rôles les féministes ont-elles joués dans la remise en question du système des retraites dans le débat public ? Quel rôle ont-elles aujourd’hui ?

La question des inégalités de pension entre les femmes et les hommes n’a été que progressivement intégrée dans les discours des gouvernements lorsqu’ils nous « vendaient » les mérites de leurs réformes. Discours mensongers qui ont été démontés par les militantes. En 2003, la commission Genre d’Attac a produit une analyse sur l’impact régressif, en particulier pour les femmes, de la réforme de 1993 et une critique de la réforme Fillon en cours. C’était à ma connaissance le premier document militant sur cette question des retraites des femmes. Elle a aussi rédigé une tribune qui a été signée par les principales responsables de syndicats (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires et Unsa), et publiée dans Le Monde : cette tribune unitaire était aussi une première qui a eu un écho certain. 

Des débats publics ont été organisés avec les associations féministes. Ensuite, en 2010 avec la réforme Woerth, la question des retraites des femmes a été pour la première fois très présente dans le débat public et dans le mouvement social de contestation de la réforme : ce sont les féministes qui l’ont permis. Elles se sont appuyées sur des travaux d’analyses de chercheuses, et ont continué de produire des analyses critiques des réformes successives. Les syndicalistes ont porté cette question au sein de leur organisation et revendications. Aujourd’hui, elle est je crois, incontournable.

Propos recueillis par Camille SP 50-50 Magazine

 


 


 



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