27 MAI 2025 LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES Remue-Méninges Féministe Radio libertaire 89,4


 
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27 mai 2025

L'invitée de Remue Méninges Féministe : Horiya pour la 6éme marche mondiale des femmes et la rencontre européenne des 13, 14 et 15 juin à Marseille

Informations militantes (lire les détails ci dessous)

Musiques : « Frangines » Anne Sylvestre (indicatif début), « Ballada das aguas » Catherine Ribeiro, « Sabsylma » Zap Mama, "Oror (Yall tnam)" Lena Chamamyan, « Marginal » Ochi Curiel, « Röpül do tanyén (les zassiettes volent) » Pa.dö.do, « Inside me » Anoushka Shankar, « Tânasim III » Trio Jourdan, « Dans nos chants » Anne et Edwige des Entresorceleuses (indicatif de fin).

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INFORMATIONS MILITANTES

Jeudi 29 mai 2025 à 11h : Paris (75) Square Louise Michel à Montmartre 6 place Saint Pierre 75018 : . Moment d’hommage et de chansons pour l’anniversaire de Louise Michel, organisé par l’association Les Amis et Amies de la Commune de Paris 1871. 

Nouvelle action du Front féministe international. Vous trouverez ci-dessous le texte adopté par le Conseil d’administration.

Contre l’apartheid sexuel en Iran et en Afghanistan

Nous, féministes universalistes et laïques, luttons contre les extrémismes religieux. L’apartheid sexuel tel qu’il est imposé dans les théocraties islamistes que sont l’Iran ou l’Afghanistan constitue une violence extrême contre les femmes. La communauté internationale doit condamner ce type de régime en tant que crime contre l’humanité, comme l’a été autrefois l’apartheid racial pratiqué en Afrique du Sud.

Nous, membres du Front féministe international, demandons aux représentants de nos pays d’obtenir de l’AG des Nations-Unies que la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid de 1973 soit étendue, par l’ajout du mot « sexe », au cas de l’apartheid sexuel.

La Ligue du droit international des femmes, Regards de femmes et Libres MarianneS, membres du Front féministe international, prennent en charge la demande adressée au gouvernement français.

 

PÉTITION 

LA FONDATION DES FEMMES et 10 associations partenaires réclament la fin d'une injustice fiscale qui précarise les mères isolées ! Non, les pensions alimentaires ne sont pas des revenus, il s'agit de couvrir les besoins fondamentaux de l'enfant. Rejoignez-nous pour défiscaliser les pensions alimentaires et mettre fin à cette injustice

Défiscaliser les pensions alimentaires est une mesure de justice !

En France, 1 famille sur 4 est monoparentale et dans 82 % des cas, une femme en est à la tête. Ces mères, trop souvent invisibilisées, cumulent les inégalités et les difficultés. Il est temps que notre système fiscal les protège et cesse de les pénaliser.  Nous avons besoin de votre signature pour mettre fin à cette double peine payée par les mères isolées et demander au Gouvernement de reprendre la défiscalisation des pensions alimentaires votée par l’Assemblée nationale l’automne dernier. 

En France, le montant moyen d’une pension alimentaire s’élève à 190 € par mois alors que le coût réel de l’éducation d’un enfant est estimé à 625 € par mois. Cette contribution à l’entretien et à l’éducation de l’enfant (CEEE) est aujourd’hui considérée comme un revenu imposable pour les mères qui la perçoivent. C’est une absurdité fiscale et sociale, surtout lorsque que l’on sait qu’après une séparation, le niveau de vie des mères chute de 24 % et que 46 % des enfants vivant seuls avec leur mère sont pauvres.

Non, la pension alimentaire n’est pas un revenu.

La pension alimentaire n’est pas une rente, ni une prestation de service. C’est la contribution du parent non-gardien – le plus souvent le père – aux besoins fondamentaux de son enfant. En la fiscalisant, on fait peser une double peine sur les mères seules : elles doivent assurer seules le quotidien, souvent avec des revenus moindres, tout en payant des impôts sur une somme qui ne couvre même pas les frais réels de l’enfant.

Non, la fiscalité ne doit pas encourager le désengagement paternel.

Permettre aux pères aisés de déduire fiscalement la CEEE, tout en imposant les mères qui la perçoivent, revient à transformer les enfants en niches fiscales. On rémunère ainsi la mère comme une aide à domicile plutôt que comme une co-parent, et l’on favorise des stratégies d’optimisation fiscale aux dépens de la solidarité parentale.

Oui, défiscaliser les pensions alimentaires est une mesure de justice.

C’est une mesure simple, compréhensible et attendue. Elle allégerait la charge financière des mères, éviterait les erreurs de déclaration, et reconnaîtrait enfin que cette somme contribue, non pas au revenu des mères, mais aux dépenses pour l’enfant

Un amendement en ce sens avait été adopté à l’Assemblée nationale en 2024, plafonnant la défiscalisation à 4 000 € par enfant et par an, mais il n’a pas été retenu dans le budget voté par la suite. Cette avancée avait suscité un réel espoir pour les familles monoparentales qui ne doit pas rester lettre morte. Il est temps de rouvrir la discussion.

Il est impératif de lutter contre la précarisation des mères séparées :  la fiscalité est un levier important qui génère pourtant aujourd’hui une injustice insupportable. Défiscaliser les pensions alimentaires est une mesure corrective nécessaire à prendre d’urgence. 

Car il est temps de rappeler une évidence : l’enfant est une responsabilité partagée.

Signez, relayez, portez cette demande.
Parce qu’aucune mère ne devrait être pénalisée pour avoir élevé ses enfants.

https://fondationdesfemmes.org/petitions/defiscalisation-des-pensions-alimentaires/

UN GÉNOCIDE SANS FIN EN PALESTINE Une organisation paysanne liée à la Via Campesina dénonce la violence israélienne à Gaza et en Cisjordanie

Le génocide palestinien à Gaza, qui s’est aggravé depuis le 7 octobre 2023, a présenté l’opportunité pour l’occupation israélienne de la Cisjordanie d’être encore plus dévastatrice. En 2024, plus de terres ont été volées dans cette région qu’au cours des 30 dernières années combinées, depuis les accords d’Oslo en 1993. Dans cet article, nous partageons des données et des témoignages de militants palestiniens de La Via Campesina (LVC) qui dénoncent l'augmentation du génocide, la destruction et de l'occupation de la Palestine. Nous partageons également des photos et des informations sur la brigade internationale de LVC, qui était en Cisjordanie en décembre 2024. Les brigades internationales et le travail des volontaires étrangers dans la région ont été une forme active de solidarité entre les peuples qui font pression sur les autorités depuis le terrain et fournissent des stratégies de sécurité pour les personnes et leur production alimentaire et animale.

Dans la nuit du 17 mars 2025, les Forces de défense israéliennes ont mené une autre série d’attaques sur le territoire palestinien, malgré l’accord de cessez-le-feu qui a duré moins de deux mois. Des avions de combat israéliens ont bombardé plusieurs zones du territoire palestinien, de la ville de Gaza au nord jusqu’à Khan Yunis au sud. Selon les derniers chiffres du Ministère de la santé de Gaza, 591 Palestiniens, dont 200 enfants, ont été tués et 1 042 blessés dans l’enclave depuis qu’Israël a rompu le cessez-le-feu. L’attaque intervient alors que les groupes de résistance palestiniens retardent la fin de l’accord de cessez-le-feu. À Gaza, même avant cette attaque, Israël avait déjà recommencé à bloquer l’entrée d’eau, de nourriture et d’autres articles essentiels pour les Palestiniens.Comme la Via Campesina a déclaré dans sa réponse à la récente attaque aux civils de Gaza pendant le Ramadan, « Il s’agit d’un génocide. C’est une tentative organisée et systématique d’effacer le peuple palestinien, et le monde permet que cela se produise. »

Selon le témoignage d’Amjad Shawwa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes (PNGO Network), disponible ici, « actuellement, 75 000 personnes se trouvent dans le nord de Gaza depuis deux mois sans accès à la nourriture et à l’aide humanitaire. Elles ont déjà été obligées de déménager trois ou quatre fois. Parmi les personnes tuées, 70 % sont des femmes et des enfants. Soixante-dix pour cent des hôpitaux ne fonctionnent plus. La crise alimentaire est hors contrôle : dans la bande de Gaza, il y avait auparavant une production d’agrumes, comme l’orange, le raisin, la goyave et la fraise. Toutes ces plantations ont été détruites et la faim domine maintenant. Avant le 7 octobre, entre 700 et 800 camions traversaient la frontière par jour. Aujourd’hui, seuls 30 à 40 camions sont autorisés à passer, ce qui ne représente que 5 % des besoins quotidiens de la région. Les ONG font ce qu’elles peuvent pour aider la population. »

En Cisjordanie, des militantes de l’Union des comités du travail agricole (Union of Agricultural Work Committees — UAWC), liée au mouvement paysan international La Via Campesina (LVC), ont dénoncé l’intensification rapide de la violence commise par l’armée israélienne et les colons. Comme l’explique la note publiée le 27 janvier 2025 : « à la suite du cessez-le-feu à Gaza, l’occupation israélienne a annoncé un déplacement de sa concentration militaire et de ses ressources vers la Cisjordanie. Les Forces d’occupation israéliennes […] Israeli Occupying Forces – IOF] ont déclaré leur intention d’accroître la portée et l’intensité des opérations en Cisjordanie et de déployer des troupes à partir de Gaza, y compris la « Brigade Nahal ». Ces mesures signalent une nette intensification des efforts systémiques d’Israël pour étendre son contrôle sur les terres palestiniennes et démanteler la société palestinienne ».

Selon le communiqué, « le Consortium de protection de la Cisjordanie [West Bank Protection Consortium— WBPC] a enregistré plus de 2 274 incidents de violence des colons, y compris des agressions physiques, des incendies criminels et des destructions de propriétés. L’ampleur du vol de terres en Cisjordanie a atteint des proportions historiques, chassant des milliers de Palestiniennes et Palestiniens, dont les moyens de subsistance ont été déracinés et leur lien historique avec la terre rompu au cours de l’année écoulée ».

Le génocide palestinien à Gaza, qui s’est aggravé depuis le 7 octobre 2023, a présenté l’opportunité pour l’occupation israélienne de la Cisjordanie d’être encore plus dévastatrice. En 2024, plus de terres ont été volées dans cette région qu’au cours des 30 dernières années combinées, depuis les accords d’Oslo en 1993. Cette augmentation des zones occupées se reflète également dans la restriction généralisée et violente des déplacements des Palestiniens entre les villes de Cisjordanie. « La Commission de résistance à la colonisation et au mur enregistre 898 obstacles à la circulation le long de la Cisjordanie, restreignant les déplacements et l’accès aux services de base, en particulier dans les communautés du centre », explique la note de l’UAWC. Ce que cette réalité signifie dans la vie des Palestiniens de Cisjordanie a été raconté par les journaux intimes de Fanny Metrat et Morgan Ody, membres de la Via Campesina qui ont participé à une brigade internationale sur le territoire en décembre 2024. 

Une mission militante

Depuis 2023, l’ampleur des massacres à Gaza et les intentions ouvertement génocidaires du gouvernement israélien d’extrême droite ont conduit Via Campesina à intensifier son travail de solidarité avec les agriculteurs palestiniens. Ainsi, l’organisation d’une visite de délégation en Cisjordanie est progressivement devenue un impératif. Entre le 8 et le 18 décembre 2024, une délégation de neuf paysans, tous membres de la Via Campesina, s’est rendue en Cisjordanie pour une mission de soutien et de solidarité avec le peuple palestinien et les organisations palestiniennes qui composent la LVC, comme l’UAWC. Les missions de solidarité sont des outils importants de pression internationale, et sont le résultat d’efforts collectifs et d’organisations populaires à travers le monde. Par exemple, comme le racontent les militantes sur leur blog, l’arrivée de volontaires internationaux pour travailler sur la production agricole palestinienne en Cisjordanie a souvent permis de s’assurer que ces endroits n’étaient pas également détruits et a fourni une protection aux agriculteurs pour accéder à leurs terres pour la récolte.

Fanny et Morgan, de la Confédération paysanne en France, ont participé à la délégation et ont rédigé un journal qui présente leur expérience à la première personne. Leurs déclarations, allant à l’encontre de tous les discours criminalisants et homogénéisants des médias occidentaux, présentent ce qu’était réellement la vie des Palestiniens dans cette région pendant l’offensive militaire.

Dès le premier jour, elles ont observé à quoi ressemble la vie des Palestiniens sous occupation institutionnalisée. Lorsqu’elles sont arrivées à l’aéroport de Tel Aviv, le membre de l’UAWC chargé de les emmener à Jérusalem avait un panneau spécial qui leur permettait de se déplacer entre les villes. Comme elles l’expliquent, « c’est l’aspect fondamental de l’apartheid en Israël/Palestine. La plaque d’immatriculation des voitures des Israéliens est jaune, ce qui donne le droit de voyager à travers Israël, Jérusalem et la Cisjordanie occupée. Celle du peuple palestinien est blanche, ce qui l’empêche d’entrer en Israël, à Jérusalem et même à Jérusalem-Est, qui devrait faire partie des territoires palestiniens. Cependant, il existe une catégorie spécifique de Palestiniens qui vivent à Jérusalem et qui ont des plaques jaunes et une identité particulière. Un système kafkaïen de routes autorisées et interdites, de barrières et de nombreux points de contrôle complète cette structure ».

L’occupation et le génocide affectent directement et brutalement la disponibilité de la nourriture dans toute la Palestine. Selon les informations partagées par Morgan et Fanny, le ministre de l’Agriculture, Rezeq Salimia, a expliqué que la Palestine avait le potentiel d’être autosuffisante en matière de production alimentaire, en particulier de légumes, de volaille, d’huile d’olive et de dattes. Cela s’appliquerait également à la pêche, en particulier à Gaza. Cependant, l’occupation permanente, le blocus et les attaques répétées ont gravement affecté le secteur, le rendant inopérant depuis le 7 octobre 2023. La destruction des terres par l’utilisation d’armes lourdes a non seulement tué des personnes, mais a également contaminé le sol, le rendant infertile et impropre à la plantation. De plus, la menace constante de frappes aériennes aléatoires, qui peuvent tomber n’importe où sans avertissement, rend la culture des terres presque impossible dans la bande de Gaza.

En Cisjordanie, pratiquement toute l’économie locale est basée sur l’agriculture, mais l’expansion des colonies israéliennes pose un défi croissant à la production. La situation s’est aggravée depuis ce 7 octobre, avec l’expansion des colonies, la confiscation des terres, le blocage des routes et les attaques contre les agriculteurs par les colons. Cela a conduit à un changement des politiques agricoles pour faire face à l’urgence. Le ministre a déclaré que sans l’occupation, la Palestine serait prête à atteindre la souveraineté alimentaire.

Les journaux des deux premiers jours du voyage sont traduits en anglais et en espagnol et publiés dans le site internet du 3ème Forum mondial Nyélèni. Les autres jours ont été partagés sur le site Web de LVC. Leurs témoignages quotidiens racontent les villes qu’ils ont visitées en Cisjordanie et les personnes qu’ils ont rencontrées en chemin, une histoire d’occupation. Comme ils l’expliquent dans le journal à propos du troisième jour, « Les villages palestiniens sont installés dans les vallées, entourés de champs d’oliviers et d’autres cultures, à proximité des cours d’eau. Le haut des collines est assez inhospitalier. Mais c’est là que les colons israéliens s’installent, pour d’évidentes raisons stratégiques. Depuis les hauteurs, ils dominent, au sens propre comme au figuré. »

Face à une nouvelle phase de violence israélienne, qui continue de tuer des Palestiniens, la résistance locale et le mouvement de solidarité internationale et de dénonciation de l’État d’Israël et de son dirigeant Benjamin Netanyahu sont fondamentaux. À cet égard, l’UAWC soutient que « Les États doivent se conformer à leurs obligations légales, telles que déterminées par la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de l’Assemblée générale des Nations Unies, selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation de la Cisjordanie. […] Le coût de l’inaction se mesure en vies perdues, en communautés détruites et en une crise humanitaire qui s’aggrave ».

Écrit par Bianca Pessoa
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves

https://capiremov.org/fr/analyse/un-genocide-sans-fin-en-palestine/

 

69ème session de la CSW69 de l'ONU (Commission du Statut de la Femme) : 30 ans de la plateforme finale d'action de Pékin

Réflexions de Monique Dental, Réseau Féministe « Ruptures », membre de la Délégation française des ONG avec la CLEF. Premières impressions au retour de New-York.

Le Bilan se révèle peu réjouissant et même décevant à différents points de vue : je fais ce constat, forte d’une participation aux Conférences Mondiales depuis 1995, ce qui explique également le bilan pessimiste que je dresse en ce qui concerne l'avancée des droits des femmes dans le monde entier. Le partenariat du ministère ne suit plus les mêmes règles et le premier jour, la Ministre, lors de l’accueil de la délégation, nous a fortement encouragées à dépasser les clivages du fait de la situation politique mondiale. La reconnaissance des clivages et l’encouragement à les dépasser est à mon avis une posture trop facile, qui ne prend plus en compte le fait que les associations ne sont plus associées chaque année à la préparation commune de la CSW depuis la première présidence d’Emmanuel Macron ; disparition du partenariat et d’une élaboration concertée du rapport de la France.

A noter qu’au sein de la délégation française, composée de 200 personnes, se trouvait à ma connaissance pour la 1ère fois le MEDEF. C'est dans ces circonstances un marqueur de l’état dans le choix de ses partenaires sociétaux, bien que les entreprises étaient déjà très présentes dans la préparation du Forum GED en 2021 où elles avaient la part belle dans l’intitulé des ateliers qui ont été organisés par les associations féministes. L’intervention manquait totalement de conviction employant un vocabulaire peu combatif et volontairement vidé de tout irritant, ignorant la situation d'inégalité des femmes au travail et des inégalités de salaire entre autres.

Les institutions internationales elles-mêmes sont en régression.

Elles ont produit une simple résolution que les Etats ont négocié très péniblement évitant de faire le bilan des 17 chapitres prévues initialement. Pour tout dire des réunions officielles, nous les avons trouvées insipides, sans intérêt et hélas quasiment inutile. La diplomatie féministe où féminine a brillé par son absence. Finalement rien de nouveau un climat franchement régressif entretenu par un manque de volonté qui acte les reculs importants que dénoncent les associations féministes dans tous les pays. De nombreux sujets actuels de tension comme la question du climat, portée prioritairement par les jeunes générations au niveau mondial, les droits sexuels et reproductifs (on évite la terminologie IVG à l'ONU) sont absents du texte. Certaines interventions des délégations étatiques sont plus que régressives : le représentant des EtatsUnis a demandé le retrait du mot « femme » de la résolution et de « gender parity » et ils ont eu gain de cause pour gender parity qui ne figure plus dans le texte de la résolution.

Un texte de résolution finale sans grandes lignes directrices, très fragmenté, peu cohérent qui n’offre pas de compromis réel et qui se caractérise par une mollesse du contenu qui le soumet à la première autorité réactionnaire qui souhaitera l’ignorer. Je noterai un autre recul concernant la perte de terrain de la francophonie dénoncé les années antérieures est désormais consommée. Fini les traductions dans les cinq langues comme c'était la tradition, les traducteurs licenciés sont remplacés par les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle. Cela renforce les exclusions de femmes de milieux modestes qui œuvrent dans les ONG mais qui n'ont pas fait d'études. Beaucoup de pays africains francophones ne parlent pas l'anglais. Un acquis semble-t-il à prendre avec prudence le terme de « travailleur du sexe » n'a pas été repris même si les tenants de son inscription étaient présents à NY en faisant des rassemblements devant les bâtiments où se tenaient des side event portant sur le système prostitutionnel. Deux d'entre eux ont essayé d'empêcher le bon déroulement d'un atelier officiel de l'Etat français. Par ailleurs force est de constater l'écart important, le décalage énorme entre les positions de la délégation étatique française et les ONG qui sont capables d'avancer des nouveaux concepts comme “apartheid sexuel”. La réponse donnée par le négociateur français est qu'il n'était pas possible de reprendre ce terme qui "n'existe pas dans le droit" ! Mais l’apartheid racial existait-il avant son adoption dans les textes internationaux ? Nous avons encore pu voir se concrétiser les alliances entre les anti-choix IVG, masculinistes, l’extrême droite et les intégristes de toutes obédiences qui sont de plus en plus organisés mondialement pour mener l'offensive contre les droits des femmes.

Malgré tous ces écueils, les rendez-vous des conférences mondiales de l'ONU offrent la possibilité aux femmes de se rencontrer, de retrouver des femmes du monde entier, de confronter leurs situations, de construire des ponts et des réseaux pour analyser les situations respectives et décider ensemble de stratégies et des luttes à mener pour renforcer ou maintenir les droits des femmes. A l’aune de ces constats nous ne sommes pas certaines que la Commission Femmes de la CSW perdure dans ce contexte très délétère au niveau international. Si c’était le cas ce serait un coup préjudiciable pour la situation des femmes dans le monde.

Tous cés éléments sont factuels mais confirment l'analyse politique à faire de grande régression dans une phase de changement de paradigme des forces dans le monde qui s'oriente vers une économie oligarchique sui veut faire table rase de tout acquis.

Sommes-nous condamné-es à subir un repli important ?

Le combat continue et nous devons agir en concertation avec les institutions et dans le champ des luttes sociales en toute autonomie et indépendance. Enfin au registre des points positifs on peut relever l'ambiance attentive et chaleureuse des membres de la délégation de la CLEF sous la conduite de Marie, dynamique, pleine d’énergie et attentive aux besoins de chacune ; les ateliers que nous avons organisés ont été intéressants et de bonne qualité. Il faudra réfléchir à la poursuite de notre travail dans la perspective des échéances onusiennes à l'horizon des ODD 2030 dans lesquelles les prochaines CSW s'inscrivent, ainsi qu'à l'implication des commissions de la CLEF dont le travail doit être davantage décliné dans ses enjeux européens et internationaux. Enfin, nous pouvons relever l'intervention de la CLEF retenue pour la première fois pour parler en séance d'ouverture de la conférence officielle des États (indiquer le nom exact). C'est sans aucun doute une marque de reconnaissance du travail accompli depuis plusieurs années dans ce domaine. Paris, 7 mai 2025.

Monique Dental Courriel : monique.dental@orange.fr 

 

La Russe Tamilla Imanova : “Nous n’avons pas de lois contre les violences domestiques

L’avocate Russe Tamilla Imanova, militante des droits humains, revient sur son parcours d’engagement au sein de l’ONG Memorial, sur son exil en Pologne après l’invasion de l’Ukraine.

Elle raconte son travail auprès des victimes de violences domestiques, des personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement, et des communautés opprimées sous le régime autoritaire de Vladimir Poutine. Enfin, elle partage son rêve d’une Russie libre, ainsi que son amour pour la musique et la littérature.

Source : Podcast sur 50/50 magazine

 

Le prix Atout Soleil : Les maladies féminines en lumière

Atout Soleil est une opération de mécénat, organisée par le fonds de dotation Nos Epaules et Vos Ailes, en collaboration avec Generali et La Médicale. Depuis 2007, Atout Soleil récompense chaque année une quinzaine d'associations engagées sur une thématique d'actualité liée à la maladie, au handicap, à l'enfance ou à la lutte contre les fragilités sociales. --> Dossier de candidature en bas de page

LES MALADIES FÉMININES : INFORMER, SOIGNER, SOUTENIR

Des maladies spécifiques aux femmes, encore trop méconnues

Pour sa 18ème édition, Atout Soleil met l’accent sur une cause encore trop souvent négligée : les maladies féminines. Le terme « maladie féminine » désigne les affections qui touchent spécifiquement ou de manière prédominante les femmes, principalement en raison de différences anatomiques, hormonales ou génétiques. Par exemple, le cancer du sein touche en grande majorité les femmes (99% des cas), probablement en raison d’un lien avec les hormones sexuelles féminines. 

La liste des maladies concernant exclusivement les femmes est longue : endométriose, adénomyose, syndrome des ovaires polykystiques, fibromes utérins, descentes d’organes, cancer du col de l’utérus, cancer de l’endomètre, cancer de l’ovaire, lupus, cancer du sein (très exceptionnel chez l’homme), diabète de grossesse, décès maternels. Alors que les hommes partagent toutes leurs maladies avec les femmes, hormis celles liées à la prostate et aux testicules.

Aujourd’hui, de nombreuses maladies féminines demeurent dans l’ombre.

Par exemple, l’endométriose affecte environ 2 millions de femmes en France, mais a longtemps été réduite à de simples douleurs menstruelles. Or, il s’agit d’une maladie chronique qui peut provoquer des douleurs intenses, de la fatigue, des troubles anxieux ou dépressifs. 

De la même manière, 5 à 10% des femmes en âge de procréer seraient concernées par le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), une pathologie encore mal connue du corps médical. Cette méconnaissance laisse les femmes en grande solitude face à des symptômes parfois très invalidants.

Une inégalité de prise en charge entre les femmes et les hommes

Malgré les avancées récentes de la médecine, la santé demeure un domaine où les inégalités entre les femmes et les hommes persistent, dans l’accès aux soins et la prise en compte des spécificités féminines. Par exemple, souvent perçues comme une « maladie masculine », les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité chez les femmes, avec 204 décès féminins par jour contre 176 chez les hommes.

Les stéréotypes de genre influent ici sur le diagnostic, notamment car les symptômes peuvent être différents entre les sexes. Alors que les signes avant-coureurs d’un infarctus se manifestent généralement par une douleur à la poitrine, irradiant le bras et la mâchoire, ils peuvent se traduire chez les femmes par une simple oppression au niveau de l’estomac, du dos, des côtes ou simplement des sueurs ou des signes digestifs (nausées, vomissements). Dans de nombreux cas, ces symptômes sont confondus avec ceux d’une crise d’angoisse ce qui retarde la prise en charge médicale.

https://www.gpma-asso.fr/nos-epaules-et-vos-ailes/le-prix-atout-soleil/

Spectacles, expositions, films...

 

Jusqu’au 22 juin 2025 : Angers (49) Bibliothèque universitaire de Belle Beille à Angers : Les elles sont dans la rue : Révolte, subversion, émancipation.

Riche de plus de 300 œuvres et de documents très divers, l’exposition couvre une histoire vaste, de la Révolution française à nos jours. Si le cadre géographique principal est français, elle décrit aussi des circulations, des échos, de l’influence à l’échelle internationale. Elle raconte des histoires oubliées et permet de remettre les femmes au centre de la mémoire des luttes.

Imaginée par l’Université d’Angers et l’AFéMuse, association pour un Musée des féminismes, cette exposition d’ampleur a été réalisée sous le commissariat scientifique de l’historienne Ludivine Bantigny. (Extrait de la Lettre de la Bibliothèque Marguerite Durand, 1er mars 2025)

 

Jusqu’au 3 août 2025 au Musée Jacquemart André 18 boulevard Haussmann 75008. Artemisia Gentileschi, figure majeure de l’art baroque et du mouvement caravagesque.

Rendez-vous au Palais de la Porte Dorée pour l'expo Banlieues chéries

Portes d’entrée sur les grandes villes, les banlieues sont perçues à travers des prismes souvent réducteurs. Le terme lui-même recouvre une grande diversité de réalités souvent réduites à l’opposition entre des cités résidentielles dites paisibles et des grands ensembles longtemps décriés. Les banlieues sont pourtant le reflet d’une richesse sociale et culturelle, constitutive de l’histoire de France.

Rassemblant plus de 200 documents d’archives, peintures, installations, vidéos, photographies, témoignages, l’exposition explore ces banlieues chéries comme des lieux de mémoire et de transmission. De la ceinture rouge à la « crise des banlieues » en passant par la construction des grands ensembles, l’exposition donne à voir une multiplicité de points de vue de la fin du 19e siècle à aujourd’hui.

Palais de la Porte Dorée, 293 Av. Daumesnil, 75012 Paris

Du 11 avril au 17 août 2025, du mardi au vendredi, de 10h à 17h30. Samedi et dimanche de 10h à 19h. Fermé le lundi.

12€

 

Territoires meurtris, corps vivants : l’univers de la Brésilienne Bianca Dacosta à découvrir à la Fondation du doute de Blois, dès le 11 juillet 2025 jusqu'au 31 août 2025 à la Fondation du doute, à Blois (41).

Une œuvre sensorielle et engagée sur la mémoire des territoires et la relation au vivant : BIANCA DACOSTA « Territórios feridos, corpos vivos »

À travers une pratique mêlant installation, photographie, film et peinture, l’artiste brésilienne Bianca Dacosta explore les notions de « mémoire des territoires » et de « ressources naturelles » dans une perspective postcoloniale et anti-extractiviste. Nourrie de recherches historiques et expérimentales, son œuvre navigue entre images de la nature menacée, représentations fantasmées des terres colonisées et formes organiques, pour esquisser une réconciliation entre l’humanité et son environnement.

Cette exposition s’inscrit dans ce sillage : sous le titre « Territoires meurtris, corps vivants », Bianca Dacosta présente un triptyque centré sur l’installation vidéo Corpo d’água (2023), un poème à la fois visuel et sonore qui invite le visiteur à explorer sa relation primaire à l’eau – source puissante de vie, de mémoire et de transmutations. Deux photographies de la série Madeira queimada corte fresco & cinzas (2022), ainsi que l’œuvre « O dia do fogo » (2020), évoquent en contrepoint les ravages – au sens propre – causés par les incendies dans la forêt amazonienne et, plus largement, les atteintes au vivant induites par les politiques extractivistes, au Brésil comme ailleurs.

Bianca Dacosta, formée en arts visuels, scénographie et sciences politiques, expose régulièrement en France et à l’international.

L’artiste a également bénéficié de plusieurs résidences, notamment à la Villa Arson à Nice (2021), à la Bibliothèque nationale de France (2023-2025), à la Mairie du 5e arrondissement de Paris (2024), ainsi qu’à la Fondation Kymia à Marrakech (2024).

 

FEMMAGE

Disparition de Cathy Bernheim

En mémoire d’une pionnière du M.L.F. (Mouvement de Libération des Femmes)

L’écrivaine et journaliste Cathy Bernheim est décédée le mardi 8 avril dernier.

Grande figure du féminisme, elle a fait son entrée dans l’histoire en prenant l’initiative, avec d’autres militantes, d’aller déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu le 26 août 1970, réalisant ainsi le geste fondateur du mouvement de libération des femmes.

Elle a, également, entre autres réalisations, co-écrit les paroles de l’Hymne des Femmes et co-fondé le groupe lesbien Les Gouines Rouges.

Elle laisse une œuvre importante de romans, essais féministes et biographies de femmes.

Nous conservons à la Bibliothèque Marguerite Durand ce magnifique portrait de Cathy Bernheim pris par la photographe féministe Laurence Prat. Il est accompagné d’un texte émouvant, intitulé « Lettre à la photographe » et daté du 24 juillet 2016, dans lequel elle revient sur cette fameuse journée d’août 1970. (Extrait de la Lettre d’information de la Bibliothèque Marguerite Durand, 13 mai 2025)

 

« Kirsty Coventry, 1ére femme à la tête du Comité International Olympique ».

Le 20 mars 2025 restera une date marquante dans l’histoire du sport mondial. Kirsty Coventry, ancienne nageuse et championne olympique, a été élue à la présidence du Comité International Olympique (CIO). En succédant à neuf hommes elle devient la première femme à occuper ce poste prestigieux. Le mandat de la nouvelle présidente débutera le 23 juin prochain pour une durée de huit ans, renouvelable une fois pour quatre ans, sauf si la limite d’âge de 70 ans est atteinte. L’élection de Kirsty Coventry est un symbole puissant pour le monde du sport. Elle incarne le changement, la possibilité pour les femmes de briser les plafonds de verre et de s'impliquer à la tête des institutions sportives mondiales. (Extrait d’Egal Sport, Fabrice Coffrini, AFP, 20 mars 2025).


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