22 avril 2025 « LA VIE EN ROUGE » Survivantes de la prostitution Remue-Méninges Féministe Radio libertaire 89.4

 

 

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22 AVRIL 2025 rediffusion  "LA VIE EN ROUGE" Podcast de survivantes de la prostitution Remue Méninges féministe Radio libertaire 89.4

Nous recevons des femmes du podcast « la Vie en rouge » conçu et réalisé par des femmes ayant connu la prostitution. Leur objectif : faire entendre la réalité́ d’un système que d’aucuns, sous couvert d’être « les concerné·es », tentent de faire passer pour ce qu’il n’est pas : un « travail du sexe », totalement romantisé. Sandrine Goldschmidt du mouvement du Nid sera présente avec les survivantes de la prostitution.

https://mouvementdunid.org/prostitution-societe/temoignages/la-vie-en-rouge/
https://smartlink.ausha.co/la-vie-en-rouge/bonus-extraits-la-vie-en-rouge

Informations militantes (détails des infos ci-dessous).

Musiques : "Frangines" Anne SYLVESTRE (indicatif début), « Brest » Claude MICHEL, «Et si j’osais chanter la beauté des choses» Serge UTGE ROYO, « Laytana » Trio JOUBRAN, « Le corps des femmes » MATHILDE, « Summertimes » Angélique KIDJO, «Dans nos chants » ANNE et EDWIGE (indicatif de fin).

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Violences, une affaire d’hommes ?

Des chiffres et des faits

50 000 féminicides par an sur la planète, 736 millions de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles par leur conjoint ou un autre homme, le plus souvent un proche : coups, blessures, maltraitances, tentatives de viol, viols, meurtres… 58% des meurtres de femmes ont été commis par leur partenaire ou un membre de leur famille. En 2020, année où la pandémie du Covid 19 a favorisé une explosion des violences domestiques, 137 000 femmes ont été tuées (1). L’équivalent de villes comme Limoges, Amiens ou Clermont-Ferrand, qu’on aurait rayées de la carte en décimant la totalité de la population.

La prévalence des violences masculines contre les femmes est avérée partout dans le monde, sous toutes les latitudes, dans toutes les régions, toutes les classes sociales, toutes les cultures, quel que soit le contexte géopolitique dans lequel elle s’opère. Il s’agit d’un problème global et systémique qui ne peut être résolu sans une remise en question radicale du modèle patriarcal de nos sociétés, et sans une action collective qui implique les Etats, les institutions, les organisations de la société civile et les individus. Vaste programme. Pourtant, la prolifération des guerres et des conflits aux quatre coins du globe, la généralisation des violences sexospécifiques subies par les femmes et les filles, en zone de conflits comme en temps de paix, appellent à prendre conscience de l’urgence. Car ce phénomène de discriminations d’un sexe par l’autre, de domination par la force et de subordination systémique d’une moitié de l’humanité, met en danger la société humaine tout entière.

Des violences physiques

« Le féminicide est, selon moi, l’exécution d’une femme parce qu’elle est une femme » explique l’historienne Christelle Taraud qui a dirigé Féminicides. Une histoire mondiale, l’ouvrage magistral pour lequel elle a réuni une équipe multidisciplinaire de plus de 130 expert.es et chercheur.es. Elle poursuit : « Le féminicide n’est jamais un acte spontané, il y a une très longue histoire de violence avant l’acmé de cette violence, qui est la destruction physique de la personne ».

A ce jour, le féminicide, crime systémique et sexiste n’est pas encore reconnu comme tel dans le Code pénal français.

L’éventail est large des violences physiques et sexuelles qui mènent au meurtre dans le continuum féminicidaire, cette « machine de guerre dirigée contre les femmes ». De la gifle au sur-meurtre (déchaînement de violences ante ou post mortem du meurtrier à l’égard de sa victime), on trouve de multiples déclinaisons. Observons en quelques unes.

Les mutilations génitales féminines sont présentées comme « culturelles » ou « cultuelles », alors qu’aucune religion n’a jamais prescrit aucune mutilation sexuelle de cette sorte. Le mariage forcé et les grossesses précoces favorisent les violences masculines dans un rapport de domination mentale et physique, a fortiori le mariage de petites filles à des hommes adultes. La traite humaine en vue d’esclavage ou de prostitution concerne en grande majorité des femmes, lesquelles représentent 72% des victimes : elles sont les premières proies des trafiquants qui surveillent les routes de l’exil et de la migration où les femmes se jettent pour fuir la guerre, la pauvreté ou la désertification et le réchauffement climatique. Le viol de guerre est soit le fait d’individus s’appropriant le corps des femmes comme leur butin, soit le fait de chefs militaires ou de bandes armées qui décident de l’utiliser comme arme de guerre, pour humilier le peuple ennemi, engrosser les femmes, afin de le coloniser démographiquement, ou au contraire détruire leur appareil génital pour empêcher qu’il se reproduise et se perpétue. Le corps des femmes devient là encore le champ de bataille de guerriers, le champ des violences masculines.

L‘impact de ces violences physiques est énorme. Les victimes sont davantage susceptibles de souffrir de problèmes de santé chroniques, de douleurs: troubles gastro-intestinaux, troubles du sommeil, troubles de stress post-traumatique, problèmes de santé sexuelle et reproductive, grossesses non désirées, avortements clandestins, complications pendant la grossesse, etc.

Il existe tout un arsenal d’autres violences : psychologiques, économiques, institutionnelles.

Il n’y a pas que les violences physiques. Au-delà des coups, des viols ou des meurtres, il existe tout un arsenal de violences moins visibles mais qui font des dégâts considérables à long terme sur la vie des femmes et des filles.

Ce sont les violences psychologiques. Intimidations, manipulations, surveillance, menaces, humiliations, emprise, ou contrôle coercitif, minent durablement la santé émotionnelle et mentale et conduisent à la perte de confiance en soi, à la dépression, à l’isolement social, voire parfois au suicide.

Ce sont les violences économiques. Selon la Banque mondiale 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas des mêmes droits économiques que les hommes. Outre les inégalités salariales constantes à des degrés divers dans l’ensemble des pays, les femmes victimes de violences sont souvent contrôlées par leur conjoint dans leur gestion de l’argent, quand elles ne sont pas carrément privées de leurs ressources. Par ailleurs, on sait que les femmes les plus pauvres ont deux à trois fois plus de risques de subir des violences physiques de leur conjoint.

Ce sont enfin les violences institutionnelles, les institutions n’étant pas décorrélées du système patriarcal qui les érige, et qu’elles nourrissent à leur tour. Deux milliards de femmes et de filles dans le monde n’ont ainsi accès à aucune forme de protection sociale, indique ONU Femmes. Elles font globalement face à une absence de protection et de justice dans les systèmes juridiques, médicaux et éducatifs. Elles représentent les deux tiers des personnes analphabètes et les filles ont un accès beaucoup moindre à la scolarité que les garçons. Elles forment la moitié de la main d’œuvre agricole tout en produisent 60 à 80% de l’alimentation dans les pays en développement, mais sont moins de 15% des propriétaires des terres agricoles, car elles ne bénéficient pas du même accès que les hommes aux ressources productives et aux prêts bancaires. Quant à l’accès aux autorités de police et de justice, les violences conjugales restent très souvent minimisées si elles ne sont pas totalement ignorées, car considérées du domaine privé, dans de nombreux Etats.

CIAMS - Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution

Communiqué de presse 03/04/2025

Il est temps de mettre un terme aux travaux opaques et pernicieux
de la Conférence de La Haye au service du marché de la gestation pour autrui

Du 7 au 10 avril, la Conférence de La Haye de droit international privé (HCCH) à réuni son Groupe de travail sur le projet « Filiation/Gestation pour autrui ». Son objectif réel : élaborer une convention internationale visant à garantir le bon fonctionnement du marché mondial de la maternité de substitution.

La Coalition internationale pour l’abolition de la maternité de substitution (CIAMS) dénonce une fois de plus la démarche de la cette institution  forte de ses 92 etats membres. Nous estimons que le fait de garantir les effets des contrats internationaux de GPA revient à accepter et légitimer la vente d’enfants et la marchandisation des capacités reproductives des femmes, parfois au prix de leur vie.

Nous dénonçons un processus législatif organisé intégralement au mépris des droits humains des femmes et des enfants.

La CIAMS rappelle que :

-       ce projet s’appuie sur des représentations patriarcales rétrogrades et misogynes. Le rapport préliminaire (2014) prétend que des cas de maternité de substitution seraient mentionnés dans la Bible. Féministes, nous récusons cette affirmation, non seulement fausse mais dangereuse. Il est inacceptable, au 21e siècle, de vouloir asseoir une convention internationale sur une pratique s’inscrivant dans la continuité du viol d’esclaves et de grossesses forcées ;

-       la HCCH a consulté exclusivement des acteurs ayant des intérêts professionnels et économiques explicites (avocats, agences de GPA, cliniques de fertilité) et des personnes commanditaires ;

-       jamais aucune organisation représentant les droits des femmes n’a été consultée, et les notes envoyées spontanément n’ont jamais été prises en considération. Les risques pour la santé, la vie et les droits des femmes sont cyniquement absents de travaux qui visent à réglementer des grossesses sous contrats ;

-       jamais la parole des personnes nées de don n’a été recherchée ou prise en considération ;

-       le processus de négociation et d’élaboration de ce projet est opaque et non-démocratique. 

Si la HCCH affirme qu’elle n’entend ni approuver ni désapprouver la maternité de substitution, force est de constater qu’elle ne s’appuie que sur les perspectives et intérêts de ceux qui tirent profit de cette pratique, et ignore délibérément les femmes et les enfants (qui en font les frais). Par ailleurs, un des conseillers de la HCCH présent sur ce projet depuis le début est un avocat dont le cabinet accompagne des clients de GPA.

Si la HCCH affirme ne chercher qu’à garantir les effets des contrats de maternité de substitution transfrontières, sans chercher à prendre position, cela revient à considérer les contrats en question comme licites, alors qu’il s’agit de vente d’enfants.

Cette partialité est inacceptable.

La CIAMS dénonce le refus de la HCCH de considérer la maternité de substitution pour ce qu’elle est, en tant que pratique sociale génératrice d’un marché mondialisé relevant de l’exploitation reproductive des femmes et de la vente d’enfants. Nous dénonçons également le piétinement des législations nationales, dont nombreuses sont celles qui interdisent la GPA au nom de la dignité humaine, dans le seul but d’avancer une supposée unification des règles de droit international privé.

Nous demandons l’arrêt de ces travaux, qui n’ont jamais été demandé par les mouvements pour les droits des femmes, ni par ceux pour les droits des personnes nées de dons, mais par les seuls profiteurs du marché ultralibéral néopatriarcal de vente de nouveau-nés.

L’harmonisation des règles de droit international privé ne doit pas se faire au prix de la dignité humaine, mais pour garantir le respect des droits humains de tous.

Contact presse abolition.surrogacy@gmail.com

Mél : abolition.gpa@gmail.com - site : http://abolition-ms.org/

Facebook : @surrogacy.abolition - Twitter : @CIAMS_Coalition - Instagram : ciams-icasm – Linkedin : ciams-icasm

 

21 avril 2025, seulement depuis 81 ans que les femmes ont obtenu le droit de vote en France.

Mieux vivre ensemble

Y a -t-il une place pour le droit face à cet océan d’injustices et de malheurs, qui repose sur la force du dominant socio-économique, sur les inégalités entre les sexes, sur des normes patriarcales, une culture du viol, une banalisation de la violence intériorisées par l’humanité dans son ensemble ?

Oui, envers et contre tout, si on regarde l’histoire.

Les législations ont globalement progressé dans la plupart des pays et les instruments de justice au plan national et international s’y sont adaptés.

Pour tous les Etats, le droit de vote des femmes est acquis, depuis les Néo Zélandaises en 1893 jusqu’aux Saoudiennes en 2015, sauf au Vatican qui commence toutefois à s’interroger. Une majorité des Etats a mis en place des mesures de protection et de pénalisation des violences contre les femmes, à l’instar de l’Espagne, pionnière en la matière avec sa loi-cadre de protection intégrale contre les violences conjugales votée en 2004 et complétée en 2017, ou le Mexique, pays gangréné par la violence maffieuse et les féminicides, qui a adhéré à de nombreux traités internationaux, a adopté des lois et a mis en œuvre des politiques publiques contre les violences faites aux femmes. Toujours au niveau international, ONU femmes, entité dédiée spécifiquement, créée en 2010, pour mettre l’égalité femmes/hommes parmi les priorités des Etats, a poussé à l’adoption de nombreuses décisions et réalisé régulièrement des campagnes de sensibilisation contre ces violences. Plus près de nous, l’Union Européenne (UE) a elle-même ratifié en juin 2023 la Convention d’Istanbul, précisément « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique », le traité international le plus abouti en la matière, et a ainsi rejoint les 37 Etats l’ayant déjà adoptée, c’est-à-dire qui ont accepté de rendre des comptes pour sa mise en œuvre sur leur territoire. C’est une étape considérable, même si comme toujours les lois existent mais leur application concrète est plus difficile.

Aux efforts des autorités nationales et multilatérales s’ajoute la mobilisation des mouvements féministes et activistes voire leur pression sur les politiques.

Leur force est cruciale et se propage toujours largement au-delà des frontières nationales qui l’ont vu naître : du mouvement des Suffragettes dans les premières années du 20ème siècle pour le droit à la citoyenneté et au vote des Européennes, au mouvement #metoo parti des Etats-Unis puis autour du globe via le cinéma contre les violences sexistes et sexuelles, en passant par le collectif argentin « Ni una menos » ( pas une de moins) en 2015 et 2016 contre les féminicides qui s’est propagé dans toute l’Amérique latine en Uruguay, au Pérou, au Chili, et au-delà en Espagne. Les mouvements féministes et citoyens ont su réveiller les consciences et contribuer à la mise en place de politiques publiques ambitieuses pour contrer ces violences masculines.

La force de cette société civile citoyenne, féministe, peut devenir une dynamique puissante, irrépressible. Si elle est capable de rallier autant d’hommes que de femmes aux valeurs humanistes d’égalité et de justice qu’elle porte, alors elle sera capable d’éradiquer le fléau des violences liées à une certaine idée de la masculinité. Et de changer le monde. Chiche ?

Jocelyne Adriant-Metboul 50-50 Magazine

1 Sources : Organisation des Nations Unies (ONU, ONU Femmes), Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Banque mondiale, OCDE, ONG humanitaires, « Le féminicide, une histoire mondiale » de Christelle Taraud.

Violences masculines en question : Mais qu’est-ce qu’on leur a fait ?

Les violences masculines interrogent : ne se serait-on pas trompées dans notre lutte pour les dénoncer et les éradiquer? Vouloir protéger les femmes aura-t-il suffi? Le fait que ces violences continuent montre bien que non. Mais la vraie question est celle de leurs racines : pourquoi diable les hommes sur la planète en veulent-ils tant aux femmes?

La petite fille est sûre d’elle. A 6 ans, elle aimerait faire de la boxe, comme sa grande cousine. Elle joue au foot avec son frère, et n’aime pas les barrettes qui lui tirent les cheveux. Elle n’a pas encore rencontré les violences masculines. A l’école, il y a bien quelques garçons qui l’ennuient, mais heureusement pour elle, son père, son frère et les hommes de sa famille sont respectueux. Elle est heureuse et n’imagine même pas un avenir différent de ce qu’elle vit.

Alors pourquoi tant de nos filles, tant de femmes sur cette planète sont-elles destinées à renoncer à cette confiance enfantine? Pourquoi parce qu’elles sont nées avec un sexe féminin doivent -elles, si tôt, apprendre à souffrir comme l’expliquaient les jeunes mères africaines rencontrées par la grande anthropologue Françoise Héritier? Pourquoi les violences envers les femmes, de l’inceste au meurtre en passant par les viols, les crimes d’honneur ou l’excision, sont-elles un phénomène mondial, ces violences que l’on ne peut qualifier que de systémiques? Si elles n’en sont pas responsables, qu’elles en sont donc la cause?

Depuis que le sujet de ces violences est abordé, depuis les années soixante-dix et la création, en France et en Angleterre, des premiers foyers d’accueil pour “femmes battues”, depuis le procès d’Aix et la criminalisation du viol, depuis les enquêtes ENVEFF (2001) et VIRAGE (2019) ont enfin fourni des chiffres fiables, depuis MeToo enfin, l’attention a été portée, et on ne peut que l’approuver, vers la protection des femmes victimes de violences. Protection, évolution de la loi, et sensibilisation ont été essentielles pour faire évoluer, ne serait-ce qu’un peu, le regard de la société. Lorsque par exemple en 2006 Amnesty International publie son rapport “Les violences faites aux femmes en France, Une affaire d’Etat”, il s’est quand même trouvé des personnes pour s’indigner d’être obligées de s’occuper de ce qui, selon elles, relevait de la vie privée… Oui, on peut aujourd’hui se rassurer, à l’échelle de ces décennies, les féminicides et les viols choquent plus qu’avant, du moins dans nos sociétés occidentales. Mais comment s’en satisfaire? Comment accepter sans sourciller toutes les nouvelles entendues à la radio, les chiffres des femmes assassinées égrenés chaque année par les media – 134 en 2023 pour notre seul pays… -, comment ne pas frémir à l’écoute des ONG qui dénoncent les violences sexuelles subies par les enfants – 160.000 enfants victimes d’inceste par an en France – et comment ne pas céder à la lancinante question de la racine de ces violences?

On sait que le viol n’est pas de nature purement sexuelle, qu’il s’agit de pouvoir, d’emprise, de haine même. Haine du sexe féminin et volonté de détruire que l’on retrouve aussi bien dans l’intimité du foyer que sur les champs de guerre. Mais que fait-on de ce savoir, développé et martelé depuis tant d’années par les mouvements féministes, les sociologues et les Nations Unies? Dénoncer et protéger suffit-il vraiment pour que cela change?….

Une autre question se pose alors : ne s’est-on pas trompées? Dans l’urgence du besoin de protection, aussi insuffisantes qu’en soient les réponses, n’aurait-on pas oublié de réfléchir à la cause, à cette évidence qui fait que tant d’hommes ont recours de façon naturelle à une domination qui engendre les violences? Bien sûr, les féministes n’ont pas attendu 2024 et le procès de Mazan pour provoquer la réflexion, tandis que celle-ci, provoquée par l’effarement et l’incompréhension face à cette incroyable histoire, fait aujourd’hui le tour des media de la planète. L’américaine Andrea Dworkin par exemple, écrivait déjà en 1974 dans son livre Woman hating, De la misogynie, en se fondant sur l’analyse du sort réservé aux sorcières, la pornographie ou le bandage des pieds des femmes chinoises : “Nous voyons la dimension du crime, les dimensions de l’oppression, l’angoisse et la détresse qui sont une conséquence directe de la définition des rôles en pôles opposés, des femmes définies comme charnelles, mauvaises et Autres.” Aujourd’hui, c’est la philosophe Olivia Gazalé qui, dans son livre Le mythe de la virilité s’interroge sur ce qui fonde celle-ci : « L’histoire de la virilité est marquée par l’angoisse terrible, irrationnelle, de l’impuissance”, et elle ajoute un peu plus loin : “Autrement dit, ce qui fait l’homme, c’est de prouver, dresser, entrer, mouiller et fanfaronner. La virilité c’est la preuve, l’érection, l’intromission, l’émission et la vantardise”.

C’est clairement dit et exprime le dilemme : être un homme n’est pas si facile si on ne se conforme pas à cet ordre. Entre cette obligation et le sort fait aux femmes et filles sur la planète, le lien est évident. Si les hommes ont peur de l’impuissance, s’il leur faut montrer leur force sexuelle pour s’affirmer, comment le faire sans avoir méthodiquement construit leur domination sur les représentantes du sexe féminin! Pour beaucoup de scientifiques, le patriarcat ne serait apparu qu’à la fin du néolithique, avec la naissance de l’agriculture et de la propriété. Qu’en était-il auparavant? Si la réponse ne sera peut-être jamais connue, on peut néanmoins noter la présence de ces violences depuis des millénaires, que ce soit dans les lois, les pratiques traditionnelles, les récits, les œuvres d’art même, qui n’hésitent pas à décrire des scènes de violences tel l’enlèvement des Sabines…

Montrer qu’on est un homme, un vrai, passerait donc par la preuve d’une virilité sans faille? Mais il ne faut pas oublier ce que la psychanalyse nous a appris sur la peur du sexe féminin lui-même, celle de ce vagin où l’on se perd si facilement, la peur d’y voir disparaître cet organe viril si vanté dans toutes les cultures. Ne pas oublier non plus, comme le soulignait autrefois Elisabeth Badinter dans XY, De l’identité masculine, la difficulté de devenir un homme pour le petit garçon élevé par sa mère, figure de femme dont il lui faut se séparer à tout prix… à cela il faudrait peut-être ajouter la colère masculine face au désir que les hommes ressentent pour les femmes, désir que beaucoup n’hésitent pas à nommer manipulation, dangereuse séduction. On le voit, si les violences ont de multiples sources, la plupart du temps inconscientes, elles n’ont pris cette ampleur qu’au sein d’un système qui les justifie, les valorise, même, et ne se maintient que grâce à elles.

Alors que faire, comment transformer cette vision de la virilité qui aveugle ceux qui en usent pour dominer, et comment faire pour que les violences sexistes et sexuelles ne soient plus une évidence pour tant d’hommes?

Tout commence par l’éducation, proclament les organisations, les associations, les représentants à l’ONU des gouvernements, mais faut-il encore que lorsqu’une ministre de l’Education nationale Najat Vallaud Belkacem essaie de faire passer en France “les ABCD de l’égalité”, programme d’enseignement contre le sexisme destiné à initier les élèves du primaire à l’égalité et au respect, des boucliers ne se lèvent pas pour faire supprimer ce projet? Le phénomène de backslash bien connu de l’Histoire, ou l’éveil des masculinistes ne laissent pas augurer du succès des prochaines réformes en ce sens. Les changements politiques non plus, et cela tout autour de la planète où bien des dirigeants ne semblent pas choqués par l’arrivée au pouvoir aux USA ,d’un homme qui conseille “d’attraper les femmes par l’entre-jambes”…

Pourtant, que ce soit les nombreuses publications qui depuis les années 2000 ont vu le jour qui s’interrogent sur ce que doit être un homme aujourd’hui et sur l’histoire de la virilité – dont l’énorme somme initiée par Paul Virilio Histoire de la virilité, ou l’ouvrage de John Stoltenberg Refuser d’être un homme, pour en finir avec la virilité– les podcasts et émissions créées par des hommes qui cherchent à “se déconstruire”, ou quelques tribunes ou associations d’hommes qui luttent par exemple contre la prostitution qu’ils voient comme un violence faites aux femmes, on ne peut nier, si l’on veut être optimistes, qu’on puisse se prendre à espérer qu’un autre monde soit possible. Un monde où la sexualité masculine ne soit définitivement plus liée aux violences mais au partage. Où lorsqu’un homme dérape, verbalement ou physiquement, son entourage masculin lui fasse honte. Où les hommes violents accepteraient de ne pas se soumettre à leur colère intérieure. Où chacun et chacune seraient profondément scandalisé·es par la domination et les inégalités.

Où les filles et les femmes n’auraient plus peur.

C’est peut-être cela le féminisme : une utopie inachevée à laquelle il faut encore croire…

Moira Sauvage 50-50 Magazine

https://www.50-50magazine.fr/2024/11/21/mais-quest-ce-quon-leur-a-fait/

Le plaintomètre, nouvel outil pour mesurer le dépôt de plainte

80% des plaintes pour violences faites aux femmes sont classées sans suite. Parmi les victimes de féminicides, 17% d’entre elles avaient porté plainte. L’accueil et la prise de la plainte par les forces de l’ordre sont des étapes déterminantes et le point de départ dans la reconnaissance des faits de violences. Si la plainte est “mal prise” et/ou incomprise, il y a de fortes chances qu’elle soit classée sans suite. Le plaintomètre est un outil d’auto-évaluation pour mesurer si le dépôt de plainte se fait de la bonne manière, dans le respect de la loi.

Le plaintomètre, un outil pédagogique complémentaire

Nombreuses sont les victimes qui n’osent pas franchir le cap du dépôt de plainte. Peur de ne pas être crue, de ne pas être entendue, que la situation se retourne contre elle, stigmatisation, honte, … les raisons sont multiples. Même si aujourd’hui la prise de plainte peut s’effectuer “hors les murs”, dans un hôpital par exemple, ce n’est pas toujours le cas. Le commissariat ou la gendarmerie restent souvent un passage nécessaire.

Or, l’accueil pour le dépôt d’une plainte est très inégal sur le territoire français : “Dans certains lieux, la prise de plainte se passe bien. Pourquoi cela n’est-il pas le cas partout ? Le plaintomètre permet de se préparer différemment et d’être mieux accompagné.e grâce notamment à des rappels de la loi trop souvent méconnue. C’est un outil d’informations dont l’objectif est de le diffuser partout !” explique Sabine Salmon, présidente nationale de Femmes solidaires.

Le plaintomètre est un dispositif pour faire bouger les choses localement afin de sensibiliser le plus grand nombre. C’est un outil d’auto-évaluation pour franchir le pas, mesurer les conditions d’accueil et d’écoute, connaître ses droits ou encore les phases de l’enquête. Le recto est présenté sous forme de graduation pour évaluer le traitement d’une plainte et permet à la victime, selon la couleur, d’indiquer le respect des conditions du dépôt de plainte et de l’enquête. Le verso comporte des rappels de textes et principes applicables aux droits des victimes et des enfants durant l’enquête. Ce dispositif est à destination des femmes et des hommes qui ont déjà déposé plainte ou qui souhaitent le faire.

C’est aussi un outil de sensibilisation et d’information qui pourra aider les professionnel.les ou les associations à mieux assister la victime dès le dépôt de plainte et pendant le déroulé de l’enquête. Aujourd’hui, le rôle des accompagnant.es est très important de la procédure du dépôt de plainte à la poursuite de l’enquête. Très peu de personnes souhaitant déposer plainte savent qu’elles peuvent être accompagnées tout du long.

“Il ne s’agit pas d’accabler les forces de police ou gendarmerie mais de rendre la plainte plus efficiente à travers cet outil pour avancer dans l’écoute et la recherche des éléments de l’enquête. La première déclaration, donc la plainte, doit être particulièrement soignée et être un moment d’écoute intense et de compréhension pour orienter les suites de l’enquête. La principale utilité du plaintomètre est de passer le pas et de savoir comment ça se passe et comment ça devrait se passer. L’idée est de déposer plainte pour donner suite.” explique Anne Jonquet, avocate honoraire.

Le plaintomètre a été réalisé par Femmes solidaires avec des expert.es du terrain : avocates, sociologues, militantes et bénévoles formées qui animent la permanence d’accueil au sein de l’association. Il est disponible chez Femmes solidaires et ses associations locales dans toute la France à partir du 21 février.

D’une étude du terrain à un outil nécessaire

En novembre 2021, Femmes solidaires a publié un rapport “Accueil des femmes victimes de violences sexistes, sexuelles et conjugales par la police ou la gendarmerie : l’expérience des Femmes solidaires”. Ce rapport a été établi à partir de retours de terrains des associations locales Femmes solidaires. Il est le reflet d’expériences concrètes et de la réalité concernant l’accueil des femmes victimes de violences dans les commissariats et les gendarmeries.

“Ce rapport met en lumière ce qui fonctionne, pointe les manques, les difficultés et fait un rappel du cadre juridique. Le plaintomètre répond à un besoin concret remonté par nos bénévoles sur le terrain. Nous espérons qu’il aidera des nombreuses victimes dans leur démarche du dépôt de plainte”, conclut Sabine Salmon.

https://femmes-solidaires.org/le-plaintometre-de-femmes-solidaires/

Tribune sur l'introduction du consentement dans la définition du viol parue ce week end dans Libération

Introduire le consentement dans la définition pénale du viol n’est pas une solution miracle

La demande de justice croissante des victimes de viol se heurte à nos institutions judiciaires. Et pour cause : on compte 94% de classements sans suite1 et seuls 1% des violeurs sont condamnés. L'impunité des violeurs est quasiment totale.

Face à l’urgence de la situation, une “solution miracle” est proposée : introduire le “consentement” dans la définition juridique du viol. En effet, , la loi actuelle qui définit le viol comme “tout acte de pénétration sexuelle (...) commis par violence, contrainte, menace ou surprise” ne suffirait pas à couvrir l’ensemble des situations vécues par les victimes de violences sexuelles.

Cette affirmation ne correspond pas à la réalité de la jurisprudence française et détourne le regard et l’action politique de solutions plus efficaces. Elle comporte par ailleurs de nombreux dangers.

De nombreux arrêts de la Chambre criminelle de la Cour de cassation le démontrent : un homme menace d'abandonner une femme en pleine campagne par un froid extrême2? La victime est inconsciente, endormie, en état d’alcoolémie3 ? Dans ces deux cas, la Cour de cassation estime que la loi actuelle permet de caractériser le viol. Le 11 septembre dernier, elle a également reconnu la sidération : « le prévenu [est] coupable d'agression sexuelle en retenant qu'il a procédé à des attouchements alors que la victime était endormie, puis a poursuivi ses agissements tandis que cette dernière se trouvait dans un état de prostration, ce qui établit qu'il a agi en connaissance d'un défaut de consentement »4.

Toutes ces situations auraient pu conduire à un classement sans suite « faute de preuves » ou parce que la victime « n'a rien dit, n’a pas résisté ». Pourtant, la juridiction qui a pour rôle d'unifier l'interprétation de la loi y a reconnu, à chaque fois, un viol.

Le problème est donc ailleurs. Si les services de police et gendarmerie menaient minutieusement les investigations comme elles devraient le faire , si elles les menaient tout court ; si les magistrat-es appliquaient effectivement la loi en s’appuyant sur la jurisprudence, le traitement des affaires de viol s'en ressentirait immédiatement. Cependant, nous faisons face à une justice sinistrée, où personne n'a le temps de rien et où règne la culture du viol.

Par ailleurs, dans les pays ayant intégré le consentement dans la définition légale du viol, les résultats ne sont guère probants.

En 1992 le Canada faisait office de pays précurseur. Résultats : de 2015 à 2019, seules 6% des agressions sexuelles et viols (115 859) ont été signalés à la police et 10 225 condamnations prononcées. En calquant la méthodologie française propre aux enquêtes de victimation, on aboutit à un total de 0,53% de condamnations.5

En Angleterre et au Pays de Galles, le consentement existe dans la loi depuis 2003. Pourtant, le gouvernement britannique a présenté en juin 2021 ses excuses pour le plus bas niveau de condamnations jamais prononcées depuis que les décisions sont recensées : 1439 contre 3364 l'année précédente, alors même que les plaintes pour viol sur adulte ont presque doublé depuis 2015-2016.

Seule la Suède, qui a introduit la notion de consentement dans sa loi sur le viol en 2018 et celle de « viol involontaire », a vu le niveau des condamnations progresser de 75% entre 2017 et 2019. Toutefois, il est essentiel de considérer le contexte : avant la loi, seules les situations de violence, ou de force ou de menaces avec danger imminent permettaient la caractérisation du viol. La rédaction actuelle de la loi française avec la “contrainte” ou la “surprise” permet déjà l’inclusion d’un panel de situations beaucoup plus complet.

L’introduction de la notion de consentement dans la définition du viol serait donc inutile. Mais elle est aussi dangereuse.

D'abord, une telle définition focalisera encore plus l'attention sur le comportement de la victime lors des procédures judiciaires. Celle-ci est déjà une véritable obsession pour tous les personnels de police, de gendarmerie et de justice : qu'est ce qu'elle faisait là ? Comment était-elle habillée ? Gisèle Pélicot l'a bien exprimé : parfois, elle a l'impression que c'est elle qu'on juge. Pourtant, pour rassembler les preuves qui permettent d’établir les critères actuels de la définition du viol, les enquêtes doivent passer au crible la stratégie de l’agresseur. C'est d'ailleurs ce que déclarait le Ministre de la justice anglais en 2021, qui affirmait vouloir s'éloigner de "l'accent obsessionnel mis sur la crédibilité de la victime", et plutôt se concentrer sur le passé du suspect, afin de "garantir que la prise de décision est fondée sur des preuves, plutôt que sur des jugements subjectifs concernant la crédibilité de la victime". Mais demain?

Ensuite, l’introduction du consentement dans la définition légale du viol viendrait aggraver une confusion qu’il nous faut déjà sans cesse combattre : le viol n'est pas de la sexualité sans consentement. On passe ici à un autre registre : celui de la coercition, de la prise de pouvoir. Le violeur échafaude toute une stratégie pour arriver à ses fins : isoler la victime, lui faire du chantage, la menacer, la terroriser, jouer sur sa vulnérabilité ou sur la confiance qu'elle lui accorde, etc. Cette stratégie se poursuit dans le temps pour garantir son impunité.

Enfin, un changement de loi pour inclure le consentement dans la définition du viol risquerait de mettre en péril les procédures en cours et futures. Répéter à l’envi que la loi actuelle ne couvre pas tous les cas de viols donne aux agresseurs un argument leur permettant de contester son application durant des décennies. Ajouter le mot consentement à la définition du viol revient à ajouter un élément de plus à prouver pour que les juges puissent condamner les violeurs.

Dans tous les cas, les rédactions proposées sont piégeuses. Alors pourquoi prendre ce risque ?

Ce qui peut améliorer la situation, c'est une approche globale associée à des moyens financiers et structurels suffisants : la mise en œuvre d'un ensemble de mesures relevant de la prévention, la sensibilisation, la formation, l’accompagnement des victimes, la création de juridictions spécialisées pour modifier le fonctionnement de la justice, la prévention de la récidive, la sanction effective des agresseurs, etc. Ce qu'il nous faut c'est une loi-cadre intégrale.

Signatures :

Alyssa Ahrabare, Présidente de la Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes

Marie France Casalis, co-fondatrice du Collectif Féministe contre le viol

Aliénor Laurent, porte-parole d'Osez le Féminisme !

Anne Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes,

Emmanuelle Piet, présidente du Collectif Féministe contre le viol

Céline Piques, présidente de la Commission Violences du Haut Conseil à l’Égalité. 

Suzy Rojtman, porte parole du Collectif national pour les Droits des Femmes

Isabelle Thieuleux, avocate, membre du Collectif National pour les Droits des Femmes

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/introduire-le-consentement-dans-la-definition-penale-du-viol-nest-pas-une-solution-miracle-20241123_5MV4NFHXG5FQRCZ6GO3WT73SHE/

 

La prostitution n’est pas une question individuelle mais sociale

Christiane Marty • 21 novembre 2024

Pour Christiane Marty, membre de la Fondation Copernic et d’Attac, en matière de prostitution, une politique cohérente consisterait à la fois à agir contre les réseaux proxénètes et à protéger les personnes en situation de prostitution.

La question de la prostitution est souvent abordée sous l’angle du quotidien des personnes en situation de prostitution, soumises aux contrôles policiers et à une précarisation. C’est le cas dans le hors-série de Politis « Des corps et des femmes ».

S’il est évidemment indispensable de défendre les droits des personnes prostituées, il est indispensable aussi de dénoncer le système prostitutionnel qui organise la marchandisation du corps des femmes. Bien que la prostitution soit réputée aussi ancienne que l’humanité, ce sont les politiques néolibérales, avec la libre circulation des capitaux et la dégradation des conditions de vie de nombreuses personnes, qui ont permis son énorme déploiement au niveau mondial.

Ce système, très lié au trafic de drogue, génère d’immenses profits, en grande partie dans l’économie souterraine, en s’appuyant sur la traite des êtres humains et sur l’exploitation des personnes les plus pauvres et vulnérables, des personnes racisées, issues d’ethnies minoritaires ou des ex-colonies, des migrant·es et des enfants. Selon l’OIT, en 2021, la prostitution a généré les deux tiers des 217 milliards d’euros de profits illégaux liés au travail forcé… et elle concerne plus de 1,7 million d’enfants.

La Convention internationale de 1949 a affirmé que la prostitution est incompatible avec la dignité et la valeur de la personne humaine. C’est une violence, comme en témoignent les prostituées qui ont réussi à en sortir, les « survivantes ». Il faut écouter leur parole, et pas seulement celle de quelques femmes qui affirment que c’est leur libre choix. La première des libertés, le droit supérieur à défendre, c’est de pouvoir vivre sans devoir vendre son corps. Lutter contre la marchandisation généralisée promue par le capitalisme néolibéral commence par refuser que le corps humain, des femmes ou des hommes, devienne une marchandise.

Car pour quelques personnes qui revendiquent ce choix et/ou gagnent bien leur vie en étant escortes ou indépendantes, combien d’autres sont victimes des proxénètes, dépendantes de la drogue, migrantes piégées par les passeurs, ou poussées par des contraintes monétaires, comme notamment de plus en plus d’étudiant·es aujourd’hui pour financer leurs études ? Comment parler de choix ? Quelles seront les conséquences psychiques pour ces jeunes ?

La prostitution n’est pas une question individuelle mais sociale. L’acte de prostitution entre deux personnes adultes consentantes dans un cadre privé peut toujours exister. Mais parler de « travail du sexe », vouloir en faire un « métier » comme un autre supposerait d’organiser la prostitution comme une institution de la société, ce qui reviendrait à mettre potentiellement toutes les femmes (surtout elles) sur « un marché ». Va-t-on défendre que bientôt soit créée une formation avec cette orientation à proposer dans les établissements scolaires ? Qui envisage cet avenir pour son enfant? 

Une politique cohérente – l’abolitionnisme – consiste à la fois à agir contre les réseaux proxénètes et à protéger les personnes en situation de prostitution en leur garantissant les droits sociaux et la possibilité d’une formation et d’un emploi. Et en amont, à mettre en œuvre des politiques de prévention et à promouvoir l’éducation à une sexualité égalitaire et au respect d’autrui. Beaucoup reste à faire.

https://www.politis.fr/articles/2024/11/tribune-christiane-marty-la-prostitution-nest-pas-une-question-individuelle-mais-sociale/

Comme convenu voici la date du prochain rassemblement dans le cadre du procès du pédocriminel Le Scouarnec. 

Rassemblements simultanés le 22 avril a Vannes devant le tribunal Judiciaire où se tient le procès et devant l'ordre des médecins à Paris.

Mélissa Blais sera en Suisse et en France en mai

Du 1 au 14 mai, l’autrice de « L’attentat antiféministe de Polytechnique. Une mémoire collective en transformation » sera de passage en Suisse et en France pour une série de conférences et de discussion en librairie et dans les universités. Vous pourrez entre autres venir à sa rencontre à la librairie Farenheit 451 à Genève, la librairie Les Médusales à Lausanne, la librairie Le rideau rouge à Paris et La nuit des temps à Rennes.

Royaume Uni : La cour Suprême a tranché : la définition légale d'une femme repose sur le sexe biologique

Le litige juridique avait débuté en 2018, lorsque le Parlement écossais a adopté un projet de loi visant à garantir l’équilibre entre les sexes dans les conseils d’administration du secteur public.

Arès plusieurs années de litige, le verdict dans l’affaire qui oppose le gouvernement écossais à l’association For Women Scotland est enfin tombé. La Cour suprême du Royaume-Uni s’est prononcée dans la matinée sur la manière dont une femme doit être juridiquement définie, notamment dans le cadre de la loi sur l’égalité de 2010. Cette dernière offre une protection contre la discrimination, notamment celle liée au «sexe» et au «changement de sexe».

Les cinq juges devaient décider si les implications de cette loi s’étendent ou non aux femmes transgenres titulaires d’un certificat de reconnaissance de genre (GRC) et sur ce que la loi entend par «sexe» : s’agit-il de sexe biologique ou de sexe légal et «certifié», tel que défini par la loi de 2004 sur la reconnaissance du genre.

«La décision unanime de cette cour est que les termes femme et sexe dans la loi sur l’égalité de 2010 font référence à une femme biologique et à un sexe biologique», a proclamé ce mercredi 16 avril Lord Patrick Hodge, vice-président de la Cour suprême, en rendant le verdict. Il ajoute : «Mais nous déconseillons de lire ce jugement comme un triomphe d’un ou plusieurs groupes de notre société au détriment d’un autre, ce n’est pas le cas».

Pour le gouvernement écossais, la législation de 2004 disposait clairement que l’obtention d’un GRC équivaut à un changement de sexe «à toutes fins utiles». Aidan O’Neill KC, représentant de For Women Scotland cité par la BBC, plaidait pour une signification de «bon sens» des mots

 homme et femme, déclarant au tribunal que le sexe est un «état biologique immuable».

Importantes implications

For Women Scotland est une association à but non lucratif fondée en juin 2018 «dans un contexte de malaise croissant» quant à la manière dont les droits des femmes sont affectés par «les projets du gouvernement écossais», est-il indiqué sur son site internet. Les membres de l’association se sont rapidement indignés après que les ministres ont inclus les personnes transgenres dans  les quotas de la loi visant à garantir l’égalité.

Le système de financement de l’association est participatif, et avait collecté pas moins de 230.000 £, dont 70.000 £ provenant de l’auteure de Harry Potter, J. K. Rowling. C’est grâce à ce financement que plusieurs recours judiciaires ont été portés, d’abord devant les tribunaux écossais, puis finalement devant la Cour suprême de Londres pour une décision finale.

Le litige juridique a débuté en 2018, lorsque le Parlement écossais a adopté un projet de loi visant à garantir l’équilibre entre les sexes dans les conseils d’administration du secteur public. Il soutient que les femmes transgenres titulaires ou non du GRC ont droit aux protections assurées par la loi sur l’égalité aux femmes, tandis que For Women Scotland soutient qu’elles ne s’appliquent qu’aux personnes nées de sexe féminin.

Le verdict pourrait avoir d’importantes implications quant à la manière dont les droits liés au sexe s’appliquent en Écosse, en Angleterre et au Pays de Galles. Elle pourrait avoir une incidence sur les espaces et services non mixtes comme les services hospitaliers, les prisons, les refuges et les groupes de soutien, ainsi que sur les revendications en matière d’égalité salariale ou lors d’événements sportifs.

Le 14 mai, rejoignez-nous pour un temps fort de solidarité féministe et décoloniale autour des luttes des femmes Mapuche !

À l’occasion de ce Féministalk, nous aurons l'honneur d’accueillir Wako, militante activiste Mapuche, pour un éclairage puissant sur l’Histoire et les résistances des femmes Mapuche, ces guerrières autochtones du Chili et de l’Argentine. Depuis la colonisation jusqu’aux formes contemporaines de domination, Wako nous partagera les multiples fronts où les femmes Mapuche mènent un combat résolu, alliant défense des territoires, des cultures et des droits des femmes.

Ce temps d’échange nous permettra de comprendre comment la colonisation continue de se manifester aujourd'hui, par l’accaparement des terres, les violences institutionnelles et l’effacement des identités culturelles. En mettant l’accent sur la lutte des femmes Mapuche, nous soulignerons l’importance d’une résistance féministe, intersectionnelle et décoloniale face aux oppressions systémiques.

Ce Féministalk sera un moment essentiel de réflexion, de partage et de solidarité féministe. Rejoignez-nous le mercredi 14 mai à 19h à la Cité Audacieuse pour écouter une parole experte et engagée, porteuse d’un combat ancestral et résolument féministe.

Infos pratiques : La Cité Audacieuse, 9 rue de Vaugirard, 75006 Paris

Mercredi 14 mai à 19h

Ouvert à toutes et à tous, gratuit sur inscription – Organisation Osez le féminisme !

 Prostitution : 9 ans après la loi de 2016

Le 13 avril 2016, la France adoptait une loi historique visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées. 9 ans après, nous, associations de terrain membres du collectif FACT-S*, alertons une fois de plus les pouvoirs publics sur le déficit d’application persistant de cette loi et les dérives créées par le durcissement de la politique migratoire en France. 

Là où elle est appliquée intégralement, la loi a prouvé son efficacité.  Mais alors que les réseaux prospèrent, nous lançons un nouveau cri d’alarme aux autorités : 

Les parcours de sortie de la prostitution sont entravés localement par des politiques migratoires iniques ; de plus en plus de mineur·es se retrouvent dans des situations d’exploitation ; la pénalisation des “clients” prostitueurs demeure largement insuffisante. 

Or, il n’y a pas d’autre alternative pour lutter contre les violences sexuelles et pour prétendre à une société d’égalité entre les femmes et les hommes qu’une mise en œuvre complète et homogène de la loi de 2016 sur l’ensemble du territoire. 

L’Etat a la responsabilité de protéger et de porter assistance aux victimes du système prostitutionnel, en très large majorité des femmes et des enfants. Dans un contexte de mutations du système prostitutionnel à l’ère du numérique, de défaillances systémiques de la protection de l’enfance et de durcissement des politiques migratoires impactant les droits des personnes étrangères, nos associations rappellent que la protection des personnes en situation de prostitution constitue un enjeu majeur de droits humains. 

Le 29 avril prochain, le collectif FACT-S publiera un rapport étayé d’évaluation de la loi de 2016. Confortée par les décisions de la Cour européenne des Droits de l’Homme en 2024, la loi abolitionniste française doit être pleinement appliquée sur l’ensemble du territoire. C’est une condition indispensable pour garantir la protection des personnes victimes du système prostitutionnel et ce, quelle que soit leur situation administrative, leur âge ou leur origine.   

Collectif FACT-S : Fédération des acteurs et actrices de terrain et des survivantes de la prostitution, aux côtés des personnes prostituées, composée de l’Amicale du Nid, de CAP International, de la Fédération nationale des CIDFF, de la Fondation Scelles et du Mouvement du Nid et d’un collectif de survivantes.

« Salons de massage » : du changement !

Depuis quatre ans, nous, les responsables de Zéromacho, travaillons à attirer l’attention de la population et des pouvoirs publics sur le sujet des « salons de massage » asiatiques de Paris qui sont des lieux de prostitution. Notre dernier décompte est de 425, et ce nombre augmente régulièrement.

OUI, vous avez bien lu : 425 bordels ayant pignon sur rue à Paris, ville qui est la première destination touristique du monde, dans un pays où la loi Olivier-Coutelle de 2016 punit les hommes qui paient pour un acte de prostitution.

Après des années de travail, à prendre la mesure du problème, à demander des rendez-vous à des personnes ayant le pouvoir d’intervenir pour faire appliquer la loi Olivier-Coutelle, à mener des actions pédagogiques pour expliquer la situation au grand public, en coopération avec la Fédération française des massages bien-être, nous vous annonçons une grande nouvelle :

DU CHANGEMENT : UNE VOLONTÉ POLITIQUE !

Dans Le Parisien du 1er mars 2025, un article de Bérangère Lepetit sur les « salons de massage » de Paris qui sont des lieux de prostitution, et une interview d’Aurore Bergé, ministre de l’Égalité femmes-hommes.
La ministre exprime sa volonté : que ces lieux soient tous fermés !
Se fondant sur le travail de Zéromacho, elle indique le nombre de ces prétendus « salons de massage » asiatiques à Paris : 425.

Elle annonce qu’elle va lancer une circulaire interministérielle avec le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux, d’application immédiate, donnant à la police, à la gendarmerie et au comité opérationnel départemental antifraude (Codaf) l’instruction de contrôler, d’agir et de fermer ces salons. Elle déclare : « C’est une priorité du gouvernement. Il n’y aura aucune tolérance. »
Quant aux femmes dans ces « salons », elles seront, aux termes de la loi Olivier-Coutelle, considérées comme des victimes, aidées et soutenues. Les réseaux proxénètes seront poursuivis, et les « clients » verbalisés (la loi prévoit pour eux une amende de 1 500 €, et de 3 750 € en cas de récidive).

Des dizaines de médias nationaux et régionaux reprennent l’essentiel de ces informations.
En outre, Fred Robert, porte-parole de Zéromacho, est interviewé sur les radios RTL et RMC ; sur les chaînes de télévision TF1 (journal de 20h), France 2 (journal de 20h), Figaro TV pour cette dernière avec en outre une interview du maire du 17earrondissement de Paris, Geoffroy Boulard, signataire du manifeste de Zéromacho, et soutien de notre action depuis l’origine. Et aussi sur Elle. 

Des millions de personnes ont ainsi été informées du scandale que constituent le défaut d’application de la loi Olivier-Coutelle et la tolérance envers cet esclavage sexuel : des milliers de Chinoises et de Thaïlandaises, sans doute victimes de la traite des êtres humains, sont mises à la disposition d’hommes en France, qui se rendent dans ces « salons » en toute impunité. 

Nous restons vigilants quant à la mise en œuvre des mesures annoncées, mais saluons avec plaisir ce changement (à suivre…)

Ensemble, travaillons à un monde de justice et d’égalité !

Dans ce monde, il n’y aura pas de prostitution.

Zéromacho - Source : / Magazine

Matrimoine

Pauline Kergomard, pédagogue, inspectrice de l’Ecole maternelle et militante féministe

Issue d’une famille de la bourgeoisie protestante bordelaise, Pauline Reclus souhaite s’émanciper par le travail: son brevet d’institutrice lui permet de venir à Paris. Après son mariage, les difficultés financières la poussent à présenter et réussir le concours de l’inspection primaire en 1879. Passionnée par la petite enfance elle invente des outils pédagogiques adaptés et des activités d’éveil. Dans le monde politique, Pauline Kergomard est dreyfusarde comme d’autres « hussardes noires »  de la République. Sa passion pour l’éducation et ses publications professionnelles lui permettent de devenir en 1886 la première femme élue au Conseil supérieur de l’Instruction publique. Malgré son âge, elle continue ses activités pendant et après la guerre de 1914.

Pauline Reclus a dix ans à la mort de sa mère. Etant la plus jeune d’une fratrie de sept enfants, on l’envoie à Orthez où son oncle Jacques Reclus, pasteur, et son épouse avaient ouvert une école comportant une pension de jeunes filles. A l’issue du cycle scolaire, elle commence à donner des cours comme institutrice privée auprès de familles protestantes dans la région. En 1861 la jeune femme s’installe à Paris avec l’aide de sa sœur Suzanne. Elle rencontre dans ses relations des opposants au régime de Napoléon III. Elle y fait la connaissance de Ferdinand Buisson éminent pédagogue, de sensibilité républicaine.

Épouser un poète et «faire bouillir la marmite» !

Pauline fréquente les amis républicains du salon de sa soeur Noémie, dont Jules Kergomard natif de Morlaix et poète. Charmée, elle l’épouse malgré l’opposition de sa famille. Le couple a deux fils et très vite les difficultés matérielles s’accumulent, d’autant que Jules est peu actif.

Pauline Kergomard essaye de vivre de son enseignement et de sa plume. En 1879 elle ouvre un cours à Paris dans le Xème arrondissement. Sur les conseils de Ferdinand Buisson elle prépare et réussit l’examen d’aptitude à la direction puis à l’inspection des «Salles d’asile». Ce terme définit les lieux où sont reçu·es les enfants entre deux et six ans (1). Elle visite des écoles dans toute la France, rédige des rapports. Les longs voyages en chemin de fer deviennent son quotidien…

Face au ministère de l’Instruction publique.

En 1881 elle expose au ministère ses remarques et ses objectifs afin de réformer l’école maternelle. Il faut «des locaux réglementaires et un personnel suffisant et formé». Elle insiste sur la mixité dans les classes pendant la petite enfance. Parallèlement elle exerce son influence à travers la presse pédagogique, surtout dans un organe bi-mensuel L’Ami de l’enfance publié par les éditions Hachette. Au fil des articles elle développe sa doctrine pédagogique si bien qu’une de ses amies, Caroline de Barrau, la pousse à poser sa candidature au Conseil supérieur de l’Instruction publique. Pauline Kergomard est élue en décembre 1886, c’est la première femme en France qui entre dans cette institution.

De la cause des enfants à celle des femmes !

Pauline Kergomard, pleine d’enthousiasme, crée avec Caroline de Barrau une association  L’ Union française pour le sauvetage de l’enfance (UFSE) qui vient en aide aux enfants et adolescent·es en souffrance. Elle reçoit le soutien de son réseau républicain, dont celui de Jules Simon qui porte un intérêt certain à l’école primaire aux côtés de Jules Ferry. L’UFSE pour être efficace doit s’entourer de policiers, d’avocats, de procureurs. Pauline Kergomard et Caroline de Barrau savent qu’il convient de soustraire les enfants aux dangers qui les menacent : elles œuvrent pour trouver des placements aux enfants en situation de maltraitance. L’action privée pallie ainsi les carences de l’Etat à cette époque; à la fin de la décennie 1880 l’UFSE se déploie aussi en province, grâce à un réseau de correspondant·es et des abris provisoires sont trouvés en attendant le placement des enfants dans des familles rurales. L’UFSE s’investit aussi auprès des enfants incarcérés pour délit de vagabondage (au-dessus de l’âge de 12 ans). L’association fait pression sur les pouvoirs publics pour obtenir une amélioration de la législation sur le travail des enfants. En 1897, la loi interdit le travail des enfants de moins de 13 ans, âge auquel s’arrête l’obligation scolaire (mise en place en 1881).

Dans les années qui avaient précédé, elle avait été influencée par les idées de sa sœur Noémi qui venait de fonder avec André Léo (nom de plume de Léodile Béra) la Société de revendication des droits de la femme, juste avant la guerre de 1870. Des conférences et des réunions publiques commencent à s’organiser, une des oratrices les plus énergiques est Maria Deraismes (1828-1894), membre de la franc-maçonnerie. C’est l’époque où naissent les fondements du féminisme républicain réformiste de la Troisième république. Pauline Kergomard en vient à s’engager dans le féminisme. Elle est probablement motivée par des raisons personnelles, car elle évolue professionnellement dans un milieu essentiellement masculin dans la haute administration. Candidate au Conseil supérieur de l’instruction publique, elle est élue en décembre 1886 ce qui ne va pas sans susciter des jalousies de ses collègues masculins au ministère.

A la fin du XIXème siècle des congrès internationaux se déroulent lors des Expositions Universelles : Pauline Kergomard participe en 1889 au Congrès des œuvres et institutions féminines présidé par Jules Simon, et y fait la connaissance de Marie Curie. En 1900 elle est présente au Congrès de la condition des femmes. Elle est co-créatrice auprès de Julie Siegfried, de Sarah Monod et de Ghénia Avril de Sainte-Croix du Conseil national des femmes françaises en 1901, où elle est très active comme présidente de la section d’éducation. Julie Siegfried et Sarah Monod sont issues de la mouvance protestante, mais Pauline Kergomard s’est éloignée du protestantisme et se rapproche plutôt des libres-penseurs.

Des engagements multiples

L’affaire Dreyfus éclate en 1894, embrase l’opinion publique. L’article de Zola J’accuse paraît en 1898. Ces années sont marquées par une mobilisation intense des intellectuel·les. Du côté des femmes évoluant dans les carrières de l’enseignement, l’affaire remet en question la manière dont l’école républicaine fonctionne. C’est aussi une injonction à sortir des salles de classe et à participer au mouvement d’éducation populaire qui se fait jour alors. En 1898 elle crée dans son quartier à Paris XIVème une Université populaire avec quelques ami·es, qui se réunit rue Froidevaux et recrute des conférencier·es. Pauline Kergomard se trouve dans la mouvance des «hussardes noires» dreyfusardes comme Marie Baertschi-Fuster (agrégée de lettres, professeure et oratrice républicaine) et Mathilde Salomon (directrice du Collège privé laïque Sévigné à Paris). Ses deux fils étudiants en Sorbonne se sont vite engagés auprès des dreyfusards lors de la révision du procès.

Elle continue son engagement auprès de l’UFSE et participe à d’autres associations de secours à l’enfance: le patronage des écoles publiques créé en 1889, l’Œuvre des vieux vêtements en 1890, la Société contre la mendicité des enfants en 1892.

Jusqu’au cœur de la guerre de 1914

Séparée de son époux en 1894, Pauline Kergomard continue à mener une vie sociale intense, tout en s’occupant régulièrement de ses deux fils et de ses petits-enfants. Son activité au ministère de l’Instruction publique lui permet d’étendre son réseau de relations : elle tient à Paris un salon hebdomadaire  et reçoit des membres du régime républicain: au moment de l’affaire Dreyfus ce fut aussi un lieu de discussions passionnées ! 

Très affectée par l’assassinat de son ami Jaurès à l’été 14, elle coopère très tôt à la défense nationale s’occupant d’enfants désœuvré·es du fait de la désorganisation consécutive à la déclaration de guerre. A Paris, elle se met vite à la disposition du Maire du XIVème arrondissement pour la sauvegarde des enfants, et s’occupe des garderies du Secours National. Elle travaille sans relâche, reprend ses tournées d’inspection afin d’expliquer aux institutrices comment adapter leur enseignement au contexte de la guerre. Elle prend sa retraite de l’Instruction publique à 79 ans. Déjà fort affaiblie, bien que s’intéressant à divers congrès, elle est terrassée par une embolie et reste paralysée jusqu’à la fin de sa vie en février 1925. Lors de ses obsèques au cimetière parisien de Bagneux, Ferdinand Buisson prononce son éloge funèbre avec une forte émotion.

Cent treize écoles portent le nom de la pédagogue et quelques rues, un timbre postal lui est dédié le 8 mars 1985, avec la mention «hommage aux femmes», mais sa vie et son œuvre demeurent mal connues des professeur·es.

Catherine Chadefaud Agrégée d’Histoire, Secrétaire générale de l’association Réussir l’Egalité Femmes-Hommes

1 L’enseignement dans les salles d’asile et la naissance de l’école maternelle à Paris par Marie Pape-Carpantier en 1849 

Source : / Magazine

Dans la médiathèque de Remue Méninges féministe, on trouve :

Borrokan comment gagner une grève féministe

Livre reprenant l'expérience des camarades du syndicat basque ELA à propos de la construction d'une grève féministe.

Prix : 5 euros

Au Pays basque Sud, le syndicat ELA a su se donner les moyens de remporter de nombreuses victoires face au patronat. Avec son refus du dialogue social et sa caisse de grève permanente, cette confédération sait tenir des grèves longues de plusieurs mois, y compris dans les secteurs les plus précarisés.

Les métiers les plus précaires sont aussi souvent les plus féminisés. C’est le cœur des deux luttes racontées dans ce livre, qui donnent à voir comment un syndicat s’engage dans une démarche féministe et fait de la lutte contre le patriarcat une priorité concrète.

Que ce soit avec les avancées obtenues dans la longue lutte des maisons de retraite de Biscaye (378 jours de grève), ou dans la bataille pour supprimer l’écart salarial entre le nettoyage des bureaux (très féminin) et le nettoyage des rues (très masculin), on peut dire que la méthode ELA porte ses fruits. Les milliers de travailleuses engagées dans ces conflits y ont gagné des augmentations de salaire spectaculaires, de meilleures conditions de travail… et bien souvent une prise de conscience féministe.

Dans ce livre, les grévistes racontent la dignité qu’elles ont conquise par l’organisation collective, et Onintza Irureta Azkune (journaliste) et Aiala Elorrieta Agirre (économiste) donnent des clés pour comprendre ces luttes victorieuses au Pays basque, à destination de tous·tes les syndicalistes et féministes qui voudraient s’en inspirer...

Jusqu’au 26 mai 2025 : Paris (75) Les vendredis et samedis de 14h30 à 19h. Fermé les 2 et 3 mai 2025. Exposition : Googlecrypt, Marie-Hélène Le Ny, évènement à Nuage Vert autour de l’exposition. Rue de Bagnolet 75020

Jusqu’au 22 juin 2025 : Angers (49) Bibliothèque universitaire de Belle Beille à Angers : Les elles sont dans la rue : Révolte, subversion, émancipation. Riche de plus de 300 œuvres et de documents très divers, l’exposition couvre une histoire vaste, de la Révolution française à nos jours. Si le cadre géographique principal est français, elle décrit 5 Lettre Agenda du Réseau Féministe « Ruptures » n° 545 du 1er au 15 avril 2025 aussi des circulations, des échos, de l’influence à l’échelle internationale. Elle raconte des histoires oubliées et permet de remettre les femmes au centre de la mémoire des luttes. Imaginée par l’Université d’Angers et l’AFéMuse, association pur un Musée des féminismes, cette exposition d’ampleur a été réalisée sous le commissariat scientifique de l’historienne Ludivigne Bantigny. (Extrait de la Lettre de la Bibliothèque Marguerite Durand, 1er mars 2025)

 

Spectacles, expositions, films...

Du 19 mars au 3 août 2025, le musée Jacquemart-André -  18 boulevard Haussmann 75008 - met à l’honneur Artemisia Gentileschi, figure majeure de l'art baroque et du mouvement caravagesque.

À travers des chefs-d’œuvre incontournables et des peintures rarement exposées à Paris, venez découvrir cette grande artiste italienne du XVIIe siècle.

5 éléments marquants sur Artemisia

1) Artemisia Gentileschi est formée à Rome par son père, l’artiste toscan Orazio Gentileschi, disciple direct et ami du Caravage ;

2) Elle fait rapidement preuve d’un talent exceptionnel pour la peinture et réalise à seulement 17 ans Suzanne et les vieillards, une huile sur toile de grande dimension ;

3) En 1611, elle est violée par le peintre italien Agostino Tassi. Un procès s’ouvre ensuite et condamne Tassi à l’exil, sans que la peine ne soit jamais appliquée (il reste à Rome sous la protection du pape). Au cours du jugement, Artemisia est torturée pour prouver la véracité de son témoignage ;

4) À l’issue du procès, elle part s’installer à Florence et peint pour de grandes cours royales ou seigneuriales européennes, comme la famille Médicis ;

5) Artemisia est l’une des premières femmes admises à l’Académie du dessin de Florence. Elle est soutenue par plusieurs mécènes et commanditaires, et réalise le plafond de la Casa Buonarroti, en hommage à Michel-Ange.

Artemisia Gentileschi est l’une des rares femmes peintres de l’histoire à avoir connu le succès de son vivant, ce qui lui a permis de vivre de sa peinture et d’être indépendante.

Ayant quitté sa ville natale, Artemisia va très vite affirmer un style pictural singulier.  Comme Caravage, elle peint directement d’après modèle vivant, sans croquis préparatoire. Elle est ainsi capable de capter des contrastes lumineux intenses et saisissants, comme dans les œuvres majeures que sont Danaé et David et Goliath.

Sa maîtrise du clair-obscur et ses cadrages dramatiques lui permettent de saisir de façon unique la psychologie de ses personnages (comme en témoignent ses portraits et l’œuvre Judith et sa servante de la Galerie des Offices). Par des jeux d’oppositions chromatiques et un naturalisme cru, elle crée des compositions puissantes et dynamiques.

La force subversive de son pinceau dépasse parfois celle du Caravage, comme en témoignent le réalisme sanglant et la force dramatique de la toile Judith décapitant Holopherne. Habile dans l’art du portrait, Artemisia y prête ses traits à Judith, et ceux de Tassi à Holopherne, comme pour conjurer l’injustice dont elle a été victime.

Suzanne Valadon

Le Centre Pompidou consacre une monographie à Suzanne Valadon (1865-1938), artiste emblématique et audacieuse, l’une des plus importantes de sa génération. À la marge des courants dominants de son époque – le cubisme et l’art abstrait sont en germe alors qu’elle défend avec ardeur la nécessité de peindre le réel – elle place le nu, féminin comme masculin, au centre de son œuvre, représentant les corps sans artifice ni voyeurisme. 

L’exposition met en lumière cette figure exceptionnelle et souligne son rôle précurseur, souvent sous-estimé, dans la naissance de la modernité artistique. Elle révèle la grande liberté de Suzanne Valadon qui n’adhère véritablement à aucun courant, si ce n’est peut-être le sien. Le parcours de près de deux cents œuvres s’appuie sur la richesse des collections nationales notamment celle du Centre Pompidou, la plus importante, mais aussi du musée d’Orsay et de l’Orangerie.

L’exposition « Suzanne Valadon » retrace cet itinéraire unique, depuis ses débuts de modèle favorite du tout-Montmartre, jusqu’à sa reconnaissance artistique, intervenue très tôt, par ses pairs et la critique. Véritable « passeuse » d’un siècle à l’autre, Suzanne Valadon embrasse la ferveur parisienne du tournant-de-siècle, ses cafés, bals musettes et cabarets et ses multiples révolutions artistiques, intellectuelles et sociétales. Elle met en évidence le caractère résolument moderne de l’œuvre de Valadon, première femme à peindre en grand format un nu masculin de face. Cette plongée inédite dans son œuvre dévoile aussi bien ses relations amicales et artistiques avec les peintres de la bohème que son influence incontestable sur la scène artistique parisienne grâce au soutien actif de ses amis artistes et galeristes.

Du 15 janvier au 26 mai 2025, de 11h à 21h, tous les lundis, mercredis, vendredis, samedis, dimanches et de 11h à 23h, tous les jeudis

Gabriele Munter

Le Musée d’Art Moderne de Paris présente la première rétrospective en France consacrée à l’artiste allemande Gabriele Münter (1877-1962). Co-fondatrice du cercle munichois du Cavalier Bleu (Blaue Reiter), Gabriele Münter compte parmi les femmes artistes les plus éminentes de l’expressionnisme allemand. Dans un monde artistique dominé par les hommes, elle a su créer une œuvre extrêmement personnelle et diverse qui s’étend sur six décennies.

Si son nom reste souvent associé à celui de Kandinsky qui fut son compagnon durant ses années munichoises (1903-1914), Gabriele Münter n’a jamais cessé de se renouveler, avec une étonnante modernité, maitrisant un grand nombre de techniques et laissant une œuvre foisonnante.

À la suite des rétrospectives très remarquées consacrées à Sonia Delaunay en 2014-2015, Paula Modersohn-Becker en 2016 et Anna-Eva Bergman en 2023, le MAM poursuit ainsi sa politique de présentation de figures féminines majeures de l’Art moderne dont les parcours artistiques sont étroitement liés à la capitale. Le musée invite à découvrir cette pionnière de l’Art moderne, qui débuta sa carrière à Paris, où elle exposa pour la première fois en 1907 au Salon des Indépendants.

À travers une sélection d’environ 170 œuvres de différentes techniques (peinture, gravure, photographie, broderie, etc), cette exposition inédite en France a pour ambition de proposer un parcours chronologique détaillé de l’œuvre de Gabriele Münter, représentant plus de 60 années de son œuvre et de son importance pour l'histoire de l'Art du XXème siècle.

11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris

Standard : Tél. +33 1 53 67 40 00

Ouvert du mardi au dimanche De 10h à 18h - Nocturne le jeudi jusqu'à 21h30

Un spectacle romanesque et haletant : Je m’appelle Adèle Bloom

Halifax, Canada, 1947. Adèle Bloom, une jeune femme rebelle, fait son entrée dans l’hôpital psychiatrique Providence à l’initiative de sa mère. Dès son arrivée, délestée de ses droits par l’hostile infirmière en chef Miss Wilbord, elle est envahie d’un trouble : en quoi consistent exactement ce traitement à la mode par l’électricité et les nouvelles opérations du cerveau testées par cet illustre docteur en plein tourbillon médiatique ? Qui est cette patiente célèbre, Rosemary Kennedy qui enfièvre l’atmosphère de l’institut par sa présence muette ? Avec l’aide de Poppie, une fantasque internée de longue date, elle va s’accrocher à l’écriture secrète de son livre pour tenir tête à ce monde qui l’éprouve.

L’histoire romanesque et haletante d’une résistante qui offre au spectateur une échappée heureuse vers la douceur en interrogeant sur le pouvoir de la création, la frénésie du monde médiatique et la question irrésolue de la folie. Une pièce aux allures de thriller mental où se croisent d’incroyables faisceaux de faits réels dans lesquels sont invités les fantômes d’Adèle Hugo, de Frances Farmer, de Rosemary Kennedy et de cette figure scandaleuse de la neurochirurgie américaine : Walter Freeman.

Pour bénéficier de la réduction de tarif à 17€ au lieu de 32€ = indiquer au téléphone ou au guichet de la billetterie du théâtre le mot de code « 50/50 »

Billetterie : Théâtre des Gémeaux Parisiens : 01 87 44 61 11

Sortie d’un nouveau documentaire France Télévisions qui pourrait vous intéresser, puisqu’il explore le parcours d’un collectif de skateboard uniquement composé de femmes et de minorités de genre, à Montpellier.

No Comply, réalisé par Rebecca Gallon, pointe du doigt les inégalités d’occupation de l’espace public, même dans une discipline comme le skateboard, pourtant assimilée à l’épanouissement et la diversité. Chacun à leur manière, les différents membres du collectif tentent de combattre le sexisme ordinaire et se forger une place dans ce milieu presqu’exclusivement masculin.

La réalisatrice et plusieurs membres du collectif sont d’ailleurs disponibles pour toute demande d’interview.

Le film sera disponible sur la plateforme France.TV à partir du 15 mai (et jusqu’au 21 juin). Je peux vous partager un lien de visionnage si vous souhaitez le découvrir !

Thomas Gallon - Assistant relations presse

AGENCE VALEUR ABSOLUE - +33 6 31 32 07 42

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