Globe-trotteuses, le tour du monde de Nellie Bly et Elizabeth Bisland Julian Voloj (Scénario) Julie Rocheleau (Dessin, Couleurs) - Editions Dargaud
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« Vous avez de la chance d'être un
gentleman. Je ne frappe jamais les hommes »
Albums BD » Globe-trotteuses, Le
tour du monde de Nellie Bly et Elizabeth Bisland Globe-trotteuses, deux femmes
et un record à battre. C'est toute une épopée qui nous est ici racontée par
Julian Voloj et illustrée par Julie Rocheleau publié chez Dargaud ; Un objectif : faire le tour du monde le plus
rapidement possible à la fin du XIXe siècle
Ce roman graphique est inspiré de l'épopée
de deux femmes au XIXème siècle, Nellie Bly, journaliste et Elizabeth Bisland,
journaliste et critique deux femmes fortes qui ont bravé les interdits de leur
époque pour démontrer que les femmes pouvaient battre tous les records.
Nous sommes en 1889, la journaliste Nellie
Bly, le pseudonyme de l’américaine, Elisabeth, Jeanne Cochran, première femme grand,
reporter, s'apprête à relever un nouveau défi dans sa carrière après avoir
infiltré un asile de femmes aliénées où elle s’est faite enfermée
volontairement pendant 10 jours pour enquêter sur les mauvais traitements
infligés aux patientes et en décrire l’horreur et qui va permettre une refonte
du système psychiatrique. Lorsque son éditeur lui demande quelles sont ses
nouvelles idées de reportage, elle répond qu’elle souhaite battre le record
fictif de Philéas Fogg, et réaliser un tour du monde en moins de 80 jours.
Le New York World, accepte ce fantastique
challenge. Par contre on veut la faire accompagner par un homme, sous prétexte
qu’elle ne parle pas anglais, elle refuse et son patron finit par accepter.
Nelly Bly part avec de peu de bagages. Elle n’emporte qu’un bagage à main, pour
ainsi ne pas de temps à attendre à l’arrivée d’un bateau ou d’un train. Elle
part le 14 novembre 1889. Pour un voyage estimé à 75 jours et alors que Nelly
Bly vient de partir le matin même, un Journal concurrent, The Cosmopolitan,
décide d’engager une femme journaliste pour la devancer. Il s’agit d’Elisabeth
Bisland qui dirige le service littérature du Journal, pas vraiment concernée au
départ par ce défi, elle finit par se prendre au jeu. La compétition entre les
deux femmes est lancée, Nelly Bly ne l’apprendra que bien plus tard. C'est dès
lors pour ces deux femmes le début d'une course contre la montre, le sexisme,
et les préjugés... Une ode à l'audace et à la détermination !
Tous les moyens légaux sont bons. Nelly
qui a le mal de mer part vers l’Europe, même si elle n’a pas de passeport,
Elisabeth vers l’Ouest pour profiter de courants favorables. Cela ne va
pas être simple, ni pour l’une, ni pour l’autre. Cette aventure humaine éprouve
la résistance des deux femmes, qui démontrent qu'elles peuvent comme les
hommes relever de tels défis, à une époque où l'on considère que ce n'est pas
le rôle d'une femme.
Pas d’avion, mais des trains ou des
bateaux qui ont des problèmes d’horaire ou mécaniques en cette fin de XIXe
siècle, voyager n’est pas obligatoirement une partie de plaisir. Pour ces deux
voyageuses, cela va être quand même une expérience au-dessus de tout, elles
font de belles rencontres humaines, comme celle de Nelly avec Jules Verne, elles
traversent beaucoup de pays, envoient leurs articles par télégraphe, nos globes
trotteuses ont bien du mérite, de l'audace, et du courage.
Les jeunes femmes sont très différentes
l'une de l'autre, Nellie est plus exubérante, Elizabeth, plus mondaine et
posée. De nombreux contretemps, retardent les malheureuses qui doivent faire des
changements d'itinéraire à la dernière minute.... Les mésaventures se multiplient.
Mais elles vivent toutes les deux des expériences hors du commun pour l'époque.
Cette histoire de course contre la montre
est surtout celle de deux femmes qui se lancent dans une aventure que beaucoup
de personnes pensaient réservée aux seuls hommes et qui nous tient en haleine
du début à la fin. On se laisse vite prendre au jeu en espérant que les deux femmes
arrivent en même temps.
Deux femmes qui voyagent seules, voilà qui
bouscule les conventions de l’époque. Aux douanes, on ne conçoit pas que Nellie
voyage sans malles. Et les hommes font les yeux doux à ces « faibles » femmes
qu’ils sont prêts à escorter, et plus si affinités. Le livre est le récit d'une
émancipation féminine qui a passionné le public de l’époque. Les auteurs n’ont de cesse de dénoncer le patriarcat
et les idées reçues sur le «sexe faible» comme par exemple le fait qu’une femme
ne peut réaliser seule un tel périple et qu’il lui faut obligatoirement un
protecteur. « Il y a tant de
choses qu'on ne devrait pas faire... Mais cela ne veut pas dire que l'on ne
peut pas les faire. »
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