26 NOV 2024 "LA VIE EN ROUGE" Podcast de survivantes de la prostitution Remue Méninges féministe Radio libertaire 89.4






                                                  



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Émission du 26 novembre 2024

Nous recevons des femmes du podcast « la Vie en rouge » conçu et réalisé́ par des femmes ayant connu la prostitution. Leur objectif : faire entendre la réalité́ d’un système que d’aucuns, sous couvert d’être « les concerné·es », tentent de faire passer pour ce qu’il n’est pas : un « travail du sexe », totalement romantisé. Sandrine Goldschmidt du mouvement du Nid sera présente avec les survivantes de la prostitution.

https://mouvementdunid.org/prostitution-societe/temoignages/la-vie-en-rouge/
https://smartlink.ausha.co/la-vie-en-rouge/bonus-extraits-la-vie-en-rouge

Informations militantes (détails des infos ci-dessous).

Musiques : "Frangines" Anne SYLVESTRE (indicatif début), «Générique Ascenseur pour l’échafaud » Miles DAVIS, « Chacun de nous est concerné » Dominique GRANGE, « Et si j’osais chanter la beauté des choses» Serge UTGE ROYO, « T’as pas le temps » Catherine LARA,  « Brest » Claude MICHEL, « Laytana » Trio JOUBRAN, « Les corps des femmes » MATHILDE, « Dans nos chants » ANNE et EDWIGE (indicatif de fin).

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Détails des informations militantes

Violences, une affaire d’hommes ?

Des chiffres et des faits

50 000 féminicides par an sur la planète, 736 millions de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles par leur conjoint ou un autre homme, le plus souvent un proche : coups, blessures, maltraitances, tentatives de viol, viols, meurtres… 58% des meurtres de femmes ont été commis par leur partenaire ou un membre de leur famille. En 2020, année où la pandémie du Covid 19 a favorisé une explosion des violences domestiques, 137 000 femmes ont été tuées (1). L’équivalent de villes comme Limoges, Amiens ou Clermont-Ferrand, qu’on aurait rayées de la carte en décimant la totalité de la population.

La prévalence des violences masculines contre les femmes est avérée partout dans le monde, sous toutes les latitudes, dans toutes les régions, toutes les classes sociales, toutes les cultures, quel que soit le contexte géopolitique dans lequel elle s’opère. Il s’agit d’un problème global et systémique qui ne peut être résolu sans une remise en question radicale du modèle patriarcal de nos sociétés, et sans une action collective qui implique les Etats, les institutions, les organisations de la société civile et les individus. Vaste programme. Pourtant, la prolifération des guerres et des conflits aux quatre coins du globe, la généralisation des violences sexospécifiques subies par les femmes et les filles, en zone de conflits comme en temps de paix, appellent à prendre conscience de l’urgence. Car ce phénomène de discriminations d’un sexe par l’autre, de domination par la force et de subordination systémique d’une moitié de l’humanité, met en danger la société humaine tout entière.

Des violences physiques

« Le féminicide est, selon moi, l’exécution d’une femme parce qu’elle est une femme » explique l’historienne Christelle Taraud qui a dirigé Féminicides. Une histoire mondiale, l’ouvrage magistral pour lequel elle a réuni une équipe multidisciplinaire de plus de 130 expert.es et chercheur.es. Elle poursuit : « Le féminicide n’est jamais un acte spontané, il y a une très longue histoire de violence avant l’acmé de cette violence, qui est la destruction physique de la personne ».

A ce jour, le féminicide, crime systémique et sexiste n’est pas encore reconnu comme tel dans le Code pénal français.

L’éventail est large des violences physiques et sexuelles qui mènent au meurtre dans le continuum féminicidaire, cette « machine de guerre dirigée contre les femmes ». De la gifle au sur-meurtre (déchaînement de violences ante ou post mortem du meurtrier à l’égard de sa victime), on trouve de multiples déclinaisons. Observons en quelques unes.

Les mutilations génitales féminines sont présentées comme « culturelles » ou « cultuelles », alors qu’aucune religion n’a jamais prescrit aucune mutilation sexuelle de cette sorte. Le mariage forcé et les grossesses précoces favorisent les violences masculines dans un rapport de domination mentale et physique, a fortiori le mariage de petites filles à des hommes adultes. La traite humaine en vue d’esclavage ou de prostitution concerne en grande majorité des femmes, lesquelles représentent 72% des victimes : elles sont les premières proies des trafiquants qui surveillent les routes de l’exil et de la migration où les femmes se jettent pour fuir la guerre, la pauvreté ou la désertification et le réchauffement climatique. Le viol de guerre est soit le fait d’individus s’appropriant le corps des femmes comme leur butin, soit le fait de chefs militaires ou de bandes armées qui décident de l’utiliser comme arme de guerre, pour humilier le peuple ennemi, engrosser les femmes, afin de le coloniser démographiquement, ou au contraire détruire leur appareil génital pour empêcher qu’il se reproduise et se perpétue. Le corps des femmes devient là encore le champ de bataille de guerriers, le champ des violences masculines.

L‘impact de ces violences physiques est énorme. Les victimes sont davantage susceptibles de souffrir de problèmes de santé chroniques, de douleurs: troubles gastro-intestinaux, troubles du sommeil, troubles de stress post-traumatique, problèmes de santé sexuelle et reproductive, grossesses non désirées, avortements clandestins, complications pendant la grossesse, etc.

Il existe tout un arsenal d’autres violences : psychologiques, économiques, institutionnelles.

Il n’y a pas que les violences physiques. Au-delà des coups, des viols ou des meurtres, il existe tout un arsenal de violences moins visibles mais qui font des dégâts considérables à long terme sur la vie des femmes et des filles.

Ce sont les violences psychologiques. Intimidations, manipulations, surveillance, menaces, humiliations, emprise, ou contrôle coercitif, minent durablement la santé émotionnelle et mentale et conduisent à la perte de confiance en soi, à la dépression, à l’isolement social, voire parfois au suicide.

Ce sont les violences économiques. Selon la Banque mondiale 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas des mêmes droits économiques que les hommes. Outre les inégalités salariales constantes à des degrés divers dans l’ensemble des pays, les femmes victimes de violences sont souvent contrôlées par leur conjoint dans leur gestion de l’argent, quand elles ne sont pas carrément privées de leurs ressources. Par ailleurs, on sait que les femmes les plus pauvres ont deux à trois fois plus de risques de subir des violences physiques de leur conjoint.

Ce sont enfin les violences institutionnelles, les institutions n’étant pas décorrélées du système patriarcal qui les érige, et qu’elles nourrissent à leur tour. Deux milliards de femmes et de filles dans le monde n’ont ainsi accès à aucune forme de protection sociale, indique ONU Femmes. Elles font globalement face à une absence de protection et de justice dans les systèmes juridiques, médicaux et éducatifs. Elles représentent les deux tiers des personnes analphabètes et les filles ont un accès beaucoup moindre à la scolarité que les garçons. Elles forment la moitié de la main d’œuvre agricole tout en produisent 60 à 80% de l’alimentation dans les pays en développement, mais sont moins de 15% des propriétaires des terres agricoles, car elles ne bénéficient pas du même accès que les hommes aux ressources productives et aux prêts bancaires. Quant à l’accès aux autorités de police et de justice, les violences conjugales restent très souvent minimisées si elles ne sont pas totalement ignorées, car considérées du domaine privé, dans de nombreux Etats.

Mieux vivre ensemble

Y a -t-il une place pour le droit face à cet océan d’injustices et de malheurs, qui repose sur la force du dominant socio-économique, sur les inégalités entre les sexes, sur des normes patriarcales, une culture du viol, une banalisation de la violence intériorisées par l’humanité dans son ensemble ?

Oui, envers et contre tout, si on regarde l’histoire.

Les législations ont globalement progressé dans la plupart des pays et les instruments de justice au plan national et international s’y sont adaptés.

Pour tous les Etats, le droit de vote des femmes est acquis, depuis les Néo Zélandaises en 1893 jusqu’aux Saoudiennes en 2015, sauf au Vatican qui commence toutefois à s’interroger. Une majorité des Etats a mis en place des mesures de protection et de pénalisation des violences contre les femmes, à l’instar de l’Espagne, pionnière en la matière avec sa loi-cadre de protection intégrale contre les violences conjugales votée en 2004 et complétée en 2017, ou le Mexique, pays gangréné par la violence maffieuse et les féminicides, qui a adhéré à de nombreux traités internationaux, a adopté des lois et a mis en œuvre des politiques publiques contre les violences faites aux femmes. Toujours au niveau international, ONU femmes, entité dédiée spécifiquement, créée en 2010, pour mettre l’égalité femmes/hommes parmi les priorités des Etats, a poussé à l’adoption de nombreuses décisions et réalisé régulièrement des campagnes de sensibilisation contre ces violences. Plus près de nous, l’Union Européenne (UE) a elle-même ratifié en juin 2023 la Convention d’Istanbul, précisément « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique », le traité international le plus abouti en la matière, et a ainsi rejoint les 37 Etats l’ayant déjà adoptée, c’est-à-dire qui ont accepté de rendre des comptes pour sa mise en œuvre sur leur territoire. C’est une étape considérable, même si comme toujours les lois existent mais leur application concrète est plus difficile.

Aux efforts des autorités nationales et multilatérales s’ajoute la mobilisation des mouvements féministes et activistes voire leur pression sur les politiques.

Leur force est cruciale et se propage toujours largement au-delà des frontières nationales qui l’ont vu naître : du mouvement des Suffragettes dans les premières années du 20ème siècle pour le droit à la citoyenneté et au vote des Européennes, au mouvement #metoo parti des Etats-Unis puis autour du globe via le cinéma contre les violences sexistes et sexuelles, en passant par le collectif argentin « Ni una menos » ( pas une de moins) en 2015 et 2016 contre les féminicides qui s’est propagé dans toute l’Amérique latine en Uruguay, au Pérou, au Chili, et au-delà en Espagne. Les mouvements féministes et citoyens ont su réveiller les consciences et contribuer à la mise en place de politiques publiques ambitieuses pour contrer ces violences masculines.

La force de cette société civile citoyenne, féministe, peut devenir une dynamique puissante, irrépressible. Si elle est capable de rallier autant d’hommes que de femmes aux valeurs humanistes d’égalité et de justice qu’elle porte, alors elle sera capable d’éradiquer le fléau des violences liées à une certaine idée de la masculinité. Et de changer le monde. Chiche ?

Jocelyne Adriant-Metboul 50-50 Magazine

1 Sources : Organisation des Nations Unies (ONU, ONU Femmes), Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Banque mondiale, OCDE, ONG humanitaires, « Le féminicide, une histoire mondiale » de Christelle Taraud.

 

Violences masculines en question : Mais qu’est-ce qu’on leur a fait ?

Les violences masculines interrogent : ne se serait-on pas trompées dans notre lutte pour les dénoncer et les éradiquer? Vouloir protéger les femmes aura-t-il suffi? Le fait que ces violences continuent montre bien que non. Mais la vraie question est celle de leurs racines : pourquoi diable les hommes sur la planète en veulent-ils tant aux femmes?

La petite fille est sûre d’elle. A 6 ans, elle aimerait faire de la boxe, comme sa grande cousine. Elle joue au foot avec son frère, et n’aime pas les barrettes qui lui tirent les cheveux. Elle n’a pas encore rencontré les violences masculines. A l’école, il y a bien quelques garçons qui l’ennuient, mais heureusement pour elle, son père, son frère et les hommes de sa famille sont respectueux. Elle est heureuse et n’imagine même pas un avenir différent de ce qu’elle vit.

Alors pourquoi tant de nos filles, tant de femmes sur cette planète sont-elles destinées à renoncer à cette confiance enfantine? Pourquoi parce qu’elles sont nées avec un sexe féminin doivent -elles, si tôt, apprendre à souffrir comme l’expliquaient les jeunes mères africaines rencontrées par la grande anthropologue Françoise Héritier? Pourquoi les violences envers les femmes, de l’inceste au meurtre en passant par les viols, les crimes d’honneur ou l’excision, sont-elles un phénomène mondial, ces violences que l’on ne peut qualifier que de systémiques? Si elles n’en sont pas responsables, qu’elles en sont donc la cause?

Depuis que le sujet de ces violences est abordé, depuis les années soixante-dix et la création, en France et en Angleterre, des premiers foyers d’accueil pour “femmes battues”, depuis le procès d’Aix et la criminalisation du viol, depuis les enquêtes ENVEFF (2001) et VIRAGE (2019) ont enfin fourni des chiffres fiables, depuis MeToo enfin, l’attention a été portée, et on ne peut que l’approuver, vers la protection des femmes victimes de violences. Protection, évolution de la loi, et sensibilisation ont été essentielles pour faire évoluer, ne serait-ce qu’un peu, le regard de la société. Lorsque par exemple en 2006 Amnesty International publie son rapport “Les violences faites aux femmes en France, Une affaire d’Etat”, il s’est quand même trouvé des personnes pour s’indigner d’être obligées de s’occuper de ce qui, selon elles, relevait de la vie privée… Oui, on peut aujourd’hui se rassurer, à l’échelle de ces décennies, les féminicides et les viols choquent plus qu’avant, du moins dans nos sociétés occidentales. Mais comment s’en satisfaire? Comment accepter sans sourciller toutes les nouvelles entendues à la radio, les chiffres des femmes assassinées égrenés chaque année par les media – 134 en 2023 pour notre seul pays… -, comment ne pas frémir à l’écoute des ONG qui dénoncent les violences sexuelles subies par les enfants – 160.000 enfants victimes d’inceste par an en France – et comment ne pas céder à la lancinante question de la racine de ces violences?

On sait que le viol n’est pas de nature purement sexuelle, qu’il s’agit de pouvoir, d’emprise, de haine même. Haine du sexe féminin et volonté de détruire que l’on retrouve aussi bien dans l’intimité du foyer que sur les champs de guerre. Mais que fait-on de ce savoir, développé et martelé depuis tant d’années par les mouvements féministes, les sociologues et les Nations Unies? Dénoncer et protéger suffit-il vraiment pour que cela change?….

Une autre question se pose alors : ne s’est-on pas trompées? Dans l’urgence du besoin de protection, aussi insuffisantes qu’en soient les réponses, n’aurait-on pas oublié de réfléchir à la cause, à cette évidence qui fait que tant d’hommes ont recours de façon naturelle à une domination qui engendre les violences? Bien sûr, les féministes n’ont pas attendu 2024 et le procès de Mazan pour provoquer la réflexion, tandis que celle-ci, provoquée par l’effarement et l’incompréhension face à cette incroyable histoire, fait aujourd’hui le tour des media de la planète. L’américaine Andrea Dworkin par exemple, écrivait déjà en 1974 dans son livre Woman hating, De la misogynie, en se fondant sur l’analyse du sort réservé aux sorcières, la pornographie ou le bandage des pieds des femmes chinoises : “Nous voyons la dimension du crime, les dimensions de l’oppression, l’angoisse et la détresse qui sont une conséquence directe de la définition des rôles en pôles opposés, des femmes définies comme charnelles, mauvaises et Autres.” Aujourd’hui, c’est la philosophe Olivia Gazalé qui, dans son livre Le mythe de la virilité s’interroge sur ce qui fonde celle-ci : « L’histoire de la virilité est marquée par l’angoisse terrible, irrationnelle, de l’impuissance”, et elle ajoute un peu plus loin : “Autrement dit, ce qui fait l’homme, c’est de prouver, dresser, entrer, mouiller et fanfaronner. La virilité c’est la preuve, l’érection, l’intromission, l’émission et la vantardise”.

C’est clairement dit et exprime le dilemme : être un homme n’est pas si facile si on ne se conforme pas à cet ordre. Entre cette obligation et le sort fait aux femmes et filles sur la planète, le lien est évident. Si les hommes ont peur de l’impuissance, s’il leur faut montrer leur force sexuelle pour s’affirmer, comment le faire sans avoir méthodiquement construit leur domination sur les représentantes du sexe féminin! Pour beaucoup de scientifiques, le patriarcat ne serait apparu qu’à la fin du néolithique, avec la naissance de l’agriculture et de la propriété. Qu’en était-il auparavant? Si la réponse ne sera peut-être jamais connue, on peut néanmoins noter la présence de ces violences depuis des millénaires, que ce soit dans les lois, les pratiques traditionnelles, les récits, les œuvres d’art même, qui n’hésitent pas à décrire des scènes de violences tel l’enlèvement des Sabines…

Montrer qu’on est un homme, un vrai, passerait donc par la preuve d’une virilité sans faille? Mais il ne faut pas oublier ce que la psychanalyse nous a appris sur la peur du sexe féminin lui-même, celle de ce vagin où l’on se perd si facilement, la peur d’y voir disparaître cet organe viril si vanté dans toutes les cultures. Ne pas oublier non plus, comme le soulignait autrefois Elisabeth Badinter dans XY, De l’identité masculine, la difficulté de devenir un homme pour le petit garçon élevé par sa mère, figure de femme dont il lui faut se séparer à tout prix… à cela il faudrait peut-être ajouter la colère masculine face au désir que les hommes ressentent pour les femmes, désir que beaucoup n’hésitent pas à nommer manipulation, dangereuse séduction. On le voit, si les violences ont de multiples sources, la plupart du temps inconscientes, elles n’ont pris cette ampleur qu’au sein d’un système qui les justifie, les valorise, même, et ne se maintient que grâce à elles.

Alors que faire, comment transformer cette vision de la virilité qui aveugle ceux qui en usent pour dominer, et comment faire pour que les violences sexistes et sexuelles ne soient plus une évidence pour tant d’hommes?

Tout commence par l’éducation, proclament les organisations, les associations, les représentants à l’ONU des gouvernements, mais faut-il encore que lorsqu’une ministre de l’Education nationale Najat Vallaud Belkacem essaie de faire passer en France “les ABCD de l’égalité”, programme d’enseignement contre le sexisme destiné à initier les élèves du primaire à l’égalité et au respect, des boucliers ne se lèvent pas pour faire supprimer ce projet? Le phénomène de backslash bien connu de l’Histoire, ou l’éveil des masculinistes ne laissent pas augurer du succès des prochaines réformes en ce sens. Les changements politiques non plus, et cela tout autour de la planète où bien des dirigeants ne semblent pas choqués par l’arrivée au pouvoir aux USA ,d’un homme qui conseille “d’attraper les femmes par l’entre-jambes”…

Pourtant, que ce soit les nombreuses publications qui depuis les années 2000 ont vu le jour qui s’interrogent sur ce que doit être un homme aujourd’hui et sur l’histoire de la virilité – dont l’énorme somme initiée par Paul Virilio Histoire de la virilité, ou l’ouvrage de John Stoltenberg Refuser d’être un homme, pour en finir avec la virilité– les podcasts et émissions créées par des hommes qui cherchent à “se déconstruire”, ou quelques tribunes ou associations d’hommes qui luttent par exemple contre la prostitution qu’ils voient comme un violence faites aux femmes, on ne peut nier, si l’on veut être optimistes, qu’on puisse se prendre à espérer qu’un autre monde soit possible. Un monde où la sexualité masculine ne soit définitivement plus liée aux violences mais au partage. Où lorsqu’un homme dérape, verbalement ou physiquement, son entourage masculin lui fasse honte. Où les hommes violents accepteraient de ne pas se soumettre à leur colère intérieure. Où chacun et chacune seraient profondément scandalisé·es par la domination et les inégalités.

Où les filles et les femmes n’auraient plus peur.

C’est peut-être cela le féminisme : une utopie inachevée à laquelle il faut encore croire…

Moira Sauvage 50-50 Magazine

https://www.50-50magazine.fr/2024/11/21/mais-quest-ce-quon-leur-a-fait/

Le plaintomètre, nouvel outil pour mesurer le dépôt de plainte

80% des plaintes pour violences faites aux femmes sont classées sans suite. Parmi les victimes de féminicides, 17% d’entre elles avaient porté plainte. L’accueil et la prise de la plainte par les forces de l’ordre sont des étapes déterminantes et le point de départ dans la reconnaissance des faits de violences. Si la plainte est “mal prise” et/ou incomprise, il y a de fortes chances qu’elle soit classée sans suite. Le plaintomètre est un outil d’auto-évaluation pour mesurer si le dépôt de plainte se fait de la bonne manière, dans le respect de la loi.

Le plaintomètre, un outil pédagogique complémentaire

Nombreuses sont les victimes qui n’osent pas franchir le cap du dépôt de plainte. Peur de ne pas être crue, de ne pas être entendue, que la situation se retourne contre elle, stigmatisation, honte, … les raisons sont multiples. Même si aujourd’hui la prise de plainte peut s’effectuer “hors les murs”, dans un hôpital par exemple, ce n’est pas toujours le cas. Le commissariat ou la gendarmerie restent souvent un passage nécessaire.

Or, l’accueil pour le dépôt d’une plainte est très inégal sur le territoire français : “Dans certains lieux, la prise de plainte se passe bien. Pourquoi cela n’est-il pas le cas partout ? Le plaintomètre permet de se préparer différemment et d’être mieux accompagné.e grâce notamment à des rappels de la loi trop souvent méconnue. C’est un outil d’informations dont l’objectif est de le diffuser partout !” explique Sabine Salmon, présidente nationale de Femmes solidaires.

Le plaintomètre est un dispositif pour faire bouger les choses localement afin de sensibiliser le plus grand nombre. C’est un outil d’auto-évaluation pour franchir le pas, mesurer les conditions d’accueil et d’écoute, connaître ses droits ou encore les phases de l’enquête. Le recto est présenté sous forme de graduation pour évaluer le traitement d’une plainte et permet à la victime, selon la couleur, d’indiquer le respect des conditions du dépôt de plainte et de l’enquête. Le verso comporte des rappels de textes et principes applicables aux droits des victimes et des enfants durant l’enquête. Ce dispositif est à destination des femmes et des hommes qui ont déjà déposé plainte ou qui souhaitent le faire.

C’est aussi un outil de sensibilisation et d’information qui pourra aider les professionnel.les ou les associations à mieux assister la victime dès le dépôt de plainte et pendant le déroulé de l’enquête. Aujourd’hui, le rôle des accompagnant.es est très important de la procédure du dépôt de plainte à la poursuite de l’enquête. Très peu de personnes souhaitant déposer plainte savent qu’elles peuvent être accompagnées tout du long.

“Il ne s’agit pas d’accabler les forces de police ou gendarmerie mais de rendre la plainte plus efficiente à travers cet outil pour avancer dans l’écoute et la recherche des éléments de l’enquête. La première déclaration, donc la plainte, doit être particulièrement soignée et être un moment d’écoute intense et de compréhension pour orienter les suites de l’enquête. La principale utilité du plaintomètre est de passer le pas et de savoir comment ça se passe et comment ça devrait se passer. L’idée est de déposer plainte pour donner suite.” explique Anne Jonquet, avocate honoraire.

Le plaintomètre a été réalisé par Femmes solidaires avec des expert.es du terrain : avocates, sociologues, militantes et bénévoles formées qui animent la permanence d’accueil au sein de l’association. Il est disponible chez Femmes solidaires et ses associations locales dans toute la France à partir du 21 février.

D’une étude du terrain à un outil nécessaire

En novembre 2021, Femmes solidaires a publié un rapport “Accueil des femmes victimes de violences sexistes, sexuelles et conjugales par la police ou la gendarmerie : l’expérience des Femmes solidaires”. Ce rapport a été établi à partir de retours de terrains des associations locales Femmes solidaires. Il est le reflet d’expériences concrètes et de la réalité concernant l’accueil des femmes victimes de violences dans les commissariats et les gendarmeries.

“Ce rapport met en lumière ce qui fonctionne, pointe les manques, les difficultés et fait un rappel du cadre juridique. Le plaintomètre répond à un besoin concret remonté par nos bénévoles sur le terrain. Nous espérons qu’il aidera des nombreuses victimes dans leur démarche du dépôt de plainte”, conclut Sabine Salmon.

https://femmes-solidaires.org/le-plaintometre-de-femmes-solidaires/

Tribune sur l'introduction du consentement dans la définition du viol parue ce week end dans Libération

Introduire le consentement dans la définition pénale du viol n’est pas une solution miracle

La demande de justice croissante des victimes de viol se heurte à nos institutions judiciaires. Et pour cause : on compte 94% de classements sans suite1 et seuls 1% des violeurs sont condamnés. L'impunité des violeurs est quasiment totale.

Face à l’urgence de la situation, une “solution miracle” est proposée : introduire le “consentement” dans la définition juridique du viol. En effet, , la loi actuelle qui définit le viol comme “tout acte de pénétration sexuelle (...) commis par violence, contrainte, menace ou surprise” ne suffirait pas à couvrir l’ensemble des situations vécues par les victimes de violences sexuelles.

Cette affirmation ne correspond pas à la réalité de la jurisprudence française et détourne le regard et l’action politique de solutions plus efficaces. Elle comporte par ailleurs de nombreux dangers.

De nombreux arrêts de la Chambre criminelle de la Cour de cassation le démontrent : un homme menace d'abandonner une femme en pleine campagne par un froid extrême2? La victime est inconsciente, endormie, en état d’alcoolémie3 ? Dans ces deux cas, la Cour de cassation estime que la loi actuelle permet de caractériser le viol. Le 11 septembre dernier, elle a également reconnu la sidération : « le prévenu [est] coupable d'agression sexuelle en retenant qu'il a procédé à des attouchements alors que la victime était endormie, puis a poursuivi ses agissements tandis que cette dernière se trouvait dans un état de prostration, ce qui établit qu'il a agi en connaissance d'un défaut de consentement »4.

Toutes ces situations auraient pu conduire à un classement sans suite « faute de preuves » ou parce que la victime « n'a rien dit, n’a pas résisté ». Pourtant, la juridiction qui a pour rôle d'unifier l'interprétation de la loi y a reconnu, à chaque fois, un viol.

Le problème est donc ailleurs. Si les services de police et gendarmerie menaient minutieusement les investigations comme elles devraient le faire , si elles les menaient tout court ; si les magistrat-es appliquaient effectivement la loi en s’appuyant sur la jurisprudence, le traitement des affaires de viol s'en ressentirait immédiatement. Cependant, nous faisons face à une justice sinistrée, où personne n'a le temps de rien et où règne la culture du viol.

Par ailleurs, dans les pays ayant intégré le consentement dans la définition légale du viol, les résultats ne sont guère probants.

En 1992 le Canada faisait office de pays précurseur. Résultats : de 2015 à 2019, seules 6% des agressions sexuelles et viols (115 859) ont été signalés à la police et 10 225 condamnations prononcées. En calquant la méthodologie française propre aux enquêtes de victimation, on aboutit à un total de 0,53% de condamnations.5

En Angleterre et au Pays de Galles, le consentement existe dans la loi depuis 2003. Pourtant, le gouvernement britannique a présenté en juin 2021 ses excuses pour le plus bas niveau de condamnations jamais prononcées depuis que les décisions sont recensées : 1439 contre 3364 l'année précédente, alors même que les plaintes pour viol sur adulte ont presque doublé depuis 2015-2016.

Seule la Suède, qui a introduit la notion de consentement dans sa loi sur le viol en 2018 et celle de « viol involontaire », a vu le niveau des condamnations progresser de 75% entre 2017 et 2019. Toutefois, il est essentiel de considérer le contexte : avant la loi, seules les situations de violence, ou de force ou de menaces avec danger imminent permettaient la caractérisation du viol. La rédaction actuelle de la loi française avec la “contrainte” ou la “surprise” permet déjà l’inclusion d’un panel de situations beaucoup plus complet.

L’introduction de la notion de consentement dans la définition du viol serait donc inutile. Mais elle est aussi dangereuse.

D'abord, une telle définition focalisera encore plus l'attention sur le comportement de la victime lors des procédures judiciaires. Celle-ci est déjà une véritable obsession pour tous les personnels de police, de gendarmerie et de justice : qu'est ce qu'elle faisait là ? Comment était-elle habillée ? Gisèle Pélicot l'a bien exprimé : parfois, elle a l'impression que c'est elle qu'on juge. Pourtant, pour rassembler les preuves qui permettent d’établir les critères actuels de la définition du viol, les enquêtes doivent passer au crible la stratégie de l’agresseur. C'est d'ailleurs ce que déclarait le Ministre de la justice anglais en 2021, qui affirmait vouloir s'éloigner de "l'accent obsessionnel mis sur la crédibilité de la victime", et plutôt se concentrer sur le passé du suspect, afin de "garantir que la prise de décision est fondée sur des preuves, plutôt que sur des jugements subjectifs concernant la crédibilité de la victime". Mais demain?

Ensuite, l’introduction du consentement dans la définition légale du viol viendrait aggraver une confusion qu’il nous faut déjà sans cesse combattre : le viol n'est pas de la sexualité sans consentement. On passe ici à un autre registre : celui de la coercition, de la prise de pouvoir. Le violeur échafaude toute une stratégie pour arriver à ses fins : isoler la victime, lui faire du chantage, la menacer, la terroriser, jouer sur sa vulnérabilité ou sur la confiance qu'elle lui accorde, etc. Cette stratégie se poursuit dans le temps pour garantir son impunité.

Enfin, un changement de loi pour inclure le consentement dans la définition du viol risquerait de mettre en péril les procédures en cours et futures. Répéter à l’envi que la loi actuelle ne couvre pas tous les cas de viols donne aux agresseurs un argument leur permettant de contester son application durant des décennies. Ajouter le mot consentement à la définition du viol revient à ajouter un élément de plus à prouver pour que les juges puissent condamner les violeurs.

Dans tous les cas, les rédactions proposées sont piégeuses. Alors pourquoi prendre ce risque ?

Ce qui peut améliorer la situation, c'est une approche globale associée à des moyens financiers et structurels suffisants : la mise en œuvre d'un ensemble de mesures relevant de la prévention, la sensibilisation, la formation, l’accompagnement des victimes, la création de juridictions spécialisées pour modifier le fonctionnement de la justice, la prévention de la récidive, la sanction effective des agresseurs, etc. Ce qu'il nous faut c'est une loi-cadre intégrale.

Signatures :

Alyssa Ahrabare, Présidente de la Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes

Marie France Casalis, co-fondatrice du Collectif Féministe contre le viol

Aliénor Laurent, porte-parole d'Osez le Féminisme !

Anne Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes,

Emmanuelle Piet, présidente du Collectif Féministe contre le viol

Céline Piques, présidente de la Commission Violences du Haut Conseil à l’Égalité. 

Suzy Rojtman, porte parole du Collectif national pour les Droits des Femmes

Isabelle Thieuleux, avocate, membre du Collectif National pour les Droits des Femmes

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/introduire-le-consentement-dans-la-definition-penale-du-viol-nest-pas-une-solution-miracle-20241123_5MV4NFHXG5FQRCZ6GO3WT73SHE/

 

La prostitution n’est pas une question individuelle mais sociale

Christiane Marty • 21 novembre 2024

Pour Christiane Marty, membre de la Fondation Copernic et d’Attac, en matière de prostitution, une politique cohérente consisterait à la fois à agir contre les réseaux proxénètes et à protéger les personnes en situation de prostitution.

La question de la prostitution est souvent abordée sous l’angle du quotidien des personnes en situation de prostitution, soumises aux contrôles policiers et à une précarisation. C’est le cas dans le hors-série de Politis « Des corps et des femmes ».

S’il est évidemment indispensable de défendre les droits des personnes prostituées, il est indispensable aussi de dénoncer le système prostitutionnel qui organise la marchandisation du corps des femmes. Bien que la prostitution soit réputée aussi ancienne que l’humanité, ce sont les politiques néolibérales, avec la libre circulation des capitaux et la dégradation des conditions de vie de nombreuses personnes, qui ont permis son énorme déploiement au niveau mondial.

Ce système, très lié au trafic de drogue, génère d’immenses profits, en grande partie dans l’économie souterraine, en s’appuyant sur la traite des êtres humains et sur l’exploitation des personnes les plus pauvres et vulnérables, des personnes racisées, issues d’ethnies minoritaires ou des ex-colonies, des migrant·es et des enfants. Selon l’OIT, en 2021, la prostitution a généré les deux tiers des 217 milliards d’euros de profits illégaux liés au travail forcé… et elle concerne plus de 1,7 million d’enfants.

La Convention internationale de 1949 a affirmé que la prostitution est incompatible avec la dignité et la valeur de la personne humaine. C’est une violence, comme en témoignent les prostituées qui ont réussi à en sortir, les « survivantes ». Il faut écouter leur parole, et pas seulement celle de quelques femmes qui affirment que c’est leur libre choix. La première des libertés, le droit supérieur à défendre, c’est de pouvoir vivre sans devoir vendre son corps. Lutter contre la marchandisation généralisée promue par le capitalisme néolibéral commence par refuser que le corps humain, des femmes ou des hommes, devienne une marchandise.

Car pour quelques personnes qui revendiquent ce choix et/ou gagnent bien leur vie en étant escortes ou indépendantes, combien d’autres sont victimes des proxénètes, dépendantes de la drogue, migrantes piégées par les passeurs, ou poussées par des contraintes monétaires, comme notamment de plus en plus d’étudiant·es aujourd’hui pour financer leurs études ? Comment parler de choix ? Quelles seront les conséquences psychiques pour ces jeunes ?

La prostitution n’est pas une question individuelle mais sociale. L’acte de prostitution entre deux personnes adultes consentantes dans un cadre privé peut toujours exister. Mais parler de « travail du sexe », vouloir en faire un « métier » comme un autre supposerait d’organiser la prostitution comme une institution de la société, ce qui reviendrait à mettre potentiellement toutes les femmes (surtout elles) sur « un marché ». Va-t-on défendre que bientôt soit créée une formation avec cette orientation à proposer dans les établissements scolaires ? Qui envisage cet avenir pour son enfant? 

Une politique cohérente – l’abolitionnisme – consiste à la fois à agir contre les réseaux proxénètes et à protéger les personnes en situation de prostitution en leur garantissant les droits sociaux et la possibilité d’une formation et d’un emploi. Et en amont, à mettre en œuvre des politiques de prévention et à promouvoir l’éducation à une sexualité égalitaire et au respect d’autrui. Beaucoup reste à faire.

https://www.politis.fr/articles/2024/11/tribune-christiane-marty-la-prostitution-nest-pas-une-question-individuelle-mais-sociale/

 

Elections TPE

Du 25 novembre au 9 décembre 2024, les salarié·es des particuliers employeurs, des entreprises et des associations comptant moins de 11 salarié·es pourront voter par correspondance ou par voie électronique. Cela concerne près de cinq millions de salarié·es !

Tous les syndicats membres de Solidaires seront représentés sous le même sigle : celui de notre Union syndicale interprofessionnelle SOLIDAIRES.

Les votes recueillis détermineront le nombre de sièges attribués à Solidaires au sein des Commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI).

Les votes recueillis contribueront aussi et surtout à améliorer notre représentativité (dans les conventions collectives ; au niveau interprofessionnel et national) et à déterminer le nombre de sièges attribués à Solidaires au sein des conseils de prud’hommes.

Il s’agit d’un enjeu important pour notre Union. Nous pouvons toutes et tous participer car nous connaissons toutes et tous des salarié·es concerné·es : dans notre entourage, notre famille, nos ami·es mais aussi notre quotidien : boulangerie, coiffeur, épicerie, assistante maternelle, association, club de sport…

Pour participer à la campagne vous pouvez :

    En parler autour de vous ! Informer vos proches, vos connaissances salarié·es de TPE/TPA ou de particuliers employeurs de l’existence du scrutin ;

    Consulter notre argumentaire et notre matériel sur https://onadesdroits.solidaires.org/

    Distribuer le 4 pages, le flyer et le tract en format carte de crédit « On a des droits ! Faisons-les respecter ! » ainsi que les fiches « Connaître ses droits » qui sont disponibles dans les Unions départementales et locales. Les adresses des UD sont consultables ici : https://solidaires.org/se-syndiquer/les-solidaires-locaux/

Pour pouvoir voter, il faut :

    avoir été salarié·e au cours du mois de décembre 2023 (même quelques heures seulement) par une entreprise ou une association de moins de 11 salarié·es, ou d’un particulier employeur ;

    être âgé·e d’au moins 16 ans ;

    être inscrit·e sur la liste électorale du scrutin : https://election-tpe.travail.gouv.fr/page/recherche-liste-electorale

    se connecter au site dédié : https://election-tpe.travail.gouv.fr/ Les inscrit-es qui n’ont pas reçu leurs codes de connexion peuvent voter par voie électronique en c connectant via leur compte Franceconnect.

Important !

La forme du contrat de travail (CDI, CDD, intérimaire, CUI, contrat de professionnalisation, apprentissage, etc.) ou la nationalité française ne sont pas des conditions pour pouvoir voter.

Les salarié·es qui ont quitté l'entreprise au cours du mois de décembre 2023 ou après décembre 2023 (rupture du contrat de travail, fin de CDD ou de mission, départ en retraite, etc.) peuvent voter.

Dans la médiathèque de Remue Méninges féministe, on trouve :

Resisters, Roman Graphique Écoféministe. Jeanne Burgart Goutal. Tana éditions, 22,00 €

2030. Dans un univers légèrement dystopique et pourtant terriblement familier, marqué par la course au profit, l'épuisement des ressources et la restriction des libertés, sept personnages tâchent de vivre leur vie. Lila et Mehdi élèvent leur bébé, Naëll, sous le regard malicieux du chat Archimède ; Parvati est venue d'Inde pour ses études ; Sandy fait le ménage dans les locaux de l'entreprise où Pierre travaille comme cadre. Un jour, Pierre commence à recevoir d'énigmatiques messages, signés d'un mystérieux logo en forme d'abeille. Lila décide de mener l'enquête. Elle atterrit alors chez les ReSisters, une communauté en rupture avec le système " capitaliste patriarcal néocolonial " où s'invente un mode de vie inspiré des idéaux écoféministes. Refusant le sacro-saint " progrès " sans pour autant aspirer à un " retour en arrière ", les ReSisters explorent des idées, des rituels, des actions de désobéissance pour régénérer le monde à la lumière des enjeux contemporains. Tandis que Lila plonge dans cet espace parallèle, Pierre découvre la face cachée de notre système lors d'un voyage en Inde. Ces expériences vont bouleverser le quotidien de nos personnages. En toile de fond, une question : comment des personnes sans pouvoir ni argent peuvent-elles changer le monde et le rendre à nouveau désirable ? Entre quête initiatique et fiction philosophique, cette œuvre chorale mêle narration, apports théoriques et illustrations foisonnantes pour présenter la richesse du mouvement écoféministe.

Ils abusent grave - Du féminisme et des sciences humaines en BD - Album

Erell Hannah, Fred Cham

Pourquoi y a-t-il autant de portraits de Cléopâtre à poil ? Pourquoi les psychopathes des séries TV sont-ils si séduisants ? Comment expliquer le manque d'empathie de certains policiers ? Pourquoi entend-on soudain parler partout de "dépendance affective" ? Et, est-ce que les femmes se font passer pour plus bêtes qu'elles ne sont ? ... Autant de questions qui empêchent Erell Hannah de dormir la nuit ! Bien décidée à obtenir des réponses, l'autrice farfelue part alors mener l'enquête auprès de scientifiques, de sociologues, et de militantes, et nous partage ses réflexions, plus ou moins sérieuses ! Sous les pinceaux de Fred Cham, les mots d'Erell Hannah s'animent en BD à la fois drôles, tragiques et informatives pour décortiquer les sujets d'actualité avec un angle féministe.

En 5 chapitres thématiques, ils peignent un portrait saisissant du sexisme qui infuse toutes les facettes de notre société, de la justice à la pop culture, en passant par la science, l'histoire et les relations amoureuses. Erell Hannah est autrice du blog ilsabusentgrave. com. Diplômée de sociologie et de psychologie, passionnée de sciences humaines, elle aime comprendre comment les histoires individuelles s'inscrivent dans des histoires collectives.

Spectacles, expositions,...

La 14e édition du Prix Carmignac du photojournalisme est consacrée à la condition des femmes et des filles en Afghanistan depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021.

Le Prix a été attribué au projet du duo composé de la photojournaliste canado-iranienne Kiana Hayeri et de la chercheuse française Mélissa Cornet, qui ont réalisé leur reportage sur une période de six mois avec le soutien de la Fondation Carmignac

De janvier à juin 2024, Kiana et Mélissa ont parcouru sept provinces de l’Afghanistan pour enquêter sur les conditions de vie imposées aux femmes et aux filles par les talibans qui, selon les recherches d’Amnesty International, pourrait constituer un possible crime contre l’humanité de persécution fondée sur le genre. Elles ont rencontré plus de 100 Afghanes, interdites d’école et enfermées chez elles, des femmes journalistes et activistes luttant obstinément pour leurs droits, des mères horrifiées de voir l’histoire se répéter pour leurs filles, et des membres de la communauté LGBTQI+. 

Elles ont documenté la manière dont les talibans, dans le cadre d’une société profondément patriarcale, ont systématiquement éliminé les femmes de la vie publique en leur retirant leurs droits les plus élémentaires : aller à l’école, à l’université, travailler, s’habiller comme elles le souhaitent, fréquenter les bains et les parcs publics, et même les salons de beauté. À la fin du mois d’août 2024, le régime taliban a encore renforcé son contrôle en promulguant une nouvelle loi obligeant les femmes à se couvrir entièrement le visage d’un masque et leur interdisant de faire entendre leur voix en public, y compris de chanter, de réciter ou de lire à haute voix.

Le changement le plus frappant que Kiana et Mélissa ont observé depuis août 2021 est la perte générale d’espoir parmi les femmes que leur situation puisse s’améliorer : leurs rêves d’éducation et d’intégration dans la société se sont évanouis sous leurs yeux, elles sont devenues les premières victimes des crises économiques et alimentaires, et de l’effondrement du système de santé. Comme le dit une militante féministe qui, ne se voyant plus aucun avenir en Afghanistan, a quitté le pays : « Nous avons oublié toute joie, nous ne savons pas où en trouver. J’ai perdu toute ma motivation, je pleure toute seule en cachette. C’est comme si on m’avait enfermée dans une pièce dont je n’ai pas le droit de sortir. Je ne trouve même plus de goût à la nourriture. »

Pour documenter cette situation extrêmement sensible, Kiana et Mélissa ont eu recours à divers médias, photos, dessins, vidéos, mais aussi à des œuvres d’art créées en collaboration avec des adolescentes afghanes.

Expositions

Exposition à Paris du 25 Octobre au 18 Décembre 2024

Le reportage ‘No Woman’s Land’ de Kiana Hayeri et Mélissa Cornet fera l’objet d’une double exposition cet automne dans le cadre du festival PhotoSaintGermain à Paris. L’exposition intérieure au Réfectoire des Cordeliers, conçue par la scénographe Alice de Bortoli et son collectif Ortiche, mêlera photographies, archives, vidéos, textes et dessins. Une seconde exposition, en extérieur, se tiendra sur le Port de Solférino, face au Musée d’Orsay, en partenariat avec la Ville de Paris.

Jusqu’au 18 novembre

Réfectoire des Cordeliers, 5 rue de l’école de Médecine, ParisDu lundi au dimanche, 10h-19h Entrée libre

Jusqu’au 18 décembre

Port de Solférino 75007 ParisOuvert au public 

Fondation Carmignac

Expo Janine Niepce jusqu'au 5 janvier 2025


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