25 JUILLET 20 23 Muriel SALMONA Mémoire traumamatique et victimologie Remue Méninges Féministe RADIO LIBERTAIRE 89,4 FM

 

 

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Muriel Salmona, présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie, explique la campagne actuelle que son association mène pour dire « STOP À LA MISE EN DANGER DES VICTIMES DE VIOLENCES INTRA-FAMILIALES ET SEXUELLES. POUR UNE CULTURE DE LA PROTECTION ET DU SOIN, avec 15 mesures urgentes à mettre en place.

https://www.memoiretraumatique.org/campagnes-et-colloques/2023-campagne-stop-a-la-mise-en-danger-des-victimes.html

 

la médiathèque de Remue-Méninges féministe

 

Informations militantes

 

Musiques : "Frangines" Anne Sylvestre  : “C’est juste une femme » Anne Sylvestre, « Le corps des femmes » Mathilde,  « Chacun de vous est concerné » Dominique Grange,  « Arab Medley » Avishai Cohen et l’orchestre de la Philharmonie de Paris , “Stress et strass” Catherine Ribeiro, “Une énorme boule rouge” Serge Utgé-Royo, »“Dans nos chants » Edwige et Anne des entresorceleuses .

 

Au mois d'août, les animatrices de Remue-méninges féministe font une pause... Reprise le 5 septembre, avec l'association Hommes Femmes égalité dans la culture pour les journées du matrimoine 2023

Fermeture annuelle d'été de Publico

Du dimanche 30 Juillet au dimanche 20 Aout fermeture annuelle d’été soit fermeture le Samedi 29 Juillet à 19H30 et réouverture Mardi 22 Aout à 13H

Nouvelle saison d’animations par un « Publico en Fête , de rentrée » les Samedi et Dimanche 09 et 10 Septembre de 11H à 19H : Grande Braderie et animations musicales

voir le programme sur le site

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 INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES DETAILLEES

Protection et soin pour les victimes de violences intra-familiales et sexuelles avec 15 mesures urgentes à mettre en place : STOP à la mise en danger des victimes de violences intra-familiales et sexuelles. Pour une culture de la protection et du soin, pour une reconnaissance du psychotrauma et pour une lutte contre le déni et l’impunité de ces violences.

lien vers la pétition qui a déjà̀ 3200 signataires : https://www.mesopinions.com/petition /politique/stop-mise-danger-victimes-violences-intra/208995
lien vers le manifeste et ses 15 mesures : http://stopauxviolences.blogspot.com /2023/03/nouvelle-campagne-2023-stopaudeni-sur.html

 

IL EST TEMPS D'AGIR POUR EXIGER

      une culture de la Protection et du Soin

      une reconnaissance du psychotrauma

      et la fin du déni et de l'Impunité pour toutes ces violences

 

Les violences sexistes et sexuelles sont un problème de sécurité et de santé publique majeur, l’absence de protection, de soins et l’impunité représentent pour les victimes de graves mises en danger et pertes de chance pour leur santé, elles sont une atteinte intolérable à leurs droits.

 

Pour une culture de la protection et du soin

 

    15 mesures à mettre en place en urgence : http://stopauxviolences.blogspot.com/2023/03/nouvelle-campagne-2023-stopaudeni-sur.html

Et pour lutter contre l’impunité : 

 

    9 mesures à mettre en place en urgence, cf notre manifeste contre l’impunité et sa pétition STOP À L’IMPUNITÉ DES CRIMES SEXUELS : https://www.mesopinions.com/petition/justice/stop-impunite-crimes-sexuels/35266

 

Les femmes et les enfants subissent massivement ces graves violations des droits humains que sont ces crimes et délits sexistes et sexuels : 1 femme est tuée par son (ex)conjoint tous les 2 jours et demi ; 1 enfant est tué par un de ses parents tous les 5 jours, 1 femme sur 3 subit des violences conjugales et/ou sexuelles dans sa vie (chaque année 220 000 sont victimes de violences conjugales  et 94 000 de viols), 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 13 des violences sexuelles (chaque année plus plus de 160 000 enfants en sont victimes dont plus de 80% sont des filles).

Dans 9 cas sur 10 les auteurs des violences sexuelles sont des hommes et des proches en très grande majorité (famille, conjoints, institutions,…). Les femmes et les enfants les plus vulnérables sont bien plus à risque d’en subir ; les femmes en situation de handicap en subissent 2 fois plus, les enfants en situation de handicap trois fois plus, et jusqu’à cinq à 6 fois plus quand le handicap est mental, psychique ou neuro-développemental : 9 femmes autistes sur 10 ont des violences sexuelles en majorité dès leur enfance (OMS, 2017, Dammeyer, 2018, Drees, 2020, Cazalis,2022).

La très grande majorité des victimes de ces violences ne sont pas reconnues ni secourues, elles sont condamnées à survivre seules aux violences et à leurs conséquences psychotraumatiques sans protection, sans justice, sans aide ni soins ni réparations. Seules 10% des victimes de viols ont eu des soins d’urgence et seules 8,5% des victimes de violences sexuelles dans l’enfance ont bénéficié de soins spécialisés en psychotrauma. Les victimes mettent de 10 à 13 ans pour trouver un professionnels

L’absence de repérage, de protection, de reconnaissance du psychotraumatisme et de soins spécifiques, la faillite du traitement des plaintes et des signalements (plus de 74% de classements sans suite pour les plaintes pour viols) et l’impunité quasi totale dont bénéficient les agresseurs représentent de graves mises en danger et pertes de chance pour les victimes. C’est intolérable.

Sans protection, ni soin ces violences sont d’autant plus répétées et traumatisantes. La vie et la santé mentale et physique des victimes sont durablement mises en danger avec de lourdes répercussions sur leur vie personnelle, amoureuse et sexuelle, leur scolarité et leur vie professionnelle. Cela aggrave les situations d'inégalités, de discriminations et de handicap, augmentent les risques de précarité, de vulnérabilité et de subir de nouvelles violences (continuum de violences).

Les très lourdes conséquences psychotraumatiques sur la santé des victimes à long terme sont d’autant plus sévères que les victimes sont des enfants et des personnes vulnérables. Elles sont dues à des mécanismes de sauvegarde mis en place par le cerveau lors des violences qui entraînent une dissociation traumatique qui anesthésie les émotions tant que la victime est confrontée à des situations de violences ou de stress, une mémoire traumatique qui fait revivre à l’identique les violences dès qu’un lien les rappelle, comme une torture sans fin et des stratégies de survie pour y survivre : conduites d’hypervigilance, d’évitements et de contrôle pour y échapper, et conduite à risques dissociantes pour l’anesthésier. 

Sans protection ni soins spécifiques précoces des troubles psychotraumatiques pour traiter leur mémoire traumatique, les victimes ont un risque de mort précoce par homicides, suicides, accidents, maladie liées au stress de subir de nouvelles violences, 1 sur 2 fait des tentatives de suicides et des dépressions à répétition, de troubles anxieux majeurs, de troubles du sommeil et de l’alimentation, de conduites addictives et de conduites à risque, de douleurs chroniques, de troubles cardio-vasculaires, gynéco-obstétriques, endocriniens, gastro-digestifs, locomoteurs, immunitaires, neurologiques, etc.

Or les études internationales ont démontré que des soins spécifiques du psychotrauma, accompagnés d’une protection, sont très efficaces ils permettent d’éviter la presque totalité de ces conséquences. Pourtant les professionnels de la santé ne sont toujours pas formés systématiquement et l’offre de soin spécifiques des traumas est très insuffisantes. Cette absence de reconnaissance et de prise en charge des traumas nuit gravement aux victimes, les symptômes psychotraumatiques font l’objet de diagnostics erronés et des soins inadaptés, quand ils ne sont pas retournés contre les victimes pour décrédibiliser leurs plaintes et alimenter les stéréotypes sexistes.

Aucune victime de violences sexistes et sexuelles ne doit être laissée sans secours, protection, aides, soins ni réparations. Dès les premières violences tous les agresseurs doivent être poursuivis, punis et être empêchés de réitérer des violences. Ce sont des obligations internationales auxquelles l’Etat français ne peut se soustraire.

Le premier facteur de risque de commettre des violences est d’en avoir déjà subi dans l’enfance, ce risque est en grande partie lié à des conduites dissociantes violentes qui sont des conséquences psychotraumatiques, il pourrait être évité si tous les enfants victimes de violences étaient protégés et soignés.

 

lien vers le manifeste et ses 15 mesures :

http://stopauxviolences.blogspot.com/2023/03/nouvelle-campagne-2023-stopaudeni-sur.html

 

Pétition  à partager et à signer ICI pour exiger 

15 mesures urgentes pour une une #CultureDeLaProtection et une #CultureDuSoin

STOP À LA MISE EN DANGER DES VICTIMES DE VIOLENCES INTRA-FAMILIALES ET SEXUELLES : POUR LEUR PROTECTION ET LEUR ACCÈS À DES SOINS SPÉCIALISÉS !

            1- en formant TOUS les professionnels de la santé dès leurs études et en formation continue  à la psychotraumatologie et la victimologie ainsi qu’à l’accueil, la protection et la prise en charge d’une victime quel que soit son âge, son lieu de vie (famille, foyers, institutions, lieux de détention), ses handicaps, son état de santé, sa vulnérabilité ; la psychotraumatologie et la victimologie, doivent être des matières obligatoires et devenir une spécialisation à part entière en médecine ;

            2- en développant une information de qualité (campagnes, sites, brochures…) destinée aux enfants, aux parents et au grand public sur les violences, leur prévention et leur dépistage, les conséquences médicales des violences sur la santé mentale et physique, les symptômes psychotraumatiques et leurs mécanismes et les soins spécialisés, les conduites à tenir en urgence, les mesures de protection, les ressources et les soins spécialisés disponibles ;

            3- en mettant en place un dépistage universel et systématique lors des consultations et des actes de prévention de tous leurs patients, et dans le cadre de la médecine scolaire, préventive et du travail, dépistage adapté à tous les enfants et les adultes en prenant en compte leurs handicaps et leurs difficultés de communication ainsi qu’une évaluation systématique du danger et du trauma (échelles) et du besoin de protection et soins des victimes de violences ;

            4- en mettant en place une obligation de signalement des violences faites aux enfants et aux personnes vulnérables pour tous les professionnels sans exception y compris les médecins et en protégeant de façon effective de toute poursuite ordinale tous les professionnels de la santé qui signalent des violences sur mineurs ou sur personnes vulnérables et qui établissent des certificats pour leurs patients victimes de violences dans le cadre de procédures judiciaires pénales ou civiles (seul.e.s les procureur.e.s devraient pouvoir poursuivre les médecins en cas de soupçons de certificats mensongers, il n’est pas admissible que les professionnels soient poursuivis en juridiction ordinale sur des questions de forme du certificat) ;

            5- en mettant en place une ligne téléphonique et une plateforme internet d’expertise pour les professionnels de santé pour les aider, les conseiller dans les situations complexes (dans notre enquête plus de 95% des médecins ayant suivi une formation sur les violences sexistes et sexuelles et leurs conséquences psychotraumatiques en 2009 ont plébiscité cette ligne ) ;

            6- en créant des référents médecins, sage-femmes, infirmiers, psychologues formés spécifiquement dans toutes les structures hospitalières, les centres de santé, les institutions (dont l’institution scolaire) : il est essentiel de former tous les médecins, infirmier.e.s et psychologues scolaires et de s'assurer qu’ils soient en nombre suffisant et qu’ils bénéficient également de moyens suffisants pour faire leur travail de prévention et de dépistage  ;

            7- en créant des centres de crises et de prise en charge des violences sexuelles accessibles 24h/24 et 7jours/7 dans les services d’urgence des hôpitaux pour adultes et pour enfants et les Unités Médico-Judiciaires où les victimes pourront bénéficier de soins et d'un recueil de preuves médico-légales, et où elles pourront porter plainte si elles le souhaitent, sur le modèle des 4 centres CPVS (et bientôt 6) existants en Belgique depuis 2017 ;

            8- en créant adossés ou en lien avec ces centres de crise, des centres pluridisciplinaires de prises en charge des victimes de violences sexuelles (holistique : avec une prise en charge médicale, psychologique, sociale et juridique) pour toutes les victimes quel que soit leur âge, leur handicap, leur lieu de vie et le type de trauma, des soins spécialisés accessibles dans tout le territoire français et d’outre-mer, dans chaque territoire de santé mentale, sans frais avec des professionnels formés, qui travailleront en réseau et participeront à des actions de recherches (la convention d’Istanbul en exige 1 centre de prise en charge de victimes de violences sexuelles par bassin de 200 000 habitants ce qui, en France et en outremer ferait plus de 330 centres, on en est très loin) ;

            9- en remboursant les prises en charge spécialisées par des psychologues cliniciens formés pour les victimes de violences sexuelles (avec des actes correctement rétribués) ;

            10- en développant, en améliorant et en sécurisant l’offre de soin : par des médecins (pédo-psychiatres et psychiatres) et des psychologues spécialisés, formés et en nombre suffisants, avec une prise en charge de la Sécurité Sociale à 100% (prévue par le code de sécurité sociale pour les victimes mineures mais dont les victimes bénéficient rarement, qu’il faudrait élargir aux victimes majeures et inscrire le psychotraumatismes dans le cadre des ALD) avec des actes valorisés en fonction de prises en charge complexes et nécessitant un travail en réseau, les médecins conseils de CNAM, de la MDPH et les médecins du travail doivent être formés spécifiquement aux conséquences des violences sexuelles sur la santé et aux psychotraumatismes pour sécuriser les demandes d’arrêt de travail, les congés longue maladie et longue durée, les demandes d’invalidité et d’allocation adulte handicapé ; (ALD, prévue par le code de santé publique pour les victimes mineures mais qu’il faudrait élargie aux victimes majeures), d’allocations adultes handicapés (MDPH), de congés longues maladies et longues durée ;

            11- en faisant parallèlement un plan Marshall pour la pédo-psychiatrie, la psychiatrie et la médecine préventive particulièrement la médecine scolaire  : augmenter le nombre de pédo-psychiatres, de psychiatres, développer le nombre de structures de soins pluridisciplinaires de proximité ;

            12- en s’assurant du respect impératif des droits, de la volonté et du consentement des personnes victimes de violences sexistes et sexuelles tout au long de leurs parcours de soin, les patient.e.s doivent être protégées impérativement de comportements sexistes ou discriminatoires et de violences sexuelles de la part des professionnels du soin, les patient.e.s doivent être informé.e.s de leurs droits et des ressources à leurs disposition pour dénoncer des atteintes à leurs droits et des violences subies dans le cadre du soin, une culture de la bientraitance doit être mise en place  et hôpitaux psychiatriques, les institutions et tous les centres de privations de liberté ne doivent plus être des zones de non-droits (arrêt des contention, des mises en chambre d’isolement, protection des patients contre toutes les formes de violences, particulièrement sexuelles) ;

            13- en formant spécifiquement et façon obligatoire les médecins experts auprès des tribunaux aux conséquences des violences sexuelles sur la santé et aux psychotraumatismes afin d’améliorer la qualité des expertises lors de procédures judiciaires pénales et civile (CIIVISE) il est scandaleux que les psychotraumatismes et la gravité des conséquences à long terme sur la santé et la vie des victimes soient si peu prises en compte et donne lieu à des expertises qui ne s'y réfèrent pas et à des réparations qui ne couvrent pas l’ensemble des  préjudices ;

            14- en favorisant et en soutenant financièrement la création de lieux auto-gérés de rencontres, d’informations et d’échanges (groupes de paroles), d’activités de loisir et ou professionnelles (libres, sécurisées et à temps partiel) et de repos dédiés aux victimes de violences sexuelles avec l’aide de professionnel.le.s, ces lieux pouvant être adossés aux centres de soins ;

            15- en développant la prise en charge spécialisée des agresseurs le plus tôt possible dès les premières conduites violentes et en traitant leurs traumatismes : de 25 à 30% des violences sexuelles sont commises par des mineurs, la plupart des agresseurs ont déjà subi des violences le plus souvent dans l’enfance : on sait (grande enquête de l’ONU de Fulu, 2017) que pour les hommes avoir subi dans l’enfance des violences physiques et sexuelles multiples par 14 le risque de commettre des violences sexistes et sexuelles à l’âge adulte (les femmes qui ont subi des violences physiques et sexuelles dans l’enfance ont 1 fois plus de risque de subir des violences conjugales et sexuelles à l’âge adulte). En l’absence de protection et de soins, les conduites risque dissociantes dont font partie les violences envers soi ou autrui sont une des stratégies de survie mises en place pour anesthésier sa mémoire traumatique (symptôme psychotraumatique qui fait revivre à l’identique les violences subies dans l’enfance puis celles commises par la suite : exercer des violences entraîne des conséquences psychotraumatiques chez l’agresseur qui vont renforcer les conduites dissociantes et alimenter les passages à l’acte). Si on est jamais responsable des violences que l’on a subi, ni de leurs conséquences psychotraumatiques, on est responsable du choix des stratégies de survie qu’on met en place quand elles portent atteinte à l’intégrité d’autrui. Protéger et soigner les traumas de tous les enfants victimes de violences permet d’enrayer le cycle des violences.

http://stopauxviolences.blogspot.com/2023/03/nouvelle-campagne-2023-stopaudeni-sur.html

 

STOP À L'IMPUNITÉ DES CRIMES SEXUELS

Campagne Stop au Déni de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie https://www.memoiretraumatique.org

107.200 signatures

 

M. le président de la République, Mme la garde des Sceaux, de tous les membres du Gouvernement, et des parlementaires

Nous réclamons un plan national avec un ensemble de 8 mesures urgentes à mettre en œuvre pour lutter contre l’impunité et pour mieux protéger et respecter les droits des victimes de crimes sexuels.

 

Les crimes sexuels sont une atteinte très grave aux droit fondamentaux des personnes, et l’Etat français a une obligation d’empêcher ces crimes et de protéger les personnes qui en sont ou pourraient en être victimes.

 

Leur ampleur et leur impact considérable sur la vie et la santé des victimes, en font un problème de santé publique majeur, qui menace les fondements égalitaires et solidaires de notre République.
Pour rappel :

-  Les principales victimes sont de sexe féminin (83% des viols), surtout les personnes les plus vulnérables et les plus discriminées (enfants, personnes handicapées motrices ou mentales, personnes ayant des troubles du spectre de l’autisme, personnes racisées, marginalisées et en grande précarité, personnes prostituées). Les criminels sont essentiellement des hommes (95%), connus des victimes dans plus de 90% des cas, membre de leur famille ou partenaire dans 50% des cas.

-  Dans les grandes enquêtes de victimation une femme sur 6 et un homme sur 20 ont subi au moins un viol ou une tentative dans leur vie, étant mineur dans 60% des cas. 83 000 femmes et 124 000 filles en subissent chaque année, 14 000 hommes et 30 000 garçons (CSF, 208, ONDRP 2010-2015).

-  Les conséquences psychotraumatiques sur la santé des victimes sont considérables, plus encore lorsque les violences sexuelles datent de l’enfance. Avoir subi ces crimes dans l’enfance est la première cause de mort précoce, de suicide, de dépression, de conduites addictives, de grande précarité, de marginalité, et de nombreuses pathologies somatiques. 97% des victimes de viols ont des conséquences sur leur santé mentale et 43% ont des conséquences importantes ou très importantes sur leur santé physique. Or les victimes mettent en moyenne 13 ans avant de trouver un professionnel formé (Felitti, 2010 ; IVSEA, 2015).

 

Les crimes sexuels bénéficient en France d’une impunité quasi-totale 

 

               Seules 10% des victimes arrivent à porter plainte, et seuls 1% de l’ensemble des viols et tentatives sont condamnés en cour d’assises (ONDRP 2010-2015).

               La grande majorité des plaintes pour viols sont classées sans suite ou déqualifiées en divers délits. 81% des victimes ayant porté plainte déclarent avoir le sentiment de n’avoir pas été reconnues par la justice (ONDRP 2010-2015, V. Le Goaziou, 2016, IVSEA, 2015).

               Les procédures judiciaires sont très souvent traumatisantes et maltraitantes : 82% des victimes de violences sexuelles ayant porté plainte estiment ne pas avoir été protégées de leur agresseur, et les procédures ont augmenté significativement les risques suicidaires (IVSEA, 2015).

 

Et les victimes de crimes sexuels sont dans leur très grande majorité abandonnées, condamnées à survivre sans reconnaissance, ni aide, ni protection, ni accès à des soins spécialisés, à la justice et à des réparations : 83% d’entre elles rapportent n’avoir jamais été ni protégées, ni reconnue (IVSEA, 2015).

 

La lutte contre ces crimes sexuels un impératif humain et une urgence absolue nécessitant une volonté politique forte. Nous réclamons la mise en place en urgence d’un plan national avec un ensemble de 8 mesures pour lutter contre l’impunité des crises sexuels et pour protéger les victimes :

1. POUR LUTTER CONTRE LE DÉNI, LES STÉRÉOTYPES ET LA CULTURE DU VIOL
- Informer sans relâche, éduquer dès le plus jeune âge, et protéger les enfants de la pornographie.
- Rappeler la loi et les obligations de porter assistance à des personnes en danger, de dénoncer un crime, de signaler les enfants en danger.

 

2. POUR QUE LES VICTIMES SOIENT MIEUX COMPRISES, INFORMÉES,ACCOMPAGNÉES, ORIENTÉES ET PRISES EN CHARGE
- Former tous les professionnels.

 

3. POUR LUTTER CONTRE LA LOI DU SILENCE
- Promouvoir un dépistage universel des violences subies.

 

4. POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLS SOIENT PROTÉGÉES
- Développer des échelles d’évaluation du danger et des protocoles de protection complets et efficaces.
- Lutter contre toutes les formes de violences.
- Améliorer la protection de l’enfance et les protections sociales des victimes.
- Respect des droits, de la volonté et du consentement des personnes victimes de violences sexuelles tout au long de leurs parcours.
- Développer la prise en charge spécialisée précoce des agresseurs.
- Mettre en place une ligne téléphonique et internet d’expertise pour les professionnels de santé.

 

 5. POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLS AIENT À DES SOINS ADAPTÉS 
- Former tous les professionnels de la santé, prendre en charge sans frais les soins médicaux et psychologiques.
- Créer des centres de crises 24h/24 pour des soins d’urgence.
- Créer sur tout le territoire des centres de soins pluridisciplinaires en psychotraumatologie, accessibles, sans frais, avec des professionnels formés.

 

6. POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLS PUISSENT ACCÉDER À LA JUSTICE ET PORTER PLAINTE
- Imprescriptibilité, l’amnésie traumatique doit être reconnue comme un obstacle insurmontable à la plainte.
- Sécurisation des dépôts de plainte et information des victimes de leurs droits de porter plainte dans n’importe quel poste de police et de gendarmerie et auprès du procureur de la République, mais également par écrit ou enregistrement via des plate-formes sécurisées internet. 
- Possibilité de recueillir les plaintes de façon privilégiée en milieu médical par la police ou la gendarmerie dans le cadre des urgences, des unités médico-judiciaires, des services d’hospitalisation, ou de centres de soins holistiques en psychotraumatologie.
- Formation des forces de l’ordre et des enquêteurs, des magistrats au recueil de plainte, aux auditions, à la connaissance des conséquences psychotraumatiques,

 

7. POUR QUE LES VIOLS NE RESTENT PAS IMPUNIS, RÉFORMER LES LOIS ET LES PROCÉDURES PÉNALES
- Présomption irréfragable de défaut de consentement pour les mineurs de 15 ans.
- Créer des juridictions spécialisées avec des magistrats formés.
- Abrogation de la possibilité de déqualifier le viol en délit et de le correctionnaliser.
- Redéfinir la notion de  consentement.
- Redéfinir le viol en introduisant la notion d’inceste et de pénétration passive.
- Formation obligatoire des médecins des Unités médico-judiciaires, des experts psychiatres et des experts psychologues en psychotraumatologie. 

8. POUR QUE TOUTES LES PROCÉDURES JUDICIAIRES SOIENT SÉCURISÉES POUR LES VICTIMES
- Accompagnement et protection impérative des victimes tout au long des procédures.
- Protection et prise en charge des proches et des témoins, et du parent protecteur.
- Dans le cadre de viols conjugaux et de viols incestueux les enfants doivent impérativement - -- Être protégés de l’agresseur. 
- Interdiction effective des médiations pénales et moratoire par rapport à la justice restaurative.

 

Informations militantes

 

Pour le vingtième anniversaire de la mort de Marie Trintignant, le réseau « Encore féministes ! » propose, comme chaque année, un moment de recueillement autour de sa tombe, à Paris, au cimetière du Père-Lachaise, dimanche 30 juillet, à 16h.

 

Comme tant d’autres femmes,

Marie Trintignant a été tuée par l’homme qui prétendait l’aimer…

Depuis vingt ans, 3 000 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex.

Rendez-vous à partir de 15h30 au café Ramus, 4 avenue du Père-Lachaise, métro Gambetta.

À 16h, nous irons dans le cimetière déposer des fleurs sur la tombe de Marie Trintignant (qui se trouve dans la 45e division), puis nous reviendrons au café pour des échanges feministes.

 

Qu'est-ce qui a changé en vingt ans ?

Le mot « féminicide » est devenu d’usage courant pour désigner le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme.

Les médias trouvent moins d'excuses aux meurtriers en évoquant leur « folie », leur « amour » ou leur « passion ».

MAIS

Le nombre annuel de ces meurtres est resté à peu près stable. Au total, depuis vingt ans, 3 000 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex.

Le Collectif Féminicides par compagnons ou ex, qui recense ces meurtres de femmes, ne constate aucune évolution du côté de la police ou de la justice.

À quoi bon pousser les femmes victimes de violences conjugales à porter plainte si la justice ne suit pas, et qu'elles se retrouvent encore plus en danger ? Pourquoi les culpabiliser de rester, au lieu de maintenir à distance l’homme violent pour qu'elles puissent reprendre leur liberté en sécurité ? On sait bien que l’annonce de la séparation ou le départ sont les moments les plus dangereux.

Nous en parlerons ensemble et réfléchirons à des actions pour faire changer cette situation.

 

 

Flyers de Darmanin : beaucoup de bruit pour rien ?

Laurène Daycard,L journaliste indépendante, membre du collectif Les journalopes.

 

Mi-mai, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonçait la distribution durant l'été de cinq millions de flyers pour favoriser « la sécurité des femmes dans l’espace public ». Deux mois après cette annonce en fanfare, les prospectus sont difficilement trouvables. Les expert·es des violences de genre expliquent, par ailleurs, que cette campagne se trompe de cible.

Ils auraient été aperçus fin juin, lors d’une distribution par des policiers devant la gare Lille Flandres (Nord). Mais à Paris, malgré nos recherches, aucune trace de ces fameux prospectus édités par le ministère de l’Intérieur. À défaut d’être disponibles, les flyers adressés aux victimes et aux témoins de harcèlement font parler d’eux. Plutôt négativement.

 

Sur son compte Instagram, le groupe Collages féminicides Paris publiait fin juin un message mural ironique : « Tremblez ! Les flyers sont arrivés ! », assorti d’un commentaire sur le « ridicule » de l’opération. Même sarcasme du côté de l’association Osez le féminisme !, où les militantes dénoncent « une mesure gadget ». Maëlle Lenoir, membre de la coordination nationale du collectif Nous toutes, s’étonne : « Je ne connais aucun mouvement ayant suggéré que les forces de l’ordre éditent cinq millions de papiers contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) ; cela montre la déconnexion entre les pouvoirs publics et les associations ». Pire, relève cette dernière, le contenu est « culpabilisant pour les victimes », car les conseils sont délivrés sur le ton de l’injonction : « Faites du bruit », ou « Mettez-vous en sécurité pour prévenir au plus vite les forces de l’ordre ». Pour l’activiste, c’est le signe d’une « complète méconnaissance des mécanismes de sidération », qui annihilent les possibilités de réagir sur le vif.

« Pour résoudre le problème [des violences], il faut s’adresser aux hommes », renchérit le sociologue Mischa Dekker, qui déplore que le flyer ne cible pas les agresseurs potentiels. Ce chercheur, qui a consacré sa thèse à la politisation du harcèlement misogyne dans l’espace public, retrace l’origine du débat au début des années 2000, avec la parution de la première enquête comptabilisant sur le plan national les violences envers les femmes (Enveff) par l’Ined. Ce rapport affirme que les violences sexistes et sexuelles (VSS) sont, dans leur immense majorité, perpétrées par des membres de l’entourage des victimes. Pour exemple, 91 % des 94 000 femmes violées chaque année connaissaient leur agresseur.

« DANS LES CAMPAGNES DE PRÉVENTION, LES AGRESSEURS NE SONT JAMAIS NOMMÉS, ENCORE MOINS MONTRÉS. »

 

Le phénomène dit « du harcèlement de rue », bien que massif, n’inverse pas ce ratio. Et qu’importe le contexte dans lequel elles sont commises, les violences sont souvent reléguées, par des subterfuges du langage courant, à la sphère du sentiment amoureux ou du désir libidinal : on parle encore souvent de « crime passionnel » pour un meurtre féminicidaire, ou de « promotion canapé » pour désigner du harcèlement au travail. L’espace public n’échappe pas à cette règle avec l’emploi fréquent de l’expression « drague de rue ». Mischa Dekker souligne que, dans les visuels de prévention, les agresseurs sont très rarement nommés, et encore moins montrés. Lors de précédentes campagnes, « les hommes ont été représentés sous forme d’animaux – requins, crocodiles – ou alors figurés par des ombres ». Et le chercheur de conclure : « C’est plutôt pour le volet répressif que les politiques publiques s’intéressent aux responsables. »

 

Un accueil catastrophique dans les commissariats

Créé en 2018 sous la houlette de Marlène Schiappa, le délit « d’outrage sexiste » punit les infractions telles que les sifflements, les commentaires sur le physique ou encore les insultes d’une amende oscillant entre 90 euros et 1 500 euros. Une loi promulguée le 24 janvier 2023 prévoit une aggravation de la peine jusqu’à 3 750 euros si le délit est commis à l’encontre d’une personne de moins de 15 ans, en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre réelle ou supposée, mais également si l’infraction a lieu dans un véhicule affecté au transport collectif (comme le métro) ou particulier (les taxis ou les VTC). Mais la portée de ce texte est avant tout symbolique : seuls 3700 outrages sexistes ont été enregistrés par les services de sécurité de 2020 à 2021, les plus récentes données disponibles.

« Avant de dire aux victimes de porter plainte, il faut créer les conditions exemplaires pour les accueillir ! », s’insurge Maëlle Noir du collectif Nous toutes. La militante cite le rapport sur l’accueil en commissariat, commandé par la préfecture de police de Paris au Centre Hubertine Auclert et diffusé en janvier 2019, qui révélait une prise en charge catastrophique.

« Deux milliards pour nous protéger vraiment »

Pour le moment, les flyers se contentent d’afficher un QR Code qui redirige vers le site Internet ministériel « Ma sécurité », plateforme permettant en théorie de « tchatter » 24 h/24 avec un policier ou un gendarme. Les équipes de la Maison des femmes de Saint-Denis ont testé le dispositif. « On a dû attendre un long moment et relancer à plusieurs reprises avant d’avoir un retour des services de police », regrette la gynécologue Ghada Hatem, qui salue malgré tout « un outil qui a le mérite d’exister ».

En réaction à l’opération lancée par la place Beauvau, le collectif Nous toutes devrait partager en ligne, aujourd'hui 21 juillet, sa propre brochure traitant de « la sécurité des femmes et personnes LGBT+ dans l’espace public et privé ». Leur tract revu et corrigé s’adresse en priorité aux forces de l’ordre, qu’il enjoint à suivre des formations sur les violences sexistes et sexuelles, mais aussi à écouter les victimes et à faire preuve d’empathie. Si aucune association n’a jamais exigé cinq millions de prospectus, la plupart en revanche espèrent « deux milliards pour nous protéger vraiment ».

 

Des « femmes de réconfort » à la prostitution sur les bases militaires

18/07/2023 - Capire

Jean Enriquez analyse les continuités historiques et les résistances actuelles au capitalisme patriarcal en Asie de l'Est et du Sud-Est

Dans une interview publiée cette semaine, Jean Enriquez, de la Marche Mondiale des Femmes, évoque le contexte historique de l'exploitation et de la violence sexuelles auxquelles sont confrontées les femmes philippines et d'Asie du Sud-Est. Jean explique la relation entre le militarisme, l'impérialisme et la prostitution, parle de la lutte pour le retrait des bases militaires du pays et des défis du mouvement féministe dans le contexte politique actuel. 

Impérialisme, exploitation sexuelle et bases militaires. La confrontation avec ces processus violents de domination capitaliste, patriarcale et raciste s’articule dans les luttes historiques et actuelles des femmes aux Philippines. Pour comprendre ces continuités, Capire a interviewé Jean Enriquez, de la coordination de la Marche Mondiale des Femmes aux Philippines et de la Coalition Contre la Traite des Femmes – Asie-Pacifique (CATW-AP).

 

Dans les pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, l’exploitation de milliers de femmes en tant que « femmes de réconfort » a été l’une des marques les plus violentes de la guerre et des occupations japonaises. Nous aimerions en savoir plus sur votre point de vue sur cette histoire.

Des femmes dans des pays comme les Philippines, la Corée du Sud, le Vietnam, la Chine et d’autres pays d’Asie de l’Est ont été victimes d’esclavage sexuel militaire, en particulier aux mains des forces impériales japonaises et pendant la Seconde Guerre mondiale. Des filles — et parfois des garçons — âgées de 9 à 16 ans ont été capturées par les militaires et utilisées comme « femmes de réconfort », comme ils les appelaient autrefois. Les militaires pensaient que les femmes devaient être là pour les réconforter sexuellement. Dans un passé récent, la même pratique qui considère les femmes comme l’objet de divertissements sexuels s’est produite chez les soldats états-uniens.

Quand j’étais une jeune militante féministe, j’ai interviewé certaines de ces femmes, qui étaient déjà grands-mères dans les années 1990. Certains avocats du Japon voulaient défendre la cause des « femmes de réconfort philippines ». Lorsque nous leur avons parlé, nous avons vu qu’il était difficile pour ces femmes, alors plus âgées, de parler de leurs expériences car, surtout à cette époque, la stigmatisation des victimes était forte. Elles ont été victimes de violences sexuelles, de viols, d’esclavage sexuel et aussi de prostitution, car parfois les militaires donnaient de l’argent ou faisaient des faveurs à certaines d’entre elles en échange de relations sexuelles. Dans un sens, c’était aussi l’une des origines de la prostitution aux Philippines, bien que les premiers cas documentés datent de l’époque de l’occupation espagnole.

À ce jour, ces femmes n’ont reçu aucune forme d’indemnisation pour les dommages qu’elles ont subis en tant que victimes de l’esclavage sexuel. Il n’y avait même pas d’excuses admettant ce qui s’était passé. La question est considérée comme un sujet très sensible pour le gouvernement japonais, et nous organisons des actions chaque fois que le dirigeant des Philippines se rend au Japon. Nous voulons que cette question soit au centre de l’agenda du gouvernement. Le Japon a une dette historique envers notre pays et en particulier envers nos femmes.

Des témoignages bien documentés de grands-mères courageuses en Corée du Sud ont été publiés à ce sujet, et le Japon évite le débat. J’imagine que cela arrive aussi aux femmes en Chine, au Vietnam et dans d’autres pays.

Comment cette histoire d’esclavage sexuel est-elle liée à la réalité actuelle de l’exploitation sexuelle et de la militarisation dans la région ?

Cela est lié aux bases militaires états-uniennes actuellement installées dans la région. Il y a une énorme concentration de femmes victimes de la traite provenant de différentes régions des Philippines pour répondre à la demande des soldats états-uniens en matière de divertissement sexuel. Nous avons de nombreux dossiers d’abus sexuels commis par des soldats et de traitement raciste des femmes philippines autour des bases militaires. Ces histoires sont profondément racistes et très violentes. Un cas s’est produit pendant la dictature de Ferdinand Marcos soutenue par les États-Unis, lors du décès d’une très jeune fille prostituée. Beaucoup de ces histoires sont violentes, et c’est la même chose en Corée du Sud.

Lorsque nous avons essayé de faire adopter une loi aux Philippines pour punir les consommateurs de services de prostitution, dans le cadre de la législation contre la traite des êtres humains, je me suis rendue en Corée du Sud parce qu’il y a des membres très actives des groupes de femmes autour des bases militaires. J’ai découvert qu’il y avait plus de 1 000 philippines autour de ces bases en Corée du Sud. Ils recrutent des femmes dans l’ancien emplacement des bases militaires états-uniennes aux Philippines, À Angeles Pampanga, où se trouve la Clark Base.

Cela montre comment l’industrie capitaliste du sexe est favorisée par l’assimilation de la culture de la marchandisation des femmes, ce qui rend très facile d’attirer et d’emmener les femmes dans d’autres pays.

C’est pratiquement une mondialisation de la prostitution, qui n’est rien de plus que de la traite. Il y a un lien très fort entre les proxénètes et les trafiquants ici et la satisfaction de la demande des soldats états-uniens.

Aux Philippines, les femmes prostituées autour des bases militaires viennent des zones rurales. Elles ont perdu leurs terres, elles n’ont pas assez de sources de revenus, donc il est clair que cela exploite également la pauvreté des femmes rurales, les filles d’agriculteurs et de pêcheurs des zones rurales. C’est leur origine. Les soldats sont sûrs de leur droit sur les femmes chaque fois qu’ils viennent ici. Mais il est important de dire qu’il y a encore un accord sur les forces visiteuses aux Philippines avec les États-Unis, même si nous avons expulsé leurs bases militaires entre 1991 et 1992.

Pourriez-vous parler de la lutte pour faire sortir les bases militaires états-uniennes des Philippines ?

Le vote a eu lieu en 1991. Nous avons fait pression sur le Sénat philippin pour qu’il vote la suppression des bases militaires, et, en 1992, ils ont finalement quitté les Philippines. L’occupation états-unienne a commencé après l’espagnole, en 1898. Là, ils ont commencé à construire les bases pendant la période de colonisation par les États-Unis, de 1898 jusqu’à l’arrivée des Japonais. Ce fut une longue période de 90 ans, et ils se sont lentement installés dans différentes parties du pays.

Le retrait des bases militaires états-uniennes des Philippines a été un événement historique, car c’est à ce moment précis que nous avons renversé la dictature.

Après la chute de la dictature de Marcos en 1986, nous avons poursuivi la bataille pour expulser les bases militaires états-uniennes. Mais le gouvernement libéral de Cory Aquino a également donné la préférence aux États-Unis. Les années qui ont précédé le vote du Sénat ont été critiques. Nous avons marché en signe de protestation de la région métropolitaine de Manille aux bases militaires, exigeant leur retrait. Après tout, il était important d’avoir des alliés au Sénat pour obtenir la majorité des voix et pouvoir légalement dire que les soldats n’étaient plus nécessaires aux Philippines.

Le problème est que les présidents suivants ont continué à penser qu’ils avaient besoin des États-Unis. Nous nous opposons à ces nouveaux accords dits « de forces visiteuses », qui prévoient essentiellement l’accostage de navires dans un plus grand nombre de régions du pays. Ils ont choisi les plus beaux endroits du pays pour que les soldats se reposent, et nous savons que lorsqu’ils disent « repos », ils veulent dire « femmes ».

Nous avons pu appliquer une politique de tolérance zéro contre la pratique des soldats incitant les femmes à se prostituer. Donc on ne les voit pas dans les bars. Mais les proxénètes les emmènent secrètement sur les bateaux. Nous le savons très bien d’après les récits de survivantes de la prostitution, qui racontent que certaines femmes sont emmenées sur les bateaux.

Donc, oui, il est possible d’expulser les bases militaires. Mais il est très complexe de voir comment, une fois de plus, l’impérialisme se réinvente avec seulement un accord par lequel ils ne sont pas physiquement visibles, alors qu’en fait, ils continuent d’exercer leur pouvoir en ayant accès à nos plages et à d’autres environnements qui sont des sanctuaires de notre pays. Et aussi, influençant nos politiques, l’Organisation internationale du commerce et d’autres institutions multilatérales dans lesquelles les États-Unis sont dominants.

Maintenant, le fils de Marcos est le président ; qu’est-ce que cela signifie ?

C’est très dur pour nous, militantes, dont les proches sont morts dans la bataille contre la dictature. Nous avons organisé des forums, diverses campagnes d’information en ligne pour expliquer aux gens comment la torture était étroitement liée au système. Certaines des personnes âgées parmi nous ont raconté les tortures qu’elles ont subies pendant la dictature de Marcos. Mais le monde numérique a été très puissant pour propager l’idée que le jeune Marcos était différent de l’ancien. Ils ont continuellement produit des vidéos absurdes sur TikTok sur la famille du jeune Marcos pour montrer qu’il était accessible, quelqu’un à qui il était facile de parler, tout ce qui pouvait l’humaniser. Nous ne pouvions pas rivaliser avec sa campagne médiatique numérique. Nous savons également qu’ils ont dépensé beaucoup d’argent pour se connecter avec Cambridge Analytica. Nous avons perdu cette bataille, et le sentiment est terrible.

Je pense que notre discussion régionale de la MMF en Asie de l’Est et du Sud-Est et en Océanie a mis en garde contre la situation dangereuse à laquelle nous sommes confrontées. En Indonésie et ailleurs, les dirigeants semblent toujours être populaires. Ils n’utilisent pas nécessairement la force, mais ils légitiment l’oppression en adoptant des lois, en particulier des lois économiques, qui donnent à leurs familles un meilleur accès à la terre et qui les enrichissent de diverses manières. En plus d’être président, Marcos est également Secrétaire du Département de la Réforme agraire. Il est très clair que sa famille et son élite s’intéressent aux terres arables et aux plantations de nos agriculteurs. C’est un intérêt économique très direct.

Nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur les violations des droits humains, nous devons également retracer leur relation avec l’accaparement des terres et les implications de ces politiques pour les agriculteurs et agricultrices.

Les agriculteurs et agricultrices meurent déjà à cause de l’accaparement des terres. C’est pourquoi la Marche Mondiale des Femmes aux Philippines se concentre sur les problèmes des femmes rurales, car leurs voix dans les provinces et les régions rurales ne sont pas entendues dans la région métropolitaine de Manille.

Interview réalisée par Tica Moreno - Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves - Édition par Bianca Pessoa et Tica Moreno

 

Mobilisation contre l'assistanat sexuel : Le président Macron doit arrêter de faire planer le doute

Osez le féminisme ! Et  Cordination Française pour le Lobby Européen des Femmes

 

Lors de son discours à l’occasion de la Conférence nationale du handicap fin avril dernier, Emmanuel Macron s'est exprimé sur les enjeux de la vie affective, amoureuse, intime et sexuelle des personnes en situation de handicap, annonçant alors le lancement d’un plan d'action d’ici l’été.

Nous tenons à vous faire part de notre ferme opposition au lancement de toute expérimentation de l’assistance sexuelle. 

Nous estimons nécessaire d'alerter dès à présent sur les conséquences qu'entrainerait l'assistanat sexuel, et nous avons besoin de votre mobilisation.

Un courrier type a été écrit par la Cordination Française pour le Lobby Européen des Femmes que vous pourrez compléter et envoyer au Président de la République (via ce formulaire).

 

En 2016, la France faisait le choix décisif de mettre fin à la violence machiste que constitue la prostitution. Pour cela, une loi juste et courageuse a été adoptée prévoyant la dépénalisation des personnes en situation de prostitution (à 80% des femmes), la mise en place de parcours de sortie de prostitution, d’actions de prévention et l’interdiction de l’achat d’actes sexuels (commis à 99% par des hommes).

Nous ne pourrions accepter qu’une dérogation à la loi, qui ne pourra qu’en appeler d’autres, conduise à la fragilisation du combat contre l’exploitation des êtres humains et la marchandisation des corps, comme le rappelait le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, instance consultative placée auprès du Premier ministre, dans un communiqué de presse en 2020. La France, contrairement à certains de ses voisins européens, peut être fière d’une politique qui refuse la mise en marché des femmes.

Légaliser l’achat de services sexuels, sous quelques conditions que ce soit, serait discriminatoire pour les personnes en situation de handicap et constituerait une attaque inacceptable à notre législation contre l’achat de prostitution. La mise en place d’un tel métier réduirait à néant le long combat des femmes pour que soient définitivement séparés emploi et obligation sexuelle (on sait que 90% des demandeurs d’assistance sexuelle sont des hommes).

En outre, nous dénonçons une nouvelle annonce cosmétique du gouvernement pour lutter contre le validisme. Cette mesure ne résout en rien l’exclusion vécue par les femmes en situation de handicap ni leurs demandes de mener une vie sociale et affective et de briser le tabou de leur sexualité*. Quelle politique concernant l’accessibilité des lieux de vie et de loisirs, la réduction de l’exclusion, de la précarité (allocation adulte handicapé sous le seuil de pauvreté), des discriminations ? Au lieu de cela, le gouvernement propose une mesure discriminante fondée sur l’idée que “l’idée qu’un rapport affectif ou sexuel entre valides et personnes handicapées n’est pas « normal ». Une fois de plus, il s’agira donc d’une réponse stigmatisante aux difficultés des personnes handicapées, qui ne fera qu’aggraver leur exclusion.”** 

Nous défendons l'égalité femmes-hommes et ne voulons pas que se reproduise une relation d’inégalité et de domination sur le corps des femmes, mis une nouvelle fois à disposition des hommes dans une relation marchande, avec toutes les dérives et violences inhérentes à cette situation. Nous ne voulons pas de ce retour à un passé douloureux à de nouvelles « femmes de réconfort ».

Sept ans après l’adoption de notre législation abolitionniste et alors qu’une nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la prostitution est annoncée pour septembre prochain, nous demandons à l’Etat de prendre ses responsabilités en déployant des politiques contre les violences sexistes et sexuelles cohérentes et mettant à disposition des ressources à même de garantir la mise en œuvre effective de la loi abolitionniste pour tous·tes.

*https://fdfa.fr/manifeste-pour-une-vie-sexuelle-et-affective-des-personnes-handicapees-digne-et-non-marchandisee/

**https://clhee.org/2016/04/20/nous-ne-sommes-pas-des-indesirables/

 

Spectacles, expos...

 

La compagnie La Maggesse

du 4 au 8 août  - Kantaliso, chants d'amour et de passion de l'Italie populaire 

Lieu : Festival "la nuit des ours" à Vallorcine

du 4 au 6 : tournée de bistrots 

le 7 : La nuit des ours 

le 8 : concert apéro à partir de 18h

Réservations : liens

Un voyage musicalement poétique dans l’espace et dans le temps. Un violoniste de formation classique, un accordéoniste parisien aux accents de guinguette, et la voix puissante et authentique d’une chanteuse italienne vous invitent à un voyage musical vivifiant.

pour plus d'informations : https://www.facebook.com/profile.php?id=100028226781227

Avec : Margherita Trefoloni (chant et guitare), Samuel Zucca (accordéon) et Guillaume Fontanarosa (violon).

 

Dans la médiathèque de Remue Méninges féministe, on trouve :

 

Filles de la mer  Mary Linn Bracht

Il est parfois plus difficile de respirer en dehors de l'eau que dans les profondeurs des vastes océans...

Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée.
Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa soeur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.
Ainsi commence l'histoire de deux soeurs violemment séparées. Alternant entre le récit d'Hana en 1943 et celui d'Emi en 2011, Filles de la mer se lit au rythme des vagues et dévoile un pan sombre et bouleversant de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie. Au fil du récit, par la grâce de leurs liens indéfectibles, les deux héroïnes nous ramènent vers la lumière, ou l'espoir triomphe des horreurs de la guerre.

 

“Un féminicide en France – Sohane, 17 ans, brûlée vive”. Editions le bord de l'eau

J'ai reçu de Linda Weil-Curiel le recueil de textes concernant le procès des assassins de Sohane, résultat d'un travail fait en duo avec Annie Sugier.

Le drame dont il est question doit rester dans les mémoires et ce recueil en fait trace, il est important; je vous engage vivement à en prendre connaissance:

 

Il ne s'agit pas ici d'un fait divers, il s'agit d'un drame reflétant la situation des filles dans les cités, de la vision qu'en ont les garçons . Les filles sont de “la chair” et les grands frères sont en droit de leur dicter leur conduite et leurs vêtements, au besoin avec violences verbales et physiques, voire sexuelles (les “tournantes”), et le mépris dont elles sont l'objet peut aller jusqu'au meurtre. Vingt ans ont passé et Annie me confirme que le volet NPNS – ni putes ni soumises – est bien fini.

Ne doutons pas que cette détérioration déplorable des relations entre garçons et filles a et aura des conséquences sur la vie des femmes dans les "cités" mais aussi ailleurs.

 


 


 


 

 



 

 

 

 

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