15 NOV 22 JAMILA et Caroline Granier Remue Méninges Féministe Radio Libertaire 89.4



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Interviews de :

1 – Jamila au tribunal de Prud’hommes de Bobigny

2 -Caroline Granier : « Enquête d'héroïnes »

3 - L'agenda 2022 des Éditions du remue ménage a pour ligne éditoriale la santé des femmes : « Soignantes à boutte : pour une nouvelle politique du soin ».

4 - Informations militantes (lire les détails ci dessous)

Musiques : "Frangines" Anne SYLVESTRE (indicatif début), « La danse arabe » de Peter Tchaikovsky avec Marthe Argerich au piano, « Vivre sa vie » Claude MICHEL, « Espionne » Catherine LARA, « Les Jaccard » « Les poissons », « L’espoir »en hommage à Michel BUHLER, « Dans nos chants » Anne et Edwige (indicatif de fin).

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25 NOVEMBRE : JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

Mobilisation contre les violences

Tract d'appel à la manifestation du 19/11/2022 à Paris

A Paris : Rendez-vous à partir de 14h place de la République, trajet vers Bastille

Pour que nos vies ne soient plus classées sans suite  #19novembre

Le collectif #NousToutes et l’ensemble des associations féministes et organisations syndicales signataires de ce texte appellent tou·tes celles et ceux qui veulent en finir avec les violences sexistes et sexuelles contre les femmes à manifester le samedi 19 novembre 2022 à Paris et partout en France. La mobilisation continuera toute la semaine jusqu’au 25 novembre, date de la journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes.

En 2022, les violences sexistes et sexuelles restent massives. Elles abîment et parfois brisent la vie de millions de femmes, d’enfants, de familles. Face à cette réalité, une prise de conscience collective a eu lieu. Mais elle n’est pas suffisante. Alors qu’il est maintenant devenu évident que le président de la République et ses gouvernements sont en décalage avec les attentes de la société sur ces questions et ne mènent pas de politiques publiques adaptées à l’enjeu, nous appelons la société toute entière à se mobiliser, dans chaque ville, chaque école, chaque université, chaque établissement de santé, chaque entreprise, chaque parti politique, et sur les réseaux sociaux.

Les violences sexistes et sexuelles contre les femmes surviennent partout, et tout le temps. Elles trouvent racine dans le patriarcat et se situent aussi, souvent, au croisement d’autres discriminations racistes, classistes, validistes, psychophobes, sérophobes, grossophobes, âgistes, islamophobes, antisémites, xénophobes, etc.

Nous serons dans la rue le 19 novembre pour dénoncer des réalités insupportables, que tou·tes doivent connaître. Quand 225 000 femmes sont victimes de la violence de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, quand un tiers des femmes sont victime de harcèlement sexuel au travail, quand 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences, quand 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe, quand 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, quand les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail, quand 6,7 millions de français·es ont subi l’inceste, quand des patient·es sont violé·es dans cabinets gynécologiques ou des maternités, nous n’avons pas le choix ! Nous appelons toute la société à nous rejoindre.

Nous manifesterons pour porter la voix de celles qui ne peuvent plus parler, la voix des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron, et de toutes celles qui l’ont été sous les gouvernements précédents. Nous manifesterons aussi pour crier notre colère face au fonctionnement défaillant des institutions, notamment de la justice et de la police.

Alors que les discours publics incitent les victimes à parler et dénoncer les violences sexuelles subies, des personnages politiques de premier rang prennent la parole pour défendre haut et fort les agresseurs, y compris lorsqu’ils ont été condamnés, envoyant un signal d’impunité à toute la société. Aujourd’hui des hommes puissants, connus, accusés de viol, instrumentalisent la justice pour attaquer leurs victimes à travers des procès-bâillon avec pour seul but de faire peur et de réduire les victimes au silence.

Lorsque les victimes portent plainte ou saisissent la justice pour faire valoir leurs droits, les institutions rejettent massivement leur parole. Aux violences dénoncées s’ajoute la violence institutionnelle. Absence d’enquêtes, blâme des victimes, discrédit de la parole des enfants, déqualification des viols, classements sans suite, peines dérisoires. Partout en France, tous les jours, des milliers de victimes de ces violences masculines entendent leur parole niée ou décrédibilisée, se voient humiliées et attaquées.

Lorsque nous, mouvements féministes, portons dans le débat public des violences que les institutions refusent de traiter, le Président de la République parle de tribunal médiatique et d’inquisition, et appelle à « laisser la justice faire son travail ».

Son travail ? Les chiffres sont sans appel : 80 % des plaintes pour violences au sein du couple sont classées sans suite ; 65 % des victimes de féminicides avaient saisi les forces de l’ordre ou la justice ; 2 victimes sur 3 font état d’une mauvaise prise en charge lorsqu’elles veulent porter plainte ; 90 % des plaintes pour harcèlement sexuel au travail sont classées sans suite ; seulement 0,6 % des viols sont condamnés ; 92 % des enfants qui parlent des violences sexuelles ne sont pas protégé·es.

Nous manifesterons pour crier que NON, la justice et la police françaises ne font pas leur travail ! Il est temps que l’ensemble de la société et les pouvoirs publics regardent en face cette situation, qui ne relève pas de dysfonctionnements ponctuels, mais d’un système qui reproduit les mécanismes de violences et de domination qu’il est censé combattre.

Nous serons dans la rue le 19 novembre pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles au travail et l’inaction des employeurs, qui silencient et discréditent la parole des victimes, minimisent les faits, refusent d’enquêter. Chaque jour en France plus de 20 viols ou tentatives de viols ont lieu sur le lieu de travail. Il est urgent de généraliser les plans de prévention au travail. Tout comme il est urgent de protéger les victimes de violences conjugales par de nouveaux droits au travail tels que l’interdiction de licenciement, les journées d’absence rémunérées, le droit prioritaire à la mobilité géographique ou fonctionnelle.

Le 19 novembre, créons ensemble un raz-de-marée dans la rue pour crier notre colère, et porter l’urgence de protéger les victimes et garantir à chacun·e son droit fondamental de vivre à l’abri des violences.

https://www.noustoutes.org/manif2022/

Les revendications

Nous réclamons l’adoption d’une loi-cadre contre toutes violences sexistes et sexuelles : un texte législatif établissant les orientations et lignes directrices et législatives de la lutte contre les violences de genre, tant sur les aspects préventifs, éducatifs, sociaux, d’assistance, de santé et de suivi des victimes, législatifs civils et pénaux, disciplinaires procéduraux et d’organisation judiciaire. Cette loi-cadre doit contenir les éléments suivants :

Consacrer chaque année 0,1% du PIB de la France à la lutte contre les violences de genre, soit 2 milliards d’euros.

Faire appliquer la loi prévoyant 3 séances par an à l’éducation à la vie sexuelle et affective du CP à la terminale. Lutter contre la culture du viol propagée par l’industrie pornographique et sanctionner le non respect de l’interdiction d’accès aux mineurs. Ceci implique que des moyens importants pour former les personnels et financer des interventions extérieures soient alloués chaque année en intégrant des informations sur le suivi gynécologique.

Sanction de toutes les entreprises et administrations qui n’ont pas mis en place de plan de prévention des VSS.

Formation obligatoire initiale et continue des professionnel·les, déjà prévue dans la loi du 4 août 2014 mais non appliquée, des profesionnel·les de l’éducation, de la santé, du social, de la justice, de la police, des manageurs et des RH à la détection des violences, la prise en charge des victimes et à la prévention de toutes les violences sexistes et sexuelles dont les Violences Obstétricales et gynécologiques, les violences psychologiques ainsi que les violences faites aux femmes et aux mineur.e.s. Et mise en place d'outils de surveillance de sa mise en place effective

Augmentation du nombre de personnel en charge de l’accompagnement et de la protection des victimes. (justice, professionnel·les de santé, travail social…)

Plan d’urgence pour la protection de l’enfance : Création de postes de personnels éducatifs, sociaux et judiciaires, ouverture de structures d’accueil et d'hébergement pour protéger les victimes mineures, mise en place systématique des “Auditions Mélanie” (auditions filmées, réalisées par un enquêteur ou une enquêtrice spécialement formé.e, supervisées par un.e psychologue, dans une salle spécialement aménagée etc).

Création de brigades et de juridictions spécialisées et formées en matière de violences sexistes et sexuelles

Déploiement massif des dispositifs de protection existants (ordonnances de protection, bracelets anti-rapprochement...) ; création de 15 000 nouvelles places d’hébergement dédiés chaque année.

Mise en place de droits pour protéger les victimes de violences conjugales au travail : 10 jours d’absence rémunérées, interdiction de licenciement, droit à la mobilité géographique et/ou fonctionnelle.

Garantir l’accès à un titre de séjour, au droit d’asile et l’accès à la sécurité sociale ainsi que la prise en charge automatique de tous les frais médicaux pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles.

Mise en place d’une aide financière pour la mise en sureté et l’accompagnement des victimes de violences sexistes et sexuelles et de leur famille (prise en charge automatique des frais médicaux et juridiques, accompagnement psychologique, aide financière minimale etc) et déconjugalisation de toutes les aides sociales

Inscrire les féminicides dans le code pénal et modifier la définition du viol pour intégrer la recommandation du Conseil de l’Europe, adoptant une approche basée sur le consentement et intégrant les différentes formes de viols (dont le viol dans le cadre de la gynécologie et de l’obstétrique et le viol punitif à l’encontre des lesbiennes).

Inscrire le droit à l’IVG dans la constitution.

Création d’un observatoire national des violences de genre :

      Structure de suivi et d’évaluation des politiques publiques de lutte contre les violences de genre : organe indépendant, chargé de vérifier et d’évaluer l’application des lois et des conventions internationales.

      Et structure de recherche et de collecte de données : organe chargé de produire des analyses chiffrées et qualitatives sur les violences de genre et leurs causes, leur évolution dans le temps

Tract sur le harcèlement de rue : connaître, se défendre (Québec)

https://www.ceaf-montreal.qc.ca/files/comment-reagir.pdf 

La Grande Cause définitivement classée sans suite ?

Nos associations, le Collectif Féministe Contre le Viol, Osez le Feminisme!, l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT), Du Côté des Femmes, En Avant Toute(s), Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) et la Fondation des Femmes, ont découvert via un article du Journal Du Dimanche l’existence d’une dépêche interministérielle en direction des procureurs de la République, qui aurait débouché sur des classements sans suite massifs et un déni de justice pour des milliers de victimes.

Un classement sans suite désigne l’arrêt d’une procédure judiciaire consécutive à une plainte. C’est le procureur de la République qui en prend la décision. Dans une dépêche de mai 2021, il a été demandé d’accélérer le classement sans suite de nombreuses plaintes pour désengorger les commissariats et services d’enquêtes.

Nous rappelons que 5 ans après #MeToo, les plaintes pour violences sexistes et sexuelles ont presque doublé. Nous rappelons qu’il a été reproché aux femmes victimes de s’exprimer sur les réseaux sociaux ou dans les médias plutôt que de porter plainte. Nous rappelons qu’elles ont fortement été incitées à porter plainte et que dans ce contexte plus que tout autre, il n’est pas acceptable que tout ou partie de ces plaintes aient été destinées à la poubelle. Si tel était le cas, cela relèverait d’une hypocrisie insupportable de la part de nos institutions et serait extrêmement préjudiciable à la confiance si fragile  qu’ont les victimes de violences sexistes et sexuelles aujourd’hui vis-à-vis de notre système judiciaire.

La dépêche ne dit pas si des crimes ou délits sont exclus. Nous demandons donc le plus rapidement possible un état des lieux sur ce qui semble être un véritable scandale : combien de plaintes pour violences sexistes ou sexuelles ont été ainsi classées pour des raisons étrangères à la faiblesse probatoire des dossiers? Nous souhaitons que toute la transparence soit faite et demandons au Ministère de la justice de faire rouvrir toutes les enquêtes qui auraient été classées sans suite dans ces conditions. 

Les associations ont constamment alerté, depuis les premiers jours de #MeToo sur le manque de moyens dédiés à l’accompagnement, au suivi et aux procédures juridiques. Il était prévisible qu’une hausse sans précédent de plaintes, sur des services déjà surchargés et sous dotés, entraînerait une situation d’engorgement difficile à résoudre.

Nous demandons, à l’heure où le budget est en discussion au parlement, l’affectation immédiate d’un budget de 1 milliard à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, permettant, entre autres, de financer à la hauteur des besoins y compris d’enquête.

Source : Commmuniqué de Osez le féminisme ! 10/11/2022

 

Droit à l'avortement

ETATS-UNIS — L'avortement est devenu une question déterminante dans les résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis. Cinq États ont organisé des référendums sur l'avortement. En Californie, au Michigan et au Vermont, on a demandé à l’électorat s'elles et ils voulaient que l'accès à l'avortement soit inscrit dans leurs constitutions locales. Les trois Etats ont voté “oui”. Au Montana, on leur a demandé de voter pour le “Born Alive Infants Protection Act”, qui, selon les groupes de défense des droits reproductifs, pourrait criminaliser les familles et les médecins en cas de complications de la grossesse, tandis qu'au Kentucky, on leur a demandé d’inscrire dans la constitution l’interdiction du droit à l'avortement. Dans les deux cas, le “non” l'a emporté, en faveur du droit à l'avortement. Pendant ce temps, Maura Healey du Massachusetts est devenue la première femme lesbienne à être élue gouverneur d'un État.

Source : Newsletter Impact du 14/11/2022

POLOGNE — Le bureau du procureur de Varsovie a déposé un acte d'accusation officiel contre trois dirigeantes des manifestations de masse de 2020 contre les restrictions à l'avortement en Pologne. Marta Lempart, Klementyna Suchanow et Agnieszka Czerederecka-Fabin de All-Poland Women's Strike ont été accusées d'avoir mis en danger la santé publique et "d'avoir causé une menace épidémiologique" pendant la pandémie en organisant une manifestation contre une décision de justice qui a pratiquement supprimé le droit à l'avortement. L'acte d'accusation a été initialement présenté l'année dernière, mais rejeté par les tribunaux en raison d'incohérences dans le texte. L'accusation a maintenant re-classé l'affaire. Pendant ce temps, le procès se poursuit contre Justyna Wydrzyńska, membre d'Aborcyjny Dream qui risque jusqu'à trois ans de prison pour avoir aidé une femme qui avait besoin d'un avortement.

Source : Newsletter Impact du 14/11/2022

 

Italie : « Cela fait un bout de temps que la loi sur l’IVG est inopérante »

Carole Lyon, journaliste

Le 22 octobre dernier, Giorgia Meloni, candidate du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, est devenue la première femme à accéder à la tête du gouvernement italien. Loin de constituer une victoire pour les droits des femmes, sa victoire alourdit encore la menace qui pèse sur les droits reproductifs de l’autre côté des Alpes.

« Je n’ai pas l’intention d’abolir la loi 194 ! Dans quelle langue dois-je le dire ? » Au cours de sa campagne électorale, Giorgia Meloni s’est défendue, avec force et à plusieurs reprises, de vouloir modifier ou supprimer la loi qui, depuis 1978, consacre le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). « C’est une manière de calmer le jeu, avance Marte Manca, membre de l’association féministe Non una di meno (Pas une de moins). Elle veut rassurer l’Europe et se donner une apparence démocratique. » La journaliste féministe Loredana Lipperini le rappelle : Meloni a triomphé face à une gauche « en perte d’identité ». Elle sait que, en s’attaquant directement à cette loi, elle « conduirait l’opposition, et une bonne part de la société, à faire front. Je ne crois pas qu’elle leur donnera ce coup de main », conclut-elle.

À en croire le nouveau président du Conseil des ministres – Giorgia Meloni a, dès le départ, formulé sa fonction au masculin dans toutes ses communications officielles –, le but est d’appliquer la loi « dans sa totalité », c’est-à-dire, selon ses propres termes, de garantir également aux femmes « le droit de ne pas avorter ». Un discours qui ne trompe pas les milliers de personnes qui, au lendemain de son élection, fin septembre, sont descendues dans les rues de plusieurs villes d’Italie pour soutenir le droit à l’IVG.

Relancer la natalité

Avec 1,17 enfant en moyenne par femme en 2020 (contre 1,84 en France), le taux de fécondité, en Italie, est le plus bas jamais enregistré – il devrait être de 2,05 pour que la population se renouvelle. Or, pour l’extrême droite, cette dénatalité a, en plus de l’aspect économique, un versant identitaire : Fratelli d’Italia veut encourager les Italien·nes « d’origine » à faire des enfants (notamment au moyen d’aides financières) et accuse la gauche de répondre à la crise en « remplaçant les Italiens par des immigrés ». La relance des naissances est d’ailleurs la mission explicite de la nouvelle ministre de la Famille, de la Natalité et de l’Égalité des chances, Eugenia Roccella. Connue pour ses positions pro-vie, elle a pourtant, elle aussi, fermement nié vouloir s’en prendre au droit à l’IVG.

« UN PROJET DE LOI PROPOSE D'INSTITUER UNE JOURNÉE DE LA VIE À NAITRE QUI OUVRIRAIT LA VOIE À DES MANIFESTATIONS PRO-VIE DANS LES ÉCOLES. »

« En réalité, cela fait déjà un bout de temps que la loi 194 est largement inopérante », réagit Marte Manca, qui milite dans la région des Marches, au centre de l’Italie sur la côte est. Un territoire modèle selon Giorgia Meloni. Dirigé depuis 2020 par Fratelli d’Italia, le gouvernement local refuse d’y appliquer les directives nationales sur le délai pour avorter, passant de sept à neuf semaines, et sur la délivrance de la pilule abortive sans obligation d’hospitalisation. Il a en revanche autorisé explicitement les associations pro-vie à s’installer dans les centres médicaux publics, où elles peuvent dissuader les patient·es d’avorter.

La clause de conscience des gynécologues en question

Pour Marte Manca, si l’accès à l’IVG est aussi difficile, c’est surtout en raison de la clause de conscience prévue par la loi italienne, qui permet aux gynécologues de refuser de pratiquer des avortements. Au niveau national, selon des chiffres datant de 2020, 64,6 % des médecins l’appliquent alors que, dans plusieurs régions du sud, ce taux est supérieur à 80 %. « C’est un pays qui abrite en son sein toute une aile catholique », rappelle le militant. « Au niveau local, nous avons des pointes à 100 % d’objection, avec des hôpitaux où l’avortement n’est pas du tout pratiqué. » Il craint désormais que « le modèle des Marches s’étende au niveau national ».

Les élus de la coalition de droite n’ont d’ailleurs pas perdu leur temps. Dès leur premier jour au Parlement, le 13 octobre, ils ont déposé une série de projets de loi sans équivoque. L’un d’entre eux voudrait modifier l’article 1 du Code civil afin de reconnaître la capacité juridique des individus non plus à partir de leur naissance, mais dès le moment de la conception. Ce qui reviendrait à considérer les fœtus comme des personnes à part entière, et l’IVG comme un homicide volontaire. Un autre texte propose d’instituer une Journée de la vie à naître, qui ouvrirait la voie à des manifestations et activités pro-vie, dans les écoles notamment. Pour l’heure, ces projets n’ont pas encore été débattus. La journaliste Loredana Lipperini le rappelle : des textes semblables ont déjà été proposés au cours des précédentes législatures, « mais c’est la première fois qu’ils le sont avec suffisamment de voix pour passer ».

Source : La Déferlante

 

IRAN — Les manifestations se poursuivent en Iran deux mois après la mort de Mahsa Amini, une femme kurde de 22 ans décédée alors qu'elle était détenue par la "police des mœurs" iranienne. Le gouvernement iranien a continué à réprimer les manifestant·e·s et certains parlementaires ont suggéré d'appliquer la peine de mort aux personnes arrêtées et condamnées. Le 28 octobre, des villes du monde entier comme Berlin, Londres, Paris et Rome ont été le théâtre de nouveaux rassemblements de solidarité avec le peuple iranien et en particulier avec les femmes, soumises aux lois obligatoires sur le hijab.

Source : Newsletter Impact du 14/11/2022

 

Pétitions

ARRÊTEZ L'EXÉCUTION DES MANIFESTANTS IRANIENS

Raheleh Behzadi - Suède

https://www.change.org/p/arrêtez-l-exécution-des-manifestants-iraniens

Le tribunal et le parlement iraniens ont prononcé et confirmé l’exécution de sept personnes en relation avec les récentes manifestations contre la dictature et la corruption du gouvernement iranien. Ces personnes sont les suivantes :

1.              Mohammad Ghobadloo

2.              Saman Seydi

3.              Mohsen Reza zade Gharaghloo

4.              Saeed Shirazi

5.              Mohammad Broghni

6.              Abolfazl Mehri Hossein Hajiloo

7.              Manouchehr Mehmannavaz 

Ces peines ont été prononcées sur la base d’accusations de sécurité nationale vaguement définies. Non seulement les accusés n’ont pas eu accès à un avocat, mais ils ont été torturés ou maltraités par les autorités en détention. Alors que les personnes impliquées dans des manifestations sont condamnées à mort lors de procès inéquitables, les forces de sécurité qui ont fait usage de la force et abattu des centaines de manifestants restent en liberté.

Nous appelons tous les peuples du monde, les organisations des droits de l’homme, les tribunaux internationaux, les étudiants, les universités, les célébrités et les politiciens à prendre des mesures immédiates pour abolir cette mort récente. Nous demandons aux gouvernements, aux politiciens et aux organisations internationales de garantir un procès équitable aux personnes accusées de crimes reconnus

 

 

POUR QUE LES MÉDECINS QUI SIGNALENT DES MALTRAITANCES SOIENT ENFIN PROTÉGÉS !

Pétition du collectif de Médecins STOP VIOLENCES

Transmis par de Judith Trinquart, de l’association Mémoire traumatique.

Le 30 mai 2022, à l’issue d’une procédure longue de 7 ans, Le Conseil d’Etat a annulé la condamnation du Dr Eugénie Izard à 3 mois d’interdiction d’exercer la médecine par l’Ordre des Médecins dans les suites d’un signalement pour maltraitances sur une enfant de 8 ans. Cette situation ubuesque est vécue par de nombreux médecins, alors même que 160 000 enfants par an sont victimes de violences intrafamiliales. 

Pourtant la Haute Autorité de Santé (HAS) estimait dès 2011 que les médecins font partie des acteurs de proximité les plus à même de dépister ces violences. En 2014 la même HAS a déploré que moins de  5% des signalements d’enfants en danger proviennent de médecins. Dans ce contexte de poursuites et condamnations des médecins par leur ordre professionnel, il n’est pas étonnant que ce chiffre extrêmement bas n’ait toujours pas évolué. Alors que l’ensemble des citoyens est appelé à lutter contre ce fléau, les médecins   sont toujours entravés dans les missions de protection des enfants qui leur incombent. 

Des médecins soucieux de protéger leurs jeunes patients se retrouvent poursuivis par l’agresseur présumé de l’enfant devant le Conseil de l’Ordre sur le fondement de  4 articles du code de déontologie médicale : violation du secret médical, immixtion dans les affaires de famille, non respect de l’autorité parentale conjointe et certificat tendancieux ou de complaisance.  Ces articles, qui aboutissent à des condamnations fréquentes de médecins qui oeuvrent pour protéger des enfants,  sont devenus obsolètes et inadaptés à la lutte nécessaire contre les maltraitances.

Si l'article 43 du code de déontologie médicale précise bien que le médecin « doit être le défenseur de l'enfant »,  pourquoi l'article 44 vient-il le contredire en imposant au médecin  « prudence » et  « circonspection » et en évoquant la possibilité de ne pas signaler les sévices ou privations qu’il constate en fonction de « circonstances particulières  qu’il apprécie en conscience”? Ce flou rédactionnel laisse la porte ouverte à toutes les dérives, craintes et abstentions empêchant le signalement des enfants en danger et leur protection effective.

Ces articles contestables du code de déontologie entrent en conflit avec un cadre législatif qui incite à la communication d’informations préoccupantes entre professionnels concernés par la protection de l’enfance, mais demeure  trop flou pour assurer aux médecins une protection juridique suffisante dans leur mission de lutte contre les maltraitances.

Cette absence de clarté a été soulignée par le second rapport de la CIIVISE (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) en mars 2022 qui  préconise de rendre obligatoire le signalement par les médecins et de mieux protéger les médecins signalants des représailles des agresseurs.

COMMENT UN MEDECIN PEUT-IL EFFECTUER SON DEVOIR ETHIQUE ET CITOYEN DE PROTECTION DES ENFANTS S'IL DOIT REDOUTER DES POURSUITES ET DES CONDAMNATIONS DE SON ORDRE PROFESSIONNEL ?

Il est urgent de modifier le cadre législatif et réglementaire régissant les modalités d’action des médecins dans  leur nécessaire mission de protection des mineurs.

Notre Collectif de Médecins “Stop Violences” qui réunit une soixantaine de médecins de toutes spécialités, demande donc:

-          Une obligation de signalement au Procureur de la République ou aux autorités administratives (CRIP) pour tous  les médecins qui soit clairement inscrite dans la loi. Cette obligation  a montré son efficacité depuis 50 ans aux Etats Unis et au Canada ainsi que dans de nombreux pays européens (Espagne, Italie, Autriche, Suède, Finlande etc).

-           Une irrecevabilité des plaintes ordinales avec interdiction de poursuites et condamnations par l’ordre qui soit inscrite dans la loi dès lors que les médecins ont effectué leurs  démarches de protection des mineurs (écrits, signalements, certificats, rapports, etc) en toute bonne foi et après examen consciencieux de l’enfant.

-          La possibilité légale, pour un médecin qui l’estime nécessaire,  d’adresser son signalement à tous les magistrats chargés d’une mission de protection de l’enfant et de ses intérêts s’ils sont déjà saisis : Juge des enfants, juge aux affaires familiales, juge d’instruction. L'expérience montre constamment que de notre interdiction de médecins à communiquer avec l’ensemble des acteurs judiciaires en charge de la protection des enfants nuit à la protection effective des enfants.

-          Un anonymat du signalant qui soit obligatoirement préservé par le Parquet et les magistrats destinataires des signalements si le médecin le demande.

-          Une interdiction des poursuites ordinales pour non respect de l'autorité parentale conjointe dans le cadre de suspicions de maltraitances. Le médecin doit pouvoir respecter l'intérêt supérieur de l'enfant lorsqu'il suspecte des maltraitances par un des parents et pouvoir dans ces cas proposer les examens et les soins adéquats sans l'accord des deux parents puisque le parent maltraitant s’oppose systématiquement aux suivis de ses enfants.  Trop d'enfants victimes demeurent de ce fait sans suivi et sans aide pendant des années  ce qui a un effet particulièrement délétère sur leur santé physique et psychologique présente et à venir.

https://www.change.org/p/pour-que-les-médecins-qui-signalent-des-maltraitances-soient-enfin-protégés

 

Tribunes

 

Déclaration n°2 du Front Féministe : Remettons les pendules à l’heure !

 

Naître fille dans notre monde où la domination machiste est systémique, c’est souvent commencer une vie de discriminations, d’injustices, de violences et de peurs. Les causes en sont la répulsion pour le sexe féminin (défini par des organes sexuels spécifiques) et l’infériorisation du genre féminin (correspondant aux assignations sociales).

Dans le monde, toutes les quatre minutes, une petite fille est excisée. 

Toutes les deux secondes, une fille est mariée à un homme bien plus âgé qu’elle. 

Toutes les neuf minutes, une femme meurt des suites d’un avortement clandestin. 

Toutes les onze minutes, une femme est tuée par son compagnon ou son ex.

Partout, des hommes (en grande majorité) infligent à des femmes et à des filles des violences à cause de leur sexe féminin.

Interdiction de l’avortement, un acte qui, pratiqué dans des conditions d’hygiène suffisantes, est simple et sans danger.

Mariages forcés, grossesses précoces, avortements forcés. 

Violences sexuelles et viols, dans les zones de guerre ou en temps dit de paix.

Marchandisation des corps féminins : prostitution, proxénétisme, traite humaine à des fins d’exploitation sexuelle ou domestique, location de ventres à des couples achetant un enfant.

Violences accrues que subissent des femmes et des filles rendues vulnérables par des violences antérieures, et aussi par des discriminations liées à leur pauvreté, leur origine, leur culture, leur handicap, leur lesbianisme. 

Le viol est l’arme principale du patriarcat contre les femmes, leur corps et leur liberté. Il est la négation de l’autre, et un acte de torture au cœur des systèmes d'oppression machiste : prostitution, pornographie, mariages forcés, viols par inceste, pédocriminalité, « devoir conjugal », viols punitifs de lesbiennes, viols de guerre, grossesses imposées résultant de viols. 

L’impunité des criminels est quasi assurée : moins de 1 % des violeurs sont condamnés. 

Les droits des femmes sont universels

et inscrits dans la Déclaration universelle des droits humains de 1948.

La situation de toutes les femmes nous concerne toutes et tous.

En Afrique, deux tiers des analphabètes sont de sexe féminin. En Afghanistan, les filles sont interdites d’école. En Iran, des femmes sont tuées car elles refusent de porter le voile.

Toutes les religions oppriment les femmes. L’intégrisme islamiste porte en outre un projet politique totalitaire qu’il cherche à imposer par la violence terroriste, le contrôle du corps des femmes et des contraintes spécifiques.

Des femmes sont entravées dans leur profession par des discriminations liées à leur sexe et par leur double journée de travail. Leur dignité est trop souvent bafouée par la honte attachée à leur sexualité, et leurs dénonciations de violences trop peu prises en compte, malgré l’effet libérateur de #MeToo. 

Des féministes universalistes s’élevant contre les violences du système prostitueur et l’effacement de l’identité de femme par des transactivistes sont victimes d’agressions et menacées de mort par des masculinistes, agents des lobbies proxénètes et transactivistes.

Avec le Front Féministe, nous invitons à revenir à l’essentiel.

Les femmes et les filles sont la moitié de l’humanité.

Nous, féministes, agissons pour la liberté et la dignité, 

pour l’égalité des femmes et des hommes, des filles et des garçons.

 

Lancé le 8 mars 2022, le Front Féministe groupe 64 associations et réseaux de 7 pays.

« Liberté Égalité Féminisme », le manifeste du Front Féministe, est disponible sur le site de Zéromacho https://zeromacho.wordpress.com/2022/03/07/action-85-8-mars-2022-2/ , avec la liste des signataires

Responsables : Marie-Noëlle Bas, Gérard Biard et Florence Montreynaud.

 

Tous transphobes, vraiment ?

Par un collectif d'universitaires et de médecins

Regards de femmes est signataire, aux côtés d'universitaires et de médecins, de la tribune publiée dans le Point : https://www.lepoint.fr/debats/tous-transphobes-vraiment-03-11-2022-2496345_2.php

Les accusations infondées en « transphobie » rendent inaudibles les critiques envers l’idéologie transactiviste, gelant ainsi tout débat public.

Qu'il y ait de la haine, voire des discriminations, à l'égard des personnes transgenres est une réalité, et elle doit être combattue. Cette haine n'a pas sa place dans une société qui a choisi d'adhérer à des valeurs universalistes et de respect de la personne. Pour autant, ces valeurs autorisent la critique quand celle-ci n'attaque pas les personnes, mais se donne la possibilité d'émettre une opinion, un avis, une mise en garde à propos de concepts, d'idées et, dans le cas qui nous préoccupe, de pratiques.

Alors, est-il raisonnable, acceptable, d'accuser de transphobie quiconque émet une critique des discours transaffirmatifs qui s'érigent aujourd'hui en dogmes et vérités absolus ? Par exemple, en refusant le postulat que le sexe serait « assigné » à la naissance ? Est-il acceptable de désigner à la vindicte comme l'ennemi à abattre quiconque affirme qu'il y a deux sexes ? Est-il encore acceptable de proclamer qu'il faut accompagner les « mineurs trans » sans interroger leur malaise ? Ces refus de dialogue sur des sujets aussi graves que la médicalisation d'enfants identifiés trans très rapidement ne méritent-ils pas débat ? Une dangereuse intolérance à la critique se fait actuellement jour dans notre pays sur des sujets qui concernent l'ensemble de la société.

Fausse phobie

Chaque minorité qui se pose en victime d'une discrimination spécifique prend pour étendard un seul mot : phobie. C'est ainsi que de nouvelles phobies ont envahi l'espace médiatique, de l'islamophobie à la grossophobie et la transphobie. Cette « phobisation » de la vie sociale est contre-productive en matière de lutte contre les discriminations, car, en imposant une lecture pathologique et subjective d'actes qui doivent plutôt être établis et prouvés, elle engendre une régression de la conception juridique des discriminations.

Qu'est-ce que la « phobie » ? Du grec phobos, frayeur, crainte ou répulsion, c'est une peur irraisonnée et irrationnelle déclenchée par une circonstance sans danger. C'est le caractère irréel du danger qui distingue la phobie de la peur. Le mot « transphobie » est entré récemment dans le dictionnaire Le Robert, avec pour définition : « Attitude d'hostilité, de discrimination envers les personnes transsexuelles ou transgenres ». Par un détournement abusif de la nosologie, la transphobie ne désigne plus une peur irrationnelle des trans, mais une aversion à caractère morbide, souvent associée à une « panique morale » relevant d'esprits taxés de « conservateurs » émanant de personnalités « rigides ».

Amalgame systématique

Nous nous inscrivons en faux contre ce dévoiement en prenant l'exemple de la transphobie. Qui peut être à ce jour traité de transphobe ? Toute personne qui n'adhère pas à l'ensemble de l'idéologie trans. Et cela fait du monde. Nous parlons d'idéologie dans le cas d'un discours qui définit a priori ce qu'il est permis de penser. Est ainsi traité de « transphobe » quiconque discute de l'intérêt de la médicalisation des mineurs en invoquant les nombreuses études scientifiques qui montrent les risques de ces traitements, leur peu d'effectivité sur le bien-être et la souffrance psychique, leur absence d'effet sur le taux de suicide.

Dès lors qu’il s’agit de traitements médicaux lourds sur les adolescents, n’y a-t-il pas un devoir à traiter cette question avec mesure et discernement ?

Nous disons que la phobisation de ceux qui s'opposent à la médicalisation abusive des mineurs est une façon de rendre inaudibles les arguments consistant à faire valoir la prudence. Pourtant, dès lors qu'il s'agit de traitements médicaux lourds sur les adolescents, n'y a-t-il pas un devoir de traiter cette question avec mesure et discernement ? Un nombre important de ces adolescents présentent des troubles psychopathologiques (dépressions, anorexies, autismes, etc.).

Comment comprendre que la moindre critique concernant les trans est immédiatement amalgamée à un rejet haineux par voie de presse ou sur les réseaux sociaux au nom d'un progressisme libéral ? Si des parents refusent à leur enfant l'autorisation de changer de prénom ou de prendre des hormones, sont-ils pour autant transphobes ?

Norme collective

Pour lutter contre les discriminations, des journées de visibilité trans sont destinées à promouvoir la transidentité. Par ailleurs, des campagnes publicitaires par voie d'affichage dans les rues de plusieurs grandes villes de France (« Oui, ma petite fille est trans »), la diffusion par le planning familial d'une image d'un homme enceint ou encore des informations dans les écoles publiques par des associations militantes prétendent lutter contre la transphobie. Tant mieux si les personnes transgenres en ont bénéficié : chacune a pu se sentir reconnue dans son choix de vie intime, ce qui a favorisé une meilleure intégration sociale.

Cependant, une liberté personnelle ne saurait se transformer en norme collective. Aux États-Unis, pour ne citer qu'un seul exemple, mais il est édifiant, la présidente de Disney, Karey Burke, a déclaré qu'« en tant que mère d'un enfant transgenre et d'un enfant pansexuel », elle soutient le fait d'avoir des « personnages LGBTQIA+ dans nos histoires » et souhaite qu'au moins 50 % des personnages Disney appartiennent à la communauté LGBTQIA et aux minorités raciales. Nul doute que nombre de personnes vont se rattacher à cette communauté pour profiter de ces quotas ! Il n'empêche qu'au nom de la diversité Karey Burke réinvente la ségrégation avec son corollaire : la montée des tensions et des ressentiments entre communautés.

Terreur idéologique

Malgré les progrès en matière de droits des personnes trans, les accusations de transphobie n'ont jamais été aussi virulentes de la part des transactivistes que nous distinguons bien entendu des personnes trans. Aujourd'hui, toute opinion qui s'éloignerait un peu des discours euphoriques convenus concernant la transidentité est systématiquement désavouée.

La « frénésie idéologique » se double d'une « terreur idéologique » (Raymond Aron), et les deux annulent toute velléité de débattre. Les condamnations électroniques avec les « sociodrones théologiques » que sont la calomnie, l'anathème, le discrédit dissuadent la prise de parole. Ce totalitarisme des individus autodéterminés et autoréférés qui transforment les réseaux sociaux en cours de justice parallèles gagne de jour en jour nos institutions, qui se plient, par peur, aux injonctions du « self-service normatif » (Pierre Legendre) et deviennent les instruments de ces nouveaux despotes. Citons Laurent Dubreuil : « la politique d'identité conforte l'avènement d'un despotisme démocratisé, où le pouvoir autoritaire n'est plus entre les seules mains du tyran, du parti ou de l'État, mais à la portée d'individus manufacturés que traversent des types de désirs totalitaires. » Les meutes électroniques éreintent tous les contradicteurs à coups de bâton de justice : « transphobe » !

Cette posture morale et victimaire ne peut que tendre un piège rhétorique à tout contradicteur nécessairement rejeté dans le camp du mal et de l'obscurantisme. Le pouvoir du langage perverti, c'est sa capacité à intimider, voire à terroriser. Et cette novlangue au style amphigourique impressionne, voire sidère l'interlocuteur, elle se compose de mots qui fascinent et de concepts abscons (par exemple, le prénom de naissance est un « morinom », nom « mort » ou encore « mégenrage » lorsqu'on utilise un autre prénom ou pronom que celui auquel la personne s'identifie puisque le ressenti prévaut). Ces néologismes dessinent une binarité morale : soit on est pour et c'est bien, soit on se tait car c'est mal et haineux de penser autrement. C'est une offense et elle est condamnable ; donc il faut choisir son camp : pro-trans ou transphobe.

Péril démocratique

Dans une société démocratique, le débat et la critique sont consubstantiels à la vie sociale : doit-on accepter toutes les demandes des personnes trans ? Quelles répercussions, quelles conséquences ont-elles sur la collectivité, le système de soins ? Sommes-nous prêts à banaliser et à faciliter la transition dès le plus jeune âge ? Allons-nous médicaliser toutes les crises d'adolescence ?

Encore une fois, nous insistons : les droits des personnes trans doivent être protégés, ce qui n'empêche en rien le droit au débat contradictoire sur des sujets qui nous concernent tous. Pour ne pas être qualifiés de transphobes, nous serions sommés d'accepter l'ensemble d'une idéologie transactiviste prosélyte sans discussion ? Non contents d'accuser de transphobie tout ce qui leur paraît « offensant », les militants en rajoutent : « panique morale », « réactionnaire » et « extrême droite ».

Si, selon ces militants, « la transphobie tue », l'accusation infondée de transphobie, elle, porte atteinte à la démocratie et détourne l'attention de la nécessaire protection des mineurs.

*Les signataires : Nicole Athéa, gynécologue-endocrinologue, membre du directoire de l'Observatoire La Petite Sirène ; Caroline Calba, professeur certifié et agrégé d'anglais ; Sophie Dechêne, psychiatre infanto-juvénile, membre du directoire de l'Observatoire La Petite Sirène, Chantal Delsol, philosophe, membre de l'Académie des sciences morales et politiques ; Caroline Eliacheff, pédopsychiatre, codirectrice de l'Observatoire La Petite Sirène ; Claude Habib, professeure émérite de littérature à la Sorbonne Nouvelle ; Céline Masson, professeure des universités, codirectrice de l'Observatoire La Petite Sirène ; Isabelle de Mecquenem, professeure agrégée de philosophie, membre du CSL ; François Rastier, linguiste, directeur de recherche au CNRS ; Laurent Le Vaguerese, psychiatre et psychanalyste ; Michèle Vianès, présidente de Regards de femmes, et Sylvie Zucca, psychiatre, membre du directoire de l'Observatoire La Petite Sirène.

Transmis par Michèle Viannès, Regards de femmes

 

Ecoféminisme

 

Le Conseil des Montréalaises (CM) lançait ce mercredi 2 novembre, à la Maison du développement durable, son avis « Pour une transition écologique juste et féministe à Montréal ». Ce sont donc 15 recommandations à l’intention de la Ville de Montréal qui ont émergé de la recherche effectuée par le CM.

Si elles sont appliquées par l’administration Plante, ces recommandations feront en sorte que les politiques de lutte aux changements climatiques seront davantage «de l’ordre de l’aménagement urbain et des politiques publiques. C’est ce qui va être proposé davantage pour éviter de remettre toute la responsabilité aux femmes», se réjouit Marianne-Sarah Saulnier, membre du comité de recherche du CM.

Car si l’impact de la crise climatique sur les populations plus vulnérables est bien maîtrisé et compris par la Ville, les solutions proposées «ne seront pas des pratiques écoresponsables, qui sont des responsabilités individuelles». C’est ce qu’explique celle qui est aussi doctorante en anthropologie, et qui rappelle d’ailleurs que ces responsabilités individuelles reposent généralement sur «le travail reproductif», qui est presque exclusivement effectué par les femmes.

Le travail reproductif est un concept clé pour la compréhension de l’avis du CM. Il s’agit des tâches domestiques et du travail de care, dont les femmes prennent principalement la charge. Quand on parle de care, on parle «des soins prodigués, entre autres, aux enfants ou encore aux aînés», définit l’avis. La socialisation aux rôles sociaux genrés fait en sorte que «les femmes sont largement surreprésentées dans la prise en charge» de ce travail, ainsi que dans les différents «métiers de care». On parle ainsi entre autres des enseignantes et des infirmières.

«C’est un travail qui est non rémunéré et qui prend beaucoup de temps dans la planification des femmes, dans leurs déplacements, dans leur logement», explique Mme Saulnier. Elle rappelle que tout cela est exacerbé en état de crise climatique.

Il y a des inégalités sociales, et elles sont exacerbées en état de crise, et n’importe quelle crise. On l’a vu avec la pandémie. C’est la même chose avec la crise climatique. Marianne-Sarah Saulnier, membre du comité de recherche de Conseil des Montréalaises

La chercheuse s’avoue très optimiste quant à la réception de l’avis par le comité exécutif de la Ville. Lors du lancement, quelques membres de ce comité étaient présentes. Despina Sourias, conseillère associée au comité exécutif de la Ville de Montréal pour la condition féminine, la jeunesse, la diversité et les personnes aînées, a d’ailleurs pris part aux allocutions en début de lancement.

Cet avis est «très cher pour notre administration, a-t-elle affirmé, on accueille avec très grand intérêt les 15 recommandations émises par cet avis. On va le lire en détail, l’analyser et revenir avec une réponse officielle».

 

Quinze recommandations, trois objectifs

L’objectif premier des recommandations est de veiller à ce que la Ville de Montréal ait une plus grande compréhension «des enjeux climatiques genrés et de leur impact sur les populations plus vulnérables», dont font partie les femmes, «et sur leur capacité d’adaptation».

Le deuxième objectif, explique la chercheuse, est la prise en compte des femmes dans les mesures de lutte aux changements climatiques. «Il faut s’assurer qu’il y ait une reconnaissance de l’impact différencié sur le genre en raison des changements climatiques», explique Mme Saulnier.

Le troisième et dernier objectif est de favoriser l’implication des femmes et leurs propositions. Pour lire l’avis et les 15 recommandations, c’est par ici.

 

Cinq lieux d’inégalités cernés par les recherches

Cinq éléments sont ressortis de la recherche effectuée par le Conseil des Montréalaises, dont l’accès au logement, l’accès aux transports, l’accès aux espaces verts et aux commerces de proximité, en plus d’une plus grande volonté de s’impliquer dans la lutte aux changements climatiques.

Ceux-ci démontrent que les inégalités vécues par les Montréalaises n’ont rien de naturel, mais sont créées par des choix d’aménagement du territoire.

 

Dans notre méthodologie, on a superposé des cartes de défavorisations matérielles et sociales, avec des cartographies des îlots de chaleur à Montréal. On a vu une correspondance qui est pratiquement parfaite. Marianne-Sarah Saulnier, membre du comité de recherche de Conseil des Montréalaises

Donc, là où les gens sont les plus pauvres, les changements climatiques frappent le plus fort. Rappelons que les femmes font partie des populations vulnérables principalement touchées par la crise climatique. Mondialement, elles représentent «70% de la population mondiale en dessous du seuil de la pauvreté», signale la chercheuse.

À Montréal, ce sont les femmes qui sont les plus nombreuses à vivre sous le seuil du faible revenu, et il y a une plus grande proportion d’elles qui sont locataires. Donc, déjà, elles sont plus vulnérables. Marianne-Sarah Saulnier, membre du comité de recherche de Conseil des Montréalaises

Dans le dernier Plan climat de la Ville, «les femmes n’étaient pas prises en compte», se désole la chercheuse. L’avis Pour une transition écologique juste et féministe à Montréal tombe à point pour que le Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) et le Plan climat 2020-2023 soient «porteurs d’une transition écologique efficace et d’une plus grande justice sociale», peut-on lire dans un avis aux médias.

«Nos oreilles sont ouvertes parce qu’on veut améliorer le Plan climat de la Ville qui s’échelonne sur 10 années», exprimait justement la membre du comité exécutif de la Ville de Montréal responsable de la transition écologique et de l’environnement, Marie-Andrée Mauger. Elle souligne avec joie la mise en évidence, grâce à l’avis, de la grande volonté des femmes de participer à la transition écologique.

La recherche derrière cet avis provient d’une revue de littérature et d’entrevues effectuées sur le terrain avec des militantes, des intervenantes dans des organismes communautaires et des expertes dans les milieux de l’environnement et du féminisme. Le comité de recherche a abordé l’enjeu avec une approche intersectionnelle.

Source : https://journalmetro.com/actualites/montreal/2938814/15-recommandations-pour-une-transition-ecologique-feministe/

 

Les 15 recommandations

Recommandation 1 Que la Ville de Montréal s’assure, dans son Plan climat, de prendre en compte les populations vulnérables, particulièrement les femmes, dans la méthodologie d’évaluation des impacts climatiques du test climat.

Recommandation 2 Que la Ville de Montréal renforce l’application de l’analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) dans la mise en œuvre de toutes les actions relatives à l’adaptation aux changements climatiques ; que les résultats de cette ADS+ soient publiés dans la reddition de compte annuelle prévue dans le Plan climat.

Recommandation 3 Que la Ville de Montréal s’assure que l’ensemble de l’équipe du Bureau de la transition écologique et de la résilience (BTER) est formé à l’ADS+.

Recommandation 4 Que la Ville de Montréal collecte des données genrées, intersectionnelles et locales afin que la mise en œuvre du Plan climat soit mieux adaptée aux réalités des différentes populations dans les différents secteurs de la ville.

Recommandation 5 Que la Ville de Montréal étoffe ses huit indicateurs de suivi du Plan climat en ajoutant des cibles genrées et intersectionnelles (ex. : augmenter de X % la part modale du transport actif chez les femmes).

Recommandation 6 Que la Ville de Montréal s’assure de la transparence, de l’accessibilité et de la vulgarisation des informations contenues dans la reddition de compte annuelle prévue dans le Plan climat afin d’en faciliter la compréhension par la population montréalaise.

Recommandation 7 Que la Ville de Montréal mette en place un comité consultatif permanent, basé sur le modèle du Climate and Equity Working Group de la Ville de Vancouver, pour guider la mise en œuvre de son Plan climat.

Recommandation 8 Que la Ville de Montréal reconnaisse les groupes de femmes comme des partenaires de la transition écologique (action 2 du Plan climat) en appuyant financièrement, de façon récurrente et avec des fonds qui y sont spécifiquement consacrés, leurs activités liées aux changements climatiques, et en les outillant davantage à ce sujet.

Recommandation 9 Que la Ville de Montréal s’assure que le plan d’action de la Stratégie montréalaise pour une ville résiliente prend en compte les impacts sur les femmes des événements liés aux changements climatiques, comme l’augmentation de leur précarité économique, les risques accrus de violences et les atteintes à leur santé.

Recommandation 10 Que la Ville de Montréal prenne en compte le genre dans une perspective intersectionnelle dans les actions 4 et 8 de son Plan climat ; que les stratégies d’incitation à l’adoption de pratiques écoresponsables soient équitables et ne reposent pas sur le travail reproductif (tâches domestiques et travail de care) des femmes.

Recommandation 11 Que la Ville de Montréal s’assure que les programmes d’éducation et de sensibilisation à la transition écologique (actions 4 et 8 du Plan climat) prennent en compte les perceptions et les réalités différenciées des changements climatiques, et ce, selon le genre, dans une perspective intersectionnelle.

Recommandation 12 Que la Ville de Montréal appuie en priorité les initiatives citoyennes en matière de transition écologique dans les secteurs les plus vulnérables de la ville (voir la définition des secteurs vulnérables de Montréal dans la méthodologie de cet avis en page 12).

Recommandation 13 Que la Ville de Montréal appuie en priorité la création de pôles de résilience climatique (action 9 du Plan climat) dans les secteurs les plus vulnérables de la ville (voir la définition des secteurs vulnérables de Montréal dans la méthodologie de cet avis en page 12).

Recommandation 14 Que la Ville de Montréal intègre dans le Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) les revendications en matière de mobilité, de logement et de vie de quartier de la plateforme de revendications «Féministes pour le droit à la ville12» de la Table des groupes de femmes de Montréal.

Recommandation 15 Que tous les arrondissements de Montréal mettent en place des stratégies et des plans d’action sur la transition écologique et que ces plans prennent en compte les populations vulnérables, particulièrement les femmes.

 


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