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v L’interview : Lucile Peytavin pour son livre « Le coût de la virilité » .
v Informations militantes (informations détaillées en dessous du menu)
ü Mort de deux prostituées à Paris : un des accusés absent, le procès reporté
ü POUR AIDER LES AFGHANES, FAITES TOUT CE QUI EST EN VOTRE POUVOIR !
ü Les Funas et la justice sociale en Amérique du Sud
ü Samedi 21 mai 2022 à partir de 14h30 : festival femmes en lutte « Les brebis se rebiffent »
ü Ça s'est passé à Paris et c'est une excellente initiative des Zeromacho ! Pour l’égalité, on repassera ! Des hommes osent le fer !
ü Un festival pour #CHANGERLESRÈGLES :
ü Une journée de rencontres, le 28 mai, dès 11 h, au Pavillon des Canaux, pour mettre K.-O des tabous persistants : la sexualité en lien avec les règles, et la ménopause. Une autre journée pour se retrouver, le 29 mai, dès 16 h, au Pavillon des Canaux.
ü Rencontre féministe en région parisienne samedi 11 juin, à 13h, à Paris autour d’un pique-nique dans le jardin du Luxembourg
ü L'association "Les Saxifragettes, pour un féminisme culturel et militant..." vous invite, le jeudi 16 juin 2022 à 19 heures, à une soirée sur le thème du Streep art : « Street art ou art urbain, où sont les femmes ?
ü L'appel à la désertion des diplômé.es d’AGROPARISTECH
v LIVRES ET SPECTACLES
Musiques : « Frangines » Anne Sylvestre (indicatif début) ; « Woman » Neneh Cherry ; « Think » Aretha Franklin, « La chanson pour les non-mâles » Serge Utgé Royo ; « Bonhomme » Claes (en exclusivité accordée à Lucile Peytavin pour son interview); « La faute à Eve » Anne Sylvestre, intermèdes : « La danse arabe » Tchaikovsky (Casse noisettes) ; « Dans nos chants » Anne et Edwige des Entresorceleuses (indicatif de fin).
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Lucile PEYTAVIN : LE COUT DE LA VIRILITÉ
En France, les hommes sont responsables de l'écrasante majorité des comportements asociaux : 84 % des auteurs d'accidents de la route mortels, 92 % des élèves sanctionnés pour des actes relevant d'atteinte aux biens et aux personnes au collège, 90% des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 97 % des auteurs de violences sexuelles, etc.
Lucile Peytavin, historienne et membre du Laboratoire de l'égalité, s'interroge sur les raisons de cette surreprésentation des hommes comme principaux auteurs des violences et des comportements à risque, et tente d'estimer le coût financier de l'ensemble de ces préjudices pour l'État et donc pour chaque citoyen.ne. Quel est le coût, en France, en 2020, des conséquences de la virilité érigée en idéologie culturelle dominante ? L'autrice nous pose la question : n'aurions-nous pas tous intérêts à nous comporter... comme les femmes ?!
Le Monde avec AFP
Le procès de quatre hommes accusés d’avoir fait disparaître le corps d’une prostituée sur ordre de sa « patronne », elle-même tuée lors de l’incendie allumé pour dégrader la scène de crime, a été reporté, lundi 16 mai, en raison de l’absence de l’un des principaux accusés.
La cour d’assises de Paris a ordonné un mandat d’amener à l’encontre de Mourad B., qui ne s’est pas présenté, « sans excuse valable », a annoncé la présidente. L’audience reprendra mardi matin. Si l’accusé ne se présente pas, il sera jugé par défaut.
Au total huit personnes, toutes actuellement libres, doivent comparaître dans le cadre de ce procès censé durer trois semaines et qui avait déjà été renvoyé en mai 2021. Ce même Mourad B. avait alors fait parvenir un test positif au Covid-19.
Le 3 août 2016, il est environ 18 heures lorsqu’une énorme explosion secoue le troisième étage d’un immeuble d’une rue tranquille du 15e arrondissement de Paris. Les voisins voient un homme en sortir, désorienté, couvert de suie et gravement brûlé. Il part en courant.
L’intervention des pompiers est compliquée par la violence du feu. Quand ils parviennent à le circonscrire, ils trouvent sur le palier de l’appartement le corps calciné d’une femme. Sur le bas de son ventre, un tatouage : « MP ». Plus tôt dans l’après-midi, un voisin a vu une jeune femme hurler et pleurer à la fenêtre de l’appartement pendant une vingtaine de minutes, avant qu’une autre la ramène à l’intérieur et tire le rideau, racontera-t-il aux policiers.
Les enquêteurs découvrent rapidement que l’incendie n’est pas accidentel. Il y a des traces d’essence partout. Le corps carbonisé est identifié : c’est celui de Maria-Paz G., une Espagnole de 26 ans, occasionnellement escort girl mais qui faisait surtout travailler d’autres jeunes femmes, espagnoles ou sud-américaines, dans plusieurs appartements parisiens.
L’homme qui a pris la fuite est lui aussi identifié. Mourad B., 24 ans, un « bon à rien », selon son oncle qui a arrêté de l’héberger. Les policiers le retrouvent dans un hôtel. Bras et jambes bandés de pansements, il est allongé sur le lit d’une chambre qu’il n’a pas quittée depuis trois semaines. A la vue des policiers, il se jette au sol. Ses plaies dégagent une odeur pestilentielle. Il a trop mal pour s’expliquer, dit-il avant d’être hospitalisé.
Une « dinguerie »
Les policiers retrouvent la trace de ses complices présumés grâce à ses conversations téléphoniques peu prudentes au sujet d’une « dinguerie ». On y parle de deux femmes tuées. L’une « cannée sur place », « lebru » (brûlée), prénommée Maria-Paz. L’autre, « schlassée » (poignardée), dont le corps aurait été transporté dans la « ve-ca » (cave) d’un squat.
Ce second corps est retrouvé, enveloppé dans quatre couches de draps, couette et rideau, sous les détritus d’un sous-sol parisien. Il s’agit d’Alixon O., une Colombienne de 26 ans qui se prostituait depuis peu pour Maria-Paz. Elle a été poignardée de trente coups de couteau. Au fil des interpellations, les policiers reconstituent rapidement les faits.
Ce 3 août 2016, Maria-Paz fait venir à l’appartement un de ses copains, Moncef D. En arrivant sur place, il entend une fille hurler. Maria-Paz lui dit que la fille menace de la dénoncer à la police pour des histoires d’argent et propose 20 000 euros pour se « débarrasser d’elle ». Moncef D. et un ami, Kamel Z., conviennent d’un « bon plan ». Ils vont faire croire à Maria-Paz qu’ils ont tué la fille – qu’ils comptent laisser partir – et récupérer l’argent. Mais quand ils remontent dans l’appartement, Maria-Paz a les mains et le visage couverts de sang. « Finish », lâche-t-elle.
Les deux hommes prennent peur et s’enfuient. Maria-Paz les rappelle. Elle a besoin d’aide pour nettoyer la scène de crime, elle propose 15 000 euros pour qu’on la débarrasse du corps et nettoie l’appartement. Kamel Z. revient et, avec Mourad B. et trois autres complices, remonte une opération. Les « nettoyeurs » frottent les murs et les sols à la javel mais ça ne suffit pas. « Il faut mettre le feu », dit Maria-Paz. C’est elle qui allume le briquet qui va déclencher la déflagration, assure Mourad B. Maria-Paz est tuée sur le coup.
Du « n’importe quoi », résume un avocat du dossier. « Ce ne sont pas des anges mais ils n’ont pas du tout les épaules pour ce qu’ils ont fait », avance-t-il, parlant de « pieds nickelés du nettoyage ». Ils comparaissent pour le recel du corps et la non-dénonciation du crime. Une prostituée qui se trouvait dans l’appartement avec Maria-Paz lorsque celle-ci a tué Alixon comparaît pour complicité de meurtre. Le procès est prévu pour durer trois semaines.
Les funas et la justice sociale en Amérique du Sud
Il arrive que les organismes créés pour protéger et rendre justice soient défectueux. Trop souvent, les femmes n’ont qu’elles-mêmes pour se protéger et se défendre des violences basées sur le genre. Il faut donc s’organiser autrement. C’est pour ces raisons que sont nées la justice sociale et les funas en Amérique du Sud.
La justice sociale est une forme de justice alternative qui ne passe pas par les entités créées à cet effet par la société. C’est en quelque sorte une justice par le peuple. En Amérique du Sud, cette justice sociale a pris la forme des funas. Une funa est l’affichage sur les réseaux sociaux d’un agresseur (un homme habituellement) avec autant d’éléments que possible : sa photo, son nom et surtout ses actes. Des pages Instagram sont créées et les posts sont des témoignages et accusations. Leur but est simple. Beaucoup de ces hommes violents et parfois récidivistes, sont en liberté. Et à moins que les victimes passées ne sortent de l’ombre pour raconter ce qu’il leur ont fait, ils continuent à trouver d’autres cibles. Les funas, relayées à grande échelle, permettent à la société de savoir qu’il faut se méfier d’eux.
Ama (1), une jeune chilienne, n’a que 16 ans quand elle est victime d’un viol. Son agresseur, Maicol, est un ami de toujours en qui elle a toute confiance. Elle partage son témoignage et explique sa décision de lancer une funa contre lui.
En juin 2017, je retrouve Maicol chez lui pour qu’on passe journée ensemble. Comme à notre habitude, nous allons acheter de l’alcool pour discuter autour d’un verre. Nous nous installons sur son lit et nous mettons à boire assez tôt. Je me retrouve saoule très rapidement. Il me fait des avances et je me retrouve nue sans m’en rendre compte. Je suis extrêmement nerveuse parce que je n’ai jamais eu de relation sexuelle. Il commence à effleurer mon sexe avec le sien. C’est à ce moment là que je lui dis “non” pour la première fois. Il continue à m’embrasser dans le cou alors je lui explique que je ne veux pas. Ça n’a pas l’air de l’importuner. Je lui dis non une dernière fois mais ça ne change rien. Je décide de me laisser faire. Etant donné que je n’étais pas du tout prête, je souffre énormément. Quand il finit enfin et se retire, je me mets à pleurer de façon incontrôlée. Il me prend dans ses bras et me rassure. J’accepte son soutien parce que j’en ai vraiment besoin mais je suis très confuse de le voir changer d’une minute à l’autre avec moi. A cause du stress et de l’alcool, je me mets à vomir. Et lui, tel un bon ami, me tient les cheveux en me tapotant le dos pendant que je vomis. Vidée de mes forces et exténuée, il m’aide à me rhabiller et nous nous allongeons pour regarder quelques vidéos sur Youtube. Après ça je lui dis que je vais rentrer chez moi et nous nous quittons comme si rien ne s’était passé. Pendant les mois qui ont suivi, on a continué à faire partie du même groupe d’ami·es et il a recommencé à se comporter avec moi exactement comme avant ce jour. Il ne m’en a jamais reparlé. Je finis par m’éloigner de lui parce que je ne supportais plus son comportement envers les femmes, sans pour autant réaliser la gravité de ce qu’il m’avait fait.
En 2019, deux ans plus tard, il y a un vrai boom des funas dans tout le pays. Je me suis toujours sentie proche de la cause féministe alors bien sûr j’ai beaucoup lu de funas même si ce ne sont pas des lectures faciles. Je prends alors conscience de ce qui m’est arrivée : c’était un viol et je suis une victime. Cette nouvelle réalité est dure à digérer mais en plus, je commence à me dire que je ne suis sûrement pas la seule à qui il a fait ça. Je me renseigne sur le fonctionnement des funas et j’en parle à un ami. Il me dit qu’il ne peut bien sûr pas prendre la décision à ma place mais qu’il me soutiendra quelle que soit ma décision. C’est cette discussion qui m’a aidée à me lancer. J’écris tout ce que je viens de raconter dans mes notes, je crée une page Instagram nommée “Funamaicol” et je poste mon témoignage anonymement. L’anonymat n’est pas commun pour les funas mais moi je ne pouvais pas faire autrement parce que je ne voulais pas avoir à le dire à mes parents et je ne voulais pas non plus être vue par toute le monde comme “cette fille”. Je ne voulais pas être réduite à ce qui m’est arrivée. Je pensais que tout le monde allait me traiter de menteuse et tourner la page. Mais ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Mon post a reçu environ 1500 likes donc je vous laisse imaginer combien de personnes l’ont lu. Il faut savoir que je vis à Quillota. C’est une assez petite ville, il n’y a que 70 000 habitant.es, les informations circulent très vite. Aussitôt posté, mon témoignage en a attiré d’autres. Dans mes messages privés j’ai reçu une vague de témoignages de jeunes filles que, comme moi, Maicol a abusé ou violé. Au total j’ai pu compter une trentaine d’histoires d’agression ou de viol. Je me doutais que je n’étais pas la seule mais je n’aurais jamais deviné qu’il y en avait autant. Après avoir demandé l’accord aux victimes j’ai posté leurs témoignages pour m’assurer que cette funa serait prise au sérieux. Et je pense que j’ai bien fait.
Maicol a commencé à être insulté dans la rue, à recevoir des menaces de mort sur les réseaux sociaux et surtout à être renié par tous ses amis. Il était traité comme un pestiféré à Quillota. Il a fermé tous ses réseaux sociaux et s’est fait discret. Ensuite, je ne sais pas précisément ce qui lui est arrivé. En juin 2020 je suis tombée sur un nouveau compte à lui où il se faisait appeler “Mike” et où on voyait qu’il avait changé sa couleur de cheveux. Ce compte disait qu’il vivait dans une ville à environ 200km de Quillota. Ca me rassure parce qu’encore aujourd’hui je suis terrifiée à l’idée de le croiser dans la rue. J’ai fait un screen de ce compte pour le poster sur la funa. Il l’a donc supprimé. Ça a été silence radio jusqu’au mois dernier. Une fille a envoyé un message au compte de la funa pour me dire qu’elle l’avait rencontré en soirée et que sa tête lui disait quelque chose. Elle s’est souvenue quelques jours plus tard qu’elle avait lu la funa sur lui en 2019. Je lui ai posé quelques questions sur la vie qu’il mène aujourd’hui et j’ai été très déçue d’apprendre qu’il n’a pas changé. Il est toujours aussi misogyne et ne semble pas avoir changé sa façon de traiter les femmes. Il s’est vanté à cette soirée de la collection de nudes qu’il a dans son téléphone. Les femmes sont toujours des objets sexuels pour lui et il ne s’en cache pas plus qu’à l’époque. Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais. Je pense que d’un côté je voulais qu’il perde la vie confortable qu’il menait et ça a été le cas mais je voulais aussi qu’il aille voir un psy et qu’il se soigne pour que ça ne recommence plus. Au moins j’aurai réussi à lui mener la vie dure quelque temps. Visiblement il a dû recommencer à 0. Ca m’a fait plaisir de me rendre compte que la funa était arrivée aussi loin. Même là bas visiblement les gens ont une idée de qui il est vraiment. J’espère que tout ça l’aura empêché de violer et d’agresser d’autres filles. Dans le fond je l’ai fait pour elles.
Aujourd’hui nous sommes en 2022 et les funas ont presque disparu. Elles sont apparues parce que la justice traditionnelle ne croyait pas les victimes et préférait placer sa confiance dans les agresseurs; elle nous a montré qu’elle était prête à aller encore plus loin pour nous faire taire. Les funas ont toujours été des instruments illégaux. Donc des violeurs ont eu l’audace de porter plainte contre des lanceuses de funa comme moi. Après ces plaintes, la justice a choisi de punir les victimes de viol pour diffamation. Leurs violeurs étaient donc en liberté pendant qu’elles devaient payer des amendes. La vérité c’est que peu d’entre nous avons des preuves des viols subis, donc on ne nous croit pas. En revanche, les agresseurs peuvent utiliser les funas comme preuves sans soucis. J’ai choisi de ne pas mettre mon nom ou mon visage sur la mienne et heureusement parce qu’autrement je suis sûre qu’il m’aurait dénoncée pour que je finisse en prison. J’aurais aimé dire que la peur a changé de camp depuis les funas; mais même ça ils ont réussi à nous le prendre et à le retourner contre nous.
Eva Mordacq 50-50 Magazine
1 Pour des raisons évidentes, le prénom de la victime a été changé.
https://www.50-50magazine.fr/2022/05/13/les-funas-et-la-justice-sociale-en-amerique-du-sud/
POUR AIDER LES AFGHANES, FAITES TOUT CE QUI EST EN VOTRE POUVOIR !
C’est l’appel au secours lancé par la réfugiée politique, Shoukria Haidar, la présidente de l’association, Negar, à la communauté internationale pour faire pression auprès des talibans afin de les contraindre à négocier et à respecter l’égalité femmes/hommes inscrite dans la constitution afghane. Créée en 1996, Negar a développé des programmes d’éducation avec principalement la construction de collèges et lycées, de complexes sportifs à destination des filles ou encore la remise à niveau des professeures, privées d’enseignement sous le premier régime des talibans entre 1996 et 2001 où les filles avaient interdiction de fréquenter l’école.
Aujourd’hui, les talibans se sont installés dans ces mêmes établissements ou les ont purement et simplement détruits. Shoukria Haidar se bat depuis l’âge de 23 ans pour les droits des Afghanes. Elle a commencé sa quête pour l’égalité en 1980. A 63 ans, ce petit bout de femme continue, plus déterminée que jamais son combat car « on touche le fond de l’océan » (1).
En effet, pendant que le monde entier a les yeux rivés sur la guerre en Ukraine, d’autres terroristes avancent leurs pions contre les droits humains dans un pays en pleine déroute économique. Les Afghans et plus particulièrement les Afghanes se voient déposséder petit à petit de leurs libertés fondamentales dans l’indifférence internationale la plus totale. Depuis qu’en août dernier les talibans ont pris le pouvoir avec le soutien du Pakistan et en amont avec celui des USA et de l’ONU, des mesures ont été prises à l’encontre des femmes après avoir au préalable arraché les affiches publicitaires de leurs visages collées sur les murs ou décapité la tête de mannequins en vitrine.
Une longue liste d’interdictions
L’enseignement n’est plus accessible aux filles de plus de 12 ans. Les femmes ont interdiction de travailler, de conduire, de se rendre dans des lieux culturels, de sortir seules et dernier décret en date, elles doivent s’invisibiliser sous un voile intégral afin de disparaître du regard des hommes. Pour l’instant, les talibans leur demandent de le porter…. mais pour l’instant… Car à terme, si une femme ne disparait pas du champ de vision des hommes, son propriétaire, en l’occurrence le mari ou le père risque, dans un premier temps, un avertissement puis la menace de trois jours de prison et enfin la poursuite en justice si leur esclave continue de désobéir au chef de famille. Un moyen indirect et vicieux de répression auprès des maris ou des pères qui ne feraient pas respecter cette mesure au sein de leur famille.
Dès l’avènement de ces terroristes il y a neuf mois, certaines femmes ont réussi à fuir l’Afghanistan et quelques-unes ont préféré se suicider afin d’éviter les mariages forcés. Des familles ont vendu leur fille pour s’économiser une bouche à nourrir dans un pays où la famine est de retour et où la vie d’une femme ne vaut rien. Rappelez-vous cette fillette de 9 ans cédée pour 1900 € par son père en novembre dernier à son futur mari, un pédophile de 55 ans, et qui avait ému la sphère internationale ? Ce trafic d’enfants et de femmes a repris de plus belle au même titre que le trafic de drogue et d’organes. Un marché juteux qui rapporte beaucoup d’argent.
Cependant, des courageuses combattent et crient haut et fort leurs désaccords sur la mainmise de leurs libertés difficilement acquises les décennies précédentes. Elles ont 20 ans, 40 ans, 60 ans ou 80 ans et elles manifestent à visage découvert contre le voile intégral, hébergent les femmes violentées, enseignent aux filles de plus de 12 ans dans des écoles clandestines, utilisent les réseaux sociaux pour dénoncer leur quotidien et manifester leurs craintes. Pour chacun de leurs actes, elles risquent des représailles. » Heureusement que le pays est grand et qu’il est impossible pour l’armée des talibans de sanctionner toutes ces résistantes. Néanmoins, à chaque action, elles risquent la prison et la torture voire la mort » rappelle la présidente de l’association Nedar. Shoukria Haïdar en sait quelque chose. Elle y a échappé à plusieurs reprises lors de ses nombreux séjours dans son pays : « ces femmes sont en danger, il faut impérativement les aider en ne reconnaissant pas le régime taliban et en mettant la pression sur la communauté internationale pour qu’elle réagisse. «
A la question, mais pourquoi les talibans haïssent-ils autant les femmes ? La combattante aux cheveux courts et aux yeux noirs explique : « Pour eux, gagner contre la culture occidentale, c’est retirer le droit des femmes. Également, ils ne veulent pas d’une force intellectuelle, leur objectif étant de maintenir l’Afghanistan dans la misère dans toute l’acception du terme. Retirer les droits aux femmes, c’est aussi soumettre les hommes à la soi-disant culture afghane. Les femmes sont maintenues dans la pauvreté car en les retirant du marché du travail, elles ne peuvent plus exercer d’activité et donc apporter un revenu à la famille ou s’émanciper financièrement. Dans la région du Panshi où il existe une véritable poche de résistance, les talibans massacrent aussi bien les hommes que les femmes. C’est un génocide et tout le monde ferme les yeux ! Il y a une volonté de déstabiliser cette région de l’Asie centrale. En ce moment, des soldats sont formés pour aller se faire exploser. La communauté internationale doit réagir avant qu’il ne soit trop tard .«
Alors comment faire pour aider ce peuple abandonné aux mains de ces terroristes ? Shoukria Haïdar, en lien avec de nombreuses associations féministes internationales, proposera, comme il y a 25 ans sous le premier régime des talibans, de récolter, courant juillet prochain, plus de 3 millions de signatures sous la forme d’une pétition afin de faire pression auprès des instances internationales et d’obliger les talibans à respecter les droits fondamentaux des femmes inscrits dans la constitution afghane depuis 2004.
En attendant et pour sauver des vies, il s’agit de parler d’elles et comme disent les résistantes Afghanes, » notre voix est notre arme « .
Laurence Dionigi 50-50 Magazine
C'est passé, c'est un peu loin de Paris mais ça devait être super !
Samedi 21 mai 2002 à partir de 14h30 : festival femmes en lutte
http://www.camping-mouton-noir.fr/2022.html
C'est passé, ça s'est passé à Paris et c'est une excellente initiative des Zeromacho !
Pour l’égalité, on repassera ! Des hommes osent le fer !
Pour la fête des mères, je pensais lui offrir une centrale vapeur.
Elle a dit : « NON !
Le meilleur cadeau, c’est l’égalité ! »
Et si elle avait raison… ?
Nous, hommes, passons beaucoup moins de temps aux tâches ménagères et parentales que les femmes. Avec une répartition traditionnelle : tondre le gazon pour nous, récurer les toilettes pour elles. La situation évolue, certes, mais très lentement.
Cette « double journée » des femmes (travail professionnel + travail gratuit à la maison) n’est qu’un exemple des injustices à notre bénéfice, parmi bien d’autres : salaires, emplois ou représentation politique. Nous, hommes, touchons en moyenne un salaire supérieur de 27 % à celui des femmes.
Les tâches ménagères et parentales ne sont liées ni aux gènes ni à la nature, elles résultent de l’éducation et des habitudes culturelles. Nous aussi, nous pouvons repasser, nettoyer la poubelle, nourrir un-e enfant ou lui apprendre à coudre.
Pour dire NON à la violence machiste et aux discriminations, nous, hommes Zéromachos, empoignons aujourd’hui symboliquement un fer à repasser et disons OUI à l’égalité, OUI au partage !
Rejoignez-nous !
Ensemble, refusons d’être des machos ! Regardons les piles de linge que nous aurons repassées en nous disant :
« Un petit tas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité. »
Zeromacho
Zéromacho vous donne rendez-vous le 21 mai 2021, à 15h, à Paris, près du Centre Pompidou, place Igor-Strawinski
https://www.50-50magazine.fr/2022/05/20/pour-legalite-on-repassera-des-hommes-osent-le-fer/
UN FESTIVAL POUR #CHANGERLESRÈGLES
À l'occasion de la journée internationale de l'hygiène menstruelle et de la santé des femmes, Règles Élémentaires vous invite à un week-end 100% règles.
Ça a commencé, comme souvent, par une rêverie : "si on pouvait faire un festival entièrement consacré aux règles, ça toucherait plus de monde".
Car, en effet, chez Règles Élémentaires, on veut "toucher plus de monde". Car plus il y aura de personnes conscientes de la précarité menstruelle, et engagées pour la faire disparaître, plus il y aura de personnes informées sur ce que sont vraiment les règles, et qui osent en parler, plus on aura de chance de #CHANGERLESRÈGLES.
À force de rêver, comme souvent, on s'est pris au jeu. Un coup de pouce de la Fondation des Femmes + des heures de motivation et de planification de l'équipe de Règles Élémentaires + le soutien de nos deux tiers lieux féministes préférés (Chez Mona et le Pavillon des Canaux) + une team d'invité·es hors du commun = Sang Gêne, le premier festival de Règles Élémentaires.
Au programme :
Une soirée d'ouverture le 27 mai, à 19h, chez Mona, sous le signe du cinéma. Car quoi de mieux pour changer les représentations que de s'attaquer aux images ? Drôles, dramatiques, symboliques ou réalistes, venez voir 5 courts-métrages, et parler avec celles qui les ont réalisés, afin d'interroger notre vision des règles et du monde.
Quoi de mieux donc pour parler représentations que de montrer des images ? ?
Au programme, un cycle de courts métrages qui montrent les règles, on vous invite à venir vous questionner sur les espoirs et peurs suscitées par l'arrivée des premières règles, la connaissance de son propre corps, ou encore la précarité menstruelle et le coût, économique et psychologique, des règles.
- Moon Blood, Katia Korzinov, 4 min, Israël, 2021
Un court métrage d'animation qui suit le flux de conscience d'une jeune femme qui essaye de comprendre sa féminité encore inconnue. Par une succession de symboles mythologiques ou du quotidien, le film décrit une expérience qui peut s'adresser à toutes les personnes qui vivent leurs premières règles.
- Portrait d'Amira, Evelina Llewellyn, 5 min, Liban
Esquisse les portraits intimistes de dix femmes en situation de précarité menstruelle. Le portrait d'Amira aborde le point de vue d'une jeune femme et de ses amies sur le quotidien quand on est en situation de précarité menstruelle, et sur la difficulté de trouver des repères quand on a des douleurs de règles.
- Deux meufs, Aude N'Guessan Forget, 2 min, France, 2022
Deux meufs qui rêvent de changer un peu les choses.
- Code Red, Jada Poon, 12 min, États-Unis, 2021
Un film humoristique qui montre, à travers l'expérience de Karman, une fille de 6ème, le manque d'accessibilité des protections périodiques dans les écoles.
- Portrait d'Assil, Evelina Llewellyn, 10 min, Liban, 2021
Dans ce portrait, Assil parle de comment ses représentations de son corps et de ses règles se sont construites. Dans le même temps, elle nous embarque ainsi dans ses rêves et ses aspirations
- Spotless, Emma Branderhorst, 15 min, Pays-Bas, 2021
Les protections périodiques sont des produits de luxe. À travers, l'histoire d'une jeune femme, Spotless raconte l'histoire silenciée de nombreuse femmes, afin d'ouvrir la discussion sur le sujet de la précarité menstruelle.
Chez Mona
9 Rue de Vaugirard, 75006 Paris
et toujours dans le cadre de la journée internationale de l'hygiène menstruelle et de la santé des femmes,
- Une journée de
rencontres, le 28 mai, dès 11 h, au Pavillon des Canaux, pour mettre K.-O
des tabous persistants : la sexualité en lien avec les règles, et la ménopause.
On y pensera aussi les règles dans le monde, avec une discussion sur la
précarité menstruelle à l'international, et les règles sur la planète, avec une
discussion dédiée à l'écologie. Et comme c'est samedi, on vous promet
aussi une soirée de folie
Inscription gratuite et informations complémentaires ici 7
11h - 12h No more taboo : parce que les règles sont taboues, la sexualité également, aborder les deux sujets ça promet d'être explosif ! Discussions et quiz nous permettront de casser les idées reçues et surtout de s'informer avec @charline.sagefemme et @exploratricedelintime
16h-17h Précarité menstruelle & perspectives internationales : avec Action contre la faim et Evelina Llewellyn, réalisatrice de documentaire sur la précarité menstruelle au Liban.
17h30 – 18h30 Menopauses stories avec Sophie Kune : parce que les règles nous accompagnent toute notre vie, on parlera aussi de l'après règles, de quand on les a plus, et de tout ce que ça signifie. Sophie Kune du compte @menopause.stories viendra en discuter avec nous et jouer sous forme de quiz !
19h - 20h Des règles plus saines pour nous, et pour la planète : parce qu'on sait que ce thème vous tient à coeur et qu'il est pus que nécessaire de discuter des défis écologiques et comment les règles doivent en faire pleinement partie. On recevra l'association @zerowaste ainsi que @coeurdecagoles pour échanger sur le sujet !
20h Pour conclure la journée avec légèreté, on recevra @noemiedelattre histoire de briser le tabou avec l'humour
21h30 – 1h30 DJ SET avec le collectif Soeurs Malsaines
Une autre
journée pour se retrouver, le 29 mai, dès 16 h, au Pavillon des
Canaux. On y parlera des petites histoires à raconter à ses enfants à propos
des règles quand on est parent, et des règles dans la grande Histoire. Et à
force de parler, il sera temps de se questionner sur le choix des mots : ceux
qui renforcent les tabous, et ceux qui les combattent.
Promis, pour se quitter en douceur, on vous réserve une surprise musicale
On abordera trois thématiques sur cette journée !
16h - 17h Secrets d'histoire de règles : on se questionnera sur la perception des règles à travers l'histoire mais aussi quelles protections ont été inventées à quelle époque avec un jeu et l'intervention de Elise Thiébaut autrice et journaliste engagée et Anne-Flore Thibaut diplomée d'histoire et lettres.
17h30 - 18h30 Sang gêne avec ses enfants : comment parler de règles aux plus jeunes, à quel age ? Atelier de réflexion pour aborder les règles avec des enfants/ados sous forme de brainstorming, partages d'expériences avec @papatriarcat créateur de podcast, Sofia Sekimi présidente de l'association Tente Rouge, Anne-Gaelle Morizur @annegaellemo autrice du livre Ma grande soeur est un loup garou et Maud Leblon directrice générale de Règles Élémentaires et maman !
19h30 - 20h30 Le choix des mots : comment parler des règles pour les changer ? Avec Laurie Peret et sa chanson Cirque Menstruel en introduction : urgence de penser les règles pour tous·tes, on abordera le sujet avec le prisme de chaque personne qui parle de règles dans son domaine. Avec la fondatrice de la marque de culottes menstruelles @moodz, le média @avecplaiz, @endolorix militant·e non binaire, Léa Deturche fondatrice de @pemlab_paris, Camille Giry du duo de comédiennes @camilleetjustine, Eleonore fondatrice de la boutique dédiée aux règles Rañute, & Emanouela Todovora autrice et podcasteuse !
21h Mélodie Lauret viendra conclure le festival en musique !
Tout au long du week-end :
un brunch avec une pâtisserie ensanglantée vous sera proposé par le Pavillon
une make up artiste et nail art artiste et une naturopathe seront présentes
Rencontre féministe en région parisienne samedi 11 juin, à 13h, à Paris autour d’un pique-nique dans le jardin du Luxembourg
RER : Luxembourg, métro : Odéon
Rendez-vous avec des provisions que nous partagerons, sous le préau rectangulaire qui se trouve près de l’entrée proche de la station Luxembourg du RER, en face du coin de la rue Gay-Lussac et du boulevard Saint-Michel. Après l’entrée, marchez sur la bande en revêtement dur pendant 100 mètres, et vous verrez le préau rectangulaire sur la gauche. S’il est occupé, nous nous installerons juste à côté.
Merci de répondre si vous pensez venir !
Si vous êtes loin de Paris, organisez une rencontre féministe dans votre région ! Nous avons besoin de nous retrouver pour affronter ensemble ce monde aussi injuste que violent, et travailler à le changer !
Adelphiquement*,
Florence Montreynaud (Encore féministes !) et Marie-Noëlle Bas (Chiennes de garde)
L'association "Les Saxifragettes, pour un féminisme culturel et militant..." vous invite, le jeudi 16 juin 2022 à 19 heures, à une soirée sur le thème du street art :
« Street art ou art urbain, où sont les femmes ? »
Valérie Laude, conférencière spécialisée en art urbain, membre active de la Fédération de l’art urbain, autrice d’un ouvrage en cours de rédaction « La bible de l’art urbain » animera cette soirée en compagnie de Marquise, Lily Gana et d’autres street artistes qui présenteront leur travail et leurs œuvres.
Nous terminerons la soirée autour d’un petit buffet. Merci à chacun·e d’apporter de quoi se restaurer. N’hésitez pas à venir avec vos ami·es.
Jeudi 16 juin à 19 heures, salle FRANKLIN, 60 rue Franklin à MONTREUIL métro ligne 9, station Mairie de Montreuil.
Une brève
introduction :
Le mouvement appelé street art ou art urbain est un
mouvement artistique et un mode d’expression qui se sert de la rue pour
affirmer sa liberté. C’est de l'art engagé au service d'une ou plusieurs
causes qui rongent l'humanité. Politique, société, urbanisation, écologie,
guerre, racisme, cause animale, les sujets sont variés. Pourtant, cette vision
de la liberté se heurte au statut juridique du street art qui varie
selon les pays, mais qui apparaît comme un art « interdit », ce qui renforce l’aspect
libertaire du geste. C’est principalement un art éphémère, vu par un large
public qui englobe diverses techniques telles que le graffiti, le pochoir, la
mosaïque, le sticker, l’affichage et le collage, la réclame, ainsi que des
installations comme le tricot urbain. 2009 est l’année de consécration pour
cet art éphémère en France, avec une exposition qui a regroupé 150 tagueurs
internationaux au Grand Palais.
Le 8 juillet 2021, le blog artsper.com présente les 10 œuvres de
street art les plus connues au monde. Une seule œuvre réalisée par une femme
«la célèbre artiste britannique surnommée
Bambi». artsper.com/fr/inspirez-vous/les-10-oeuvres-de-street-art-les-plus-connues-au-monde/
Au plaisir de partager cette soirée avec vous.
PAS
DE TOILETTES POUR LES CONDUCTRICES DE FRET ? LA SNCF TENTE LES
CULOTTES MENSTRUELLES !!!😟
Camille Saint-Cricq - 17 mai 2022
Pour pallier l’absence de toilettes pour les conductrices de trains de marchandise, « Rail mixité » a testé l’idée des culottes menstruelles. Bronca … La féminisation de certains métiers est poussive.
L’idée avait été proposée par le service « rail mixité » de la SCNF pour être expérimentée. Ce service en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes planchait sur un problème récurrent dans bien des entreprises longtemps fermées aux femmes : des toilettes inaccessibles pour elles. Ce qui conduit les femmes à garder leurs protections périodiques très longtemps -bien au-delà des durées recommandées pour éviter des chocs toxiques- et à se soulager entre deux wagons, comme leurs collègues hommes.
Samedi 14 mai, Le Parisien a relayé l’indignation de femmes membres du personnel roulant qui ont reçu un mail à la mi-avril : la SNCF proposait à certaines conductrices une expérimentation de six mois en offrant trois culottes menstruelles précisant même que ces culottes étaient écologiques, sécurisantes et pratiques puisqu’elles peuvent « se garder plusieurs heures ».
Ce mail a été largement partagé par les employées. Interviewée par Le Parisien, une cheminotte dénonce : « La revendication sur l’accès aux toilettes date de l’arrivée des femmes dans ces métiers. Cela fait vingt ans que le sujet est sur table. Et toujours rien, c’est très choquant ! Et après ils disent qu’ils veulent féminiser les métiers. » Celui de cheminot.te a une grande marge de progression avant d’être à parité : on compte 394 conductrices et 12.530 conducteurs.
De son côté, la présidente du réseau SNCF Mixité Anne-Sophie Nomblot a regretté « la présentation injuste » faite de l’expérimentation. Au départ, l’idée de Rail Mixité était de pallier un risque : « La longueur des trajets sans-arrêt fait que les conductrices fret mettent en place des stratégies personnelles diverses pas optimales : garder un tampon pendant plus longtemps que le temps préconisé par le fabriquant, doubler les serviettes… » ce qui peut être dangereux. Et Rail Mixité affirme envisager d’autres solutions comme « une cartographie, un état des lieux des toilettes sur l’ensemble du territoire » et un accès facilité aux toilettes qui jalonnent le parcours des conductrices de fret.
L’APPEL À LA DÉSERTION DES DIPLÔMÉ.ES D’AGROPARISTECH
11 mai 2022
Elles et ils refusent les « jobs destructeurs » de l’agro-industrie et l’ont dit lors de la remise de leurs diplômes d’AgroParisTech. La vidéo de leur discours puissant est acclamée.
Appel à déserter - Remise des diplômes AgroParisTech 2022
https://www.youtube.com/watch?v=SUOVOC2Kd50&t=18s
Cette vidéo a été vue au moins 4 millions de fois et a suscité une émotion formidable. Depuis une semaine nous recevons des milliers de remerciements, de témoignages et d'invitations.
Cela nous a décidé à lancer aujourd'hui un appel à toutes celles et ceux coincés par des boulots et des pratiques nuisibles et toutes celles et ceux qui ont déjà déserté,
à se rencontrer samedi à midi devant les mairies pour s'aider localement à déserter.
Voici le lien : https://youtu.be/6RQi0-GxyUU
A bientôt, Des agros qui bifurquent
Loin de se réjouir de partir vers de grandes carrières professionnelles, huit jeunes, fraîchement diplômé.es, d’AgroParisTech ont appelé à déserter les métiers qui s’offrent à eux, lors de la cérémonie qui devait célébrer leur formation. « Une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours » attaque la première intervenante. Elles et ils ne veulent pas de « ces jobs [qui] sont destructeurs. Les accepter c’est nuire en servant les intérêts de quelques-uns. »
Leur combat conjugue écologie et social : « Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte ni à la « transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant. »
Elles et ils refusent de « Trafiquer en labo des plantes pour des multinationales qui asservissent toujours plus les agricultrices et les agriculteurs. Concevoir des plats préparés et des chimiothérapies pour soigner ensuite les malades causé.es. Inventer des labels « bonne conscience » pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres. Développer des énergies dites « vertes » qui permettent d’accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l’autre bout du monde… » et la liste est longue dans ce puissant discours à huit voix de 7’30 (vidéo YouTube ci-dessous).
Ils appellent à suivre d’autres voies. Des voies tracées par des ingénieurs agronomes considérés comme hétérodoxes jusqu’ici. Notamment Lidya et Claude Bourguignon qui s’exprimaient dans le film de Coline Serreau que nous avions rencontrée en 2010
Mais les jeunes diplômé.es semblent être davantage entendu.es et sont aujourd’hui moins isolé.es que leurs ainé.es. Sur les réseaux sociaux, la vidéo de leur discours, postée le 10 mai, fait déjà un tabac. Bien sûr, certains leur reprochent de cracher dans la soupe, d’être des enfants gâtés ou de ne rien comprendre et buttent sur cette phrase de leur discours « nous pensons que l’innovation technologique ne sauvera rien d’autre que le capitalisme ».
Mais une majorité applaudit et partage la vidéo. Camille Etienne, la jeune activiste pour la justice sociale et climatique, qui a co-signé une tribune pour appeler le futur gouvernement à suivre une formation de 20 heures sur les enjeux écologiques (publiée dans le JDD le 8 mai dernier), parle d’« un des discours les plus forts que j’ai pu voir ces derniers temps.»
A gauche, Jean-Luc Mélenchon ou François Ruffin ont été parmi les premiers à applaudir. Pierre Larrouturou, l’Eurodéputé Nouvelle Donne écrit sur Twitter : « je suis un ancien de l’Agro et je suis fier (ou triste ?) d’entendre ces étudiants appeler à un changement radical de nos modes de vie. Prenez 3 minutes pour les écouter ».
Et c’est une avalanche d’applaudissements sur les réseaux sociaux ou en commentaires de la video de la part de personnes qui disent parfois « en avoir les larmes aux yeux ».
Jacques Attali, écrivain qui a conseillé plusieurs présidents de la République, reprend les paroles du texte de Boris Vian. « Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C’est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Ma décision est prise Je m’en vais déserter » approuvant ainsi ces jeunes qui veulent déserter un système qui détruit.
https://www.lesnouvellesnews.fr/lappel-a-la-desertion-des-diplome-es-dagroparistech/
TEXTE DE LEURS DECLARATIONS :
"Les diplômé.es de 2022 sont aujourd'hui réuni.es une
dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech.
Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d'être fières et méritantes d'obtenir ce diplôme à l'issue d'une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.
Nous ne nous considérons pas comme les "Talents d'une planète soutenable".
Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des "enjeux" ou des "défis" auxquels nous devrions trouver des "solutions" en tant qu'ingénieures.
Nous ne croyons pas que nous avons besoin de "toutes les agricultures". Nous voyons plutôt que l'agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre.
Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l'innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d'autre que le capitalisme.
Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte Ni à la "transition écologique", une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu'on se débarrasse de l'ordre social dominant.
AgroParisTech forme chaque année des centaines d'élèves à travailler pour l'industrie de diverses manières: Trafiquer en labo des plantes pour des multinationales qui asservissent toujours plus les agricultrices et les agriculteurs Concevoir des plats préparés et des chimiothérapies pour soigner ensuite les malades causées, Inventer des labels "bonne conscience" pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres, Développer des énergies dites « vertes » qui permettent d'accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l'autre bout du monde, Pondre des rapports RSE [Responsabilité Sociale et Environnementale] d'autant plus longs et délirants que les crimes qu'ils masquent sont scandaleux, Ou encore compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaitre légalement, À nos yeux, ces jobs sont destructeurs et les choisir c'est nuire en servant les intérêts de quelques uns.
Si notre cursus à AgroParisTech nous a mis en avant ces débouchés, on ne nous a jamais parlé des diplômé.es qui considèrent que ces métiers font davantage partie des problèmes que des solutions et qui ont fait le choix de déserter.
Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent,
A vous qui avez accepté un boulot parce qu'"il faut bien une première expérience", A vous dont les proches travaillent à perpétuer le système capitaliste, Et qui sentez le poids de leur regard sur vos choix professionnels, A vous qui, assises derrière un bureau, regardons par la fenêtre en rêvant d'espace et de liberté, Vous qui prenez le TGV tous les week-ends, en quête d'un bien-être jamais trouvé, A vous qui sentez un malaise monter sans pouvoir le nommer, Qui trouvez souvent que ce monde est fou, Qui avez envie de faire quelque chose mais ne savez pas trop quoi, Ou qui espérez changer les choses de l'intérieur et n'y croyez déjà plus vraiment,
Nous avons douté, et nous doutons parfois encore. Mais nous avons décidé de chercher d'autres voies, de refuser de servir ce système et de construire nos propres chemins.
Comment est-ce que ça a commencé ? Nous avons rencontré des gens qui luttaient et nous les avons suivis sur leurs terrains de lutte. Ils nous ont fait voir l'envers des projets qu'on aurait pu mener en tant qu'ingénieur.e.s. Je pense à Cristiana et Emmanuel, qui voient le béton couler sur leurs terres du plateau de Saclay, Ou à ce trou desséché, compensation dérisoire à une mare pleine de tritons, Et à Nico, qui voit de sa tour d'immeuble les jardins populaires de son enfance rasé pour la construction d'un écoquartier. Ici et là, nous avons rencontré des personnes qui expérimentent d'autres modes de vies, qui se réapproprient des savoirs et savoirs-faire pour ne plus dépendre du monopole d'industries polluantes, Des personnes qui comprennent leur territoire pour vivre avec lui sans l'épuiser, Qui luttent activement contre des projets nuisibles Qui pratiquent au quotidien une écologie populaire, décoloniale et féministe, Qui retrouvent le temps de vivre bien et de prendre soin les uns les unes des autres,
Toutes ces rencontres nous ont inspirées pour imaginer nos propres voies : Je prépare une installation en apiculture dans le dauphiné. J'habite depuis deux ans à la ZAD de Notre Dame des Landes où je fais de l'agriculture collective et vivrière, entre autres choses
J'ai rejoint le mouvement des Soulèvements de la terre pour lutter contre l'accaparement et la bétonisation des terres agricoles à travers la France.
Je vis à la montagne où j'ai fait un boulot saisonnier et je me lance dans le dessin. J
e m'installe en collectif dans le Tarn, sur une ferme Terres de Liens, avec 4 autres maraîchers, un céréalier et 3 brasseurs.
Je m'engage contre le nucléaire.
Je me forme aujourd'hui pour m'installer demain et travailler de mes mains. Nous sommes persuadées que ces façons de vivre nous rendront plus heureuses, plus fortes, et plus épanouies.
Nous voulons pouvoir nous regarder en face demain et soutenir le regard de nos enfants. Vous avez peur de faire un pas de côté parce qu'il ne ferait pas bien sur votre CV? De vous éloigner de votre famille et de votre réseau? De vous priver de la reconnaissance que vous vaudrait une carrière d'ingé agro? Mais quelle vie voulons-nous ? Un patron cynique, un salaire qui permet de prendre l'avion, un emprunt sur 30 ans pour un pavillon, tout juste 5 semaines par an pour souffler dans un gîte insolite, un SUV électrique, un fairphone et une carte de fidélité à la Biocoop ? Et puis.. un burn-out à quarante ans ? Ne perdons pas notre temps!
Et surtout ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous ! Désertons avant d'être coincés par des obligations financières N'attendons pas que nos mômes nous réclament des sous pour faire du shopping dans le métavers, parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose N'attendons pas d'être incapable d'autre chose qu'une pseudo-reconversion dans le même taf, mais repeint en vert. N'attendons pas le 12ème rapport du GIEC qui démontrera que les États et les multinationales n'ont jamais fait qu'aggraver les problèmes et qui placera ses derniers espoirs dans les révoltes populaires. Vous pouvez bifurquer maintenant. Commencer une formation de paysan-boulanger, Partir pour quelques mois de wwoofing, Participer à un chantier dans une ZAD ou ailleurs, Rejoindre un week-end de lutte avec les Soulèvements de la Terre, S'investir dans un atelier de vélo participatif?
Ca peut commencer comme ça. A vous de trouver vos manières de bifurquer."
Un livre
FAIRE DE L'ÉTRANGER UN HÔTE. L'hospitalité: un droit fondamental
Marie Laure Morin. Coll. : « Arguments et mouvements » - Juin 2022
Face aux
migrations, au nom de la sécurité et de l’identité, l’Europe, comme une
forteresse, ferme la porte aux exilés. Des murs se dressent, les exilés sont
maintenus hors des frontières ou retenus dans des camps. Le refus de l’accueil
se paye de morts, de condamnation à l’errance, de violations des droits humains
et menace en retour l’État de droit et la démocratie.
Pour l’auteure, faire de l’hospitalité un droit fondamental est devenu une
nécessité impérieuse pour répondre à cet enjeu. Elle propose d’en faire la
boussole nationale et internationale pour construire un autre droit des
migrations en le conjuguant avec d’autres principes (fraternité, solidarité,
égalité).
Ce livre s’inspire des pratiques multiples de citoyens, associations, villes et
territoires engagés qui « font de l’étranger un hôte » pour montrer comment
l’hospitalité peut devenir un tel droit et préciser son rôle pour fonder la
responsabilité des États dans l’accueil des exilés.
Pour nourrir le débat et proposer des réformes, l’auteure explore le parcours
migratoire et passe au crible de l’hospitalité comme droit fondamental chacune
de ses étapes, du franchissement de la frontière à la période d’accueil, à
l’autorisation de séjour ou l’octroi de l’asile, jusqu’aux conséquences d’un
éventuel refus
Un spectacle
COMMENT VIRGINIE D. A SAUVÉ MA VIE
Expérience artistique non identifiée...
De la petite-fille à la grand-mère, c’est l’urgence de parler qui relie ces femmes. Alors elles se lèvent…
Une petite fille, une mère, une grand-mère, une femme libre racontent avec humour et rage leurs histoires avec les hommes. Des moments de vie portés par des personnages féminins, ayant subi le viol, le harcèlement de rue et la surcharge mentale.
Texte et jeu : Corinne Merle
"LA SCENE DES QUAIS" à Auxerre (89)
25 mai à 20h
Billetterie : http://www.lascenedesquais.fr/
THÉÂTRE DES DÉCHARGEURS - 3 rue des Déchargeurs, 75001 Paris
les mardis et mercredis du 31 mai au 22 juin à 21h
Billetterie : https://www.lesdechargeurs.fr/spectacles/comment-virginie-d-a-sauve-ma-vie/
THÉÂTRE ARTO - 3 rue du Râteau, 84000 Avignon
Du 7 au 30 juillet à 15h
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