19 avril 2022 - Berthe Morisot et Suzanne Valadon - Remue Méninges Féministe Radio Libertaire 89.4

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Conductrice et informations du 19 avril 2022

 

Berthe Morisot et Suzanne Valadon : une rencontre. Rencontre imaginaire ou histoire d'une transmission ? Avec deux comédiennes, Nicole Gros et Isabelle Hétier qui ont mis en scène le texte de cette rencontre et l'ont présenté au Théâtre du Nord Ouest en février dernier.

 

L'agenda 2022 des Editions du remue ménage a pour ligne éditoriale la santé des femmes : « Soignantes à boutte : pour une nouvelle politique du soin ». En avril : Agrandir nos soins : l'autonomie des sages-femmes par Sophie Mederi

 

Informations militantes (détails en dessous)

 

Musiques : "Frangines" Anne SYLVESTRE (indicatif début) ; « Toi » BARBARA (Bobino 1967), «  Gymnopédies : 1/ Lente et douloureux » 2/ Lent et triste » Erik SATIE - Aldo CICCOLINI, 3 « Akem enir awel » Akli YAHYATEN « la verticale à l’horizontale d’Adeline GUERET et Marie MAZILLE , « Mupepe » ZAP MAMA, « Dir dir tadiyan re tare dani » Ashwini BHIDE, « Insoumission totale » Catherine RIBEIRO,  « Dans nos chants » Anne et Edwige (indicatif de fin).

 

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Compléments des informations militantes

 

Solidarité avec la résistance ukrainienne et les féministes russes opposées à la guerre

Dans un manifeste publié dès le 27 février 2022, des féministes russes participant aux manifestations anti-guerre ont appelé les féministes du monde entier à s’unir contre l’agression militaire déclenchée par le gouvernement de Poutine contre l’Ukraine.

En tant que féministes résidant en France et en Europe, nous tenons à exprimer notre soutien aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens qui résistent et se battent pour défendre leur liberté, pour survivre, travailler dans leur pays en guerre.

Nous saluons leur courage et celui des personnes qui en Russie osent s’opposer à la guerre en Ukraine, en particulier les féministes russes descendues dans la rue contre la guerre, celui de la journaliste Marina Ovsiannikova, celui de ces mères et grands-mères russes de soldats qui interpellent l’armée sur les crimes commis en Ukraine.

 Nous savons combien elles risquent en s’opposant à cette guerre.

Nous leur répondons présentes.

Nous serons dans les manifestations et les rassemblements qui se dérouleront en France et en Europe contre l’agression russe en Ukraine, pour le retrait des troupes russes, l’arrêt des bombardements. Nous nous associons aux demandes d’accueil de tou.te.s les réfugié·es.

Premier-es signataires : Adéquations, Attac, la CADAC, CGT, CNDF, Collectif CIVG Tenon, Les effront-é-es, FSU, Mouvement des Femmes Kurdes en France, MMF, Osez le Féminisme ! , Réseau Féministe « Ruptures »

Signature à envoyer à : genre-contact@attac.org

Marche Mondiale des Femmes France

 

CES PRÉDATEURS QUI VEULENT PROFITER DES UKRAINIENNES

Ecrit par La Rédaction des Nouvelles News - 1 avril 2022

Proxénètes, clients d’ « agences matrimoniales », propositions d’hébergement contre faveurs sexuelles… les informations s’égrènent suscitant compassion pour les Ukrainiennes mais aussi parfois pour ceux qui profitent de leur détresse.

Un reportage de BFMTV a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux le 31 mars. Il montre une société définie comme une « agence matrimoniale » nommée « Au cœur de l’Est », qui se présente ainsi : « Notre agence matrimoniale a été créée en 2011 afin de permettre aux hommes désireux de rencontrer une femme slave pour fonder une famille, de le faire dans les meilleures conditions…». L’agence expose sur son site un catalogue de « belles femmes ukrainiennes » avec plusieurs photos et l’indication du prénom, de l’âge, de la couleur des cheveux et des yeux, la taille, le poids.

Depuis le début du conflit, la directrice de l’agence marseillaise dit, au micro de BFMTV, avoir vu exploser les demandes de la part des hommes. « Il y a une avalanche d’appels mais malheureusement 90% de ces appels ne sont pas sérieux. Ce sont des hommes qui espèrent sur un malentendu avoir la chance d’héberger une très belle créature ukrainienne en détresse. »

Juste avant, la caméra suivait un client quinquagénaire prenant un air compassé pour venir choisir la marchandise : « Elle débarque dans un pays qu’elle ne connaît pas où elle ne connaît personne et je pense que c’est assez difficile pour elle ».

La plupart des commentaires sur les réseaux sociaux expriment de l’écœurement. Mais il se trouve quand même quelques internautes, plutôt dans la frange d’extrême droite, pour faire semblant de ne pas comprendre. Quand l’écologiste Sandrine Rousseau se montre dépitée par ce concentré de patriarcat, il se trouve quand même un opposant pour lui faire la leçon :« ça vous fait chier le bonheur des gens tant qu’on rentre pas dans votre carcan idéologique ! Foutez la paix aux gens. Ces gens dans le reportage sont adultes et tout le monde ne recherche pas le bonheur selon votre conception du monde et des relations entre individus ! »… D’autres y vont de leurs attaques personnelles. « Vous avez eu des soucis avec votre père », « C’est toujours quand c’est des Français que vous attaquez le patriarcat », « Qu’est-ce que vient faire le patriarcat dans cette histoire ? », « Je vois de l’exploitation mais pas de patriarcat », « Ce n’est pas du patriarcat, c’est la nature de l’être vivant »…L’évolution des mentalités n’est pas gagnée !…

Les clients de cette agence dite « matrimoniale » ne sont pas les seuls à vouloir profiter de la détresse des Ukrainiennes. A la frontière Polonaise, des proxénètes viennent faire leur marché. Pour le dénoncer, des féministes sont allées protester, à la manière des Femen, devant le Parlement européen. La photographe Pauline Makoveitchoux interpelle le Parlement européen dont elle dénonce l’inaction sur Twitter : « L’Ukraine n’est pas un bordel ! »

A ce proxénétisme s’ajoute une foultitude de messages privés sur les réseaux sociaux proposant aux Ukrainiennes un hébergement contre des faveurs sexuelles. RTBF, en Belgique rapporte ce témoignage d’une réfugiée : « J’ai posté un message sur un groupe Facebook où je demandais un hébergement en Belgique et j’ai aussitôt reçu des messages privés de la part d’hommes qui me demandaient des massages. Ces types me demandaient quel âge j’avais, ils disaient qu’ils ne pouvaient accueillir que des jeunes femmes sans enfant ou parfois ils écrivaient qu’ils préféraient seulement les jeunes femmes minces et belles. Il y avait aussi des propositions d’échange où on me disait : ‘Tu peux rester chez moi, mais à condition de faire le ménage’, ou ‘je peux aussi pratiquer les langues avec toi’, et ainsi de suite… »

https://www.lesnouvellesnews.fr/ces-predateurs-qui-veulent-profiter-des-ukrainiennes/

 

Les 6 ans de la loi abolitionniste contre le système prostitueur 

Communiqué de Osez le féminisme !

Le 13 avril 2016, il y a 6 ans, était votée la loi abolitionniste, complète et ambitieuse, de lutte contre le système prostitueur qui considère la prostitution comme une violence sexuelle et qui, par la suppression du délit de racolage, dépénalise les personnes en situation de prostitution. 

Selon le rapport interministériel de 2020 qui a fait un bilan quatre ans après le vote de la loi, et les analyses des associations engagées sur le terrain depuis six ans, la loi fonctionne quand elle est appliquée. Mais les moyens alloués à l’application de la loi restent très insuffisants.

Des moyens supplémentaires sont nécessaires :

- Pour lutter plus efficacement contre les proxénètes et les filières de traites d’êtres humain.es, que ce soit dans la prostitution comme dans l’industrie pornographique. 

-Pour accompagner les femmes en situation de prostitution : qu’elles puissent être bien accueillies dans les commissariats quand elles veulent déposer plainte, qu’elles puissent être bien accompagnées. Nous demandons la revalorisation de l’allocation actuelle (330€) pour leur permettre de vivre dignement, un accès effectif au logement, aux titres de séjour, à une formation professionnalisante, à la protection et aux soins. Nous demandons le déploiement des commissions départementales partout en France, pour augmenter significativement le nombre de parcours de sortie de la prostitution. 

Enfin, il est essentiel de rappeler que sans demande, il n’y a pas de prostitution, pas de traite sexuelle, pas de proxénétisme. La loi doit être enfin être appliquée pleinement contre les “clients” prostitueurs, en particulier ceux qui commettent ces pénétrations contraintes contre des mineur.es. C’est un délit passible jusqu’à 5 ans de prison et 75000E d’amende au delà de 15 ans, un viol en dessous de 15 ans. 

Le Mouvement du Nid fait justement ce mois-ci un décryptage sur ceux dont on ne parle jamais, mais dont la responsabilité est immense : les prostitueurs. Découvrez leur dossier et comment les survivantes de la prostitution en parlent.

https://mouvementdunid.org/prostitution-societe/dossiers/clients-prostitueurs-fin-de-regne/

N° 211 et 212

 

 

« La meilleure réponse à l'extrême-droite, c'est le féminisme ! »

Propos recueillis par Iris Deroeux, journaliste et membre du comité éditorial de La Déferlante

Le face-à-face du second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen laisse aux électeur·ices féministes un choix restreint, entre d’un côté la casse sociale et un bilan insuffisant concernant l’égalité femmes-hommes et, de l’autre, un programme misogyne et xénophobe qui menace les droits fondamentaux. Comment garder espoir et riposter au-delà des urnes ?

Aurore Koechlin, sociologue du genre et de la santé, militante féministe révolutionnaire, dessine des pistes d’action et de réflexion.

Quels sont, pour vous, les enjeux du second tour de la présidentielle ?

Il s’agit d’éviter la démoralisation. Une grande partie des féministes a placé ses espoirs dans le vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Nous sommes maintenant face à un second tour Macron-Le Pen, avec d’un côté la promesse de réformes néolibérales violentes et de l’autre un programme d’extrême-droite. Mais il ne faut pas oublier que le 24 avril marquera aussi la fin de la séquence présidentielle, donc le retour à une vie politique moins polarisée sur le seul jeu institutionnel, et le début potentiel de ce que certains et certaines dans les milieux militants appellent un « troisième tour social ». C’est là-dessus qu’il faut se concentrer pour ne pas céder à la démoralisation.

Comment les logiques de genre, de race et de classe sociale se sont-elles déployées dans cette séquence politique ?

Beaucoup de candidates et de candidats auront tenté de jouer la carte féministe pour gagner les voix de cet électorat. Mais cet engagement est bien sûr totalement superficiel, pour ne pas dire mensonger. Pendant cinq ans de présidence Macron, aucun financement significatif n’a été dévolu à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Avec la loi de 2018 qui pénalise le harcèlement de rue, le féminisme est instrumentalisé pour les besoins d’une politique qui exclut prioritairement les hommes des classes populaires et/ou racisés, alors que les violences touchent toutes les classes sociales.

La vision du « féminisme » de Marine Le Pen est également un fémonationalisme, pour reprendre le terme de la sociologue Sara R. Farris : une instrumentalisation du féminisme à des fins racistes. Son projet a pour centre de gravité la famille blanche, hétérosexuelle, considérée comme le lieu de la régénération potentielle d’une communauté imaginaire. C’est pour cette raison que le programme du Rassemblement national (RN) est centré sur une politique hyper nataliste qui vise à renvoyer les femmes au foyer. Marine Le Pen est bien l’ennemie des féministes !

« LA RECONSTRUCTION À GAUCHE NE VIENDRA NI DES ÉLECTIONS, NI DES STRUCTURES POLITIQUES MAIS DES MOBILISATIONS  »

Malgré tout, si on adopte des lunettes intersectionnelles pour analyser les élections, un point mérite qu’on s’y attarde. Avec le résultat du vote de dimanche dernier, on constate que dans les départements dits d’outre-mer, mais aussi dans les banlieues des grandes villes, majoritairement composées de membres des classes populaires et racisé·es, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête, et que l’extrême-droite n’y a remporté que très peu de suffrages. À mon sens, on a là les bases de la reconstruction d’une conscience de race (au sens de conscience du racisme) et de classe indéniable.

Sur quelles bases la gauche peut-elle aujourd’hui se reconstruire ?

Je pense que la reconstruction à gauche ne viendra ni des élections ni des structures politiques déjà existantes, qui sont, par définition, toujours en retard sur la réalité du terrain. Elle viendra d’abord des mobilisations qui ont pour effet, entre autres, d’impacter les structures politiques. À titre personnel, je pensais que le mouvement des gilets jaunes jouerait ce rôle-là, et je crois que la crise politique que nous traversons actuellement est aussi le reflet de l’échec de la traduction de ce mouvement dans une structure pérenne. Mais on pourrait imaginer un mouvement des gilets jaunes qui irait encore plus loin, en faisant notamment le lien avec les syndicats, et en déployant un mouvement de grève à l’échelle nationale. Ce sont ces perspectives qu’il faut tracer au lendemain de la présidentielle. 

Quel rôle les mouvements féministes peuvent-ils tenir dans la riposte politique à venir ?

Les féministes doivent continuer à combattre sur tous les fronts. Je vois trois priorités : d’abord, amplifier la nouvelle vague féministe qui se déploie à l’échelle internationale depuis les mobilisations contre les féminicides en Amérique latine et le mouvement MeToo. Des initiatives comme la Coordination nationale féministe, qui essaie de regrouper les initiatives et de les coordonner, sont à ce titre précieuses. Il faut également mettre en avant nos revendications : égalité salariale, éducation au genre et au consentement, logements d’urgence… Ensuite, nous devons être de toutes les luttes sociales qui s’annoncent. Le recul de l’âge de départ en retraite, la réforme du chômage ou la casse de la Sécurité sociale toucheront en premier lieu les femmes et les minorités de genre qui font partie des catégories les plus précaires de la société. 

Enfin, il faut lutter contre l’extrême-droite et contre le fascisme, car la montée des discours réactionnaires est en partie une réponse à la force des mouvements féministes et antiracistes partout dans le monde. Mais pour être efficace, ce combat doit être large, populaire, et englober tout le monde. La meilleure réponse à l’extrême-droite, c’est bien le mouvement féministe !

Pour aller plus loin, vous pouvez lire l'essai d'Aurore Koechlin, La Révolution féministe, paru en 2019 aux éditions Amsterdam

 

Au Québec, Tribunal spécialisé en violences sexuelle et conjugale : ce qui change et ce qui ne change pas

Parmi les avancées : des salles dédiées aux causes de violences sexuelle et conjugale, des espaces adaptés, des procureur·es attitré·es qui suivent de A à Z les dossiers et des formations imposées aux juges.

Cinq projets pilotes du tribunal spécialisé en violences sexuelle et conjugale verront le jour au Québec, dont un premier a été inauguré à Salaberry-de-Valleyfield, en mars dernier. Mais quels seront les changements pour les personnes qui voudront entamer des procédures judiciaires après avoir subi des violences?

Des salles dédiées aux causes de violences sexuelle et conjugale, des espaces adaptés, des procureur·es attitré·es qui suivent de A à Z les dossiers, des formations imposées aux juges et un meilleur accompagnement des victimes tout le long du processus. Voilà ce qui résume les changements que devrait apporter ce tribunal spécialisé, qui se décline en 5 projets pilotes à Québec, Salaberry-de-Valleyfield, Granby, Drummondville et La Tuque, mis en branle par le ministère de la Justice

« Ça ne change ni le droit applicable, ni la présomption d’innocence, ni la nécessité de faire la preuve hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’accusé », rappelle d’emblée Me Elizabeth Corte, co-auteure du rapport Rebâtir la confiance, sur lequel s’appuie la loi qui crée le tribunal spécialisé.

Son objectif : « mieux informer la victime, l’accompagner, la mettre dans la meilleure situation possible au niveau de l’environnement et de la préparation de son témoignage », résume Corte, qui a siégé comme juge à la Cour du Québec de 2009 à 2016. 

Cela fait suite au projet de loi 92, issu du travail d’un comité transpartisan composé de députées qui voulaient s’attaquer à la perte de confiance des survivant·es d’agressions sexuelles envers le système judiciaire. Une grogne qui s’était manifestée sur les réseaux sociaux, du mouvement #metoo à la publication de la controversée liste Dis son nom. 

Aménager l’espace 

Pas de construction de nouveaux bâtiments, mais certaines salles allouées aux causes de violences sexuelle et conjugale et d’autres dédiées aux victimes dans l’attente de leur témoignage, à l’intérieur des palais de justice déjà existants. « C’est une pièce où l’agresseur n’a pas accès, les intervenant·es spécialisé·es sont à l’intérieur. Il peut y avoir des jouets pour les enfants », détaille l’ex-juge Corte. C’est d’ailleurs ce qui se fait à Montréal depuis environ 20 ans. 

Des paravents et des salles de visioconférence devraient aussi être rendus accessibles, pour éviter que la victime n’ait à témoigner face à son agresseur allégué. 

« Ça peut sembler être des détails, mais ça fait une grosse différence », soutient Karine Gagné, directrice générale du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Vigie, à Salaberry-de-Valleyfield. « [Quand] la victime témoigne et que l’agresseur est juste derrière elle, elle entend sa respiration, ses soupirs… », illustre l’intervenante. 

L’idée, c’est aussi de faire en sorte que victime et accusé ne se croisent pas. Un problème exacerbé dans les plus petits palais de justice. « Ici, à Valleyfield, il y avait une petite salle où les victimes attendaient, mais pour aller à la salle de bain, elles devaient passer par le couloir où les attendait leur agresseur […] C’était difficile pour elles […] Là, ils ont déplacé cette salle et une toilette sera aménagée à côté », détaille Mme Gagné, qui estime que cet aménagement fera une différence. 

Former et accompagner 

Désormais, les procureur·es de la poursuite suivront les dossiers de violences sexuelle et conjugale du début à la fin. Une avancée considérable et qui se faisait attendre, selon Rachel Chagnon, directrice du département des sciences juridiques de l’UQAM. Car un même dossier passait souvent d’un·e procureur·e à un·e autre, un facteur d’instabilité qui pouvait nuire à la compréhension des cas. 

Autre nouveauté: tout juge nouvellement nommé devra suivre le programme de perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale. 

Le projet prévoit aussi un meilleur accompagnement des victimes avant, pendant et après les procédures judiciaires. À noter que les organismes qui agissent auprès des survivant·es, faisaient déjà ce travail, d’après Karine Gagné du CALACS La Vigie. 

La police et la réception de la plainte 

« C’est bien de vouloir accommoder celles qui vont passer au tribunal, mais c’est une infime partie des personnes qui ont la capacité d’arriver devant le juge », nuance Mélanie Lemay, porte-parole et co-fondatrice du mouvement Québec Contre les Violences Sexuelles, lancé en 2016. Rappelons que seulement 6 % des agressions sexuelles commises sont signalées à la police, selon des estimations de Statistique Canada (2019). 

La réception de la plainte reste le nerf de la guerre, selon Mélanie Lemay.

Elle garde un dur souvenir de son premier contact avec les policiers lorsqu’elle a voulu dénoncer son agression subie à 17 ans. « La personne au bout du fil m’a dit : est-ce que c’est ton ex? Si oui, c’est vraiment bas de se venger comme ça », confie-t-elle. Une expérience qui s’est répétée six mois plus tard, lorsqu’elle a formellement porté plainte. 

Ajoutez à cela que des groupes surreprésentés dans les cas d’agressions sexuelles, comme les populations autochtones, afro-descendantes ou LGBTQ+ ne se sentent pas toujours en confiance avec la police, ce qui n’aide pas, selon Mélanie Lemay, qui est aussi doctorante en sociologie à l’UQAM. 

Les conditions de réception de la plainte ne sont pas revues par la loi qui crée le tribunal spécialisé, mais Me Corte et Mme Chagnon sont d’avis que plusieurs postes de police font des efforts actuellement pour mieux sensibiliser leurs effectifs. 

« Idéalement, il y aurait une première rencontre avec quelqu’un des CAVACS [Centre d’Aide aux Victimes d’Actes Criminels ] qui pourrait parler à la victime et l’aider à préparer son témoignage, suivie d’une rencontre avec un policier », fait valoir Rachel Chagnon. C’est d’ailleurs l’une des 190 recommandations du rapport Rétablir la confiance. « Dans les grandes villes, comme Montréal, c’est possible, mais les intervenants sont surtout présents de 9h à 5h… », déplore la professeure.

Autre zone d’ombre : les plaintes classées sans suite. « Tant qu’on n’aura pas un regard systématique sur les plaintes mises dans ces boîtes-là, et qu’il n’y a pas de contre-vérification, le problème peut perdurer », croit Mme Chagnon. 

Des ressources insuffisantes 

Reste le manque de ressources « endémique », qui peut expliquer l’accueil inadéquat que dénoncent certaines survivantes passées par le système de justice, selon Rachel Chagnon. Cette dernière note une carence en procureur·es, juges, ressources matérielles, en plus des systèmes informatiques vétustes, qui empêchent une mise à jour efficace des dossiers. 

La professeure craint que le tribunal spécialisé n’agisse comme une bombe à retardement, si le gouvernement ne s’attaque pas à ce problème.

« Maintenant qu’on crée ces chambres spécialisées, est-ce qu’on va mettre l’argent sur la table pour s’assurer qu’elles fonctionnent bien ou on va vampiriser les maigres ressources existantes dans le milieu? »

Rachel Chagnon, directrice du département des sciences juridiques de l’UQAM

Assistera-t-on à une hausse du nombre de plaintes? Dur à dire encore pour l’instant. « En faisant mieux les choses, les personnes devraient plus facilement aller vers le système », espère l’ex-juge Elizabeth Corte, qui, elle, y croit. « Mais les attentes ne doivent pas être : tout le monde sera trouvé coupable, les attentes doivent être : moi, je vais être mieux informé·e. », nuance-t-elle. 

Même son de cloche du côté de Karine Gagné du CALACS La Vigie, qui voit d’un bon œil l’arrivée du projet-pilote à Salaberry-de-Valleyfield, même s’il faut encore que « le tribunal [spécialisé] fasse ses preuves ». 

À l’issue de ces projets pilotes, 10 tribunaux spécialisés devraient voir le jour au Québec.

https://pivot.quebec/2022/04/12/tribunal-specialise-en-violences-sexuelle-et-conjugale-ce-qui-change-et-ce-qui-ne-change-pas/

 

DIMANCHE 17 AVRIL 2022 DE 11:00 À 13:00 : MÈRES AU FRONT MONTRÉAL : LE SIT-IN !

770 Sherbrooke ouest, Montréal

À compter du 3 avril, les Mères au Front se réuniront tous les dimanches entre 11h et 13h devant le bureau du Premier Ministre du Québec, à Montréal, pour lui rappeler, ainsi qu’au gouvernement fédéral, que nous devons écouter la science et répondre avec urgence.

Nous voulons une réduction des émissions de 50% d'ici à 2030, en lien avec les recommandations du GIEC.

Nous voulons être entendues, alors nous serons là, chaque semaine. Rejoignez-nous!

POUR PORTER LE MESSAGE :
-Si possible, habillez-vous de noir et vert et portez le coeur équarri de MAF
-Venez avec vos enfants, parents, conjoint.e.s !
-Amenez de la craie pour laisser vos messages au sol 

 

Le 24 avril,  Anniversaire de l'effondrement du Rana-plazza à Dacca

Conférence Zoom de la MMF31 le 23 avril 

"Femmes partout exploitées et sous-payées

 


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