POUR ECOUTER L'EMISSION CLIQUEZ ICI
L'invitée : Marie-Rose Galès patiente experte sur l'endométriose.
https://endometriosemonamour.tumblr.com/
L'agenda des femmes 2022 édité par les Editions du remue ménage féministe a pour fil conducteur « Soignantes à boutte : pour une nouvelle politique du soin ». En mars, Pour une organisation communautaire de la santé par Eve-Lyne Clusiault
Informations militantes, Annonce de la publication de notre carnet d'adresses papier.Musiques : "Frangines" Anne SYLVESTRE (indicatif début) ; Extraits du concerto n°1 pour piano TCHAIKOWSKY avec Martha ARGERICH au piano*; « Je gueulerai longtemps » Serge UTGER ROYO, « Ce qui ne me tue pas »** Lau REAL (sur l’endométriose) ; « A quand nos filles ? » MYMYTCHELL *** (album « Dimanche » ; « Les chenilles » Claude NOUGARO « Dans nos chants » Anne et Edwige (indicatif de fin).
*Film sur la vie de Tchaïkovski : la symphonie pathétique (Music Lovers) de Ken Russel 1971
** CE QUI NE ME TUE PAS // clip - YouTube par Lau Réal
*** Pour contacter MYMYTCHELL / www.mymytchell.fr/
POUR ECOUTER L'EMISSION CLIQUEZ ICI
DETAILS DE L’EMISSION DANS LES ARTICLES CI-DESSOUS
- 1/ Le podcast « Endométriose Mon Amour »
- 2/ Une association : Espoir endo, pour lutter ensemble contre l'endométriose
- 3/ La santé des femmes, une autre source d’inégalités
- 4/ L'agenda 2022 des Éditions canadienne du remue ménage
- 6/ Mobilisations et informations (44e Festival International de Films de Femmes de Créteil, Guatemala.
- 7/ A propos de la guerre en Ukraine : Discours des Zapatistes (il n’y aura pas de paysage après la bataille), visages féminins de la résistance, …..
1/ Le podcast « Endométriose Mon Amour »
Marie-Rose Galès est une patiente, une militante, une autrice experte en endométriose. Dans ce podcast, elle propose des témoignages sur le vécu de la maladie, et ses meilleurs conseils pour bien vivre à Endoland, comme elle dit. Et son humour légendaire fait toujours du bien là où ça fait mal...
Endométriose Mon Amour est produit par MedShake Studio, studio de podcast santé créé par Marguerite de Rodellec et Anca Petre. Nous avons d'autres podcasts qui parlent de santé : Cheminements et Le Journal d'une Infirmière.
Les livres de Marie Rose Galès
Endométriose : Ce que les autres pays ont à nous apprendre
Marie-Rose Gales (Auteur) Morgane Carlier (Auteur) Ed. Josette Lyon, 18€
Ces vingt dernières années, des recherches sur l'endométriose ont été faites aux quatre coins du monde. Les informations s'accumulent mais peinent à parvenir jusqu'en France. La spécificité de la médecine française lui permet difficilement de s'ouvrir aux nouvelles données scientifiques. Ce livre rassemble les données connues au niveau mondial et mène l'enquête pour comprendre le retard de la France, jusqu'à 20 ans par rapport à d'autres pays développés, du fait de l'adhésion de nos médecins à la théorie de Freud sur l'hystérie. Ce livre rassemble des outils pour être une patiente éclairée, leur permettant ainsi de faire les meilleurs choix au niveau thérapeutique. Il s'inscrit ainsi dans la vague d'empowerment.
Endo & sexo - Avoir une sexualité épanouie avec une endométriose
Marie-Rose Gales (Auteur) Morgane Carlier (Illustration)
On parle de plus en plus de l’endométriose : la présence de la muqueuse de l’utérus en dehors de la cavité utérine provoque des douleurs très fortes, souvent invalidantes, pouvant provoquer l’infertilité. 1 à 2 femmes sur 10 touchées par l’endométriose, plus de la moitié souffre de douleurs pendant les rapports . Actuellement médecins et sexologues ne se sont pas penchés sur la question, les solutions qu’ils proposent sont inadaptées aux endométriosiques. Il est une thématique qui n’avait pas encore été abordée de façon claire : les douleurs causées par l’endométriose pendant les rapports sexuels. Ce livre propose des solutions sur le long terme (aussi bien au niveau physique que psychologique) mais aussi pendant les rapports, pour une approche globale.
Endometriose : notre invitée ?
Endométriose ose poser tes questions : Le premier livre sur l'endométriose destiné aux adolescentes
Marie-Rose Gales (Auteur) Paru le 7 octobre 2021 - 11,90€
Lorsque que le diagnostic d'endométriose tombe, nous sommes assaillies de questions et il est difficile de trouver des réponses fiables. Les femmes sont diagnostiquées de plus en plus tôt, ainsi aujourd'hui il n'est pas rare que le diagnostic arrive à l'adolescence. Or il n'existe rien pour les adolescentes.
Ce livre reprend les 20 questions fondamentales que l'on se
pose le plus fréquemment lorsqu'un diagnostic d'endométriose est établi.
L'écriture est adaptée aux adolescentes, notamment un lexique pour déchiffrer
tout le jargon médical que l'on entend en consultation.
De nombreuses illustrations (humour et précision) de Morgane Carlier expliquent l'anatomie, le fonctionnement du corps d'une femme ainsi que des situations fréquentes. Le tout avec beaucoup de bienveillance et sans tabou.
Lettre à ma petite squatteuse.
(Oui, ma petite squatteuse ! Je te donne un petit nom doux. Après tout tu t’es logée au plus profond de mon intimité !).
Les règles c’est douloureux. On grandit toutes avec ça. Et je
t’avoue que ça fait un moment que je suis assez sensible aux maux de ventre.
Alors forcément, quand j’ai mes lunes, je déchante un peu. Depuis la fin du lycée,
ces douleurs sont peu supportables. Pouvant me paralyser dans mon travail ou
encore me provoquer des malaises. Mais bon, "les règles c’est
douloureux" hein ! Et puis je suis une (en)douillette…
Heureusement, j’ai mes petits rituels : huile essentielle de basilic et
bouillotte, bain ou douche et un peu (beaucoup) de patience. Bon, ça finit
toujours par passer. Oh il faut que je te dise, j’ai vécu une première
grossesse de neuf mois. Le pied, pas de règles ! Puis une seconde et un
allaitement long : le méga pied. Retour de couches vers 16 mois.
Et là c’est loin d’être le pied. Que se passe-t-il? C’est mon utérus qui se
déchire ? Je suis immobilisée, incapable de bouger. D’une humeur diabolique.
Bon, ça doit réveiller les douleurs de mon dernier accouchement peut-être (ou
pas)… Une fois, deux fois, trois fois. Là ce n’est plus tenable. Je suis
incapable de bouger de mon canapé. J’ai des enfants qui ont besoin de moi,
flûte !
Je vais donc voir ma sage-femme, parce que je doute que ce soit juste "les
règles c’est douloureux de toute façon". Ah bah tiens, elle aussi en
doute. Elle m’envoie donc chez un sage-femme passer une écho. Très doux,
respectueux, compréhensif et à l’écoute. Il m’explique bien tout et préfère me
diriger directement vers une IRM et un gynécologue référent. "On va éviter
le tâtonnement médical". Je suis d’accord. Je prends donc rendez-vous, et
je reçois un courrier avec tout un tas d’infos. S’en suit tout un tas de
Post-it pour bien me rappeler de tout.
En gros :
• appeler le CHU pour prévenir que j’allaite ;
• aller à la pharmacie pour récupérer des lavements. Ce n’est qu’une fois à la
pharmacie que j’ai réalisé de quoi il s’agissait… ;
• la veille du rendez-vous, lavement ;
• le matin, lavement ;
• trois heures avant, on ne boit plus et ne mange plus ;
• une heure et demie avant, on ne va plus aux toilettes, Madame… ;
• arriver avant pour réussir à se garer et faire les étiquettes…
IRM
Le fameux jour de l’IRM, j’arrive : petit questionnaire à remplir (antécédents familiaux, date des dernières règles, paperasse, étiquettes et tout le tralala). Accueil compréhensif, bienveillant et chaleureux. J’entre dans la cabine de préparation, où une personne du corps médical me rejoint...
J’entre dans la cabine de préparation, où une personne du
corps médical me rejoint.
Puis lorsque je dois mettre une magnifique chemisette, on m’explique qu’on va
me remplir l’anus et le vagin de gel… J’aurais aimé le savoir avant… La vessie
pleine et le gel, c’est pour mieux voir les parois. Why not ? Une fois allongée
sur la table, face à ce grand tube, et cette grande vitre qui va bientôt me
séparer du personnel médical, je m’introduis une sonde dans le vagin, puis j’en
insère une autre dans mon anus et zou, roule ma poule… Ensuite, j’ai droit à
une piqûre. Pour éviter que mon ventre bouge. Là, j’en ai ras la casquette.
J’ai faim, j’ai envie de faire pipi ! Je flippe comme pas possible et on me
fait une fichue piqûre ? Je pleure. Oui, je pleure… Est-ce vraiment pour ça
finalement ? Le personnel me réconforte et m’aide à m’apaiser.
Allez, on y va. On m’installe. Je rentre dans le tube. J’ai peur mais ils sont
attentifs. Ils me parlent, on y va doucement. On commence l’examen avec la
musique. J’ai les yeux fermés. Pas totalement dans le tube. Mais entre chaque
image je sens une secousse. Lors de la dernière secousse j’ouvre les yeux, et
je réalise que je suis beaucoup dans le tube. Plus qu’au début. Ça devient pas
très agréable, un poil flippant. Zut, pourquoi elle a comparé ce foutu tube
avec un micro-ondes ? Bref, je stresse. Je sonne. Je re-sonne. Je re-re-sonne.
Je crie et je tente de me libérer de ce tube. Pleurs, tremblements. Après je ne
me souviens plus. J’étais un poil secouée. C’est ridicule. Je ne comprends pas
pourquoi je suis dans cet état. Mais je le suis, c’est tout.
Effets secondaires
Après le rendez-vous, je mange un peu. Puis je me sens mal.
Vraiment mal. Il fait chaud, ça tourne. J’enlève mon pull. Mes chaussures. Mon
soutif. Et puis mon legging sous mon short. Je finis par détacher mon short. Me
mouille avec une bouteille d’eau. Je suis en voiture. Mon amoureux au volant et
mes deux loulous à l’arrière. À un feu rouge, c’en est trop. Je veux m’allonger
et ne plus sentir de secousses. Je tente de dire à mon amoureux que je vais
sortir pour m’allonger sur le trottoir. Heureusement le feu passe au vert et il
se gare sur un trottoir plus en sécurité. Je reste une demi-heure, ou plus, ou
moins, allongée sur un petit bout d’herbe près du trottoir. Il y a une crotte
pas loin de ma tête. J’ai du mal à capter ce qui se passe autour de moi. J’ai chaud,
je vais trop mal. J’ai envie de sonner chez les gens pour pouvoir aller sous
une douche. Je suis là, allongée, sans parler, sans bouger. Puis là, d’un coup,
je le sens, je vais tout dégobiller. Je me lève et vomis comme jamais.
Accrochée au muret, je vomis et manque de m’évanouir. En tout cas j’en ai
vraiment la sensation, mes jambes me portent à peine. Puis c’est fini.
Alors je bois de l’eau, je bois. Puis je veux boire encore et je culpabilise de
laisser ce vomi en pleine rue. Il fait chaud, on n’a plus d’eau et de la route
à faire. C’est pas cool pour les enfants. Alors je traverse la route en
automate pour aller sonner à la première maison. Me voici pieds nus, les
cheveux en pagaille, le débardeur mouillé, sans soutif, en short braguette
ouverte à sonner et demander de l’eau. La demoiselle très accueillante me
ramène des petites bouteilles du frigo et me remplit ma bouteille vide pour la
verser sur mon cadeau offert en pleine rue. Je retourne près de la voiture. Je
bois, me rhabille, me rattache les cheveux, nettoie un peu.
Ça va mieux, on rentre tant bien que mal et je me couche dans mon lit. J’ai
dormi des heures et des heures. En me réveillant, je lis sur Internet les
effets secondaires du produit que l’on m’a injecté pour l’IRM. J’ai a
priori fait les effets secondaires…
Sincèrement ma petite squatteuse, à ce moment je me suis dis "ok le plus
dur est passé là, c’est bon".
Diagnostic
Par la suite, j’ai rendez-vous avec le gynéco référent. Je
vais faire court car je n’ai pas tellement envie de m’en rappeler… Je débarque
avec une amie qui est doula. Le gynéco nous accueille, pose des questions et ne
me laisse pas vraiment parler. Je crois qu’il attend une réponse claire. Il
faut qu’il puisse cocher oui ou non dans son questionnaire sans avoir à réfléchir.
Puis, en lisant le rapport d’IRM, il m’annonce qu’effectivement j’ai de
l’endométriose. Il m’explique ce que c’est. Ce qu’on peut faire. En gros, être
sous hormones pour éviter les saignements et les douleurs, et pour que l’endométriose
ne se développe plus. Pas d’opération nécessaire pour le moment, et pas de
soucis pour avoir d’autres enfants.
Tu sais quoi ? Il a quand même voulu faire un toucher vaginal… Les doigts dans
mon vagin, moi les jambes écartées dans les étriers, il appuie pile poil où tu t’es
logée ma petite squatteuse. Je lui signifie ma douleur. "Content d’avoir
mis le doigt dessus". Il commence à m’expliquer ce que j’ai et ce que je
peux faire. Je me relève. Je me cache un peu avec mon t-shirt. Je suis à poil là
quand même, on peut en reparler au bureau une fois habillée peut-être ? Il
n’était pas méchant, juste pas vraiment en accord avec ma vision de la
gynécologie. Il oublie qu’un vagin reste quand même la partie la plus intime du
corps féminin… Que ce vagin appartient à une personne avec une âme, une
sensibilité, une histoire. Fin du rendez-vous.
Bon bah voilà ma petite squatteuse, c’est le début de notre
histoire.
Après quelques discussions et réflexions, on va éviter les douleurs en
reprenant la pilule mais en continu ce coup-ci. Puis petit à petit via le yoga
et autres, je vais me reconnecter à mon corps, l’écouter, le comprendre,
l’accepter et l’aimer. Au plus intime de moi.
Petit à petit je vais peut-être comprendre pourquoi mon corps t’as invitée au
plus profond de moi.
https://lebec.media/les-numeros/numero-cinq/view/lettre-endometriose#lire_la_suite
2/ Une association : Espoir endo, pour lutter ensemble contre l'endométriose
Elle propose :
- de l'information : Partager des informations sourcées ne se limitant pas qu’aux frontières françaises destinées aux professionnels de santé, aux patient·e·s et à leurs proches.
-de l''accompagnement : Ecoute téléphonique sur rendez-vous, une liste de praticiens bienveillants et fiables, des ateliers, des rencontres…
Notre objectif est de vous apporter les outils dont vous aurez besoin pour améliorer votre quotidien!
Pour aider les personnes atteintes d'endométriose et leurs familles à faire face à la maladie au quotidien, nous menons plusieurs actions d'accompagnements, d'informations et de soutien.
3/ La santé des femmes, une autre source d’inégalités
Maud Cucchi, 8 mars 2022
Le Canada se classe 43e sur 116 pays et territoires en matière de santé des femmes en 2020, selon une étude comparative.
Les Canadiennes ne sont pas égales dans l’accès aux spécialistes de la santé des femmes. C’est l'implacable constat que dresse Sabrina Aït-Ouali, physiothérapeute périnéale en Ontario depuis six ans. Il y a celles qui peuvent financièrement se permettre d’avoir recours à ses soins, et les autres.
Si les patientes bénéficient d’assurances maladies complémentaires, elles se font rembourser sous la catégorie physiothérapie, sinon c’est de leur poche, résume sans ambages la praticienne établie à Mississauga.
Avec un minimum de quatre à six séances, la facture peut facilement grimper jusqu’à 1000 $. Pourtant, dans d’autres pays comme la France, la rééducation périnéale est prescrite par un gynécologue ou une sage-femme et reste entièrement prise en charge par la sécurité sociale.
L’argument pécuniaire ne suffit toutefois pas à expliquer la faible popularité de la rééducation périnéale au Canada, nuance Mme Aït-Ouali. Encore faut-il que les femmes elles-mêmes connaissent l’existence de cette thérapie qui soigne des maux encore tabou.
Bien souvent, elles n’en ont jamais entendu parler jusqu’à ce qu’elles soient informées à travers une amie, quelquefois par leur médecin, mais d’habitude c’est le bouche à oreille entre copines, ajoute la physiothérapeute.
Nombre de mères ne passent pas par une rééducation du périnée après leur accouchement, alors que ce groupe de muscles tient un rôle essentiel dans le soutien des organes pelviens (vessie, vagin, rectum…). Dans certains cas, l’absence de rééducation peut contribuer à aggraver divers problèmes de vessie, intestinaux, de douleurs lors des rapports sexuels, mais aussi des maux de dos, de hanches, énumère la physiothérapeute.
Concrètement, les séances aident les patientes à mieux connaître leur corps, à leur apprendre comment activer, détendre et renforcer les muscles pelviens. Si les femmes enceintes représentent la moitié de sa patientèle, un autre tiers environ consulte pour des problèmes liés à la ménopause.
« C’est pourtant rare qu’un médecin nous réfère, je crois que la prise de conscience n’est pas encore là. » - Sabrina Aït-Ouali, physiothérapeute périnéale à Mississauga
Le changement devrait d’abord s’amorcer au sein du cabinet du médecin de famille, estime Sabrina Aït-Ouali. C’est quelque chose qui nous manque, ça prend beaucoup de temps avant que les patientes viennent nous voir, déplore-t-elle.
Les femmes prodiguent de meilleurs soins
Selon une étude financée par Hologic, une entreprise spécialisée dans la santé des femmes (diagnostic, dépistage, chirurgie, etc.), le Canada se classe 43e sur 116 pays et territoires en matière de santé des femmes en 2020. Le pays perd surtout des points en santé mentale (86e au classement) et en santé individuelle des femmes (61e).
Plus surprenante, une étude ontarienne publiée récemment dans le Journal de l'Association médicale américaine (JAMA) a comparé l'efficacité de la pratique des hommes et des femmes chirurgiens en fonction du genre du patient.
Elle conclut que les chirurgiens en Ontario affichent des taux de mortalité postopératoires plus élevés que leurs homologues féminins. Les analyses démontrent aussi que les résultats sont pires chez les patientes traitées par des hommes.
Dre Liana Hwang, présidente de l’Association des Femmes canadiennes en médecine, mentionne d’autres études démontrant que les femmes médecins présentent de meilleurs résultats dans le traitement de leurs patients. Elles passent plus de temps avec le malade en consultation, justifie-t-elle, ce qui pourrait aussi expliquer l’écart salarial dont elles pâtissent.
Or, le barème des rémunérations dans la majorité des provinces n’encourage pas de passer plus de temps en consultation, explique Dre Hwang, en précisant qu'un médecin à temps plein peut suivre jusqu’à 2000 personnes.
Sexisme médical
Autre embûche : les femmes médecins, soit 40 % du corps médical, restent victimes de préjugés sexistes. Beaucoup de mes collègues racontent que le patient les confond avec des infirmières, témoigne cette médecin de famille établie en Alberta.
Les inégalités ne se mesurent pas qu'aux préjugés qui perdurent et aux différences de traitement entre hommes et femmes. Elles transparaissent aussi par la façon dont les femmes médecins et les soignantes pratiquent la médecine... souvent au détriment de leur vie personnelle.
Je n’ai pas d’enfant, c’est un choix que j’ai pris un peu en fonction de ma carrière, reconnaît la Dre Hwang. En étant médecin de famille, si j’avais eu des enfants, je n’aurais pas beaucoup de soutien financier pour me remplacer et continuer à suivre mes patients pendant mes absences.
Une autre enquête menée en 2016 auprès de femmes médecins dans le Journal of Women's Health a révélé que près d'une sondée sur quatre parmi celles qui avaient essayé de tomber enceinte avait reçu un diagnostic d'infertilité, soit près du double du taux affectant la population générale.
On finit les études à l’âge de 28 ans au moins, on travaille de longues heures, avec des grandes périodes de disponibilités sur appel, témoigne la Dre Hwang. Il faut vraiment souligner le succès de nos consoeurs qui accomplissent et surmontent de nombreux défis.
4/ L'agenda 2022 des Editions du remue ménage a pour ligne éditoriale la santé des femmes : « Soignantes à boutte : pour une nouvelle politique du soin ». En mars : Pour une organisation communautaire de la santé par Eve-Lyne Clusiault
https://www.editions-rm.ca/livres/agenda-des-femmes-2022-l/
6/ Mobilisations et informations
Osez le féminisme ! Prpose une présentation du livre de Céline Piques « Déviriliser le monde : demain sera féministe ou ne sera pas » qui vient de paraître aux Editions Rue de l'échiquier
Rendez-vous à 19h à la Bellevilloise, 19-21 rue Boyer 75020
Manifestation du 18 mars 2022 : sur les traces de la Commune dans le 20ème arrondissement
Départ 18h métro Jourdain, église Saint Jean Baptiste
Amies et Amis de la Commune de Paris
Justice climatique féministe, actions et plaidoyers en réseaux.
Les travaux de la Commission sur le statut des femmes (CSW) aux Nations unies commencent le 14 mars sur le thème "Changements climatiques, réduction des risques environnementaux et des risques de catastrophe : l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles au centre des solutions".
A cette occasion, nous vous rappelons la tenue de notre webinaire le 18 mars (15 h Paris ; 10 am heure de New York), en partenariat avec WIDE+ : Justice climatique féministe, actions et plaidoyers en réseaux.
Ce webinaire donnera la parole à des organisations de femmes et féministes d’Europe et d'Afrique, qui s’engagent dans des mobilisations pour le climat, contre des projets extractivistes et pour un autre modèle de développement, incluant l’enjeu de la réparation des impacts des changements climatiques ou du rôle spécifique des femmes migrantes.
Intervenantes : Yveline Nicolas, Adéquations (France) ; Wide+ (UE) ; Oumou koulibaly, Mariama Sonko, WOMIN (Afrique) ; Diana Dimitrova, Education for everyone (Bulgarie) ; Angèle Koué, GEPALEF (Côte d’Ivoire) ; Martha Salazar, WO-MIN Women Migrants
Evénement en français et en anglais avec traduction
Pour vous inscrire et recevoir le lien de connexion :
https://framaforms.org/inscription-evenement-csw-adequations-18-mars-1646676740
Ou envoyer directement un mail “je m’inscris” à : contact@adequations.org
Informations sur le webinaire du 18 mars : http://www.adequations.org/spip.php?article2591
Informations sur la CSW : http://www.adequations.org/spip.php?article2588
Présentation de la rencontre du 23 mars avec Violaine Dutrop pour son livre « Le pouvoir insidieux du genre »à la Flèche d'Or, dans l'émission du 22/03
Urgent - Mobilisation pour le Guatemala : No a la Ley 5272!
Un regroupement d'associations et de militantes a écrit une lettre contre la situation au Guatemala, où une loi est en voie d'être adoptée qui renforcerait la répression de l'avortement et des familles non "traditionnelles".
Parmi les associations à l'initiative de cette lettre et les signataires figure Alerta Feminista.
Nous recueillons les signatures d'autres associations et d'organisations avant d'envoyer la lettre aux instances officielles Guatemaltèques.
Nous voudrions savoir si vous acceptez de signer. Pourriez-vous nous donner une réponse avant mardi soir? Nous devrions envoyer la lettre mercredi.
Nous organisons aussi un piquet de mobilisation lundi. L'événement est annoncé sur Facebook : https://fb.me/e/4Bnswhdb7
N'hésitez pas à venir et à mobiliser si vous le pouvez.
GUATEMALA
Un projet de loi a été adopté par le Congrès guatémaltèque qui fait plus que tripler la peine de prison pour un avortement, la faisant passer de trois à dix ans. La "loi sur la protection de la vie et de la famille" interdit également explicitement le mariage homosexuel et l'éducation à la diversité sexuelle. Le médiateur des droits humains, Jordan Rodas, a déclaré qu'il déposerait une motion pour faire annuler la loi devant la plus haute cour du pays. Le Congrès a approuvé le projet de loi lors de la Journée internationale de la femme.
ROYAUME-UNI
L'Angleterre ne permettra plus l'accès à l'avortement autogéré à domicile après le 29 août. Les mesures mises en place au début de la pandémie permettaient aux personnes de recevoir et de prendre les deux pilules nécessaires à un avortement médicamenteux à domicile via une consultation de télémédecine. Ces mesures prendront bientôt fin, et la première pilule devra à nouveau être prise dans un établissement de santé. En revanche, le Pays de Galles a décidé que la fourniture de pilules abortives par voie postale deviendrait permanente.
https://lesglorieuses.fr/actualites-feministes6/ Newsletter Impact
44e Festival International de Films de Femmes de Créteil du 11 au 20 mars 2022
7/ À propos de l’invasion de l’armée russe en Ukraine
IL N’Y AURA PAS DE PAYSAGE APRÈS LA BATAILLE
https://enlacezapatista.ezln.org.mx
COMMISSION SEXTA ZAPATISTE.
Mexique. 2 mars 2022.
À celles et ceux qui ont signé la Déclaration pour la Vie,
À la Sexta nationale et internationale,
Compañer@s, frères et sœurs,
Nous vous faisons part de nos paroles et pensées sur ce qui se passe actuellement dans la géographie que l’on nomme Europe :
PREMIÈREMENT.- Il y a une force qui agresse: l’armée russe. Il y a en jeu des intérêts du grand capital, des deux côtés. Ceux qui souffrent maintenant des délires des uns et des calculs économiques sournois des autres, ce sont les peuples de Russie et d’Ukraine (et, peut-être bientôt, ceux d’autres géographies proches ou lointaines). En tant que Zapatistes que nous sommes, nous ne soutenons ni l’un ni l’autre des États, mais celles et ceux qui luttent pour la vie et contre le système.
Lors de l’invasion multinationale de l’Irak (il y a presque 19 ans), avec à sa tête l’armée nord-américaine, il y a eu des mobilisations contre cette guerre dans le monde entier. Aucune personne saine d’esprit ne pensait que s’opposer à l’invasion revenait à se ranger du côté de Sadam Hussein. Aujourd’hui, la situation est similaire, mais pas identique. Ni Zelinski, ni Poutine. Arrêtez la guerre.
DEUXIÈMEMENT.- Différents gouvernements se sont alignés d’un côté ou de l’autre, le faisant pour des motivations économiques. Il n’y a chez eux aucune préoccupation humaniste. Pour ces gouvernements et leurs « idéologues », il y a des interventions-invasions-destructions bonnes, et il y en a de mauvaises. Les bonnes sont celles que réalisent leurs alliés et les mauvaises celles qui sont perpétrées par leurs opposants. Les applaudissements à l’argument criminel de Poutine pour justifier l’invasion militaire de l’Ukraine se transformeront en lamentations quand, avec les mêmes mots, on justifiera l’invasion d’autres peuples dont les parcours n’auront pas l’agrément du grand capital.
Ils envahiront d’autres géographies pour les sauver de la « tyrannie néo-nazie » ou pour mettre fin aux « narco-États » voisins. Ils répéteront alors les mêmes mots que Poutine : « Nous allons dénazifier » (ou son équivalent) et ils multiplieront les « raisonnements » de « danger pour leurs peuples ». Et alors, comme nous disent nos compañeras en Russie : « Les bombes russes, les fusées, les balles volent vers les Ukrainiens sans leur demander leurs opinions politiques ou la langue qu’ils parlent », mais c’est la « nationalité » des unes et des autres qui changera.
TROISIÈMEMENT.- Le grand capital et ses gouvernements « d’Occident » se sont assis pour contempler – et même encourager – la façon dont la situation se détériorait. Puis, une fois l’invasion commencée, ils ont attendus de voir si l’Ukraine résistait, et ils ont ensuite calculé ce qu’ils pourraient gagner d’un résultat ou d’un autre. Comme l’Ukraine résiste, alors ils ont effectivement commencé à allonger des factures « d’aide » qui seront remboursées plus tard. Poutine n’est pas le seul à être surpris de la résistance ukrainienne.
Ceux qui y gagnent dans cette guerre ce sont les grands consortiums d’armements et le grand capital qui voient l’opportunité de conquérir, de détruire/reconstruire des territoires, c’est-à-dire, de créer de nouveaux marchés de marchandises et de consommateurs, de personnes.
QUATRIÈMEMENT.- Au lieu de nous tourner vers ce que diffusent les médias et les réseaux sociaux des deux camps respectifs – et que tous deux présentent comme des « actualités » – , ou sur les « analyses » dans la prolifération soudaine d’experts en géopolitique et de soupirants au Pacte de Varsovie et à l’OTAN, nous avons décidé de chercher et de demander à celles et ceux qui, comme nous, sont engagé.es dans la lutte pour la vie en Ukraine et en Russie.
Après plusieurs tentatives, la Commission Sexta Zapatiste a réussi à entrer en contact avec nos proches en résistance et en rébellion dans les géographies qu’on appelle la Russie et l’Ukraine.
CINQUIÈMEMENT.- En résumé, nos proches, qui de plus brandissent le drapeau du @ libertaire, restent fermes : en résistance celles et ceux qui se trouvent dans le Donbass, en Ukraine ; et en rébellion celles et ceux qui cheminent et travaillent dans les rues et les champs de Russie. Il y a des personnes arrêtées et battues en Russie pour protester contre la guerre. Il y a des personnes assassinées en Ukraine par l’armée russe.
Ce qui les unit entre elles, et elles à nous, c’est non seulement le NON à la guerre, mais aussi le refus de « s’aligner » avec des gouvernements qui oppriment leurs peuples.
Au milieu de la confusion et du chaos qui règnent des deux côtés, iels restent fermes dans leurs convictions : leur lutte pour la liberté, leur refus des frontières et des États-nations, et les oppressions respectives qui seulement changent de drapeau.
Notre devoir est de les soutenir dans la mesure de nos capacités. Un mot, une image, une mélodie, une danse, un poing qui se lève, une étreinte – même provenant de géographies éloignées – sont aussi un soutien qui encouragera leurs cœurs.
Résister, c’est persister et perdurer. Soutenons nos proches dans leur résistance, c’est-à-dire dans leur lutte pour la vie. Nous le leur devons et nous le devons à nous-mêmes.
SIXIÈMEMENT.- Par conséquent, nous appelons la Sexta nationale et internationale, qui ne l’a pas encore fait, à manifester selon ses calendriers, ses géographies et à sa manière contre la guerre et en soutien aux Ukrainien.ne.s et aux Russes qui se battent dans leurs géographies pour un monde de liberté.
De même, nous appelons à soutenir financièrement la résistance en Ukraine sur les comptes qui nous seront indiqués ultérieurement.
De son côté, la Commission Sexta de l’EZLN est en train de faire ce qu’il convient, en envoyant un peu d’aide à celles et ceux qui, en Russie et en Ukraine, luttent contre la guerre. Nous avons également pris contact avec nos proches de SLUMIL K’AJXEMK’OP pour créer un fonds économique commun de soutien à celles et ceux qui résistent en Ukraine.
Sans hésitation, nous crions et appelons à crier et à exiger : Armée russe, hors d’Ukraine.
Il faut arrêter la guerre maintenant. Si elle se poursuit et, comme on peut s’y attendre, si elle s’intensifie, alors peut-être qu’il n’y aura plus personne pour décrire le paysage après la bataille.
Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain.
Sous-commandant Insurgé Moises. SupGaleano.
Commission Sexta de l’EZLN.
Mars 2022
Guerre en Ukraine : visages féminins de la résistance
04 MAR 2022 Terriennes
Fillette ukrainienne créée par l'artiste de rue Seth dans le 13e arrondissement de Paris.
Jeudi 25 février 2022, les forces russes envahissent l'Ukraine, prenant de cours la population et le reste du monde. Depuis l'appel du président Zelensky à la "défense territoriale", les Ukrainiennes sont passées à l'action, sans hésiter, chacune avec ses moyens. Etudiantes, entrepreneuses, cantatrices, blogueuses ou expatriées, elles résistent, non pas pour mourir pour leur pays, mais pour pouvoir y vivre en toute liberté.
Irena Karpa est une écrivaine, scénariste et musicienne ukrainienne qui, avant de s’installer en France, il y a six ans, habitait à Kyiv. "Je suis ukrainophone, dit-elle, même si, en Ukraine, être russophone ne signifie pas être pro-russe", tient-elle à préciser. Ses parents, eux, sont restés au pays, dans un village des Carpathes où, depuis l'arrivée des forces russes, ils accueillent des réfugiés.
Irena Karpa coordonne l'aide aux réfugiés et aux volontaires de la défense territoriale depuis la France. Elle n’avait pas voté pour Volodymyr Zelensky, en 2019, lui préférant le politique professionnel Petro Porochenko, qui "comptait dans son équipe de fortes femmes", se souvient la quadragénaire, très attachée à la cause féministe. En cette période d'unité unique pour le peuple ukrainien, Irena Karpa reconnaît le rôle de chef et d’incarnation de la nation assumé par le président, devenu un modèle qui force le respect. A ses côtés, la première dame, qui, elle aussi, a choisi de rester en Ukraine. "
L’Ukraine est de facto un pays assez féministe, affirme Irena Karpa : "Dans le milieu culturel, celui que je connais le mieux, beaucoup de grandes sociétés de production sont dirigées par des femmes et sous le gouvernement Zelensky, des structures culturelles comme le cinéma d’Etat, les grands musées sont dirigés par des femmes." Un leg de la tradition soviétique d’égalité femmes/hommes ? Peut-être, mais pour l’heure, Irena Karpa a surtout envie d'oublier très vite tout ce qui touche à l’héritage soviétique. Son arrière-grand-père, un kulak défenseur de la cause et de l’enseignement ukrainiens a été déporté en Sibérie. Ses deux parents, ingénieurs, ont fait leurs études en Allemagne. "J’ai toujours été anti-soviétique. Je me souviens du putsch, en 1991, j’avais dix ans et je n’avais qu’une peur : que l’Ukraine ne parvienne pas à prendre son indépendance. Mais elle l’a prise, au prix de deux révolutions, et, maintenant, nous le payons."
Pour les Ukrainiens, maintenant, c’est la liberté contre la dictature. Irena Karpa, écrivaine ukrainienne
Aujourd’hui, l'un des filles d'Irena Karpa a dix ans et elle essaie de lui expliquer les événements : "Elle me pose les mêmes questions qu’autrefois, je posais à mes parents."
Depuis le 24 février, Irena Karpa est animée par la peur et la rage. "Pour les Ukrainiens, maintenant, c’est la liberté contre la dictature. Toutes celles et ceux qui menaient une vie tranquille défendent maintenant une valeur qu'ils placent au-desssus de leur propre sécurité. Les gens sont prêts à donner leur vie. A commencer par les femmes. C’est très impressionnant", confie-t-elle.
La guerre : une affaire de femmes
Si beaucoup de femmes sont parties se réfugier à l’ouest pour mettre leurs enfants à l'abri, beaucoup d'autres, aussi, sont restées : "Notre vie est ici, nous travaillons ici, nous ne bougeons pas, disent-elles, témoigne Irena Karpa. D'autres restent avec leurs parents très âgés ou parce qu'elle ne veulent pas laisser leur homme mobilisé. Elles pleurent, elles ont peur, mais je n’en connais aucune qui reste sans rien faire."
Celles qui le peuvent se sont engagées dans la résistance armée non militaire, la "défense territoriale civile", répondant à l'appel de la présidence ukrainienne au premier jour de la guerre. Un engagement que résume Ludmilla, députée indépendante au Parlement ukrainien, au micro de nos confrères de France Inter : "Poutine est la seule personne au monde qui peut me faire prendre les armes, car je suis une personne très pacifique et j'ai deux jeunes enfants."
Quant à celles qui ne savent pas manier les armes, elles s'activent en coulisses pour soigner les blessés, soutenir et approvisionner les forces armées ou organiser l'acheminement de l’aide humanitaire.
Maria, engagée dans la défense territoriale civile à Kyiv
Fraîchement diplomée en relations internationales, Maria, jeune Kiévienne de 22 ans, s'est engagée dans la défense territoriale civile dès le deuxième jour de la guerre. "J'étais avec une amie dans la rue et autour de nous, c'était la panique. Les gens étaient terrorisés. Nous avons vite compris qu'il fallait faire quelque chose pour aider notre pays à retrouver sa liberté. Depuis, nous patrouillons dans les rues de Kyiv, à deux ou à trois, quatre heures le jour et deux heures la nuit", explique-t-elle au téléphone à Terriennes, alors que la tension est à son comble dans les faubourgs de la capitale.
Equipées d'armes automatiques fabriquées bien avant leur naissance, Maria et sa binôme Tamara tentent de repérer les personnes et les voitures suspectes dans les rues de Kyiv et contrôlent les activités des habitants pour identifier d'éventuels infiltrés. Une mission dangereuse, puisque "lorsque les sirènes retentissent, nous avons pour instruction de nous immobiliser et d'attendre au lieu de nous mettre à l'abri dans les caves ou le métro. Une fois, nous avons rencontré des Russes : ils ne représentaient pas de danger, mais il nous a fallu vérifier. Une autre fois, une bombe a explosé à moins d'un kilomètre de nous.
Quand elle n'est pas en patrouille, Maria s'occupe d'aller chercher les denrées mises à disposition par les magasins et les plats fournis par les restaurants pour alimenter les volontaires. Son message : "Toutes les femmes et les hommes doivent unir leurs efforts, en Ukraine et ailleurs, c'est le seul moyen de mettre fin à la guerre".
Iryna : soutien à la défense territoriale à Kharkiv
Iryna, elle, n'a pas pris les armes, mais elle a décidé de ne pas céder à la panique, de rester dans sa ville avec son mari et ses filles de 2 et 9 ans. Dès l'appel aux volontaires, aux premières heures de la guerre, cette entrepreneuse a rejoint les brigades de soutien à la défense territoriale. "C'est une décision très facile à prendre. A Kharkiv, nous connaissons bien les Russes, nous vivons près d'eux depuis longtemps. Et même si depuis des années, nous vivions en paix avec cette proximité, nous ne voulons pas de leur autorité."
Comme Iryna, de nombreuses femmes ont demandé à rejoindre la défense territoriale. Beaucoup ont été refusées, faute d'expérience du combat. "Elles étaient terriblement déçues", témoigne Iryna qui estime aujourd'hui à 5 % la part des femmes parmi les volontaires armés à Kharkiv.
Iryna s'occupe d'obtenir et de distribuer l'aide humanitaire aux personnes seules ou avec de jeunes enfants, ainsi que le matériel nécessaire aux forces armées régulières aux volontaires de la protection civile territoriale dans une Kharkiv dévastée. "Les attaques aériennes n'ont pas cessé pendant deux jours. Aujourd'hui, le centre de Kharkiv n'existe plus." Iryna a connu a peur à son comble le jour où elle a vu "tout mon appartement baigné des lumières rouges des avions russes. Alors nous nous sommes installés chez mes parents, dans un autre quartier de la ville," explique-t-elle.
Oleksandra : soutien à la défense territoriale à Kyiv
Agente de voyage, Oleksandra ne sait pas manier une arme à feu. Elle évalue à 20 % la part des femmes dans les volontaires armés de la défense civile dans la capitale ukrainienne. Les autres femme sont mobilisées 24 heures sur 24, chaque jour, pour approvisionner les combattants en carburant, sang, médicament, vêtements, nourriture, etc., et pour coordonner ces approvisionnements. Chacune se voit attribuer une mission, qui change chaque jour en fonction des besoins. "Aujourd'hui, j'ai donné mon sang et cuisiné pour les forces armées d'Ukraine les produits apportés par les associations. Demain, je vais à l'armurerie chercher des gilets pare-balles et les apporter aux volontaires de la défense civile...", raconte la jeune femme de tout juste trente ans. "Dans un premier temps, j'ai eu très peur, se souvient-elle, terrifiée d'être réveillée par des explosions en pleine nuit. Et puis au bout de quelques heures, je me suis dit que je n'avais rien à perdre. Il n'y pas d'autre endroit où je suis chez moi. Je ne suis pas désespérée, mais je veux qu'on me redonne ma vie, mon pays, mon appartement, mes amis, ma famille. Si les Russes gagnent, je ne retrouverai jamais ma vie d'avant.
Femmes réservistes
Femme de militaire, la Kiévienne Mariana Jaglo se prépare depuis plusieurs mois à des affrontements avec l'armée russe. Fin janvier 2022, cette employée dans le marketing, inscrite comme réserviste il y a deux ans, se tenait prête avec son sac à dos militaire : uniforme, casque, gilet pare-balle, gants, genouillères... Au micro de l'AFP, elle prévenait froidement : "Nous ne les attendons pas ici, mais nous sommes prêts à leur assurer un accueil dont il se souviendront... Je ne suis pas seule, ajoutait-elle. Nous sommes nombreuses comme ça en Ukraine.... Aucun homme ne fera ce qu'une femme peut faire pour protéger sa famille, son enfant. C'est une force redoutable".
Mère de deux filles adultes et d'un fils de douze ans, elle a dépensé "deux à trois mille dollars" - une petite fortune dans l'un des pays les plus pauvres d'Europe - pour s'acheter un fusil de chasse ukrainien Zbroyar Z-15, et l'équiper pour l'adapter au combat : "Viseur mécanique, viseur optique, supports, silencieux", énumérait fièrement Mariana Jaglo, forte d'une formation de tireur d'élite. Avec d'autres réservistes, cette brune aux cheveux courts grisonnants s'entraîne régulièrement à tirer, patrouiller ou se mettre en embuscade. "Sans la guerre, jamais je n'aurais jamais pensé à ces questions militaires", dit-elle.
L'armée ukrainienne compte environ 35 000 femmes dont plus de 4000 officiers. Près de 1400 Ukrainiennes combattent déjà depuis 2014 contre les séparatistes prorusses dans l'est du pays depuis le déclenchement de ce conflit armé.
Résister, aussi, depuis l'extérieur
Equiper les volontaires de la protection civile, réunir et redistribuer le matériel, est un véritable tonneau des Danaïdes. Comme Maria, chaque jour, dans chaque arrondissement de Kyiv, entre 500 et 1000 hommes et femmes demandent à s’engager dans la protection civile du territoire. Or ils n’ont rien. Pour les aider, les femmes de la diaspora ukrainienne aussi, s’engagent : "J’ai lancé un appel à mon réseau sur Telegram, insiste Irena Karpa. Et dans mon réseau, il n’y a que des femmes, des femmes très fortes. De la Pologne à l’Irlande, elles se sont mobilisées en deux jours autour d'une plate-forme pour organiser la collecte et l’acheminement de médicaments, lampes, casques, piles, gilets pare-balles, sacs de couchages... Toutes sont prêtes à accueillir les réfugiés chez elles."
A Kyiv, Valeria coordonne l'action des volontaires et, depuis Kyiv où elle travaillait dans une agence de communication, vérifie la véracité des informations qui fusent tous azimuts : "Je fais la guerre de l'information", dit-elle. C'est elle qui a mis Terriennes en contact avec Maria, Iryna et Oleksandra.
D'autres tiennent à exprimer ouvertement leur soutien à la résistance, à commencer par l'ancienne Première ministre d'Ukraine Ioulia Timochenko, qui s'affiche sur Instagram une arme à la main dans les rues de Kyiv.
A Kyiv et à Kharkiv, les Sœurs Carmélites ont fait savoir sur les réseaux sociaux qu'elles ne quitteraient par leurs couvents et viendraient en aide au peuple ukrainien. Bien moins sereine que les religieuses, au premier jour de l'invasion, une dame interpellait un soldat russe avec véhémence, comme un mauvais garnement qui aurait piétiénné ses plates-bandes. Le soldat, lui, n'ose trop rien dire.
"Je m'appelle Iryna et j'ai 98 ans. J'ai vu Hitler, les Allemands et la grande famine. Poutine et ses sbires, eux aussi, finiront par partir."
La culture : une arme de résistance
Depuis 2015, l’artiste ukrainienne Dariya Marchenko proteste d’une manière aussi éloquente que pacifiste avec un portrait géant du président russe Vladimir Poutine. Intitulé The Face of War, il est réalisé avec 5000 douilles de balles récupérées sur les champs de batailles entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes, dans l'est du pays.
De part et d'autre de la ligne de front, les artistes affichent leur unité et leur attachement à la fin des hostilités. A Moscou, où les comédiens des théâtres d'Etat ont interdiction de commenter l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les services culturels de la municipalité ont averti : tout commentaire négatif sera considéré comme une trahison. Devant cette injonction, Elena Kovalskaya, directrice du théâtre d'État et du centre culturel Vsevolod Meyerhold de Moscou, a démissionné pour protester contre l'invasion de l'Ukraine. "Il est impossible de travailler pour un meurtrier et de toucher un salaire venant de lui," écrit-elle sur Twitter.
A l'opéra aussi, la résistance s'affiche, comme le dimanche 27 février 2022 au théâtre San Carlo de Naples. A la fin d'une représentation d’Aïda, de Verdi, après avoir salué le public sous les ovations, la soprano ukrainienne Ludmila Monastirska et la mezzo soprano russe Ekaterina Gubanova se sont enlacées, exprimant les liens étroits qui unissent la majorité des Russes et des Ukrainiens.
En 2016, Jamala remportait le concours de l’Eurovision pour l'Ukraine avec "1944", une chanson sur la déportation des Tatars de Crimée. Aujourd'hui, elle appelle au soutien de l’Ukraine sur les réseaux sociaux et partage son aversion pour l'invasion russe avec Sergei Lazarev, son cofinaliste en 2016 et défenseur de la cause gay en Russie. Tous deux exhortent au retour à la paix et aux négociations. Entre-temps, Jamala s’est réfugiée en Roumanie avec ses deux jeunes enfants.
La rappeuse ukrainienne Alyona Alyona, elle aussi, appelle tous ses fans hors d’Ukraine à faire pression sur leurs gouvernements pour soutenir son pays, attaqué par la Russie
La voix des sportives
Le 1er mars 2022, c'est un match très symbolique qu'a gagné la joueuse de tennis ukrainienne Elina Svitolina : elle affrontait la Russe Anastasia Potapova, engagée dans le tournoi sous bannière neutre. Dans un premier temps, l'Ukrainienne avait voulu boycotter la rencontre en signe de protestation contre l'invasion de son pays. Puis elle s'est ravisée et a décidé qu'elle verserait tous ses gains à l'armée de l'Ukraine - de 2 200€ à 26 000€ si Elina Svitolina gagne le tournoi.
En 2021, Iryna Galay était la première Ukrainienne à vaincre le sommet de l’Everest. Aujourd'hui, elle publie une photo d'elle en tenue de combat sur Instagram, avec une video de huit de minutes appellant à défendre la souveraineté de l’Ukraine contre la dictature.
Le front des influenceuses
Elles sont nombreuses, explique Irena Karpa, ces blogueuses, youtubeuses ou instagrameuses suivies par des centaines de milliers, voire des millions d’abonnés, "des filles que l’on prenait pour des "minettes" superficielles et qui ont radicalement changé de ton depuis le 24 février pour afficher leur attachement à la résistance dans un incroyable mouvement de solidarité."
Il est important que des Russes aussi s’expriment contre la propagande. Car contre la volonté de tout un peuple, Poutine lui-même ne peut rien. Irena Karpa
Sur son compte Instagram, Anastasiia Lenna, Miss Ukraine 2015, publie des photos d’elle armée. Certes, la photo a été postée avant l’invasion par les forces russes et l’arme qu’elle tient est factice, mais le contraste avec les photos glamour qu’elle diffusait voici encore quelques jours est éloquent. "C’est la posture qui compte et l’image symbolique qu'elle communique", confirme Irena Karpa.
Les influenceuses ukrainiennes mobilisent aussi leurs consoeurs russes pour les appeler à dire la vérité des combats dans leur pays. Celles qui sont installées à l’étranger n'ont pas hésité à s'adresser à leur public, qui compte parfois plusieurs millions d'abonnées. "Celles-là ne risquent rien et il est important que des Russes aussi s’expriment contre la propagande. Car contre la volonté de tout un peuple, Poutine lui-même ne peut rien", assure Irena Karpa.
Sources : https://information.tv5monde.com/terriennes/guerre-en-ukraine-visages-feminins-de-la-resistance-446942 - Journal La Solid’R - Edition du 09 mars 2022
UKRAINE
Les bombardements russes ont détruit la semaine dernière une maternité dans la ville de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine. Trois personnes ont été tuées dans l'attaque, dont une fille. Ailleurs, des femmes ont donné naissance à des enfants dans des abris anti-bombes dans les villes ciblées par les forces russes. Pramila Patten, représentante spéciale des Nations Unies pour la violence sexuelle dans les conflits, a déclaré que le conflit pourrait augmenter le risque de violence et d'exploitation sexuelles. Entre-temps, le réseau Transgender Europe a averti que les personnes transgenres possédant des documents d'identité qui ne correspondent pas à leur identité de genre n'ont pas pu passer les points de contrôle internes, le gouvernement ukrainien ayant demandé aux hommes âgés de 18 à 60 ans de rester dans le pays et de se battre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire